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3,92

sur 561 notes
Merveilleux roman policier pour jeunes adultes. Détournement génial de personnages où Enola Holmes vole la vedette à ses deux grands frères, le génial Sherlock et le très conservateur Mycroft. Ils se seraient bien passés de cette petite soeur honteuse, car arrivée sur le tard, et élevée comme une sauvageonne par, n'en jetez plus, une mère suffragette. Cette mère imprévisible qui a envoyé valdinguer tous les codes guindés de cette époque victorienne.
Sa disparition, sa fugue, son évasion — l'affaire est encore louche — oblige les deux frangins à mettre leur nez dans les affaires familiales. Aidée de loin en loin par sa mère grâce à de savoureux messages à décrypter, Enola en profite, elle aussi, pour prendre la poudre d'escampette. Car l'avenir que lui promettent les deux grands frères n'a vraiment rien de folichon : un pensionnat de jeune fille pour ensuite servir de potiche…
Accompagnée d'un autre fugueur, Enola perd néanmoins beaucoup de ses illusions quand elle tombe dans l'enfer de Londres, passant brutalement de l'atmosphère douillette du salon de thé à celle de Dickens.
Ce livre raconte avec drôlerie et émotion les aventures d'une jeune fille refusant catégoriquement la vie que veulent lui imposer la société et deux grands frères bouffis de morgue. Un livre écrit en 2006, comme quoi la critique du bon vieux patriarcat ne date pas d'aujourd'hui…
J'ai eu envie de lire ce livre grâce à deux films relatant les aventures d'Enola diffusés sur Netflix. Deux films que, pour ma part, j'ai trouvé très réussi.
Enola ne cesse de fustiger cet habit que cette société patriarcale veut lui imposer : un habit qui l'étouffe, la corsète, la comprime, qui cache ses formes… Étrange résonnance avec une actualité récente dans notre beau pays.
En conclusion je vous propose de décrypter ce message qui permet à Enola de se lancer à la recherche de sa maman :
ALO NEE DRA GER SNA DAM ELL IMO MAC
À vous de jouer.
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Tout à la fois enquête policière et roman d'aventure, on rentre vite dans l'histoire. Enola est une héroïne dynamique et intéressante, qui essaie de s'en sortir dans un siècle ou ce n'est pas facile pour les filles. Petite soeur de Sherlock Holmes, elle va suivre les traces de son frère, tout en essayant de rester indépendante.
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♫"Enola gay, you should have stayed at home yesterday, ♫ Aha words can't describe the feeling and the way you lied"♪... Pardon, j'avais la chanson de OMD en tête...

J'ai toujours pensé que Sherlock Holmes était le meilleur détective du monde et surtout, le SEUL ! J'ignorais l'existence de sa soeur : Enola Holmes !

Oui, Mycroft et Sherlock Holmes, le célèbre détective, ont une petite soeur et ils ont respectivement 20 et 27 ans de plus qu'elle.

Leur père est mort quand elle avait quatre ans et Enola vivait avec sa mère dans la maison familiale, Ferndell Hall, près du village de Kineford.

On ne peut pas dire qu'Enola et sa Mère ont eu une relation fusionnelle. Elle était même distante. C'était intentionnel car sa mère voulait secrètement l'encourager à s'habituer à vivre de façon indépendante.

Mais voilà, maman a disparu et les frangins ont décidés de confier la petite soeur à un pensionnat, surtout Mycroft.

Enola au pensionnat ? Non ! Enola n'est pas Martine qui obéit à Grand Frère et la voilà qui se fait la malle, au nez et à la barbe des frangins...

Hé oui, je lis aussi des pastiches holmésiens "jeunesse" et j'avoue que je me suis bien plu à lire ce premier tome.

Géniale idée que d'affubler Mycroft et Sherlock - plus que guindés ici - d'une très jeune soeur qui se tamponne des convenances que les jeunes femmes et jeunes filles anglaises du 19e siècle devaient respecter.

C'est court, rythmé, drôle, ça se lit en une soirée (200 pages) et je dois dire que c'est de la lecture très agréable quand on est en vacances, les pieds dans l'eau. Les romans ne prennent pas de place dans les valises.

