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Simone Balayé (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080701664
382 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.85/5   17 notes
Résumé :

Je ne crois pas qu'il y ait encore à chercher ailleurs la vive image de cette éclosion du génie allemand, le tableau de cet âge brillant et poétique qu'on peut appeler le siècle de Goethe. Sainte-Beuve

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cet essai de l'Allemagne de Madame de Staël, aussi politique que culturel, s'adresse à sa classe sociale. C'est pourquoi Heinrich Heine, dans son brillant contre-essai critique du même nom, nommait Madame de Staël « la grand-mère des doctrinaires ».
La grande bourgeoise Louise Necker, titrée par son mariage avec le protestant baron suédois de Staël-Holstein, fille unique d'une des plus grandes fortunes d'Europe, à l'éducation parfaite et complète, fut une militante très active des intérêts de la haute bourgeoisie post révolutionnaire, mêlant adroitement amour et ambition puisqu'elle pesait financièrement très lourd.
Très libérale et anglophile, Madame de Staël, dont l'oeuvre littéraire marquera le romantisme à la française, est passionnée par la Révolution de 1789, rêvant pour la France d'une monarchie constitutionnelle à l'anglaise, prônant un gouvernement peuplé de hauts esprits, si possible des proches ou amis et qui font salon chez elle. Ses ambitions de pouvoir seront déçues.

Cette hystérique maladivement possessive et fort cultivée, progressiste et atteinte de logorrhée verbale, s'est rendue dans l'Allemagne de Goethe pour dire combien il est important de s'inspirer d'un peuple et d'une culture si remarquables. Dans une écriture fort jolie (« sa pyrotechnie sentimentale » disait Heinrich Heine), Madame de Staël oeuvre dans cet essai très didactique terminé en 1810 à la promotion d'une Allemagne protestante débonnaire et idéalisée qui est le « lieu des pensées nouvelles et des sentiments profonds », décrivant une terre et une culture dont elle n'a rencontré aucun habitant (elle voit le peuple allemand depuis sa calèche) en logeant chez le poète Schiller qui ne s'en remettra pas. 25 ans après, Heinrich Heine nommera cet essai « un instrument de la coterie romantique » ou Staël a fait salon mais n'a rien vu de l'Allemagne.
Critique implicite de la politique napoléonienne qui a corseté selon elle la production littéraire et intellectuelle, elle souhaite par ce travail, et c'est courageux de sa part tant sa position est singulière, que les français (pas le peuple, mais ceux qui ont un pouvoir) cessent leurs préjugés anti allemands.
Madame de Staël est généreuse, elle voudrait que tout le monde soit riche sans qu'on touche à sa fortune et ses biens ; son essai de l'Allemagne relève de la même cohérence intellectuelle et politique. Aucune transgression esthétique dans son exposé de la littérature, du théâtre et de la philosophie allemande : c'est d'un conformisme confondant et ses commentaires tendancieux, n'hésitant pas à privilégier certains et en omettre d'autres qui ne serviraient pas ses intérêts idéologiques (pour rédiger sa présentation de Kant, elle s'est fait expliquer sa philosophie en recevant Fichte un quart d'heure, d'où le résultat assez indigent).
Heinrich Heine l'a parfaitement analysé en rédigeant son contre essai, considérant qu'il était de son « devoir de contredire le magnifique commérage du génie cotillon de Madame de Staël » en expliquant la philosophie et la religion de son pays sur lesquelles elle « a répandu pour sa part tant d'erreurs en France ».

