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Philippe Aronson (Traducteur)
EAN : 9788493802707
366 pages
13e Note Editions (24/08/2011)
3.96/5   23 notes
Résumé :
Dans la lumière déclinante des utopies hippies, Bobby Stark, un adolescent de 16 ans, orphelin de père, abandonne sa virginité à la fille d'un coiffeur manchot, s'enfuit vers San Francisco, évite de justesse viol et violence et tente de survivre à la folie d'un monde en déliquescence.
Décapant ! "Mon credo se résumait à un slogan, que j'avais inscrit à l'encre sur l'accoudoir en vinyle beige du fauteuil de ma chambre, à Hale : La mort vaincra. Ça m'était venu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bobby Srark n'est pas un adolescent verni, c'est le moins que l'on puisse dire. Son père s'est jeté sous un tramway, sa mère fait régulièrement des stages à l'hôpital psychiatrique pour y subir des électrochocs et sa soeur s'est fait la malle au Canada avec un déserteur. Cerise sur le gâteau, il vient de se faire virer de sa prépa et doit retourner à Pittsburgh dans l'appartement familial. Un retour aux sources douloureux et un avenir des plus sombres qui s'annonce pour celui qui se qualifie de « garçon de seize ans acnéique et sexuellement détraqué ».

Alors que la guerre du Vietnam bat son plein, Bobby rêve de partir pour San Francisco, lieu de débauche et de perdition où toutes les utopies semblent pouvoir se réaliser. Grâce à Michelle, son amour d'enfance devenue Hare Krishna (avec sari, crâne rasé et catogan), Bobby fait le grand saut. La fuite vers Frisco de ce duo improbable va malheureusement virer au cauchemar…

Jerry Stahl frappe fort avec Perv, un roman picaresque et décapant. Son héros est un poissard complet qui accumule les échecs et les rencontres hautes en couleur. Tout le charme (si l'on peut dire !) du texte repose sur cette galerie de personnages hors normes croisant la route de Bobby. de Sharon la nymphomane à Mr Schmidlap le tatoueur manchot, de Howard et Henrietta, les retraités séniles à Varnish et Meat les hippies psychopathes, Bobby attire comme un aimant les freaks les plus barrés que l'on puisse imaginer.

La narration à la première personne renforce la sensation de désarroi du jeune homme. Totalement perdu, revenant sans cesse avec nombre de flashbacks sur les épisodes les plus affligeants de son enfance, Bobby tente de comprendre comment il en est arrivé là. Lucide, drôle malgré lui, c'est un héros assez typique de la littérature américaine contemporaine. Et si l'on sourit franchement au début de l'aventure, le tragique de la situation ne fait par la suite qu'empirer jusqu'au chapitre final où l'apparente légèreté laisse place à une véritable angoisse et à un sentiment de malaise pour le lecteur.

Avec Perv, Jerry Stahl révèle un sens aigu de la cruauté doublé d'une ironie mordante. Une plongée truculente et déjantée dans l'Amérique sous acide des années 70. Âme sensible s'abstenir.


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Jerry Stahl maîtrise l'art de la digression narrative et arrive ainsi à exprimer avec brio ses états d'âme. Ce procédé rappelle à la fois Philip Roth, Woody Allen et J.D. Salinger —tous Juifs. J'ignore pourquoi les Juifs ont tant de facilité à exprimer leurs déboires avec humour et sans jamais se prendre au sérieux mais être capable de rire de soi est à mon avis une incontestable preuve d'intelligence.

Bobby a 16 ans. À la suite d'une fornication collective qui tourne mal, il se fait virer de l'école et retourne à Pittsburg où il tente de cohabiter avec sa mère, une veuve névrosée qui fait grande consommation de barbituriques. Il rencontre éventuellement Michelle, une hippie dont il tombe amoureux et dès lors, on nage en plein chaos psychédélique.

Les 200 premières pages rappellent L'Attrape-coeur mais là où Salinger évoquait avec génie la naïveté d'un ado, Stahl plonge dans les méandres de la psyché tordue d'un gamin issu d'une famille juive dysfonctionnelle. le contraste entre la mère qui fait passer ses comprimés avec du cognac et Bobby qui file à la chambre de lavage pour fumer son joint est savoureux et on sent bien que Stahl, toxico notoire, s'est posé de sérieuses questions existentielles avant d'écrire.

