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EAN : 9782221084076
572 pages
Robert Laffont (12/09/1999)
3.67/5   48 notes
Résumé :
essai, sous titre : dix questions pour notre temps,
Que lire après La sagesse des Modernes : Dix questions pour notre tempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'ouvrage est écrit à deux mains par les deux philosophes amis: chacun, dans des textes séparés, exprime son point de vue sur dix questions sélectionnées par eux; chaque fois, les textes sont suivis d'un débat autour des différences de pensée, quelquefois ouvert à d'autres intervenants, peu nombreux,.

Les thèmes abordés sont regroupés en trois sections:
- "Sur deux voies possibles de la philosophie contemporaine ": matérialisme et humanisme, neurobiologie et philosophie, humanitaire et bioéthique
- "La religion après la religion ou "que nous est-il permis d'espérer?"": devoir et salut, quête du sens, espérance ou désespoir
- "Le philosophe dans le siècle" : y a-t-il une beauté moderne?, société médiatique, philosophie et politique.
La force des échanges tient évidemment au fait que les deux "conférenciers" ne partagent fondamentalement pas la même philosophie, bien qu''ils se rejoignent à de multiples niveaux et notamment celui du respect dû aux êtres humains.

C'est André Comte-Sponville qui écrit:
"A partit de là, on peut résumer notre désaccord. Pour Luc, le sens de la vie, c'est l'amour; pour moi, la vie n'a pas de sens, l'amour n'a pas de sens, mais il en crée, mais il en donne. Pour Luc, l'absolu est liberté; pour moi, il n'y a pas d'autre absolu que le relatif, que le devenir, que le réel. Pour Luc, l'essentiel, c'est l'homme : le monde tourne autour, comme dirait Kant, le monde n'est que ce que l'homme connaît; pour moi, l'essentiel, ce serait plutôt le monde: l'homme est dedans, l'homme n'est qu'un des effets (certes singulier!) du monde. Luc est un philosophe de la "transcendance dans l'immanence", comme il dit, c'est-à-dire, au fond, de ce que Kant appelait le transcendantal. Je serais plutôt un philosophe de l'immanence, de ce que Spinoza appelait la nature ou la nécessité. Humanisme (mais non métaphysique) ou matérialisme (mais non dogmatisme)."
Faut-il préciser que les deux sont athées, mais d'influence chrétienne?

Publié en 1998, presque vingt ans, déjà…..l'ensemble est très actuel, comme on est en droit de l'attendre d'écrits de philosophes, y compris les problématiques, plus sujettes au temps qui passe, de la troisième section "dans le siècle" et notamment les considérations sur la politique.
Je l'ai trouvé d'intérêt inégal, peut-être du fait d'une inspiration et/ou d'une motivation variable (et à l'occasion, avouée) des auteurs, en fonction des sujets. Par ailleurs, le rythme imposé par la formule retenue a tendance à instaurer une forme de routine peu propice à une lecture continue.

Ce qui frappe est la sincérité avec laquelle chacun expose ses convictions très personnelles pour ne pas dire intimes, particulièrement marquée chez André Comte-Sponville ainsi que l'esprit d'amitié et de respect mutuels qui manifestement permet l'écoute et favorise l'intérêt des échanges.
Comte-Sponville suscite une nouvelle fois l'immense plaisir d'entendre un esprit rationnel, clair et accessible réfléchir tout haut, au sommet de son aisance sur les thèmes plutôt conceptuels.
Luc Ferry se distingue davantage par une sorte de lyrisme en phase avec ses convictions (la transcendance dans l'immanence) et se fait mieux comprendre selon moi (ou est mieux perceptible) sur les sujets du siècle, indépendamment de l'adhésion qu'il suscite éventuellement.
Il se trouve ... et c'est surement pur hasard... que toutes les citations que j'ai extraites sont de Comte-Sponville. Il convenait de le signaler.