J'ai apprécié Enola Holmes, ses qualités, ses défauts, son caractère indépendant,... Elle n'hésite pas à se remettre en question, ce qui rend son personnage plausible.

Par contre, le fait qu'elle se tire de toutes les situations avec des stratagèmes élaborés, alors qu'elle n'a que 14 ans, est parfois un peu "gros".

Mais bon, on pardonne. Et puis, c'est une Holmes, non ?

L'avantage est que l'auteur, Nancy Springer, nous ait écrit un pastiche holmésien en créant une héroïne de toute pièce. C'est une Holmes, mais elle est à part tout en étant en même temps proche de Sherlock.

Du coup cette incursion dans le monde de Sherlock Holmes passe bien parce qu'on a pas une "réécriture" du détective - bien qu'il fasse quelques apparitions - mais une toute autre histoire.

Le détective n'a pas les projecteurs braqués sur lui, il est dans une semi-ombre, on le croise mais on ne reste pas longtemps avec lui.

Sa personnalité est respectée, il est taciturne, malade de dépression et se méfie de la gente féminine....

Comme je vous le disais, nous sommes dans un roman jeunesse mais j'en ai appris plus sur Londres et la société victorienne en lisant ce petit roman qu'en lisant Conan Doyle ! Lui ne parlait pas vraiment du poids que cette société faisait peser sur les femmes.

Ici, je suis devenue incollable sur les releveurs de popotin, les metteurs en valeur de poitrine, sur les dangers des corsets et autres... Nous avons droit à une vision très pertinente de la condition des femmes au 19ème siècle qui n'était pas rose.

Enola porte aussi un poids qu'elle ne comprend pas toujours : c'est l'enfant du scandale et de la honte car née tardivement (sa mère avait cinquante ans) et dans la bonne société anglaise c'était simplement inadmissible de tomber enceinte à cet âge là (jaloux qu'elle s'envoie encore en l'air à 50 piges et pas elles ??).

Point de vue intrigue, ça ne casse pas 3 pattes à un canard (on a une étrange affaire de disparition d'un jeune vicomte de 12 ans) mais le récit est plaisant à lire et la lecture rapide. le plus intéressant est ce fil d'Ariane qui va nous suivre dans toute la saga.

L'écriture est simple, facile à lire, pas de style ampoulé ou pédant, un langage clair sans prise de tête (mais pas gnangan non plus).

Les messages codés étaient bien trouvés et je plains les traducteurs car ce n'est pas toujours facile de traduire tout en respectant le sens des codes ou des noms.

Le roman ne manque pas d'humour aussi : lorsqu'Elona se retrouve tout près de son frère et qu'il ne la reconnaît pas... Un peu tordu mais hilarant !
Et c'est parti pour de l'aventure dans un Londres bruyant, malodorant, puant et livré à la plèbe qui plie sous le travail...

Grâce à son intelligence et sa bravoure, Enola promet de tenir la dragée haute à l'éminent Sherlock Holmes !

Vivement la suite que je vais m'empresser de lire.


Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Les enquêtes d'Enola Holmes, et oui ce cher Sherlock nous avait caché qu'il avait une soeur, s'adresse à un jeune public (à partir de 12 ans) et pourtant moi qui ai 12 ans multiplié par deux j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman.
Enola est une jeune fille intelligente, mature et très attachante. Alors certes l'enquête qu'elle nous propose est sans doute un peu simple pour certains lecteurs mais moi j'ai beaucoup aimé surtout les messages codés et autres énigmes.
L'époque, l'histoire se déroule à la fin du XIXème siècle, est vraiment très bien décrite et offre un vrai voyage dans le temps. J'ai hâte de lire la suite.
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Après la sortie du deuxième film d'Enola Holmes, je me suis dit qu'il était temps de tester les romans de Nancy Springer. Je ne savais pas à quoi m'attendre, à savoir si les films étaient une adaptation fidèle ou pas, mais le principe même de narrer les aventures de la petite soeur de Sherlock Holmes me plaisait déjà beaucoup.

