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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un ouvrage qui dérange.
Dans ce récit autobiographique, Justin St Germain raconte la vie et surtout la mort de sa mère, tuée par balles par son cinquième mari, quelques jours après les attentats du World Trade Center. L'auteur avait 20 ans à l'époque, et a affronté comme il a pu cette mort aussi violente qu'inattendue. Dans le désir illusoire de comprendre le pourquoi de ce meurtre, il interroge les personnes qui ont connu sa mère, rassemble ses souvenirs, et dresse le portrait d'une femme singulière dans un pays déconcertant.

Je sors de cette lecture très partagée. Je ne suis pas sûre d'avoir perçu les motivations de St Germain, sauf à tenter de faire son deuil en écrivant son histoire. Mais cette exhibition de colère et de douleur m'a mise mal à l'aise, je n'avais pas envie de les partager même si j'en comprends les raisons.
J'ai été davantage saisie par sa description de la société américaine actuelle : ça ne donne vraiment pas envie de vivre aux USA (message personnel : Eric, tu as 1000 fois raison !). L'auteur raconte les White trash (parmi lesquels il se compte) qui continuent de croire inlassablement au rêve américain, qui montent sans relâche des entreprises, travaillent comme des forcenés, s'endettent, font faillite et recommencent ailleurs, vivant dans des mobil-homes, déménageant sans cesse, achetant, vendant, trouvant des diamants par terre et offrant des revolvers à leur mère à Noël. Tout cela est hautement exotique pour moi. St Germain ne juge jamais, il relate les faits de façon détachée, et ça ne rend son pays que plus glaçant.
Par ailleurs, l'essentiel de l'histoire se passant en Arizona, à Tombstone où eut lieu le duel d'OK Corral, de nombreuses allusions à celui-ci et à Wyatt Earp parcourent le récit. N'étant pas particulièrement fan de westerns, ça m'a un peu ennuyée, mais avis aux amateurs...

C'est donc un ouvrage surprenant, inclassable, mais très instructif pour ce qui concerne la sociologie des USA. Après cette lecture, je me demande comment on peut y vivre, en être fier, et y croire encore et toujours.
Et je remercie l'amie très chère qui me l'a offert, même si ce fut une lecture plutôt éprouvante -mais audacieusement bien choisie.
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Son of a gun est un récit autobiographique . Justin Saint Germain nous raconte la mort de sa mère, tuée par balles tout près de Tombstone , ville de l'Arizona célèbre pour sa fusillade à OK Corral et symbole du wild far west.
Ce récit est en deux parties : la première se déroule au moment du meurtre et la seconde huit ans après , où l'auteur revient à Tombstone et retrace le cours de la vie de sa mère. Si il y a un doute policier dans ce livre , il est très anecdotique , l'auteur le dit lui même : Il sait comment sa mère est morte , il ne sait pas pourquoi.

Pourquoi lire Son of a gun ? Pour l'histoire de Justin ? Peut être .
Pour une vision non édulcorée des USA ? Assurément !
On est bien loin des chansons de Noël à la con dont nous abreuvent les américains , on est loin du rêve , loin de la liberté .
On est au pays des armes , dont le thème est omniprésent ici et pour ma part bien traitée sans vision manichéenne de la question .
On est au pays des habitants du désert, des désespérés qui fuient la société et vivent dans des villes fantômes, un peu comme dans Satan dans le désert de l'excellent Boston Terran.
La came , les armes à feu , l'alcool sont omniprésents.
On est aussi au pays de Wyatt Earp , l'un des plus célèbres héro du far west et protagoniste de la fusillade de Tombstone et qui 112 après joue encore un role fondamental dans ce coin béni des USA, enfin béni pour les crotales !
L'auteur se pose beaucoup de questions pour trouver le pourquoi du décès de sa maman. A travers ses questions , il nous montre son Amérique , celle de son quotidien.
Un livre , qui sans être une surprise pour moi, revêt un grand intérêt pour comprendre une société à la dérive.
PS : le parallèle entre la Californie, ou plutôt San Francisco, et l'Arizona est aussi saisissant.