Indépendamment d'une meilleure connaissance de ces deux philosophies personnelles, qui peut laisser indifférent mais qui est aussi une occasion de (re)visiter (par la petite porte) quelques classiques, j'ai trouvé là une bonne opportunité d'actualisation et d'aide à la réflexion sur les questions, pour moi sensibles, du sens et de la bioéthique.
A chacun d'y pêcher son homard ou sa morue.
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« Un intellectuel n'est pas là pour donner des leçons de morale au peuple et aux politiques ! Sa fonction n'est pas de juger, de dénoncer, de condamner, mais de comprendre et d'expliquer ». Je trouve que cette citation de « La sagesse des modernes » introduit bien les quelques centaines de pages de débats de ce livre. Les deux auteurs sont alignés sur ce point et l'approfondissement des 10 grands thèmes abordés dans le livre en est le reflet : objectif (le plus possible), éclairant (en toute humilité), raisonné (en s'appuyant sur les grands penseurs de la philosophie).

A travers leur propre cheminement de pensée, leurs convictions, leurs références (ACS plutôt spinoziste, LF plutôt kantien), leur histoire, André Comte-Sponville et Luc Ferry nous entrainent à philosopher. Dans quel but ? Tout d'abord purement égoïste puisque leurs débats les servent eux-mêmes, en alimentant leur propre réflexion, car c'est dans le débat contradictoire qu'on apprend à mieux se connaitre. Mais l'oeuvre peut avoir un dessein plus altruiste, celui d'éveiller les lecteurs à la philosophie, en ce sens que la philosophie est (pour André Comte-Sponville) « une pratique discursive (elle se fait, comme disait Epicure, par des discours et des raisonnements), qui a la vie pour objet, la raison pour moyen, et le bonheur pour but ».

J'ai lu plusieurs fois « le capitalisme est-il moral » de André Comte-Sponville. Inspirant et riche de réflexions pour alimenter ma propre quête du sens de la vie. La philosophie doit nous amener à penser mieux, pour vivre mieux (Luc Ferry) ; la philosophie a la vie pour objet, la raison pour moyen, et le bonheur pour but (André Comte-Sponville). Elle sert à habiter le monde de façon un peu plus intelligente, un peu plus lucide, un peu plus libre, un peu plus heureuse, bref, un peu plus sage (André Comte-Sponville). Bref donc, leurs débats sont riches de connaissances et de réflexions pour nous aider, nous les citoyens déjà plus ou moins éclairés, à avancer dans notre propre quête du bonheur, à être plus sage.

Personnellement convaincu que nous devons être dans l'action (réflexive et réelle) pour améliorer notre quotidien (ne soyons pas des résignés-réclamants nous dit Jacques Attali dans un autre genre) je me sens aussi proche de l'idée que nous devons nous défaire de l'espérance. Non en sombrant dans le désespoir fataliste mais en faisant l'effort de comprendre ce qui nous aliène aujourd'hui et nous empêche d'être heureux et d'agir plutôt que d'espérer des jours meilleurs.
Pour être plus clair je rappellerais cette citation de André Comte-Sponville, tirée du livre : « Espérer c'est désirer sans savoir, sans pouvoir, sans jouir. On comprend que le sage n'espère rien : non qu'il sache tout, ni qu'il puisse tout (il n'est pas Dieu), ni même qu'il ne soit que plaisir (il peut avoir mal), mais il a cessé de désirer autre chose que ce qu'il sait ou peut ou que ce dont il jouit déjà. Il n'a plus besoin de d'espérer : il lui suffit de vouloir, pour tout ce qui dépend de lui, et d'aimer, pour tout ce qui n'en dépend pas. »

