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« Les frontières se trouvaient sous la neige, la neige unifiait tout, l'obscurité occultait tout. Les véritables frontières étaient ailleurs : entre le jour et la nuit, l'hiver et l'été, entre les personnes. » Dans le fin fond de la Norvège, il fait nuit plus qu'ailleurs et très froid. « Les hommes, c'était la blague qui circulait, refusaient de se marier en hiver parce que la nuit de noces durait alors trois mois. » C'est dans cet environnement que j'ai rencontré Katherine, une douanière qui fouille les navires pour trouver des cigarettes ou de l'alcool de contrebande que des marins russes peuvent transporter. C'est une petite bourgade où les gens sont peu nombreux et ne parlent pas beaucoup. Elle se sent perdue. Elle a déjà été mariée très jeune et a eu un enfant qu'elle élève seule depuis son divorce, sa mère lui prêtant main forte. Ce second époux la rassure au début, elle pense que c'est une bonne chose pour l'enfant. Mais petit à petit elle se sent privée de ce qu'elle est. Il aménage son intérieur à sa manière et retire ce qui lui appartient, par petites touches. Elle s'en aperçoit. C'est alors qu'elle découvre qu'il lui ment sur ses agissements, sur ses exploits. Et sa belle famille très pieuse en façade lui cherche des noises. Prise de panique, désoeuvrée elle s'enfuit et pour la première fois passe sous le Cercle polaire. Un bateau, des trains, elle fuit son désarroi pour se retrouver à Boulogne en France et retrouver un ami. C'est un curieux roman qui laisse un certain vague à l'âme. On comprend le cheminement de cette femme et la galerie de portraits qui la côtoie est touchante. Je crois que ce qui m'a le plus marqué c'est la manière dont l'auteur m'a fait prendre conscience du métissage présent dans ces contrées. Il pointe avec finesse combien les racines sont importantes. « Mon père aussi était saame, dit Katherine. Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ? » + Lire la suite |