Justin St. Germain partage avec
James Ellroy une même tragédie à savoir l'assassinat d'une mère. Chose rare qui mérite d'être citée. L'auteur ne recherche-t-il pas dès lors une forme de filiation ?
En ouverture de la deuxième partie de son livre, nous pouvons lire : « les morts appartiennent à ceux, parmi les vivants, qui les réclament de la manière la plus obsessionnelle » de
James Ellroy himself.
La barre est placée, très haute, il va falloir sinon la passer du moins l'engager dirait le sauteur en hauteur.
Certains auteurs ont rapidement un style, celui de Justin St. Germain est plaisant. Ce livre vous le lirez avec facilité et si l'histoire n'était pas si noire, j'oserai dire que vous allez passer un bon moment.
Les questions qui y sont délicatement amenées par l'auteur ; sont profondes et courageuses pour un pur produit des States.
Le thème du port d'arme aux Etats-Unis est récurrent, il s'agit du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. Il fait partie des dix amendements passés le 15 décembre 1791, couramment appelés « Déclaration des Droits » (Bill of Rights).
Dans ce livre, même marqué par cette tragédie Justin ne remet à aucun moment ce droit en cause, c'est la culture d'un peuple qui a dû âprement défendre sa liberté et sa vie dans des espaces sans fin, loin de toute civilisation telle que nous la connaissons. Maintenant au 21 éme siècle est-ce toujours d'actualité, nécessaire, la question est posée ?
Justin, lui a commencé à tirer à six ans….Et en possède, des armes of course !
Lorsque Josh son frère avec qui il vit à Tucson pour ses études, reçoit l'appel signifiant que leur mère a été retrouvée morte criblée de balles, Justin pense tout de suite : « Comme si j'avais toujours su que ce moment viendrait ! ». La rencontre avec Ray, son cinquième et dernier mari, était-elle écrite ?
Grybouille vous invite à un moment de réflexion : « Doit-on avoir peur de ce que l'on pressent ? Tout n'est qu'illusion, nous dit-on. Ce que l'on pense ferait-il arriver les choses, ou est-ce encore cette même vie que nous vivons sans fin qui déclenche des sentiments de déjà vu, ou ces choses étant inévitables s'en accommode-t-on ? Si nous habitons près de la mer, a-t-on plus de chance de mourir noyé ? Pas facile tout cela, chienne de vie ! »
Au décès de leur mère, Justin va aller jusqu'au bout de ce voyage qu'est un deuil :
Recherche des éléments pour comprendre ce qui est arrivé à sa mère ; Reprise de contact avec les hommes qui ont partagé la vie de Debbie (sa mère) afin de vaincre ses démons ; Voyage dans ses sentiments avec le sexe opposé ; Autodestruction avec l'alcool ; La violence qui est exacerbée au plus profond de lui, « La bête a surgi » ; Ses relations avec son frère Josh et ses amis et colocataires ; Sa participation à un groupe de parole de proches de victimes de violence ; Cette mère qui leur a tout donné au risque de s'oublier etc.…
Et puis cette comptine qui revient tout au long du livre : Tombstone, ville où il a vécu avec sa mère et où elle est morte est-elle à l'origine de cette tragédie ? Tombstone, ville mythique du duel à OK Coral, aime-t-elle les meurtres ? Et Wyatt Earp, sheriff de Tombstone, son histoire a-t-elle favorisée la banalisation de l'utilisation des armes à feu ? La seule solution à un conflit doit-elle passer par la violence ? Une aventure qui va couvrir onze ans de sa vie, de l'adolescence à l'âge adulte.
Enfin ce livre j'ai aimé le lire. Non, je l'aime, il est simple, direct, a des choses à dire, un vrai sujet de société à travers une expérience personnel, un voyage intérieur, une Amérique profonde (loin de la bourse, de ses traders, des buildings, du dollar roi…). Moi j'aime mes frères et soeurs humains, ceux qui malgré les écueils avancent encore, s'améliorent et ce livre fait parti de cette grande famille.
Allez au travail Mr Justin St. Germain, un autre, un autre……
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