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EAN : 9781092145015
Mirobole (14/03/2013)
3.85/5   60 notes
Résumé :
Maxim, 7 ans, vit avec sa sour jumelle et leur mère à Moscou. Bientôt des transformations déconcertantes s'opèrent chez lui. En lisant le journal intime tenu par le petit garçon, on le voit devenir peu à peu la proie d'un hôte terrifiant, qui cherche à lui faire commettre l'innommable...
Les autres récits du recueil font évoluer des personnages poignants dans une Russie contemporaine inquiétante.
Ici, un employé de bureau développe des sentiments trou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime beaucoup découvrir des horizons littéraires différents ! J'ai découvert l'autrice russe avec son roman le Vivant, et je poursuis ma découverte de son oeuvre avec un recueil de nouvelles. Je suis la reine d'Anna Starobinets pose une ambiance glauque à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres.

Anna Starobinets ne propose pas des histoires d'horreur frontale. Ses textes montrent au contraire une grande finesse dans les aspects psychologiques. Elle bâtit des histoires où elle aborde des problématiques variées et plus profondes qu'elles n'en ont l'air : la maladie mentale, le lien familial, l'attachement, la métamorphose… La première nouvelle par exemple traite d'un enfant qui semble atteint de Troubles compulsifs du comportement, ou est vraiment hanté par une voix qui le pousse à un comportement extrême ? La chute de cette nouvelle montre la grande maîtrise de l'autrice dans ses aspects narratifs. La nouvelle est une forme exigeante, dont l'intérêt souvent dans la façon dont la fin est tournée. Et Anna Starobinets est définitivement très talentueuse à ce sujet.

En un sens, certaines nouvelles ont quelque chose d'assez kafkaïen. C'est notamment le cas de la dernière nouvelle du récit, où un homme nommé Yacha découvre un matin qu'il ne respire plus. S'ensuit alors un ensemble d'aventures absurdes qui rappelles beaucoup “La métamorphose” de par le décalage créé par la situation du personnage face à sa propre réaction et à celle de son entourage. L'horreur s'installe donc de manière graduelle, naît d'une discordance avec le quotidien et installe une sensation de malaise lancinante et durable. Anna Starobinets nous met constamment face à la vallée dérangeante. Bref, c'est du new weird comme on l'aime.

Anna Starobinets a de particulier qu'elle propose un récit fantastique dans une veine traditionnelle. le malaise vient qu'elle insère de manière lancinante des éléments dérangeants dans le quotidien. En cela, elle présente toujours des personnages d'une grande banalité, parfois affligeants de banalité. C'est le cas dans de nombreuses nouvelles. Celle d'un mystérieux Agent qui se décrit lui-même ainsi “Je n'ai ni famille ni amis. Physiquement, je suis quelconque, transparent. Taille moyenne. Corpulence moyenne. On peut me confondre avec n'importe qui. On ne se souvient pas de moi. Si je commentais un vol en plein jour, la victime serait incapable de m'identifier en cas de confrontation.” Dans la nouvelle où une personne est fascinée par la moisissure, on ne sait rien d'elle tant son identité est diluée dans son obsession. Enfin, celle où un homme découvre une vie qui ne lui dit rien, il a toujours mené une existence anecdotique. Il est facile de s'identifier à ces créatures un peu médiocres et définitivement normales, tristement banales.

Le glauque est également soutenu par l'écriture de l'autrice. Si la plume d'Anna Starobinets peut paraître froide, elle n'en est que d'autant plus adaptée au format et au ton global. La palme va à la nouvelle éponyme au recueil, Je suis la reine, qui est aussi la plus longue. L'autrice peut y construire une histoire structurée, qui joue avec les chronologies, les formats et les points de vue. Cette nouvelle est de loin la plus dérangeante, car plus crue, et m'a beaucoup rappelé les ouvres de Stephen King. La froideur de la plume sert le propos en créant une distanciation qui rend plus malsaine, car la nouvelle tient dans un huis-clos familial malsain qui s'écoule sur des années. Que faire quand un membre de notre famille adopte du jour au lendemain un comportement tellement étrange qu'il devient impossible de mener une vie normale ?

Anna Starobinets a une plume singulière, assez froide, mais qui convient parfaitement à ces nouvelles. Parfois absurdes, parfois gores, chaque histoire mêle avec habileté fantastique, glauque et psychologie. Sans jouer la carte du terrifiant frontal, l'autrice préfère jouer sur le malaise, le dérangeant, qui s'insinue lentement dans l'esprit du lecteur. Une bonne lecture pour ceux à la recherche de romans étranges, j'ai personnellement beaucoup apprécié.


