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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'un l'autre est un livre qui sort de l'ordinaire. Peter Stamm aborde un sujet qui me hante, la disparition brutale d'une personne, ici la fuite de Thomas, mari d'Astrid et père de deux enfants Ella et Konrad.
Le sujet me direz-vous n'a rien n'a rien d'original, les disparitions ont été maintes fois traitées mais ici Peter Stamm nous livre un roman qui bouscule nos attentes et notre façon de penser.
De retour de vacances, cette petite famille ordinaire se réinstalle dans leur maison et c'est au moment où Astrid va coucher les enfants que l'on assiste au départ de Thomas. Ce départ est décrit avec minutie, on suit pas à pas Thomas, ses hésitations, ses précautions.
Tout le roman tourne autour de cette fuite qui nous interpelle et que nous ne comprenons pas. Astrid quant à elle, si elle ne sait pas pourquoi Thomas est parti, elle arrive à le comprendre.
Les paragraphes alternent entre le cheminement de Thomas qui avancent sur les chemins de montagne et Astrid qui part à sa recherche et poursuit ses réflexions.
Les deux thèmes centraux du livre sont la fuite et l'amour. Oui, l ‘amour car on sent que L'amour ne cesse d'exister ni chez l'un, ni chez l'autre. On a même le sentiment que Thomas peut partir car sa famille reste en lui et qu'il ne les quitte pas réellement. Astrid de son côté vit ce départ de façon extrêmement « philosophe » et avec hauteur, elle non plus ne remet pas en cause l'amour. C'est peut-être cela qui peut gêner et déplaire à certains car on s'attend à des réactions plus courantes, à une analyse psychologique détaillée du ressenti de l'absence mais c'est cette « prise de hauteur » qui fait la force de ce roman.
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Je suis mitigée au sortir de ce livre. Au retour des vacances d'été, un homme boit un dernier verre de vin avec sa femme sur la terrasse. Celle-ci rentre car un des enfants pleure. L'homme part sans rien de plus que ce qu'il a sur le dos et s'en va dans une sorte de transhumance. Sa femme cache sa disparition dans un premier temps.

Les deux narrations interviennent en parallèle. La femme s'occupe des enfants et des tâches de la maison et attend. L'homme parcourt forêts et montagnes par des chemins divers.

C'est bien écrit, cela se lit facilement, mais le but de l'histoire m'a quelque peu échappé. Faut-il un but me direz-vous ? Certes non. Mais alors il faut que la littérature l'emporte, ce qui n'est pas le cas non plus. D'où mon sentiment mitigé.
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C'était un jour comme les autres, un jour de retour de vacances mais ce soir-là Thomas a posé sa tasse et est parti, abandonnant Astrid et ses deux enfants, sans raison, sans motif, sans un mot, comme cela pour voir où cela allait le mener. Il se lance dans une marche qui va durer longtemps, le temps de savoir où est sa vie, tellement longtemps qu'on le pense mort, elle gardera toujours espoir car ils sont l'un l'autre, ils sont un couple, ils sont un.

Un roman à deux voix : celle de Thomas alterne avec celle d'Astrid, lui par les chemins, elle dans le quotidien de sa maison. Lui ne se pose pas de questions, il vit, elle, les questions, elle se les pose mais n'y trouve pas toujours de réponse même si parfois elle a une piste ou une intuition. 

Un roman qui m'a tenue jusqu'à ses derniers mots, un récit de deux aventures personnels, l'un sans l'autre alors qu'ils n'avaient toujours été que l'un avec l'autre, un roman dans lequel règne une certaine tension dans le devenir de chacun, de l'évolution de leurs pensées. C'est avec une écriture douce et introspective que Peter Stamm évoque une histoire de couple, de disparition en laissant chacun raconter son passé, son présent, le futur est envisagé par l'une et est absent pour l'autre, vivant au jour le jour. La réalité et l'espoir sans jamais aucune accusation, violence. Deux vies, deux chemins qui cherchent un sens. Un roman d'ambiance qui parcourt deux vies.

