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Pierre Deshusses (Traducteur)
EAN : 9782267051094
200 pages
Christian Bourgois Editeur (09/03/2023)
3.77/5   22 notes
Résumé :
« Mon travail, c’est de rassembler et d’ordonner. Je laisse à d’autres le soin d’interpréter le monde. »

Ancien documentaliste, le narrateur passe son temps à découper et archiver des articles de presse, qu’il entrepose dans sa cave – tous soigneusement rangés dans des dossiers, eux-mêmes rangés dans des rubriques et sous-rubriques. L’un d’entre eux est dédié à Franziska, alias Fabienne, une ex-chanteuse de variété à succès. Il ne pèse pas moins de d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Les archives ne renvoient pas au monde, elles sont une copie du monde, un monde en soi. Et à la différence du monde réel, elles ont un ordre, tout y a une place déterminée, et avec un peu d'entraînement on peut facilement tout retrouver très vite. La véritable finalité des archives c'est être là et créer un ordre. »
Le narrateur , bizarre documentaliste d'un journal , licencié il rachète les archives papier vouées à la destruction qu'il a scrupuleusement découpées toute une vie, pour les rapatrier dans sa cave. Créer un ordre artificiel dans un monde chaotique où l'être vie constamment dans la peur de la solitude, l'abandon, et la perspective d'un lendemain incertain est pour cet homme vital. Car dans les archives de sa propre vie, il n'y a aucun ordre, c'est un amoncellement d'événements, de rencontres, de décisions qui se sont suivies de façon plus ou moins aléatoire et qui ont laissé leurs traces. Ce n'est que brume, incertitudes, même dans sa relation avec l'amour de sa vie, un amour non consumé , apparemment non réciproque pour Franziska, un bazar total , déroutant , le narrateur changeant constamment de perspectives de façon anachronique sur le sujet. Il n'est à l'aise qu'avec la matière, beaucoup moins avec les personnes et les sentiments .
Peter Stamm est le champion des romans denses où l'ambiguïté dans les relations et les sentiments humains sont au coeur du récit ici de même pour cette histoire d'archives 😊. Les archives de l'Histoire reflètent sa complexité, on ne peut rien y éliminer, car les rapports et conséquences des événements sont tous liés, « Ça n'a aucun sens d'éliminer au petit bonheur la chance des choses et des personnes, tout est lié, même le pire peut conduire à quelque chose de bon. ….. », car «  Dieu n'a pas non plus créé le monde en un jour ». Quand aux archives des sentiments , elles reviennent sur une thématique courante chez Stamm, la complexité du sentiment amoureux, « Je devrais dire maintenant que je l'aime encore, mais je ne suis pas certain que ce soit vrai, si c'est elle que j'aime ou les souvenirs que j'ai d'elle ». La solitude est toujours présente, un peu peut-être bien dû au contexte du pays, la Suisse, un pays froid qui me semble sans âme que je connais relativement bien. le monde de Stamm où les protagonistes vivent davantage dans des mondes inventés que dans le monde réel, essayant de les combiner selon leur désir 😊, n'est pas toujours facile à pénétrer; un monde complexe à l'image du Monde 😊, mais une fois qu'on y a accès il est fascinant, du moins pour moi.

« J'ai toujours été l'Étant-là. J'ai été ce que j'ai toujours été. Je suis celui que je suis. Un vide. »
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Dans sa peur de l'oubli et son désir de mettre de l'ordre dans sa psyché et dans sa vie, un quinquagénaire solitaire classifie, range, inventorie tout ce qui fait le quotidien du monde.

Une habitude prise dans son ancien travail d'archiviste au sein de la rédaction du journal local. Des kilos de documents prennent la poussière dans le sous-sol de sa maison dont l'énorme dossier «Franzisca» qui en est le coeur.

Il, le narrateur dont on ne saura jamais le nom, parle à son amour d'enfance, Franzisca, devenue Fabienne, une chanteuse de variété adulée puis tombée dans l'oubli. Fabienne dont il a suivi la carrière durant trente ans. Mais, aujourd'hui, est-ce vraiment une bonne idée de lui écrire après un si long silence?

de quelles vérités sont faits nos souvenirs et surtout quelles réalités doit-on leur accorder ? Peut-on classer et organiser sa mémoire comme un banal cabinet d'archives ?

