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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je reculais la lecture du livre de Morgan Sportès. Car je savais que je serais passablement chamboulé. Et bien j'avais raison.
Quelle abomination. Comment un type fou, violent a t'il pu entrainer autant de monde dans cette épouvantable fait divers ?
Morgan Sportès relate les faits de façon chronologique, clinique. Fofana est un dur, il l'est au yeux des autres, un chef manipulateur et opportuniste, Imprévisible aussi dans ces choix et parfois incohérent. Ces actes irréfléchis prêteraient presque à sourire si la mort atroce d'Ilan Halimi n'en était la conclusion. le récit vous place une boule au creux de l'estomac, la folie meurtrière de Fofana vous glace les sangs. Je sais, je suis naïf mais comment peut-on une seule seconde imaginer de tels actes ?
Pour avoir tout, tout de suite, mais quoi au juste ? Quelques milliers d'euros ? Comment peut-on haïr à ce point ?
Il nous laisse abasourdit, sonné. En révolte aussi.
A l'heure ou l'antisémitisme refleurit comme de mauvaises herbes (Dieudonné, Soral, Renaud Camus), il nous rappelle que la vigilance doit être de chaque instant. le gang des barbares est hors d‘état de nuire, mais d'autres barbares sont près à prendre la relève. Effrayant.
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Le sujet, l'affaire du gang des barbares fait froid dans le dos, car au delà du fait divers, c'est l'impuissance de notre société qui est en cause. le ton neutre de l'auteur, qui s'interdit de prendre parti, accentue ce vide en se plaçant comme simple témoin au milieu des agresseurs. Les faits sont décrits de façon brute, à la manière d'un procès-verbal de police, ne laissant la place à aucune excuse psychologique tranquillisante. le livre n'est pas agréable à lire, mais il est efficace et pose des questions que l'on a trop tendance à éluder. En ce sens, c'est une lecture utile pour notre lucidité. le style, utilitaire comme celui d'un dossier d'instruction, correspond à cette volonté de nous forcer à regarder. On ressort de ce livre un peu désemparé, faute d'une explication qui nous rassurerait, et c'est manifestement ce qu'a voulu l'auteur.
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Elie, 23 ans : pour Yacef, son geôlier et tortionnaire, c'est déjà l'autre. Yacef, 25 ans, « Cerveau du gang des Barbares », selon l'expression que lui donneront les médias. L'autre – le barbare : deux hommes à qui l'on a ôté la qualité d'êtres humains. Pourtant ce seront bien deux hommes que le hasard et l'absurdité mettront en présence jusqu'à la fin, la mort brutale et insensée, pour l'un, la prison, pour l'autre.

« Tout, tout de suite » : un roman ? Comment qualifier le genre de ce livre choc écrit par Morgan Sportès et qui a obtenu le Prix Interallié ? En dépit d'un avant-propos que l'auteur a voulu explicite, je me suis posé cette question tout au long de ma lecture. A partir de faits réels sordides (« En 2006, un citoyen français musulman d'origine ivoirienne a kidnappé et assassiné, dans des conditions particulièrement atroces, un citoyen français de confession juive » [avant-propos, p. 9]), Morgan Sportès a voulu « réélabore[r] ces faits, à travers [son] imaginaire, pour en nourrir une création littéraire, une fiction » (p. 9). Il qualifie donc son livre comme un roman. Pourtant, ce qui frappe, c'est que le ton qu'il emploie semble extrêmement réaliste et glace d'emblée le lecteur. Morgan Sportès déploie sur plus de 300 pages le déchaînement de violence qu'anime un groupe d'individus, mené par un leader que la raison a manifestement déserté, avec un luxe de détails froids et réalistes, qui donne l'impression d'assister à une autopsie glaciale - glaçante, de faits qui nous interpellent « sur l'évolution de nos sociétés » (p. 9).