Tout ce qu'on fait n'a pas forcément une raison. Ce n'était pas le fait d'une grande décision, mais plutôt le résultat d'une succession de petites décisions, du laisser-faire, se laisser faire. (p.160)
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L'histoire, c'est celle de Thomas et Astrid, un couple aisé et heureux, installé dans une petite localité suisse en bordure de forêt. Ce jour ils reviennent d'un beau séjour passé en Espagne avec leurs deux jeunes enfants Ella et Konrad. le plaisir de retrouver son chez soi, ses habitudes. La journée a été longue, la nuit tombe paisiblement, tout est calme et reposé...
Le lendemain, au petit matin, Astrid aide les enfants à se lever. Au bout d'un instant cependant lui vient un sentiment étrange, confus. Il règne un silence tout particulier dans la maison.
Au même moment, Thomas continue de progresser dans les sous-bois, sans idée précise. Il va seulement où ses pas le mènent, loin déjà des siens.

Le sujet de l'individu décidant de tout quitter, proches et biens, de partir au loin pour s'essayer à une autre vie est un thème qui a été largement abordé dans la littérature. Même si Peter Stamm reprend ici le sujet à son compte, l'intérêt, l'originalité de son roman ne semble pas résider ici, il ne semble en être que le prétexte apparent.

Comme dans son recueil de nouvelles Au-delà du lac que j'avais lu précédemment, l'auteur semble d'abord choisir avec soin le cadre, le lieu, l'instant de l'intrigue pour y répandre ensuite minutieusement le vrai propos, l'argument essentiel de son histoire : les rapports entre les êtres humains.
Dans L'un l'autre, Peter Stamm interroge les relations du couple : quelles sont les limites de ma connaissance de l'autre ? Que sais-je véritablement de la réalité de l'autre, de notre vie à deux ? La conscience que j'en ai est-elle en soi suffisante pour dire que je sais tout de notre relation ? Et puis plus en retrait : qu'est-ce que deux êtres qui vivent ensemble ?

Et puis la différence des corps. Corps en mouvement (celui de Thomas qui sans plus réfléchir poursuit sa marche en avant) et corps immobile (Astrid plongée en elle-même, dans l'inquiétude, l'incompréhension, le repli sur soi). toute cette disharmonie apparente créé le sens même du roman, le lien entre les deux personnages.

Un sens qui se concrétise encore dans la très belle écriture de Peter Stamm, toute imprégnée de poésie, de sobriété, d'atmosphère onirique, étrange et d'absence de parti pris.

Plusieurs semaines après la lecture de ce roman, les belles impressions que j'en ai eu ne se sont pas dissipées tout comme le souvenir de la belle épigraphe qui ouvre le livre. Quelques mots seulement, ceux tirés de "Zündel s'en va", un roman de l'écrivain suisse Markus Werner : "Quand nous nous séparons, nous restons l'un à l'autre".
Une belle lecture.
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Merci à Babelio et aux éditions Christian Bourgeois pour l'envoi de ce roman.
Thomas et Astrid sont en couple depuis longtemps, ils ont deux enfants Ella et Konrad qui sont au collège. Une famille apparemment heureuse et épanouie.
C'est la fin de l'été, la famille rentre de deux semaines de vacances en Espagne et pendant qu'Astrid défait les bagages et passe du temps avec Konrad, Thomas part. Comme ça, sans un mot d'explication, il quitte la maison ce soir-là et ne revient pas.
Astrid attend puis prévient la police et ne cessera jamais de l'attendre tellement elle est sûre qu'il ne pourra que revenir.
L'auteur alterne alors les chapîtres du point de vue d'Astrid et ceux épousant le point de vue de Thomas, qui marche dans la montagne, la forêt, on suit ses pensées.