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Septembre 2011, alors que tout le monde a encore la tête pleine des images des attentats, Justin St. Germain, alors étudiant, apprend de la bouche de son frère que sa mère vient d'être retrouvée morte dans son mobile-home, tuée de plusieurs coups d'une arme à feu. le principal suspect, son compagnon du moment, Ray, a disparu.
Dix ans plus tard, Justin St.Germain entreprend d'écrire, de faire le récit détaillé de cet assassinat, de son point de vue à lui, et avec ce qu'il sait du drame. Il mène aussi l'enquête, revient dans la ville d'Arizona où il a vécu, retrouve des personnes que sa mère a côtoyées. Rien n'est facile, et l'émotion prend souvent le dessus, et le fait se demander s'il doit continuer. Il prend conscience que sa mère, son frère et lui appartenaient à la « white trash », les petits blancs pauvres, vivant de petits boulots, acceptant en location les appartements les plus minables. Pourtant sa mère, lui semble-t-il, essayait de son mieux d'élever sans père ses deux enfants, tout en n'ayant que peu de stabilité à leur offrir : déménagements, cohabitations, semi-pauvreté… C'est un portrait de cette classe pauvre des petites villes que dresse l'auteur, avec justesse et sans rien cacher. Il s'intéresse aussi, par la force des choses, aux thèmes de la violence domestique (même si ce terme paraît édulcorer ladite violence) et de la culture des armes à feu aux Etats-Unis, et c'est très intéressant. Sa mère a été assassinée à Tombstone, ville où se situe le fameux O.K. Corral, et quelques paragraphes reviennent parallèlement sur les lieux et les circonstances de cette fusillade historique.
De ce récit je retiens surtout le portrait de la mère, qui sonne tout à fait juste, que le fait qu'elle ait été assassinée, et l'écriture de ce jeune auteur qui est vraiment prometteuse. le sujet aurait pu donner lieu à un texte soit trop larmoyant, soit trop documentaire, soit trop nombriliste, à mon avis, tout cela est évité, l'équilibre est gardé, et la lecture en est captivante. Maintenant qu'il a écrit sur sa propre histoire, projet utile de faire à la fois pour lui-même et pour ses lecteurs, j'ose parier qu'il pourra se remettre de nouveau derrière son clavier, et devenir un nom qui compte dans la littérature américaine.
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Justin St. Germain partage avec James Ellroy une même tragédie à savoir l'assassinat d'une mère. Chose rare qui mérite d'être citée. L'auteur ne recherche-t-il pas dès lors une forme de filiation ?
En ouverture de la deuxième partie de son livre, nous pouvons lire : « les morts appartiennent à ceux, parmi les vivants, qui les réclament de la manière la plus obsessionnelle » de James Ellroy himself.
La barre est placée, très haute, il va falloir sinon la passer du moins l'engager dirait le sauteur en hauteur.
Certains auteurs ont rapidement un style, celui de Justin St. Germain est plaisant. Ce livre vous le lirez avec facilité et si l'histoire n'était pas si noire, j'oserai dire que vous allez passer un bon moment.
Les questions qui y sont délicatement amenées par l'auteur ; sont profondes et courageuses pour un pur produit des States.
Le thème du port d'arme aux Etats-Unis est récurrent, il s'agit du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. Il fait partie des dix amendements passés le 15 décembre 1791, couramment appelés « Déclaration des Droits » (Bill of Rights).
Dans ce livre, même marqué par cette tragédie Justin ne remet à aucun moment ce droit en cause, c'est la culture d'un peuple qui a dû âprement défendre sa liberté et sa vie dans des espaces sans fin, loin de toute civilisation telle que nous la connaissons. Maintenant au 21 éme siècle est-ce toujours d'actualité, nécessaire, la question est posée ?
Justin, lui a commencé à tirer à six ans….Et en possède, des armes of course !

Lorsque Josh son frère avec qui il vit à Tucson pour ses études, reçoit l'appel signifiant que leur mère a été retrouvée morte criblée de balles, Justin pense tout de suite : « Comme si j'avais toujours su que ce moment viendrait ! ». La rencontre avec Ray, son cinquième et dernier mari, était-elle écrite ?