J'ai malheureusement très vite déchanté… J'ai pourtant tenu bon jusqu'à plus de la moitié du roman, mais même lorsque les événements prennent un peu plus de rythme, je n'ai pas su trouver l'entrain que j'espérais. Je me suis même grandement ennuyée… Et ce n'est clairement pas ce que j'attendais de ce premier tome.

Certes, il fallait introduire notre jeune héroïne ainsi que sa situation. Mais de là à faire durer la chose plus de la moitié du tome… Cela coupe carrément la dynamique. Sans compter les descriptions à n'en pas finir de tout et n'importe quoi. Je voulais de l'action, et j'ai été fortement déçue. Même notre chère petite Enola n'a pas vraiment la fibre de détective dans ce premier tome. Je ne m'attendais pas à voir une Sherlock Holmes en jupons dès le départ mais j'ai eu l'impression que les enquêtes et leurs déroulements étaient plutôt dû à la chance qu'à de l'observation ou de la réflexion. On voit nettement que la jeune femme a le même don que son frère aîné, mais n'en est encore qu'aux balbutiements. Et j'aurais aimé un peu plus.

Je n'ai donc pas suivi les deux intrigues avec intérêt, je l'avoue. Les deux disparitions sont soit étrange, soit tiré par les cheveux et n'ont pas vraiment de conclusion. le tout était pour moi aussi très peu crédible. Alors, oui, il y a un côté dérisoire qui s'installe dès le départ, mais j'ai trouvé qu'il était poussé trop loin, si bien que l'on arrive à croire en rien.

Heureusement, Enola est un personnage auquel on s'attache rapidement. Naïve mais débrouillarde, on découvre une jeune femme de quatorze ans qui n'est pas née à la bonne époque, mais qui compte bien s'en accommoder. Drôle à sa manière, intelligente, elle n'a pas froid aux yeux, c'est le moins que l'on puisse dire. Et à la trouver si adorable, je suis aussi également triste de voir quelle piètre famille elle a… Je n'avais pas adhéré à l'évaporation de sa mère (sans réelle explication) dans les films, et ici, il en va de même. Comportement égoïste à souhait. Les deux frères sont à l'image de leur époque, misogynes et plein de préjugés, mais Sherlock laisse à penser qu'il pourrait avoir une relation charmante avec sa jeune soeur.

Je ne serai malheureusement pas de la partie pour le découvrir car je vais m'arrêter là avec Enola Holmes, les romans, et me contenter des films que je trouve beaucoup plus divertissants et plus dynamiques. J'aurais au moins tenté l'aventure.
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Challenge plumes féminines 2024 – n°30

Mis en pense-bête depuis un moment sur Babelio (pour quelle raison ? Aucune idée…), je l'ai trouvé disponible gratuitement sur Audible avec le 2nd tome. L'audio est court (5h30), cela me permet ainsi de découvrir cette jeune détective.

J'ai écouté ce roman jusqu'au bout mais j'en ressors un peu perplexe. le début était très sympa et original où on voit apparaître la soeur du célèbre détective Sherlock Holmes. Après, j'ai vite déchanté avec ses frères très pédants à son encontre tout en ne la connaissant pas… elle si débrouillarde qu'elle déjoue les mesures prises par son aîné Mycroft pour ne pas aller en pension. Malgré tout, certaines de ses ruses m'ont paru un peu trop adulte pour une jeune fille de 14 ans. Elle décide ensuite de partir à l'aventure à la recherche de sa mère et en cours de route, elle s'intéresse à l'enlèvement d'un jeune comte… Pour quelqu'un pressé de retrouver sa mère, le comportement est étrange et correspond aux médisances de ses frères sur la gente féminine… En prime, son enquête se finit en eau de boudin car elle n'a pas de fin ni de résolution, juste quelques idées lancées. du coup, je ne suis pas totalement conquise par ce roman jeunesse même si le personnage d'Enola est sympathique avec sa débrouillardise et ses questionnements ainsi que l'écriture de l'auteure.