Oter la qualité d'être humain à l'autre : Elie est l'autre pour Yacef dès qu'il l'enlève. En lui retirant sa qualité d'être humain, il l'a sans doute déjà condamné à mort, dès le départ. Quand Yacef devient un barbare (ainsi le qualifieront les médias), lui aussi perd son humanité. Certes, il a commis des actes sordides, destructeurs, qui, au final, ont abouti à la mort tragique et absurde d'un jeune homme. Pour autant, pour tenter de comprendre, comme a voulu le faire Morgan Sportès ici, ce que ces faits tragiques nous disent sur l'évolution de nos sociétés, il convient, dans un premier temps, de ramener le « barbare » à sa condition humaine première. Comprendre, tenter de mettre du sens (même si tout cela paraît bien insensé), ce n'est nullement cautionner les faits. C'est peut-être, au final, vouloir mettre en lumière la part obscure tapie au fond de soi-même. « Je est un Autre », écrit fort justement Arthur Rimbaud en 1871…
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Ce livre m'a traumatisé. Avec "Limonov" et "Rien ne s'oppose à la nuit", je le place parmi les meilleurs de l'année.
Morgan Sportès reconstitue l'histoire du Gang des Barbares qui avait défrayé la chronique début 2006. On se souvient que cette bande dirigée par Youssouf Fofana avait kidnappé puis tué Ilan Halimi, un jeune homme d'origine juive.
La monstruosité des criminels donne froid dans le dos. Monstruosité d'autant plus terrifiante que la bêtise semble être son moteur. L'antisémitisme qui caractérise leur acte n'est rien qu'un a priori stupide : les Juifs sont riches et forment une communauté solidaire donc en kidnapper un est la garantie d'une belle rançon.
Cette bande de criminels a des comportements de pieds nickelés qui seraient presque risibles s'ils n'étaient pas aussi graves. Ainsi le rapt réussi de Ilan Halimi succède à une série de tentatives d'enlèvements pitoyablement ratés par manque d'organisation.
Cette bande de petits délinquants, dealers à la sauvette, livreurs de pizza, pour certains mineurs encore, est mue par l'avidité. Ils veulent "tout, tout de suite". Parmi eux, quelques filles qui servent d'appât (Morgan Sportès avait déjà consacré un livre "L'appât" - adapté à l'écran par Bertrand Tavernier avec la sublime Marie Gillain - à une affaire similaire au début des années 90)
Pas un personnage pour racheter l'autre : alors que le complot a impliqué une masse inouïe de protagonistes, pas un ne s'est dressé pour protester et se désolidariser.
Pas une explication à leur comportement qui puisse atténuer leur culpabilité : dans "Désintégration" de Philippe Faucon, l'enrégimentement à une organisation terroriste d'un jeune immigré victime de racisme et de déclassement était expliqué voire excusé. Rien de tel sous la plume de Morgan Sportès qui signe un réquisitoire effrayant contre les dérives d'un certain modèle d'intégration à la française.
Cette radicalité n'est pas plaisante. le refus de tout psychologisme place les auteurs de ce crime odieux dans une altérité inaccessible. La démarche n'est pas sans rappeler celle de Jonathan Littell : comme Maximilien Aue, le "héros" des Bienveillantes, Youssouf Fofana - ici rebaptisé Yacef - nous est décrit cliniquement. Morgan Sportès ne commente pas, ne juge pas, ne propose pas de solution, n'esquisse pas d'avenir. Son roman s'arrête brutalement à l'arrestation - rocambolesque de Fofana en Côte d'Ivoire.
Le portrait de la barbarie n'en est que plus glaçant.
Couronné par le prix Interallié, "Tout, tout de suite" démontre que, parfois, les prix littéraires visent juste.
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Enquête implacable, investigation heure par heure, Tout tout de suite est un livre dont la lecture est assez éprouvante, mais toujours passionnante.

Morgan Sportès a mis ses pas dans ceux de tous les protagonistes de l'histoire, dont la tête de file de ce crime odieux, le chef de ce gang des barbares alias Youssef Fofana (ici renommé Yacef). Et il réussit à nous faire éprouver dans notre propre chair tout ce qu'a enduré, pendant plus de trois semaines, Ilan Halimi (ici renommé Elie) jusqu'à ce que Youssef l'achève, par le couteau et le feu dans un petit bois proche de la voie de chemin de fer du RER C.