Grybouille vous invite à un moment de réflexion : « Doit-on avoir peur de ce que l'on pressent ? Tout n'est qu'illusion, nous dit-on. Ce que l'on pense ferait-il arriver les choses, ou est-ce encore cette même vie que nous vivons sans fin qui déclenche des sentiments de déjà vu, ou ces choses étant inévitables s'en accommode-t-on ? Si nous habitons près de la mer, a-t-on plus de chance de mourir noyé ? Pas facile tout cela, chienne de vie ! »

Au décès de leur mère, Justin va aller jusqu'au bout de ce voyage qu'est un deuil :
Recherche des éléments pour comprendre ce qui est arrivé à sa mère ; Reprise de contact avec les hommes qui ont partagé la vie de Debbie (sa mère) afin de vaincre ses démons ; Voyage dans ses sentiments avec le sexe opposé ; Autodestruction avec l'alcool ; La violence qui est exacerbée au plus profond de lui, « La bête a surgi » ; Ses relations avec son frère Josh et ses amis et colocataires ; Sa participation à un groupe de parole de proches de victimes de violence ; Cette mère qui leur a tout donné au risque de s'oublier etc.…
Et puis cette comptine qui revient tout au long du livre : Tombstone, ville où il a vécu avec sa mère et où elle est morte est-elle à l'origine de cette tragédie ? Tombstone, ville mythique du duel à OK Coral, aime-t-elle les meurtres ? Et Wyatt Earp, sheriff de Tombstone, son histoire a-t-elle favorisée la banalisation de l'utilisation des armes à feu ? La seule solution à un conflit doit-elle passer par la violence ? Une aventure qui va couvrir onze ans de sa vie, de l'adolescence à l'âge adulte.

Enfin ce livre j'ai aimé le lire. Non, je l'aime, il est simple, direct, a des choses à dire, un vrai sujet de société à travers une expérience personnel, un voyage intérieur, une Amérique profonde (loin de la bourse, de ses traders, des buildings, du dollar roi…). Moi j'aime mes frères et soeurs humains, ceux qui malgré les écueils avancent encore, s'améliorent et ce livre fait parti de cette grande famille.

Allez au travail Mr Justin St. Germain, un autre, un autre……
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Son of a gun
Justin Saint Germain

Cette histoire est une histoire vraie.
Dans ce 1 er roman autobiographique Justin nous raconte l'histoire de l'assassinat de sa mère par son beau père en septembre 2001.
Une semaine après les attentats du WTC.
En Arizona.
Il nous raconte tout :
L'annonce de cette mort par son frère aîné âgé de 20 ans ( lui en avait un peu moins)
L'enquête
L'impossibilité d'en parler à ses connaissances d'après le drame
Toutes les vies antérieures de sa mère Debbie
Ses relations avec le reste de sa famille
Les amis qui l'ont soutenu
La reconstruction qu'il faut entreprendre
Et la véritable histoire de Wyatt Earp ( les faits se déroulant à Tomblestone ville de Wyatt Earp)

Cette histoire est surtout celle d'un fils qui, 8 ans après, mêne une véritable enquête pour comprendre.
Un roman qui oscille entre passé et présent, souvenirs et réflexions.
Encore une fois dans une Amérique pro arme ( je viens de lire « Montana 1948 » et « Motel life » et les armes sont omniprésentes)
C'est sans pathos, c'est touchant et c'est une vraie quête personnelle.
J'ai beaucoup aimé ce livre d'un fils pour sa mère.
Et petit plus : la photo de la couv' est une vraie photo de l'auteur petit 😉
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Le récit est un cheminement autobiographique, circonvolutions de la mère de l'auteur entre mariages et états américains autant que voyage de l'auteur lui-même pour retourner sur les traces de cette mère qu'il a le sentiment d'avoir laissé tomber. Il mène l'enquête façon Citizen Kane, sauf qu'il n'y a pas vraiment de « rosebud » qui viendrait expliquer Debbie St. Germain à son fils, ni de meurtrier à confondre, celui-ci s'étant donné la mort peu après le crime. Il s'agit alors de donner sens à des événements qui, dix ans plus tard, l'écrasent toujours de leur absurdité et pour ce faire, l'auteur entrelace trois plans de récit. Son enfance et la vie d'une famille pauvre du sud-ouest américain, sa vie après le meurtre et ses efforts pour recomposer les morceaux de l'histoire et, de façon plus surprenante, la vie de Wyatt Earp avant et après OK Corral puisque dans les deux histoires, tout s'est joué à Tombstone. C'est cette dernière partie qui déroute le plus, parce qu'elle est plus artificielle, peut-être, et qu'on se demande franchement où il veut en venir, par moment. Mais c'est aussi celle qui sort le récit du drame personnel pour le tirer vers la parabole, en fin de compte. Je dis « en fin de compte » parce qu'il faut un moment pour faire le lien.