Lien : https://lageekosophe.com/202..
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de six nouvelles qui nous propose des récits, mélange à la fois complexe et réussi de fantastique, de psychologie, d'émotion et de personnages denses. L'univers fantastique qui se développe à chaque texte, certes reste très classique, mais se révèle solide, efficace et parfaitement maîtrisé par l'auteur. Surtout chaque texte possède sa propre voix, son propre style, sa propre construction ce qui évite clairement les longueurs et permet au lecteur de se plonger avec un plaisir renouvelé dans chacune d'entre elle. Alors après, c'est vrai que un ou deux textes possèdent quelques légers défauts, mais franchement rien de non plus dérangeant tant j'ai été emporté par ce mélange d'aspect dérangeant, étrange et parfois très sombre, où l'humour noir et le cynisme ne sont pas non plus en reste. Il faut aussi bien dire que l'ensemble est très bien porté par une plume qui se révèle accrocheuse, dérangeante et d'une certaine façon poétique et humaine. En tout cas je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Emballée de découvrir ce recueil de nouvelles d'une auteure russe que je ne connaissais pas, j'aurais voulu être plus enchantée de ma lecture; j'ai eu de la difficulté à maintenir un intérêt constant. J'ai beaucoup aimé la première nouvelle, traitant d'un petit garçon aux prises avec un trouble obsessionnel-compulsif, l'auteure décrivant finement les pensées pouvant s'agiter dans la tête de ce dernier, et sa chute, glaçante. On dit d'Anna Starobinets qu'elle est la « reine russe de l'horreur », et on la compare à Stephen King et à Kafka : je m'attendais peut-être à rester dans la veine « effroi » de l'horreur. Or, certaines nouvelles comme celle qui donne le titre au livre, particulièrement dérangeante, sont davantage dans la veine « répulsion » de l'horreur, et c'est bien du dégoût qu'elles m'ont fait ressentir. Amnésie, métamorphoses, désintégration de la personnalité, inceste… tous les personnages ont des problèmes de santé mentale, et à travers l'absurde, on questionne toujours la fine ligne de nos perceptions et de la réalité : sont-ils fous, délirants, en train de rêver, ou est-ce autre chose qui ne s'explique pas ? Je lis peu de littérature fantastique et j'en connais très peu les codes; peut-être n'étais-je tout simplement pas assez bien préparée pour en apprécier la lecture.
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Il était une fois, en Russie, des personnages banals: des êtres qui ne sont "personne" comme dirait l'un d'eux, et qui soudain deviennent étranges au point que leurs aventures sidèrent le lecteur. Un petit fonctionnaire se prend d'amour pour de la moisissure, un jeune garçon se met à écouter une voix inquiétante tandis qu'un autre se transforme en une boule de graisse suante et boutonneuse parce que... Parfois Anna Starobinets donne des pistes d'explication, parfois pas, mais peu importe. Car ces histoires sont si bien racontées que même la fin en suspens de certains récits est réussie.
Avec elle, nous déambulons dans un univers à la fois caustique et impitoyable, en épousant le point de vue d'un être en général "looser" dont on va suivre le basculement progressif vers une sorte de folie.
Mais, même si tous ces textes ont quelque chose d'angoissant, ils sont extrêmement variés: par leur taille, leur mode de narration, leur tonalité... si bien qu'on ne fera qu'un seul reproche à ce livre: qu'il soit si court, parce qu'on aurait bien aimé explorer encore avec Anna Starobinets tout ce que la banalité peut dissimuler de tordu.
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Le genre du New Weird est développé à la fin des années 1990 et début 2000. Il se définit comme une réaction aux codes existants de la SF et la fantasy ce qui donne un récit qui prend ancrage dans un univers réaliste intégrant des éléments surréalistes avec de l'horreur. le new weird apparaît afin de transcender les barrières pouvant exister entre les genres.

Présentation des nouvelles :
Les règles : Sacha est un petit garçon qui suit les règles d'un Jeu féroce. Aucune récompense n'est à attendre, mais s'il n'obéit pas, la punition sera terrible. Avec cette Voix qui lui parle et l'oblige à faire toutes ces petites choses, on se demande si Sacha ne souffrirait pas plutôt de TOC. La conclusion de cette nouvelle fait basculer le récit dans l'horreur.