S'il y a un intellectuel qui a oeuvré au rapprochement de la culture allemande et française, c'est Heinrich Heine (qui écrivait à propos de l'essai De Staël : "Son livre, de l'Allemagne, ressemble sous ce rapport à la Germanie de Tacite, qui peut-être aussi, en écrivant son apologie des Allemands, a voulu faire la satire indirecte de ses compatriotes"). le travail d'Heine, ses écrits, sa lucidité, sa pertinence et son talent intellectuel sont d'un niveau tout autre. Près de 40 ans après l'essai de la précieuse Madame, son prophétique poème "Allemagne, un conte d'hiver" a parfaitement cerné les futures catastrophes que Madame n'a ni vues ni analysées dans les salons romantiques qu'elle a fréquentés où les prémices de la construction d'une identité allemande étaient pourtant présents, nés dans une résistance à la domination napoléonienne : "une Allemagne gangrénée par les braillements de ces pharisiens de la nationalité" prophétisera Heine.
Je terminerai par les propos de Schiller, s'adressant à Goethe après le départ d'Allemagne de cette pipelette surexcitée de Madame de Staël qui avait logé chez lui : « Depuis le départ de notre amie, il me semble que je relève d'une grave maladie ».
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Bien difficile de faire une critique de ce livre si on est pas féru en littérature classique. Écrit en 1813 par madame Germaine de Staël, aristocrate, grande intellectuelle et voyageuse, cet essai nous démontre comment la littérature allemande est différente de celle de la France et combien il serait riche pour les écrivains français de se laisser influencer par une vision différente. Ce qui fut d'ailleurs. Son analyse est fort intéressante puisqu'elle met en parallèle les deux visions du monde. Elle explore de grandes oeuvres de Goethe, Schiller, Lessing et autres, en spécifiant de qu'elle manière la pensée allemande pourrait influencer toute la jeune génération d'auteurs. À ma grande surprise c'est un texte accessible. On comprend bien l'influence que l'Allemagne a eu sur les auteurs, ce qui était le but de ma lecture. J'ai patiemment tout lu le premier tome et je crois bien pouvoir poursuivre la lecture du second. C'est un pas de plus dans la compréhension des courants littéraires. Mais il faut tout de même se passionner pour la littérature classique pour entreprendre ce genre de lecture.
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L'histoire du livre est associée à la censure. En effet un décret de 1810 affirme qu'aucun ouvrage ne pourra être imprimé sans été examiné par des censeurs dans le régime dirigé par Napoléon I. Après examen, le livre de l'auteure est donc retiré de la vente et le chef de la police de l'époque lui propose d'aller vivre en Amérique. En effet le peuple français doit-il prendre pour modèle le peuple allemand ? Elle a donné pour titre à son essai de l'Allemagne... À l'époque cela ne colle pas du tout ni avec le régime ni avec la censure de faire l'éloge du peuple allemand. Même si officiellement Madame de Staël ne fait pas de politique dans son livre elle fait bien sentir au lecteur néanmoins qu'aucun peuple ne peut être asservi ce qui revient à critiquer indirectement le régime politique français de l'époque. En réalité le livre donne un tableau assez large de la littérature et de la philosophie allemande et offre des vues sur le concept d'action généreuse d'État à État. Or justement pour Madame de Staël le grand problème ce sont les guerres et leurs ravages. Et donc le problème réel de l'Europe dans son esprit, à l'époque, ne vient pas dans sa conception des universités, de la littérature, de la philosophie mais précisément de la nature de certains gouvernements qui ont des vues qui vont dans le sens de la guerre. En arrière plan de ses recherches, elle cherche donc à déterminer ce qui pourrait être véritablement bon pour les citoyens d'un État et offre des pensées courageuses tout en ayant conscience qu'elle est marginalisée par le régime de l'époque.
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En livreaudio, gratuit, sur Audiocité.net. L'ouvrage dans son intégralité.

Ouvrage très important sur la société, la littérature, la philosophie, Kant, la religion, etc...
En France et en Angleterre, et en Allemagne bien sûr...
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il se peut qu'un jour [...] l'universalité des chrétiens aspirent à professer la même religion [...] ; mais avant que ce miracle soit accompl, tous les hommes [...] doivent se respecter mutuellement.
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Il n'y a que les gens médiocres qui voudraient que le fond de tout fût du sable, afin que nul homme ne laissât sur la terre une trace plus durable que la leur.
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Le génie est presque toujours plein de bonté. La méchanceté vient non pas de ce qu'on a trop d'esprit, mais de ce qu'on n'en a pas assez [...] si l'on se croyait assuré de l'emporter sur les autres par ses talents naturels, on ne chercherait pas à niveler le parterre sur lequel on veut dominer.
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L'exil est quelquefois pour les caractères vifs et sensibles un supplice beaucoup plus cruel que la mort: l'imagination prend en déplaisance tous les objets qui vous entourent, le climat, le pays, la langue, les usages, la vie en masse, la vie en détail; il y a une peine pour chaque moment comme pour chaque situation: car la patrie nous donne mille plaisirs habituels, que nous ne connaissons pas nous-même avant de les avoir perdus.
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On est orgueilleux, irritable, étonné de soi-même, quand un peu d'esprit vient se mêler à la médiocrité du caractère ; mais le vrai génie inspire de la reconnaissance et de la modestie.
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Vidéo de Madame de Staël
GERMAINE DE STAËL / CORINNE OU L'ITALIE / LA P'TITE LIBRAIRIE
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