Si
Candace Bushnell et
Armistead Maupin avaient une fille, ce serait
Maryline Stan : dans
Filles du rock et du vent, j'ai retrouvé un mélange de l'ambiance des chroniques de San Francisco (pour le côté "chroniques au jour le jour") et de
Sex and the city (pour le côté "chick lit"). On suit des personnages comme dans une série, dans leurs amours, leurs joies, leurs peines. Mais bien sûr, tous les enfants ont quelque chose qui innove par rapport à leurs parents, et chez
Maryline Stan, c'est le cadre : comme le titre l'indique, le roman met en scène des groupes de rock, dont le groupe de filles auquel appartient le personnage principal, Angie. En outre, sans doute l'auteure a-t-elle fréquenté un lointain ancêtre de ses parents littéraires,
Jack Kerouac, qui donne un petit parfum "on the road" à son livre ; ainsi, le roman est très visuel, avec une bande-son, si bien qu'on l'imagine très bien adapté à la télévision, en film, ou, 2017 oblige, en web-série sur youtube.
D'habitude, je lis des romans avec une dimension psychologique très présente : or,
Filles du rock et du vent ne peut pas être décrit comme un roman psychologique. Certes, les héroïnes, notamment Angie, traversent des épreuves, renaissent après des traumatismes, révèlent leurs failles à chaque page. Mais rien de cela n'est décrit de l'intérieur : cela ne correspond donc pas à ce que je recherche habituellement.
Alors pourquoi ce roman m'a-t-il plu ? Peut-être parce qu'il est d'une lecture agréable, au fil de laquelle j'ai pu me redemander quelle est la place que j'ai envie de donner à la psychologie dans un roman. J'ai repensé à la préface à Pierre et Jean, écrite par
Maupassant en 1887. A l'époque, il disait déjà qu'on peut distinguer deux sortes de livres : ceux où la psychologie est l'objet principal, pour des lecteurs qui "demandent que l'écrivain s'attache à indiquer les moindres évolutions d'un esprit et tous les mobiles les plus secrets qui déterminent nos actions, en n'accordant au fait lui-même qu'une importance très secondaire" ; et par ailleurs, les livres qui font "passer sous nos yeux les personnages et les événements. Pour eux, la psychologie doit être cachée dans le livre comme elle est cachée en réalité sous les faits dans l'existence." Psychologie assumée vs psychologie cachée ? Je reconnais mes lectures habituelles dans le premier type de livres ; mais mon goût pour la psychologie est satisfait d'une autre manière dans le deuxième type, que revendiquait
Maupassant et auquel appartient
Filles du rock et du vent, dès lors que je peux m'intéresser aux personnages et à leurs tribulations, et que cela me donne envie d'en deviner la psychologie cachée.
Or, j'ai aimé les musiciens et les musiciennes qui peuplent
Filles du rock et du vent. J'aime la musique, avec un faible pour
Led Zeppelin, et cela m'a bien plu de reconnaître
Robert Plant ou
Jimmy Page au détour d'une description de rocker anglais, tant dans leur description physique que dans leur mode de vie à mi-chemin entre le rocker immature et le père de famille propriétaire terrien. Dès lors, j'ai eu envie de suivre leurs aventures, de vivre leurs tournées par procuration : je recommande donc ce livre à celles et ceux qui ont envie de lire un roman qui leur procurera une évasion originale.