Tout ce qu'écrit Morgan Sportès est la très fidèle version de l'histoire. Nous sommes dans le vécu, le méticuleusement reconstruit dans les lieux et les détails mêmes de l'ignominie : Bagneux, , Paris, Abidjan, les appartements, la cave, les rues, les voitures, les cybercafés, les Taxiphone, les hôtels, les parkings, les aéroports…

Le travail de reconstitution et de documentation de Sportés est d'une méticulosité renversante. Par contre, j'avoue ne pas trop comprendre pourquoi ce livre est classé dans la catégorie roman, tant il possède tout du document. Certes bien mieux écrit qu'un simple témoignage journalistique, la part de fiction m'a quand même semblé bien infime.
Ce qui effraie à la lecture de l'ouvrage, c'est l'absence de discernement et de conscience de cette bande de gangster à la petite semaine qui semblent agir sans se poser aucune question de morale.
Si le roman de Sportès a l'immense qualité de ne jamais porter le moindre jugement, son terrible récit est éloquent.
En effet, les explications à cette sanglante dérive, données entre les lignes par l'auteur, sont légions : la déscolarisation, l'inculture, de la pauvreté, de l'absence de civisme et de morale, la démission des parents, tous ces paramètres ont faconné ces êtres dont la violence et la cupidité semble être la seule valeur refuge.

Bref, la lecture de Tout tout de suite est salutaire et indispensable pour mieux appréhender l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus abject, mais elle n'est en pas vraiment confortable. En même temps, qui a dit que la littérature devait forcément être confortable?