Bonne lecture à tous !
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La sagesse des modernes par André Comte-Sponville et Luc Ferry est un magnifique livre à lire, à conserver et sans doute à relire. Quelle belle idée pour ces deux philosophes d'avoir confronté leurs différentes appréciations sur la pensée des philosophes modernes et surtout de leurs propres chemins de pensée. Jusqu'à cette lecture j'avais la perception qu'ils partageaient la même philosophie qui conduit à moins d'espérance et plus de vie pleine ici et maintenant, tous les deux invitant à un bonheur à vivre au présent, sans espérer dans un bonheur après la morts, dans l'au-delà. Après lecture je réalise qu'ils retirent la même analyse des philosophes modernes mais après Friedrich Nietzsche, ils se séparent. le premier reste un matérialiste, l'homme animal doué certes d'une intelligence très supérieure mais sa liberté limitée par une chaine de causes à effets alors que le second dans la filiation des humanistes attribue à l'homme une transcendance dans l'immanence qui lui accorde un libre-arbitre et en conséquence une totale responsabilité de ses actes. C'est le point majeur de différentiation qui se décline sur les 10 questions pour notre temps. Comme le déclare l'un et l'autre "ce n'est pas rien" cette rupture, cette différentiation. Pour le premier, notre liberté est relative voire illusoire alors que pour le second, même si les hommes peuvent être conditionnés par de multiples facteurs, les hommes sont libres, une différence essentielle avec les animaux à l'instar de la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Il n'est pas inutile de rassurer les hésitants, certes les philosophes modernes sont difficiles à lire, en revanche les argumentations de nos deux auteurs sont tellement bien appropriées qu'elles sont restituées accessibles à chacun et souvent illustrées d'exemples concrets. Deux chemins qui se rejoignent pour nous inciter à ne pas perdre notre temps ici et maintenant....
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De vraies réponses.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Luc Ferry et André Comte-Sponville sont de très bons pédagogues. Même s'ils ne sont pas de véritables philosophes, mais des continuateurs de la tradition qu'ils annotent de leurs remarques personnelles, ce livre est une petite perle. Clarté, et surtout, me semble-t-il, l'art à la fois 1) d'apprendre à correctement poser des problèmes (et non l'art de donner des réponses aux problèmes), 2) d'expliquer la raison d'être un problème, sa venue et survenance. Ce livre est une "somme", et il faut remercier l'éditeur d'avoir publié cet ouvrage, car peu de livres sont aujourd'hui, en philosophie, si volumineux (et à un prix fort raisonnable qui plus est). Art, démocratie, biologie, tout est abordé, commenté. Suite de textes où les deux auteurs exposent leurs points de vues, à quoi s'ensuit un débat entre eux et d'autres intervenants (Todorov). Ce qui dynamise l'ensemble et ne le rend jamais monotone, empêchant aussi d'enfermer le lecteur dans deux points de vue. C'est un très bon stimulant pour l'esprit, jamais dogmatique en raison du dialogue.
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Qu'est-ce que la philosophie? C'est penser sans preuve, c'est penser plus loin qu'on ne sait, tout en se soumettant pourtant - le plus qu'on peut, le mieux qu'on peut- aux contraintes de la raison, de l'expérience et du savoir. C'est comme une science impossible, qui ne se nourrirait que de sa propre impossibilité.
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D'où les deux principes auxquels j'essaie (...) de me soumettre. D'une part: Aime et fais ce que tu veux (c'est la maxime de l'éthique, du moins s'il s'agit d'une éthique de l'amour); et d'autre part: Agis comme si tu aimais, et fais ce que tu dois (c'est la maxime de la morale, qui s'impose tant que l'amour fait défaut). On remarquera que les deux vont dans le même sens,... C'est ce qui ... nous autorise à réunir nos deux maximes en une seule, à la fois morale et éthique mais de forme disjonctive, qui dit l'essentiel: Aime, ou fais ce que tu dois.
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Ce n'est pas la valeur qui commande le désir; c'est le désir qui engendre la valeur. La vie est donc bonne, si nous désirons vivre; et l'humanité, si nous l'aimons.
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La philosophie [mène dans] une direction clairement marquée depuis les Grecs, qui est celle de la sagesse. Que puis-je connaitre? Que dois-je faire? Que m'est-il permis d'espérer? Cest trois questions convergent vers une quatrième [...] Comment vivre? L'éthique prime. Il s'agit de penser mieux, pour vivre mieux. (LF)
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