Au centre de tout cela, Debbie St. Germain, mère célibataire de deux garçons problématiques, ancien Marine, femme battue très malheureuse en amour (5 mariages, presque autant d'abus), sept fois à terre, huit fois debout, toujours entre deux projets qui se cassent la figure, toujours à la recherche de son grand rêve américain. Portrait de mère par un fils rongé par un sentiment de culpabilité – de n'avoir pas été un bon fils, de ne pas avoir vu les signes de danger potentiel dans un homme qu'il aimait bien, au fond. Culpabilité, et incompréhension : pourquoi s'être mariée si souvent ? Pourquoi ne pas avoir quitté ceux qui la battaient ? Pourquoi avoir systématiquement carbonisé son pécule dans des projets saugrenus ? Colère aussi, envers tous ces hommes qui ont laissé tomber Debbie, envers les bien-pensants qui murmurent que la victime est responsable parce qu'après tout, elle ne savait pas choisir ses hommes. Colère, enfin, envers la culture des armes à feu qui vérole la vie américaine. St. Germain rapporte des scènes surréalistes, comment on lui a mis un fusil dans les mains alors qu'il avait à peine six ans, comment un camarade de collège a failli tuer deux jeunes filles en jouant avec un pistolet à grenaille, comment devenu adulte, instruit, enseignant la littérature à l'université, il dort avec un Beretta sous son oreiller, comment, obsédé par l'arme qui a servi à tuer sa mère, il se retrouve dans une foire à la vente d'armes où on lui explique qu'il peut acheter un fusil d'assaut et pourquoi pas un joli pistolet rose pour sa petite amie ?

En contre-point, le héros de l'ouest, l'homme qui n'a jamais pris une balle, a abattu trois malfrats à OK Corral, une légende américaine construite de toutes pièces dans les années 50 pour redorer le blason d'une petite ville en perte de vitesse. Sauf que dans les faits, Wyatt Earp a vécu une vie de misère et d'espoirs gâchés, deux frères descendus par vengeance, des mariages en vrac, aucune chance en affaires. Mais l'Amérique en a fait l'une de ses figures de proue, parce qu'en trois minutes, il a réglé son compte à une bande rivale. Des fils tenus relient Debbie à Wyatt, ne serait-ce que pour dire qu'on n'échappe jamais à Tombstone et que la ville n'a pas volé son nom. Où est-il passé, le rêve américain ? Pour la mère de l'auteur, pour des millions de pauvres gars qui mesurent réussite et virilité à l'aune d'une Winchester, il s'est perdu en route dans le désert d'Arizona, poudre aux yeux retournée à la poussière.

Écrire pour faire son deuil. Justin St. Germain n'est ni le premier, ni le dernier à emprunter la plume pour enrayer l'oubli et tenter de réparer une injustice. le récit, singulièrement anti-climatique, suit la progression des étapes du deuil et s'il ne s'agit pas forcément d'un chef d'oeuvre, il est néanmoins très intelligent dans sa construction, dans cette façon d'utiliser la linéarité du chemin de deuil pour combiner les éléments épars de la mémoire personnelle et collective. Un peu de littérature dans ce monde de brutes. Les livres, après tout, ça sert à cela. Faire sens, même quand ça ne suffit pas.
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Justin, 20 ans, rentre à son appartement et il apprend, par son frère que sa mère est morte assassinée.

Commence alors une quête de peur, d'interrogations, d'incompréhension, de colère, quant au meurtrier de sa mère qui n'a pas été retrouvé.