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est un livre qui laisse estomaqué à chaque page, tant tout ça est à peine croyable et si proche de nous, tant on a peine à croire que ce soit vraiment arrivé. En 2006 un jeune homme se fait kidnapper ; séquestré pendant 24 jours, il sera torturé puis laissé pour mort à proximité d'une voie de RER. Motif : l'argent. A la manière d'un Truman capote, et comme il l'avait déjà fait dans "L'Appât", Morgan Sportès s'empare du fait divers, changeant simplement les noms des protagonistes, puis le livre à notre réflexion (et à notre effroi) à l'état brut, dans un travail de dissection ultra précis : récit détaillé à la seconde près, dates, lieux (là je frémis d'autant plus : c'est ma banlieue, je connais bien la plupart des endroits cités), heures, sans aucun commentaire superflu. Les faits, juste les faits, dans leur horreur.
Comment le chef présumé de cette bandes de gamins (dont certains mineurs à l'époque des faits) a-t-il pu embarquer autant de personnes (plus d'une vingtaine sera impliquée) dans son délire obsessionnel et sa folie criminelle ? Peur des représailles, totale inconscience, impression de vivre un épisode de série télé, simple bêtise ? Peu à peu le cercle des personnes qui "savent" s'élargit, et pourtant Ilan, pardon, Elie ne sera pas sauvé. On referme le livre l'estomac noué, un sale goût amer dans la bouche et une seule question en tête : pourquoi ?
Lien : http://anyuka.canalblog.com/..
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Ce roman est vraiment structuré comme un gros article de presse. Morgan Sportes nous délivre les évènements tels qu'ils se sont vraisemblablement déroulés, grâce aux témoignages de chacun des protagonistes. le style d'écriture est simple, un peu répétitif mais assez plaisant.
Pour nous narrer les faits, l'auteur reste quasiment neutre: Pas besoin d'en rajouter sur la forme, car en terme d'émotion, l'histoire réelle se suffit à elle-même. Cette objectivité nous permet d'appréhender comment on peut en arriver là. Avant la lecture, on imagine que l'antisémitisme, la rebellion ou l'animosité sont à l'origine d'un tel drame. A la fermeture de ce livre, on se rend compte finalement que le simple manque d'instruction voire le vide intellectuel, dans un environnement défavorisé, peuvent conduire à des évènements à la limite de l'inhumanité. Une belle remise au point...
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Morgan Sportès a mené une longue enquête autour des différents membres de ce foutu gang. Malgré tout, comme je suppose qu'il y a une part de roman, de fiction, l'auteur a pris le soin de modifier légèrement les noms afin d'éviter tout souci. Ainsi, Yousouf devient Yasaf, etc. L'auteur établit les portraits psychologiques des différentes intervenants. Autour d'un chef qu'on voit peu confiant en lui, dépourvu de toute organisation cohérente, blindé de préjugés débiles et final, passablement stupide gravitent toute une tripotée d' "hommes de main" et d'appâts. Ce qui est dramatique dans cette histoire, c'est que les seconds couteaux se rendent compte au fur et à mesure de la tragédie qui est en train de se nouer quand le chef reste sur ses positions, convaincu que la famille de l'otage finira par payer la rançon qu'il exige. Ils ne sont d'ailleurs pas forcément partants dans cette opération mais ils sont sous le joug d'un personnage qui se donne une prestance et une autorité qu'il n'a en fait pas. La description des caractères est fine, précise et le travail d'enquête se ressent dans ces écrits.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Morgan Sportès nous livre ici une enquête passionnante, une autopsie froide et méthodique de notre société. Pas de pathos ni de jugement, rien que les faits qui se suffisent à eux-même dans leur barbarie, leur brutalité et leur horreur. Horreur au quotidien: on a envie de dire "c'est arrivé près de chez vous" en réalisant que cela peut nous arriver également. Autopsie vient du grec et veut dire "le voir de vos propres yeux". C'est ce que nous propose l'auteur, dans un style sans fioritures et efficace, nous laissant le soin "d'établir la cause de la mort". Cet examen de notre société, sa vacuité et sa folie quotidienne, nous font froid dans le dos.
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Dans son roman de 1995, l'Appât, Sportès relate les faits commis par une jeune femme qui piège des hommes prétendument fortunés pour les détrousser avec ses complices. Tiré également d'un fait divers à retentissement national, Tout, Tout de suite évoque de façon méthodique le calvaire vécu par Ilan Halimi, jeune vendeur juif enlevé, séquestré et torturé pendant trois longues semaines par Yousouf Fofana, délinquant noir musulman et sa clique de petites frappes que les médias, friands de qualificatifs imagés, ont appelés le Gang des Barbares.
Evidemment, le motif antisémite apparaît de suite et a fort justement défrayé la chronique. Pourtant, l'auteur va reprendre le fil du drame et montrer que cet épisode sordide est aussi un signe du malaise de notre société en perte de valeurs.
Les noms des protagonistes ont été changés et la description des évènements ressemble à un roman, mais un roman inspiré de faits bien réels.
Ceux qu'on appelle les barbares sont principalement des jeunes laissés pour compte, sans grande culture, uniquement attirés par l'argent facile et soumis à la vindicte de l'apparence.
A cet égard, s'en prendre à un juif (ils ont choisi Ilan par hasard), ce devait être la certitude de tomber sur une famille fortunée prête à payer une forte rançon sans difficulté. On voit tout de suite que le motif premier n'est pas purement raciste mais est de nature plus complexe, mêlé de préjugés bien installés et de misère intellectuelle.
Ces jeunes veulent tout, tout de suite, sans prendre gare au sens de leurs actes. Ils mélangent réalité et fiction et leur rapport au réel est donc biaisé et fortement compromis. Ils ignorent la différence qui existe entre le bien et le mal, suivent uniquement leurs pulsions et subissent avec délectation leur paresse naturelle. Cette extrême confusion va les mener lentement mais inexorablement vers la pire des barbaries.
Il faut ajouter que leur chef de pacotille, Yousef (alias Yousouf), navigue à vue, et petit capitaine de pédalo sans envergure mais avec un charisme indéniable, il emmène tout son monde vers l'échec et la déchéance la plus totale.
L'écriture de Sportès est fortement teintée de journalisme. Son souci du détail et de la précision est issu de sa longue carrière de journaliste en faits divers, chez Détective en particulier.
Il nous relate point par point une série d'évènements sans pathos et sans parti-pris. Il livre ainsi une étude sociologique brutale, une forme d'autopsie sans complaisance pour une société malade et gangrénée par les démons les plus sordides qui soient.
Il parvient à dépasser le fait divers pour faire état d'une situation sociale qui s'impose à notre réflexion : Comment peut-on en arriver là ? Où commence la démence ? Comment ces individus sont-ils devenus de tels barbares ignorants et cruels ?
On voit un peu de repentir chez certains, une volonté de se dédouaner pour d'autres. Pourtant, les faits restent les faits et nul ne peut vraiment s'en exonérer.
Cet ouvrage n'est pas d'une lecture facile. Il n'est pas d'un abord forcément agréable, même si l'auteur a pris soin d'éloigner la brutalité de cette réalité en invoquant une oeuvre romanesque. Il interroge le lecteur autant que ses personnages. On ne peut que ressentir un malaise, une peur de se retrouver dans la peau d'un voyeur.
Néanmoins, ne doutons pas une seconde qu'il faut en passer par cette exploration méticuleuse de la noirceur de l'âme humaine pour appréhender ce versant dérangeant de l'Humanité.
Cette oeuvre a reçu le prix Interallié en 2011…

Michelangelo 18/02/2021

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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