Comme vous l'aurez compris, ce 1er tome a été une bonne lecture mais sans plus. Je vais malgré tout tenter le 2nd tome disponible s'il confirme ou non mon 1er avis. Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Il y a un petit moment que les aventures d'Enola Holmes me faisaient de l'oeil et c'est grâce à mon ami manU que j'ai pu découvrir le premier tome (merci ma grenouille !).

Les pastiches holmésiens ne sont pas toujours une réussite. Il n'est pas facile de faire revivre avec brio le célèbre détective. Nancy Springer a eu la bonne idée d'inventer un nouveau personnage et de ne faire intervenir Sherlock Holmes que de façon homéopathique. En outre, son Sherlock est crédible même s'il est ici hyper collet monté (c'est amusant donc ça passe très bien).

Enola est une jeune fille attachante, amusante et pleine de ressources. J'imagine que les jeunes lecteurs n'ont aucun mal à s'identifier à elle. Elle incarne la liberté dans une société compassée où les droits des femmes étaient quasi inexistants. La peinture de la société victorienne est passionnante et ce roman féministe nous en apprend beaucoup sur le sort des femmes et des jeunes filles à cette époque. Rien que pour ça, le bouquin mérite d'être lu.

L'enquête en elle-même est plutôt légère bien que plaisante.
Le style est frais, direct, sans fioriture : en bref, c'est de la bonne littérature jeunesse.

Je m'en vais de ce pas découvrir le tome 2 !
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Le jour de ses quatorze ans, Enola Holmes constate la disparition de sa mère. Appelés à la rescousse, ses deux frères Sherlock et Mycroft débarquent dans la demeure familiale pour mener l'enquête. Mais très vite, Enola constate qu'ils sont surtout venus pour la remettre dans le droit chemin. Pour eux, cette gamine est « une enfant naïve. Qui a grandi laissée à elle-même. Sans éducation. Dépourvue de toute sophistication. Une rêveuse. » Leur but est donc de l'envoyer en pension pour en faire une Lady. Il faut dire que les deux aînés sont beaucoup plus âgés que leur cadette et que cette « enfant du scandale » que leur mère a eu à 50 ans a, selon eux, sérieusement besoin d'être reprise en main. Refusant de se plier à leur volonté, Enola prépare soigneusement son « évasion » et fomente un plan ingénieux censé lui permettre à la fois d'échapper à a pension et de partir à la recherche de sa mère…

Un roman jeunesse fort agréable. Tout le monde s'accorde sur la simplicité de l'intrigue et les grosses ficelles utilisées pour que les événements s'enchaînent. Disons que le hasard fait souvent très bien les choses mais à la limite peu importe car l'intérêt est ailleurs, notamment dans le portrait de cette jeune fille pétillante au caractère bien trempée qui refuse la condition que l'on souhaite lui imposer. Éprise de liberté, fortement influencée par les idées avant-gardistes de sa mère, Enola se prend en main seule et avance avec conviction, quitte à subir quelques désagréments. Intéressante également la façon dont l'auteur campe Sherlock et Mycroft. le premier, « droit comme un manche de râteau, plus svelte qu'un lévrier » est froid et ne montre aucun signe d'affection à l'égard de sa soeur. le second, se comportant davantage comme un père que comme un frère, pense surtout à la réputation familiale et ne supporte pas qu'Enola soit (selon lui) si mal élevée. Tous deux apparaissent antipathiques en diable et on se doute qu'ils occuperont une place importante dans la suite de la série. Dernier point très positif, l'Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle est restituée avec beaucoup de précision. Les rues malfamées de Londres et l'ambiance bucolique de la campagne anglaise sont notamment criantes de vérité.

Bref, voila un premier tome qui ne brille certes pas par son intrigue mais qui dégage suffisamment de charme pour que je me laisse convaincre de poursuive au plus vite la découverte des aventures d'Enola.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Londres, août 1888,

Le soir dans les bas fonds de Londres, une autre vie s'anime et la misère du monde prend sa véritable dimension. Une silhouette féminine voilée erre dans les rues...

