Ce roman, écrit en 1939, est peut-être la meilleure des histoires d'unchronie avant"22/11/63" qui d'ailleurs n'en est pas vraiment une,et est très supérieur (Attention sacrilège!) à "Le Maître du Haut Château".
J'ai lu ce livre dans sa première édition française (Marabout 1972) et il m'a enthousiasmé. Malheureusement il n'a pas été réédité depuis les années 80 aux défuntes éditions Oswald. Si un éditeur de SF me lit, il y aurait de plus mauvaises idées..
Bon, assez bavardé, de quoi s'agit il ?
Au départ une banale histoire de voyage dans le temps.
L'auteur ne de donne pas la peine d'inventer une laborieuse explication scientifique. Comme dans "Un américain à la Cour du Roi Arthur" de
Mark Twain, ou "
Jésus Vidéo" d'
Andreas Eschbach, le protagoniste est mystérieusement transféré dans le passé. Il passe d'emblée de la Rome des années 30 à celle de la période ostrogothique, dont, par chance, il est spécialiste, ce qui
lui permet de se débrouiller en Bas-Latin et de connaître la suite de l'histoire. Or, malgré la mauvaise réputation de leur nom, les Ostrogothse n'étaient plus des Barbares à l'époque, et commençaient à développer une civilisation prometteuse. A tout prendre, ils avaient plus d'atouts que les Francs, ce que Padway n'ignore pas au départ. Il sait aussi que la renaissance ostrogothique va tourner court avec, et que leur royaume sera détruit par lors de l'éphémère reconquête de l'Italie par l'Empire romain d'Orient (Byzance) qui tournera court par suite de l'incapacité matérielle des Byzantins à se maintenir en Italie. D'autres Barbares non accultures (les Lombards) arriveront, et l'Italie sera plongée pour de bon dans la barbarie.
Padway parvient à s'introduire dans le cercle des conseillers du Roi Ostrogoth.
Et il s'emploie à modifier le cours de l'histoire. Il parvient à sauver le Royaume Ostrogoth de la destruction et entreprend de le moderniser et de le développer. le Moyen Âge n'aura pas lieu et on peut espérer une Renaissance prochaine. Il s'emploie aussi à pallier les dangers futurs et par exemple conseille aux Byzantins de bien surveiller les mouvements religieux de la péninsule arabique dans les prochaines décennies.
Sprague de Camp laisse une fin ouverte. Des choses sans doute décisives ont été changées, en quelques décennies, le monde n'est plus ce
lui qu'il aurait été, et puis les choses suivront le cours qu'elles pourront suivre, et l'auteur évite le travers de tant d'uchronies qui suivent sur des siècles nouveau cours de leur histoire, avec malheureusement bien des convergences mal venues avec les évènements que nous connaissons. Voir le calamiteux "
Roma Aeterna" de
Robert Silverberg.
Donc un excellent livre :
-un point de divergence original
-une bonne connaissance de l'époque qui permet d'éviter les anachronismes.
-et un très bon maniment des mécanismes de l'intrigue.
Lors de sa sortie en France, l'ouvrage a été mal reçu par des gens qui ne l'ont pas compris, etqui, tel
Bernard Blanc, bon post-soixante-huitard, qui se donna le ridicule d'en faire une lecture grossièrement politique.
Bref un livre à lire.
On peut se le procurer assez facilement d'occasion sur Internet.
Pour en revenir à
Sprague de Camp, il est dommage qu'il n'ait pas persévéré dans cette voie et ait surtout écrit ce qu'on appelait pas encore Fantasy.
On
lui doit cependant une très bonne biographie de
Lovecraft, que je préfère à celle de
S.T. Joshi, bien que celle de Sprague de
Camp ait déplu à beaucoup de dévots du maître de Providence, qui l'ont taxée d'irrévérence
Notice bibliographique, d'après NOOSPHERE
De peur que les ténèbres…
Lyon Sprague DE CAMP
Titre original : Lest Darkness Fall, 1941
Première parution : Unknown, décembre 1939. En volume :
Henry Holt, 1941
Traduction de Christian MEISTERMANN
Editions françaises:
NEO (Nouvelles
Editions Oswald) 1983
LES
BELLES LETTRES, 1999
MARABOUT – GÉRARD, 1972