Varg Veum a sombré dans l'alcool depuis la mort de Karin, la femme de sa vie. Il a toujours eu un petit faible pour l'alcool mais là rien ne va plus, bourré la plupart du temps et incapable de suivre ses rares enquêtes. Il va passer par la case prison suite à une affaire de pédopornographie, la police ayant retrouvé des fichiers compromettants sur son ordinateur. le
piège à loup s'est refermé sur lui – son nom, Varg Veum est calqué sur une expression norvégienne signifiant loup dans le lieu sacré –.
Depuis sa cellule, il essaie de retrouver des éléments du puzzle l'ayant mis dans cette sombre situation. Visiblement une vengeance, mais comment le prouver ? Heureusement l'occasion se présente de s'évader. Il a maintenant la police aux trousses et tente de remonter la piste d'un réseau évoluant dans les bas-fonds de Bergen.
Gunnar Staalesen a mis la barre haute. Je me suis demandé s'il aurait le talent pour boucler un exercice bien compliqué. Je suis les aventures de Varg Veum depuis de nombreuses années et « sa dépendance alcoolique prononcée » ne m'a pas rassuré en début de récit. Trop d'alcool. Est-ce l'arrivée de la déchéance pour cet enquêteur vieillissant ?
Pourtant petit à petit, en tirant tous les fils ténus de sa mémoire défaillante, en se mettant rapidement à ne boire que de l'eau, Varg Veum va desserrer le piège mortel. Et de brillante manière ! Quel régal jusqu'au point final qui arrive même trop rapidement tellement j'étais pris par cette lecture.
Dans sa cavale, Varg Veum est aidé par sa nouvelle compagne, Solvi, qui lui trouve un téléphone, une voiture et l'assiste matériellement dans cette nouvelle enquête le concernant personnellement.
J'ai particulièrement aimé quand Varg Veum arrive dans l'appartement de l'amie de Solvi, partie en Italie, où il doit cohabiter avec une certaine
Madonna... Pas la célèbre chanteuse ! C'est le nom de la chatte présente dans l'appartement ! Varg Veum doit la nourrir et l'amadouer étape par étape ! L'existence d'un détective privé recèle bien des embûches et celle-ci m'a bien fait rire, prétexte à des sous-entendus comiques, allégeant une enquête plutôt complexe au départ. Cela reste sympathique et j'espère que personne n'y verra de « blasphème envers l'image des femmes » chez cet auteur tout à fait féministe.
Les noms norvégiens des personnages et des lieux nécessitent un peu d'habitude. Je dois avouer avoir pris quelques notes en cours de route afin d'éviter de passer à côté des liens entre les personnages assez nombreux.
Je rappelle pour ceux qui ne connaissent pas cette série que Veum n'a pas d'arme, il utilise en cas de danger sa tchatche qui est redoutable, capable de perturber ses adversaires et ainsi de lui donner l'avantage. Il a travaillé auparavant dans les services de la protection de l'enfance, tout comme
Gunnar Staalesen. Ce sujet de pédopornographie est visiblement très inspirant pour l'auteur. On a droit aussi à ce qu'il faut d'action, de poursuites, de fausses pistes, de meurtres et de retournements de situation... de quoi satisfaire tous les amateurs du genre !
Gunnar Staalesen est né à Bergen en Norvège, où se passe la plupart des enquêtes. Il s'inscrit dans la lignée des grands auteurs de romans policiers tels que Chandler ou
Henning Mankell et explore les zones d'ombre de la société norvégienne. Les enquêtes de la série ont souvent donné lieu à des adaptations télévisées ou des films. La notoriété du personnage Varg Veum est telle à Bergen qu'il a sa statue. À travers la vie de Veum on peut en quelque sorte lire la vie de
Staalesen, son humanisme, son attrait pour l'histoire et la vie sociale. Je conseille donc de découvrir cette série, si ce n'est déjà fait, et pour cela ce
Piège à loup est parfait.
Ce titre est la dix-septième enquête du détective Varg Veum traduite en français ou la dix-neuvième dans la chronologie norvégienne. Les éditions Gaïa viennent de publier en ce mois d'avril 2021 un nouvel opus intitulé «
Grande soeur » que j'ai hâte de découvrir, tellement j'ai plaisir à retrouver ce détective singulier, tout compte fait au mieux de sa forme.
******
Retrouver cette chronique avec la photo personnelle d'illustration de la très belle couverture sur le site Bibliofeel ou Clesbibliofeel sur Facebook.
Lien :
https://clesbibliofeel.blog