Son of a gun représente pour moi plusieurs symboles. Au départ, je ne sais pas pourquoi mais j'avais toujours le mot Song dans la tête. La chanson, oui, car l'arme quand elle se déclenche peut faire un bruit mais certainement pas une chanson. Son of a gun représenterait, pour ma part, le fils d'une personne assassinée par arme à feu, ce qui est le cas dans le roman et surtout aux Etats-Unis où comme le précise l'auteur les gens tués par arme à feu son légion. Son of a gun peut avoir une autre consonance. Dans ce pays où les armes sont légion, voire dans toutes les familles, les enfants, sont, dès leur plus jeune âge, au contact des armes à feu. On leur enseigne le tir, voire plus.

Je comprends la quête de Justin St. Germain. D'ailleurs, même avec sa longue enquête, finira-t-elle jamais ? Car rester dans le doute sur l'assassinat de celle qui l'a mis au monde et dont il ne connait pas le mobile de l'assassinat, cela doit être extrêmement difficile à vivre et surtout comment passer à autre chose. Ah bien sûr, il y a la vie, les amis (et il en a), la famille (qui semble le soutenir), les femmes, mais que faire quand on ne sait pas, quand les rêves sont continuels, quand les doutes sont toujours là ? Et il y a également la perte de l'odeur, de l'image de la personne que l'on a aimé et à qui on n'a pas assez dit je t'aime. Tout ce qu'il a compris depuis la mort de sa mère, il ne pourra pas le partager avec elle, il ne pourra pas la mettre en garde contre les hommes, il ne pourra pas lui dire merci pour tous ses sacrifices et il ne pourra pas lui dire qu'il l'aime et qu'il sait tout ce qu'elle a fait pour eux, même si elle était indépendante, même si elle jouait à la victime. Bref, elle était une mère avec ses nombreuses qualités et ses défauts. La violence est toujours sous-jacente même si des fois les coups pleuvent. Une violence physique mais aussi morale. Solitude, abandon. Sa mère n'a pas accompli ses rêves. Elle s'est sacrifiée pour ses enfants, mais a vécu sa vie de femme, de nomade. Aurait-elle vraiment voulu se fixer au lieu d'être itinérante, à toujours courir par monts et par vaux comme elle l'a fait ?

Je n'ai pas trouvé que cette autobiographie soit une forme de thérapie pour Justin St. Germain. Si ses prochains romans sont de cet ordre, le lecteur ne le laissera pas tomber car son style est fluide, il sait manier présent et passé, les faits historiques (les évènements à OK. Corral) et de nos jours. Il a des mots sans complaisance pour décrire les êtres, son père, les hommes de sa mère et surtout lui-même, les paysages, les choses. Justin nous montre toute sa colère, il s'attend toujours au pire, il voit de l'injustice partout. Il essaie de ne pas penser à elle mais c'est trop dur. Il se ment à lui-même, comme aux autres. A-t-il enfin accepté ce passé pour être enfin libre ?

Avec en toile de fond le 11 septembre 2001, je vois un écho sur un pays qui n'a pas su protéger ses habitants et un meurtre qui n'a pas pu être élucidé car la police n'a pas tenté de rechercher celui qui semblait le principal suspect, à savoir le mari de Debbie. En plus, je trouve horrible et ignoble le fait que les enfants n'aient pas été avertis par la police, qu'ils ont dû attendre avant de se rendre sur les lieux, organiser les funérailles. Justin St. Germain nous détaille tout, selon ce qu'il se rappelle, ce qu'il a noté. Et comme il le dit lui-même, chacun a sa propre mémoire. Mais il fera comme si la sienne est la simple vérité.

Dans ce livre, il y a comme une forme d'interrogation. Peut-on prédire le destin ? Justin et sa mère étaient fortement liés. Ils estimaient que par la pensée l'un et l'autre pouvaient communiquer. Ce qui n'a jamais été le cas. A-t-il vraiment rien ressenti à la mort de sa mère ? A-t-il mis en place son propre mécanisme de défense dû à la peur ? Il nous déroule tous les faits tels qu'il les a vécus, les lieux du crime, les objets récupérés, les souvenirs, l'enterrement. Il nous raconte son impuissance, sa façon de s'auto-détruire. On a l'impression qu'il reproduit le schéma familial.
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