Souvenirs incomplets dans un cerveau thésaurus, Il, tendrement, nous raconte sa vie, une vie à moitié ratée, à moins que ce ne soit une vie à moitié réussie.
L'écriture, d'une incroyable douceur, de Peter Stamm nous entraîne dans une comédie romantique mélancolique mais jamais triste.

"Dis, Quand reviendras-tu ?" « Les archives des sentiments » comme un long poème élégiaque où l'on semble entendre la voix pure et fragile de notre chère Barbara.

« Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir. Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs. Je reprendrai ma route , le monde m'émerveille. J'irai me réchauffer à un autre soleil. »

Un sacré beau moment de littérature qui touche au coeur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il existe sans doute beaucoup de lecteurs de Patrick Modiano qui ne connaissent pas encore les romans de Peter Stamm. Qu'ils n'attendent plus, conseil désintéressé, et qu'ils commencent par Les archives des sentiments (le titre, déjà ...), peut-être pas son oeuvre la plus marquante, mais l'une de ses plus touchantes, très certainement. C'est un homme de 55 ans qui se confie, il vit seul, de plus en plus détaché du monde, depuis qu'il a perdu son emploi de documentaliste. Une existence d'asocial, presque d'anachorète, qui continue à trier et à classer les nouvelles du monde, découpées dans les journaux, mais davantage de guerre lasse et pour lutter contre la lenteur du temps que par pure passion. Pas étonnant que, dans ses conditions, l'anti-héros de l'auteur suisse laisse ses pensées divaguer vers le passé et, en particulier, vers sa jeunesse, pendant laquelle il a partagé une amitié amoureuse avec une dénommée Franziska, devenue Fabienne pour le public, et qui a connu un certain succès dans la chanson. le lien avec elle est rompue depuis longtemps mais le temps des questions demeure : l'a t-elle aimé, autrefois, et comment réagirait-elle s'il reprenait contact ? On l'a compris, Les archives des sentiments est un livre dédié à l'introspection, mélancolique comme une journée d'automne passée à contempler les feuilles mortes. C'est joliment flou et flottant, aussi, avec des scènes qui ont peut-être eu lieu, ou pas. Cela dit beaucoup sur la solitude et la tristesse des complicités perdues, sur l'âge qui avance et les illusions depuis longtemps enterrées. Vraiment, oui, c'est le livre le plus poignant de Peter Stamm et dont on imagine, peut-être à tort, qu'il est très personnel.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Il a été archiviste, il lisait, découpait, classait. Tout était soigneusement rangé dans des dossiers. Il y avait celui de Fabienne, Franziska, une chanteuse qu'il admirait. Et puis il a été licencié. À l'heure d'internet, plus besoin de garder de traces écrites, tout est sous format numérique et notre homme se retrouve au chômage. Il négocie avec ses employeurs le droit d'emporter ce à quoi il a consacré tout son temps. Il dépose tout cela chez lui et …. Il continue : découper, classer… Mais il se sent seul…
« Ce n'était pas les échanges avec les autres qui me manquaient mais le sentiment d'être intégré, de faire partie d'un ensemble. »
En continuant son activité, il existe. Son esprit s'évade, revient en arrière dans ses archives personnelles. Qu'a-t-il fait de sa vie, de ses sentiments, de ses ressentis, de ses rencontres ? Il analyse, décrypte, scanne, comme il le faisait avec les documents sur lesquels il travaillait.