C'est un roman étonnant, qui pose des questions mais n'y répond pas. le style m'a plu, c'est assez poétique et philosophique par moment.
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Il faut se méfier des habitudes, des rituels du quotidien. Ce nouveau roman de l'un des plus brillants défricheurs de l'âme humaine, l'auteur Suisse alémanique Peter Stamm, vient en faire la brillante démonstration. Quand la vie semble aussi bien réglée qu'une montre helvète, il se peut fort bien qu'elle devienne oppressante. Au point de vouloir à tout prix changer les choses. Au retour de leurs vacances en Espagne, Thomas, Astrid et leurs enfants Ella et Konrad retrouvent leur pavillon de la banlieue zurichoise. Pendant que la nuit tombe, on prend un dernier verre autour de la table du jardin en lisant la presse dominicale. Astrid s'occupe de coucher les enfants puis de défaire les valises. Elle va lancer une première machine de linge, rejoindre quelques minutes son mari avant d'aller se coucher à son tour.
À son réveil le lendemain matin, les deux verres sont encore sur la table, l'un est encore à moitié plein. Mais Thomas n'est plus là.
En attendant son retour, on vaque au quotidien. Les enfants vont à l'école, Astrid va faire quelques longueurs à la piscine. Les heures s'écoulent jusqu'au moment où l'inquiétude commence à prendre le dessus, car Thomas ne donne plus de nouvelles.
Le chef de famille a pris la clé des champs. Au lieu de rejoindre sa femme, il a ouvert le portail et cheminé dans les rues, sans autre but que de s'éloigner. le lecteur va le suivre dans son errance au fil des jours. Une randonnée qui va le conduire bien au-delà du pays, pour reprendre le titre original du livre Weit über das Land.
Car outre le côté introspectif pour l'un et l'autre – sans doute l'aspect essentiel du livre – la fugue de Thomas nous permet de découvrir une partie de la Suisse allant du canton de Zurich à celui du Tessin, en passant notamment par la Suisse centrale et notamment le canton de Schwytz. Outre les vaches et les croix en tout genre, le marcheur sera témoin de l'urbanisation croissante du pays. Il lui faudra aussi lutter avec une météo assez médiocre, la pluie et le froid venant le surprendre.
C'est du reste en obligeant Thomas à se concentrer sur les aspects vitaux de son parcours – où passer la nuit ? Où trouver à manger ? Comment éviter les rencontres désagréables – que Peter Stamm pousse son lecteur à chercher par lui-même quelles peuvent être ses motivations profondes.
Pour Astrid les choses sont à la fois plus simples et plus difficiles. Après quelques jours, elle est contrainte de signaler la disparation de son mari à la police, même si elle préférerait que cela ne se sache pas trop. Comme chaque personne adulte est libre de circuler dans le pays comme elle l'entend, il n'est du reste pas question de lancer une chasse à l'homme. Mais la consultation de son relevé bancaire peut livrer des indices. du côté de Frauenfeld, il s'est équipé de tout le matériel nécessaire à la randonnée et a retiré de l'argent liquide. Astrid va en avoir confirmation en se rendant sur place, mais ne pourra cependant localiser son mari dont les traces vont se perdre. Avec ses enfants, elle va devoir apprendre à vivre avec l'absence. « Mais soudain elle sut que Thomas ne serait pas là non plus pour le dîner, et demain non plus. Cette idée lui coupa la respiration, il ne s'agissait pas d'inquiétude, elle était prise d'une peur qui la paralysait, comme si elle savait déjà ce qui allait arriver. »
La plume de Peter Stamm est d'abord descriptive, faite de choses vues, de notes prises sur le vif, elle retrace les emplois du temps mais ne porte jamais de jugement. Tout juste s'autorise-t-elle à rendre compte des interrogations, des hypothèses émises par l'un et l'autre. C'est ce style à la fois dépouillé et très précis qui donne toute sa force à cette quête. Après l'histoire de Gillian et Matthias dans Tous les jours sont des nuits, voici une nouvelle version du thème de prédilection de l'auteur, cette relation particulière que forme les couples. Et contrairement à ce que l'on peut imaginer, l'amour y tient aussi cette fois, un rôle majeur.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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L'argument de L'un l'autre est plutôt facile à énoncer : une nuit, celle du retour de vacances en Espagne, Thomas quitte le domicile conjugal sans se retourner, abandonnant femme et enfants. L'auteur va alors écrire le récit des jours "sans" d'un côté comme de l'autre, lui vagabondant dans la nature suisse, elle l'attendant, inquiète mais persuadée de son retour. le livre n'est pas le meilleur de Stamm, loin de là, mais il est peut-être celui qui est le plus représentatif de sa manière. de son style épuré, d'abord, simple en apparence, mais ô combien travaillé pour arriver à ces phrases ciselées, sans afféterie ni prétention mais riches de non-dits, denses par ce qu'elles comportent d'informations souterraines. le roman est également maîtrisé dans un récit à deux voix, d'une grande banalité parfois, en apparence en tous cas, plus axé sur les sensations que sur l'action et chiche en explications ou éclaircissements psychologiques. Thomas est parti mais que cherchait-il à fuir ? Une vie toute tracée, une envie d'en finir tout court ? Ou bien a t-il cédé à l'attrait de l'inconnu et de l'aventure ? Voire. Astrid n'en sait rien et nous non plus, même à la fin du livre. Celui-ci s'achève d'ailleurs de nombreuses années après son point de départ avec une belle surprise, ou pas. En attendant, davantage que les pérégrinations de Thomas, qui manquent un peu de sel, c'est le portrait d'Astrid qui touche. Une Pénélope moderne, fidèle et droite, qui combat les tourments de l'absence, apprivoise le deuil qu'elle a dû faire, imagine la vie de Thomas et croit toujours à son retour. A t-elle raison de l'espérer ? La réponse tient en quelques lignes dans le dénouement du roman.
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Curieuse histoire de ce couple qui boive un verre sur leur terrasse au retour de vacances. Astrid rentre quelques minutes dans la maison, quand elle ressort son mari a disparu, la laissant seule avec ses enfants, lâchant son travail. le roman est alterné par leurs deux monologues. Thomas a suivi son instinct de partir cheminer dans la nature et la montagne suisse. Une belle écriture et réflexions qui renvoient au sens de la vie de chacun. Un texte simple en apparence, mais en réalité très profond.
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Un homme qui part. Un soir, il quitte maison, épouse, enfants, sans raison. le voilà arpentant forêts et vallées, sans autre but apparent que celui de marcher et de s'isoler.
Une femme qui reste. Sonnée, elle tente d'abord de sauver les apparences en dissimulant la fuite, tout en se demandant si celle-ci va durer...
Des comportements qui peuvent étonner ; mais rapidement on accepte car la plume directe, sans fioritures, invite à observer sans juger. Cette prose tranquille alterne les points de vue : tantôt l'on met ses pas dans ceux du marcheur, tantôt l'on s'agite doucement et l'on attend.
Les chapitres en pleine nature m'ont totalement séduite au début. Mais c'est finalement le récit de la famille amputée qui va prendre le dessus et me captiver, jusqu'au final que j'ai adoré.
Une lecture pour se laisser aller et réfléchir dans les grands espaces. Ni leçon ni morale : chacun peut s'emparer de cette histoire avec ses propres repères, ses propres peurs, ses propres espoirs.
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" Entre 40 000 et 50 000 personnes disparaissent chaque année en France - un chiffre constant. Un quart des cas seulement sont jugés « inquiétants » et font l'objet d'investigations, les disparus étant retrouvés la plupart du temps "(Ouest-France, 26 septembre 2013).