Page après page, il nous entraîne dans le tourbillon de pensées qui assaille Bobby. Ses doutes, son manque de confiance, ses fantasmes. le procédé est classique mais appliqué de façon crue et assaisonné de drogue, il donne au livre une dimension étonnante et le rapproche de classiques de la contre-culture tels que Speed de William Burroughs et Drugstore Cowboy de James Fogle.
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Nous sommes en 1970, Bobby Stark à 15 ans et est interne dans une école privée. Tout bascule le jour où il perd son pucelage, en même temps que deux camarades, avec la très accueillante Sharon et que le père de cette dernière, un coiffeur manchot, débarque pendant que les trois gamins libidineux sont à la recherche de la capote que Bobby a perdu DANS Sharon.

À partir de ce moment, rien ne sera plus jamais pareil. Renvoyé de son école, Bobby, orphelin de père, doit rejoindre sa mère maniaco-dépressive à Pittsburgh. Une épreuve qu'il ne pourra pas supporter bien longtemps. La rencontre fortuite de Michelle, pour laquelle il avait le béguin depuis la maternelle, va entraîner Bobby à fuguer pour prendre la route direction Haight Ashbury, en stop. Mais le rêve hippie est déjà déclinant et l'on ne sait jamais si l'on va tomber sur les Merry Pranksters ou sur Charles Manson.

Épopée tragi-comique, chronique douce-amère d'une Amérique déboussolée qui perd ses illusions, Perv, est un récit à la fois d'une grande force comique – pour peu que l'on apprécie le deuxième, voire le troisième degré en la matière – et d'une grande intensité dramatique. Raconté à la première personne par le héros devenu adulte mais qui essaie de nous faire ressentir sa naïveté de l'époque, le récit mêle habilement l'innocence et l'inadaptation sociale du jeune Bobby et le cynisme empreint de tendresse du Bobby actuel envers cet ancien lui, gauche et trop soucieux des conventions pour être un vrai rebelle.

Comme dans ses autres romans, Jerry Stahl nous offre de fort beaux passages, comme touchés par la grâce, et se montre aussi habile dans les moments d'émotion subtilement décalés (« Je n'avais jamais voué à quiconque avoir souhaité la mort de ma mère, et M. Schmidlap ne devait que rarement avoir eu l'occasion de faire des câlins avec son moignon. À nous, nous formions un petit club très fermé ») que dans des scènes d'une violence glaçante.

Dépourvu de nostalgie, ce roman jette un regard à la fois acerbe et attendri sur des années 1970, agitées mais pas forcément si belles que ça, où l'Amérique semble partir à la dérive et où, sous le verni de la recherche d'amour universel, personne ne semble prêt à s'accepter tel qu'il est.

Perv est un beau livre. Et puisque je découvre avec lui les éditions 13E Note, je précise que c'est aussi un bel objet.




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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La mort vaincra car : Regarde mon père. Il travaillait comme un malade, et il a fini écrasé par un tramway.
La mort vaincra car : Bordel, même Hemingway s’est enfourné le canon d’un fusil dans la bouche.
La mort vaincra car : Pourquoi ne pas se défoncer toute la journée puisque la vie n’est qu’une succession d’emmerdes meurtrières.
La mort vaincra car : Quand tu y penses, à quoi bon devenir avocat, médecin, ou n’importe quoi d’autre alors que, finalement, être vivant n’est rien qu’un prélude à la mort.
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Un pan du rideau était tiré. J’avais aperçu la chambre secrète. Les gens faisaient semblant d’être gentils.
Mais derrière cette façade, il y avait autre chose : la vérité. Tout ce qui était invisible… Et même le Dr Minger, l’homme le plus falot et le plus gentil de la ville, même le Dr Minger avait une chambre secrète. Et de l’intérieur, il observait les patients perdus et malheureux qui passaient par son cabinet, en affichant un sourire de convenance.
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J'ai mis la radio à fond, mais même Cream ne peut étouffer les bruits d'un homme qui n'arrive pas à parler quand il désire s'exprimer.
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Et après tu te demandes pourquoi je picole au petit-déj.Ce genre de connerie, ça te donne envie de faire des bains de bouche au kérosène...
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Vidéo de Jerry Stahl
Entretien avec Jerry Stahl
Jerry Stahl revient de loin. Scénariste pour la télévision et junkie notoire dans les années 1980 et 1990, il raconte son addiction à l'héroïne dans "Mémoires des Ténèbres", voyage au bout de la nuit hollywoodienne teinté d'ironie, traduit aux éditions 13e note. Initialement paru en 1995, le livre a été adapté au cinéma sous son titre original "Permanent Midnight" en 1998 (avec notamment Ben Stiller). Personnage intense, pince sans rire, Stahl revient pour Fluctuat sur ses années noires, ses héros littéraires, sa carrière à Hollywood.
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