C'est un long monologue auquel il nous convie, avec Franziska en fil conducteur. On ne sait pas si ce qu'il transmet est vrai ou déformé par l'envie de vivre (ou d'avoir vécu) certains instants. Tout ça fluctue au gré de ses émotions, de ses souvenirs faussés ou non. Finalement à force de collecter des informations sur ce que les autres ont vécu ou écrit, ne s'est-il pas oublié en route ?
« Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours douté de mes sentiments, et même dans les plus grands moments d'effervescence affective, j'ai toujours été un peu à distance de moi-même, en train de m'observer. »
C'est sans doute, pour lui, une forme de protection, pour ne pas déranger le cours de sa vie, toujours les mêmes rituels, un rythme et des occupations identiques. Est-ce qu'il a raté quelque chose ? Est-ce que son quotidien aurait pu être différent, notamment ses amours ? Aurait-il été capable de donner sans s'interroger, de se lâcher, d'être lui ? La construction de ses relations aux autres montre qu'il avait malgré tout, des difficultés à se lier. On peut se questionner. En faisant ces choix, cet homme a voulu sa solitude, il s'est enfermé dans ce qui a été ou qu'il a imaginé. Et si cela lui suffit, pourquoi pas ? Il s'est attaché aux écrits pour garder une trace, mais pour autant il n'a jamais rédigé de journal intime. Il s'est appliqué à garder tout ce qui paraissait sur Franziska mais rien sur lui. Alors il ne peut se fier qu'à sa mémoire.
C'est dans un style mélancolique, avec des phrases assez courtes que nous lisons ce que cet homme veut bien partager avec nous. Si le passé s'invite à sa porte, que va-t-il faire ? Quelle image a-t-il laissé aux autres ? Est-ce que ça vaut la peine d'aller à la rencontre d'autrefois ? On pourrait penser qu'il n'y a pas grand-chose dans ce récit et pourtant, c'est fascinant. Une espèce de magnétisme nous fait pénétrer dans l'intimité intellectuelle du narrateur et comme il s'exprime en style indirect, on a l'impression qu'il nous narre son histoire au creux de l'oreille, comme un secret. Il y a une atmosphère particulière, faite d'introspection et on se retire à la dernière page sur la pointe des pieds.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Le narrateur sans nom du nouveau roman de Peter Stamm partage quelques traits communs avec l'auteur : il a la cinquantaine et il est suisse.
Il vit en ermite depuis qu'il a été licencié de son emploi de documentaliste dans un journal. Il poursuit son « travail » chez lui, ayant fait aménager une pièce au sous-sol pour y installer les archives du journal devenues inutiles. Il ne sait pas passer son temps autrement et mettre ainsi de l'ordre dans le monde représente pour lui une tentative de le circonscrire et de contrôler ses angoisses.
Il s'isole de plus en plus, disparaissant volontairement du monde (quelques indices tendent à nous faire penser que le roman se déroule durant le confinement). Un fantôme du passé, Franziska, son premier et grand amour qu'il n'a jamais cessé d'aimer, à laquelle il n'a jamais cessé de penser, le rejoint à l'improviste dans son imagination. Il a également un dossier sur elle, car elle est devenue une chanteuse à succès.
Sa consultation nourrit l'envie du narrateur de la revoir.