Quelques jours avant,

Enola ne sait pas pourquoi sa mère l'a appelée ainsi. Enola signifie "seule" (Alone). Est-ce que ce prénom la destine à la solitude ? Est-ce le leg à une fille, d'une mère réservée, secrète, indépendante, parcimonieuse de son attention maternelle ? Depuis sa naissance, Enola vit en retrait de toute société dans le manoir familial Ferndell Hall, une demeure ancrée dans la campagne de Kineford. Elle y vit avec sa mère, une femme excentrique pour l'époque, et un couple qui assume l'intendance de la maison. de sa famille, il ne lui reste que sa mère et ses deux frères, son père étant décédé lorsqu'elle avait quatre ans. le jour des funérailles est un souvenir lointain qui garde l'image d'une querelle entre sa mère et ses frères aînés qu'elle n'a plus revus depuis.

Ces questions, Enola se les pose le jour de son anniversaire car pour ses quatorze ans elle se retrouve seule. Sa mère Lady Eudoria a disparu. Perdue dans ses incertitudes, elle n'a qu'un recours, c'est adresser un télégramme à ses deux frères résidant à Londres, Mycroft et Sherlock... Holmes.

Lorsque les deux hommes arrivent, l'incompréhension est totale. de la résidence qu'ils avaient laissée dix ans plus tôt, il ne reste qu'un domaine sauvage et abandonné... un domaine et une soeur. Leur cadette n'a rien de féminin, elle a poussé comme une plante grossière, non domestiquée et sans tuteur. Si tous deux sont stupéfaits de la situation, leurs comportements à l'égard d'Elona diffèrent. Alors que Mycroft peste et souhaite organiser sans délai le placement de sa soeur dans une pension, Sherlock s'inquiète de la disparition de leur mère et pose sur la jeune fille un regard attendri et curieux. Il faut préciser qu'Enola est un véritable garçon manqué, qui aime monter aux arbres, faire de la bicyclette, courir la campagne, porter des hardes et étudier toutes les matières, des sciences à la littérature.

Une école de perfectionnement pour jeunes filles... Cette idée terrorise Enola. Un carcan, un emprisonnement, des interdits, des contraintes, de la soumission, une lobotomisation... un corset qui enserrera aussi bien la taille que l'esprit... En peu de temps, Enola envisage de fuir et c'est en trouvant les indices que sa mère lui a laissés avant de partir, qu'elle pourra se permettre d'exécuter son projet. Dans un carnet d'esquisses, elle offre à sa fille un code ingénieux avec le langage des fleurs. Les énigmes la mèneront à des cachettes secrètes dans lesquelles elle a placé une petite fortune en billets ; tout un pécule amassé durant une dizaine d'années.

Equipée de sa bicyclette, de quelques tenues de rechange dont celle d'une veuve, d'un corset-armure-coffre-fort, de beaucoup de courage, de hardiesse, de liberté, d'imagination et d'inexpérience, Enola s'engage dans une aventure qui changera sa destinée de façon irrémédiable. L'indépendance que sa mère lui a donnée est un cadeau inestimable qu'elle chérit avec reconnaissance et qu'elle compte exploiter, même si cette autonomie semble pesante à certains moments d'introspection.

