Citations sur Le destin des coeurs perdus, tome 1 : Les Damoiselles.. (11)
Eastbourne, 18 septembre 1390
Le chant des oiseaux répandait la bonne humeur et le soleil illuminait les collines, invitant les habitants à profiter d’une belle journée.
Anton se levait dès l’aube et s’occupait de la gestion de Castel Dark. Les terres et les fermes prospéraient grâce à son acharnement au travail et, si l’hiver devait se révéler rigoureux, la famille Percival pouvait l’affronter sans crainte. Les vassaux lui avaient prêté allégeance. Ils le respectaient tout comme son père et retrouvaient dans son tempérament toutes les qualités indispensables d’un seigneur.
— Vous parlez des plaisirs de la chair ? Je ne suis pas obligée d’épouser le cheval que je monte !
Si nous estimions un être humain selon la beauté de son âme, Arthur ramperait tel un vil insecte et beaucoup de serfs deviendraient des ducs. Je pense aussi que sous vos airs d'homme brutal, je vous fais peur, car l'affection vous fait peur !
- Sir Emmet, avant mon mariage, je n'étais qu'un rebelle épris de liberté, de bagarres et de donzelles. Cependant, la véritable richesse se gagne dans l'amour que nous portons à notre famille.
- Tout dépend de l'homme, sir.
- Vous vous trompez, tout dépend de la femme ! Ni votre armure ni votre épée ne vous protègerons de ses charnelles attaques.
Dalkey, 5 octobre 1394
Dalkey, un petit village situé au sud du comté de Dublin, ne ressemblait plus qu’à un tas de cendres, de macchabées et de misère. La fumée des maisons incendiées s’estompait peu à peu dans la grisaille de la journée. Écœuré, Emmet essuya son épée ensanglantée et la glissa dans son fourreau. Combien avait-il pris de vies ? Vingt ou trente ? Il ne voulait pas les compter et espérait se convaincre qu’il avait combattu afin de préserver la sienne. Dans une fosse creusée le matin même, ses hommes jetaient les cadavres des Irlandais rebelles. Le prêtre recensait deux cent dix-huit morts parmi les Irlandais et quarante-trois dans l’armée anglaise. Si un grand nombre de clans irlandais s’étaient soumis à la domination de Richard II, le chef de ce village avait rejeté les pourparlers. Aujourd’hui, Sutton MacClean s’inclinait et reconnaissait la souveraineté de l’Angleterre. En cet instant, il signait les documents et attestait de son allégeance envers le roi Richard pendant que son peuple se lamentait dans les ruines, les larmes et le sang.
Ilyana sourit à son reflet dans le miroir. Quel bonheur de vivre parmi une famille si unie à une époque où l'individualisme resserrait son emprise !
— Je peux t’assurer que celui-là n’est pas encore né. Tu déclineras l’aimable proposition de Richard, car je n’épouserai pas ce boutonneux.
— Touchez-moi encore et je vous tue !
Son destin venait de se sceller et le chemin à suivre semblait difficile, mais elle se sentait prête à affronter les épreuves.
"L'amour n'est que fadaise, l'amour est un sentiment qui te détruira, seuls les hommes faibles parlent d'amour !"