Un roman court qui se lit d'une traite et s'intègre parfaitement dans le travail de cet auteur qui s'intéresse aux relations entre les personnes (et donc évidemment à l'amour) et à la solitude. Ce roman que j'ai énormément apprécié est une méditation mélancolique sur la solitude et la peur d'affronter le monde. le bonheur d'une vie imaginaire peut être tentant.
Peter Stamm est un romancier qui ne me déçoit jamais et que j'affectionne particulièrement.
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critiques presse (8)
LeFigaro
24 avril 2023
Le narrateur du formidable nouveau livre de Peter Stamm est un homme curieux. Quelqu’un capable de s’intéresser tout à la fois aux insectes, aux bruits de l’eau de la rivière ou à celui des oiseaux en vol, avec un besoin de décrire et de fixer les choses.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
11 avril 2023
Tout devient possible dans le monde magique qui vient de se créer. Même de tout recommencer et de partir au loin, là où Franziska attend, peut-être.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
06 avril 2023
Mais la folie n’est jamais une réponse chez Peter Stamm. Ce ne sont pas les esprits qui se dérèglent, c’est le réel. Bientôt cette cohabitation fantôme ne suffit plus au narrateur, qui écrit un mail à Franziska, attend sa réponse. Vient-elle ?
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
30 mars 2023
Dans un superbe roman, le douzième traduit en français, le grand romancier suisse Peter Stamm fait revivre les souffles et les ombres des romantiques allemands.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LesEchos
21 mars 2023
L'écrivain suisse étonne une nouvelle fois avec « Les Archives des sentiments », roman vertigineux qui met en scène un ex-documentaliste obsédé par sa passion pour une ancienne camarade de lycée devenue chanteuse. Le récit hypnotique d'une dérive existentielle, doublé d'une magnifique histoire d'amour.
Lire la critique sur le site : LesEchos
OuestFrance
21 mars 2023
L’auteur suisse a l’art de nous émouvoir avec cette histoire d’amour avortée qui rejaillit des décombres du passé.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaTribuneDeGeneve
13 mars 2023
Peter Stamm se dédouble dans cet observateur indécrottable, bien conscient que décrire «les plus grands moments d’effervescence affective» permet de les mettre à distance. Et d’en souffrir un peu moins.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LesInrocks
02 mars 2023
Dans “Les Archives des sentiments”, un archiviste compulsif se demande si on peut ranger l’amour dans un dossier. La réponse oscille entre panique mélancolique et humour fou, par le Suisse Peter Stamm.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
p. 164 Aujourd’hui, au bord de la rivière, je n’ai pu m’empêcher de penser que, dans les moments les plus heureux de ma vie, j’étais toujours seul.
C’est en fait une pensée triste. Mais, pourquoi ? Parce que je me suffis à moi-même ? Autrefois, j’ai beaucoup li, vivant davantage dans des mondes inventés que dans le monde réel. Maintenant je me crée moi-même mon monde. Mon imagination m’a donnée tout ce que je pouvais désirer. La réalité ne pouvait jamais tenir le rythme.
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p.104 Tout ma vie me semble brusquement misérable, j’ai l’impression de ne jamais avoir vraiment vécu, comme si je n’avais fait que regarder les autres vivre en attendant que quelque chose arrive. Et rien ne m’est arrivé.
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Je passe en revue les différents rayonnages, les fais avancer et reculer, sors des dossiers, les remets. Je m’arrête à la Science politique et aux Idéologies politiques. J’élimine le fascisme et le national-socialisme et, après un bref moment d’hésitation, le communisme aussi. Le socialisme et l’anarchisme ont le droit de rester, les idéologies à tendance religieuse doivent dégager. Je trouve Mussolini, Hitler et Staline dans la partie Histoire européenne, XXe siècle, eux aussi doivent dégager. En fait j’aimerais bien détruire ces dossiers sur-le-champ, les brûler, pour ne plus jamais être obligé de les revoir, mais je n’ai pas de cheminée et je n’ose pas faire un feu dans le jardin. Il y a toujours un voisin pour se plaindre ou même appeler directement la police. En même temps, il y a quelque chose de réconfortant à imaginer que même ces horreurs vont rester dans le circuit, seront effacées, recyclées et serviront de base à des choses nouvelles, des idées nouvelles, des individus nouveaux, une histoire nouvelle.
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Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours douté de mes sentiments, et même dans les plus grands moments d’effervescence affective, j’ai toujours été un peu à distance de moi-même, en train de m’observer. Je me souviens que, quand j’étais enfant, je pouvais me mettre dans des rages folles et en même temps regarder l’effet que ma colère faisait sur les autres.
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J'aime la lente décrépitude de la maison, la peinture des volets qui s'écaille, les joints des fenêtres qui s'effritent. J'aime les toiles d'araignée dans les coins des pièces, la poussière sur les livres dont la plupart appartenaient à mes parents. J'aime l'odeur des vieilles reliures en tissu et d'une façon générale l'odeur indéfinissable de la maison, qui ne change que lentement avec les saisons. Les odeurs des saisons, encore un dossier qu'il faudrait faire.
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Videos de Peter Stamm (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Stamm
Aujourd'hui traduit dans le monde entier, Peter Stamm a connu plusieurs vies avant de devenir écrivain. L'écrivain et journaliste suisse publie "Les archives des sentiments", une oeuvre qui joue avec les codes du roman sentimental.
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