Pour Enola, Londres et ses mystères sera un terrain de jeux... et pour Sherlock, Enola sera-t-elle son alter-égo ?
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Comme il y a un courant néo-lovecraftien, il y a un courant néo-holmesien, le concept étant sur le papier de repopulariser l'univers d'un auteur mythique en le débarrassant des scories racistes et misogynes de ce dernier, dans les faits de créer un maximum de films, de livres ou de séries TV racontant la jeunesse de Holmes, la vie d'un membre de sa famille, voire même sa vieillesse, sans se soucier de la corrélation ni avec les autres oeuvres, ni même parfois avec celles d'Arthur Conan Doyle. Au premier rang de cette mitraille intellectuelle, il y a évidemment le livre jeunesse, sous le prétexte qu'il faut que les enfants, d'une façon ou d'une autre, connaissent le cultissime détective comme toute personne qui se respecte. Sauf que voilà : à trop parler du Sherlock Holmes, à trop vendre du Sherlock Holmes, le personnage se retrouve relégué au fond du placard des D Artagnan et autres Merlin l'Enchanteur : celui des personnages réduits à une série ou bien de clichés, ou bien de spin-offs par des éditeurs désireux d'un yacht de croisière, pour qu'au final les gamins s'en désintéressent et se tournent vers des futilités moindres telles que la nouvelle vidéo de Squeezie. Alors, Enola Holmes, qu'est-ce que ça vaut au final ? C'est jeunesse après tout, et c'est une série à rallonge sur une soeur qu'on ne connaissait pas et qui hop ! comme par miracle, prend la première place de l'univers de Doyle !
Eh bien, s'il y avait une série avec laquelle on pourrait faire un parallèle efficace entre le courant néo-lovecraftien et celui néo-holmesien, ce serait celle-là : au lieu de nous refourguer des protagonistes mâles, blancs et xénophobes sur les bords, Nancy Springer nous fait pénétrer dans l'avant-guerre par ses principales victimes : les femmes et les ouvriers. Toutes les mauvaises conditions sociales sont pointées du doigt, en dénonçant chaque mauvais traitement avec une pelletée d'exemples. Si par bonheur l'auteure ne fait pas empiéter le côté engagé sur celui du récit, il n'en est pas moins qu'elle passe à rebrousse-poil toute l'idéologie victorienne à laquelle Doyle était adepte, jusque dans les plus petits détails (cf. les opinions trop tranchées sur les Romanichels). C'est bien sûr une bonne chose, mais trop insister sur l'ampleur peut parfois la faire oublier.
Mais qu'on ait pu distiller efficacement ou non le message féministe et socialiste n'est pas ce qui compte le plus au final, car nous sommes dans un roman policier, que diable ! Est-ce que nous avons affaire à une bonne enquête ? Pas trop. Il s'agit de retrouver un gosse de riche qui s'est fait la malle. Allons bon, v'là aut'chose. Pas une très bonne idée de commencer une série d'au moins six tomes par un mystère aussi précaire. Et là, vous me dites : Pas étonnant d'avoir choisi un public jeunesse ! Je dois dire, moi aussi, que je m'attendais à mieux de la part de la soeur de Sherlock qui serait, selon la quatrième de couverture, encore plus grande détective que lui.
Sauf que. Comment est-ce qu'une femme peut-elle être détective dans le Londres victorien, avec a fortriori deux frères célèbres qui cherchent quasi à la mettre au couvent ? Pour cela, il faut savoir brouiller les pistes, et avec un enquêteur aussi réputé, il faudra prendre sa logique à contresens. Enola connaît le système de déduction de son frère, elle met donc en place des fausses évidences et profite de son statut de femme pour masquer son intelligence. Par la suite, elle utilise toutes sortes de messages codés et de déguisements, ce qui fait qu'on en apprend pas mal sur comment devaient se débrouiller les James Bond de l'époque.
Mais plus encore, l'idée de mettre Sherlock Holmes en antagoniste, voulant brider sa soeur pour mener ses enquêtes par lui-même, était brillante. le personnage n'est pas dénaturé, restant dans son aura intelligente et grinçante, mais exhibant cette fois-ci toute la facette sombre et cynique de son génie. Aucun besoin de Moriarty, sans compter que désormais le méchant n'est pas tout noir et on espère de lui qu'il montre enfin un peu d'humanité à sa rivale.
Par contre, au niveau du style, il y avait matière à mieux faire. Les petites digressions sont de mise dans la narration d'Enola, plus ou moins justifiées. Finalement, les seuls chapitres bien racontés sont le prologue et l'épilogue, au présent de la troisième personne, faisant régner une atmosphère noire et crépusculaire bien, bien plus digne de Sherlock Holmes que le reste du texte qui sera même adapté en BD rose à paillettes (quand ils veulent un yacht, c'est qu'ils veulent un yacht).
Au final, "Les enquêtes d'Enola Holmes" est une série pas mauvaise du tout, dont on espère néanmoins un peu mieux de la plume, et surtout des intrigues vue l'intelligence de sa protagoniste. À voir si les tomes suivants rectifieront le tir.
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