Vous est-il jamais arrivé de vouloir partir ? Pas de partir "en voyage", mais de tout quitter, de vous effacer de votre propre famille, de votre travail, de votre vallée et de votre pays ?

Thomas et Astrid ont deux jeunes enfants. Ils rentrent tous les quatre de vacances en Espagne et retrouvent leur maison, leur jardin, leur banc. le soir est calme. le couple prend un verre en silence, assis au soleil couchant. Un enfant appelle dans la maison. Astrid rentre, puis reste à ranger les affaires qui sont encore dans les valises. Thomas quitte son banc, referme la porte du jardin et part sans un mot. Il ne rentrera ni ce soir, ni dans les jours qui suivent. Pourquoi est-il parti ? Reviendra-t-il un jour ? Comment Astrid vivra-t-elle cela ?

Couple et solitude, envie d'ailleurs et routine : quelles sont les parts relatives de l'un et de l'autre dans notre vie ? Question à laquelle l'auteur n'apporte pas de véritable réponse. Il se contente de décrire le chemin de l'un et de l'autre, mais le fait si bien ! Peter Stamm a du talent. Il raconte une histoire "de l'extérieur", presque uniquement de façon descriptive. Par petites touches, il crée une atmosphère angoissante, pleine de suspens, d'un suspens si prégnant que livre entier est dévoré en deux heures. Ne cherchez pas de message. La réponse est dans l'instant : "il se sentait présent au monde comme s'il n'avait ni présent ni avenir"...
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