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Critique de Syl


Syl
06 novembre 2012
Londres, 1889,

Entre une tourte au pigeon et une gorgée d'un excellent vin, Mycroft et Sherlock discourent sur leur insaisissable soeur Enola.
Si l'un n'arrive pas à maîtriser son exaspération, le second s'émoustille de la tournure des évènements. Dans son indépendance et son désir d'investigations, Enola a déjà élucidé trois mystérieuses disparitions en l'espace de huit mois.

Chez le Dr Ragostin, Miss Meshle, « frange, fausses bouclettes et fanfreluches bon marché », fait toujours le secrétariat et réceptionne les visites. Elle fait place parfois au personnage plus distingué, de serge grise, lorgnons et teint palot, d'une bas-bleus. C'est donc sous cette caricature qu'Enola revoit la fille du baron Alistair, Cecily, qui avait disparu quelques mois plus tôt. Cette affaire avait été sa deuxième enquête…
Dans « un édifice confidentiel », plus communément appelé « toilettes publiques pour dames de Londres », de l'avenue commerçante d'Oxford Street, Cecily, face à Enola, est encadrée par deux duègnes. Plus qu'accompagnatrices, les deux femmes se comportent comme des geôlières. Cecily se comporte bizarrement, à la fois récalcitrante et avachie, elle n'a pas la posture d'une jeune fille noble.
Lorsqu'en Enola, elle reconnaît la mystérieuse justicière qui l'avait sauvée, elle parvient à se contenir et lui lancer par le regard, un appel de détresse…
Enola scrute bien la scène. Cecily est prise en étau par deux femmes. Elle s'évente avec un éventail de papier. Un coup, deux coups… elle le porte à son front… elle l'agite précipitamment, elle se caresse les lèvres… s'amuse avec le cordon de soie…
Enola se saisit du sien et le porte à sa joue. Oui, elle a compris l'angoisse de Cécily. Oui, elle va lui venir en aide.
A cette époque, l'éventail n'était pas qu'un simple accessoire de mode ou un instrument à vent. Si en Asie, il pouvait être une arme, un complément essentiel au théâtre, il était en Europe, au XVIIIème et au XIXème siècle, l'outil des coquettes. Leur maniement était un langage.
Soutenue par ses deux cerbères, Cecily est contrainte de partir. Mais avant, elle a juste le temps d'abandonner son éventail, un colifichet ordinaire en papier de soie rose. Est-il si insignifiant et commun qu'il prétend être ?

Enola s'apprête avec un réel plaisir à commencer sa quatrième enquête… sans savoir qu'elle va croiser la route de son frère Sherlock…
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Quatrième tome de la série et je suis toujours conquise. Chaque épisode se lit avec plaisir et nous faisons des incursions dans l'Angleterre victorienne avec intelligence. le sujet de prédilection de l'auteur est bien la condition féminine. A travers les enquêtes d'Enola, nous abordons la triste position de la femme, qu'elle soit du peuple ou de l'aristocratie. La femme est un sujet, un élément, que la gente masculine dispose à sa convenance.
Avec Enola, on suit sa rébellion avec ravissement et lui apportons tout notre soutien, avec en prime quelques ovations… Même si elle s'immisce parfois dans les pires conjonctures, elle parvient avec courage et efficacité à s'en extirper, rendant ainsi hommage au sexe dit « faible », faisant la nique, aussi, au plus célèbre des détectives !
Si le suspense est un peu tiède, l'intrigue attendue, on ne se lasse pas de ses déguisements, son énergie, sa persévérance, et ses extravagances qui frôlent parfois la déraison !

Une série à conseiller.
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