La famille : Dima est un homme saoul dans un train couchette. Son métier est éducateur canin, il se rend à Moscou pour pour affaire. Dans sa cabine se trouve un gros homme dont le crâne est bourré de chose à manger une jeune femme très plate. le gros homme affirme que Dima est son gendre, hors celui-ci ne s'est jamais marié…sauf que son passeport ne comporte plus les éléments qui le définissent depuis sa naissance, ville de naissance changée, marié à la jeune femme Liza qui est dans sa cabine, autre métier, Dima dessaoule aussi sec. Delirium Tremens ou monde parallèle ?

J'attends : Cette nouvelle très courte est basée sur une hallucination ou quelque chose d'approchant. le héros ne nous sera jamais présenté, on connait seulement sa passion pour les moisissures jusqu'à l'obsession et ce qu'il en fait….hyper particulier ^^

Je suis la reine : Cette novella éponyme est absolument fabuleuse pour ceux qui ont aimé la trilogie des fourmis de Bernard Weber. Marina est une femme divorcée vivant avec ses jumeaux, Maxime et Vika. On aura plusieurs flash back pour comprendre l'évolution inquiétante de son fils qui fait peur à tout le monde au fur et à mesure qu'il grandit, sa propre famille est effrayée. A cela s'ajoute des extraits de journaux intimes écrits par Maxime puis quelqu'un d'autre. Dans ce récit on s'enfonce peu à peu dans l'horreur quand les questions font place à la compréhension.

L'agent : Cette nouvelle très courte nous présente un écrivain. Il travaille pour une agence qui permet de créer des histoires et les rendre réelle. Mais est-ce la réalité ou le personnage est-il fou ?

L'éternité selon Yacha : Cette fois on plonge à pieds joints dans un récit joyeusement surréaliste. Yacha se réveille dans un silence tellement surnaturel qu'il peine à trouver ce qui pose problème avant de procéder à une minutieuse inspection de sa personne…son coeur ne bat plus, sa respiration est inexistante et apparemment….il va très bien…S'ensuivent des discussions et actes totalement abracadabrants. le médecin lui annonce qu'il est mort et se voit donc obligé de signaler ce fait, sa femme et sa famille se préparent aux funérailles tout en lui parlant et il ne peut plus travailler, ses collègues lui souhaitent leurs condoléances tout en le regardant bizarrement, pour un mort il est quand même rudement actif ^^.

En bref, « ah ouais mais Anna Starobinets, je ne sais pas ce qu'elle fume mais c'est de la bonne« , voilà ma pensée quand j'ai lu les 3 premières nouvelles de ce recueil. Je suis la Reine m'a permis de me remettre en selle, j'étais à deux doigts de lâcher l'affaire mais je suis heureuse d'avoir persévéré au point de vous conseiller de lire cette novella à défaut des autres. L'éternité de Yacha est tout de même marrante dans son côté totalement barré.
Lien : https://lemondedelhyandra.co..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"... ce qu'il faisait aux mouches ? Vika lui en avait parlé la première, mais elle avait pu le constater très vite de ses propres yeux : il cherchait des mouches crevées sur le rebord des fenêtres ou derrière les radiateurs, les posait sur une feuille et
les mangeait
les emportait dans sa chambre.
Est-ce que tout cela résultait aussi de l'âge ingrat ?"

"Probablement parce que je ne suis rien. Je n'ai ni famille ni amis. Physiquement, je suis quelconque, transparent. Taille moyenne. Corpulence moyenne. On peut me confondre avec n'importe qui. On ne se souvient pas de moi. Si je commentais un vol en plein jour, la victime serait incapable de m'identifier en cas de confrontation. Je n'ai ni grain de beauté, ni verrue, ni cicatrice. J'ai les lèvres fines, un nez banal, les cheveux ternes, des petits yeux inexpressifs, un petit sexe mou. Je suis impuissant. Je n'ai aucun hobby. Je sais inventer des histoires à rallonge, avec des orphelins, des amants séparés, des beautés amnésiques et des fiancés aussi traîtres que cupides. Je mène une vie ennuyeuse. Je suis exactement celui dont ils ont besoin. L'agent idéal."
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Voyage se poursuivit en silence. De temps en temps, l’invalide plongeait dans sa tête une main dodue, aux ongles rongés et sales. Il en tirait des grappes de raisin, rond et charnu, qu’il mâchait distraitement. Mais sa tête était pleine à ras bord. À chaque cahot du train, des grains de muscat violet tombaient par terre, obligeant le gros type à se baisser pour les ramasser, ce qui provoquait la chute de nouvelles grappes.

« La famille »
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[Vika] avait honte de son frère. L’idée qu’à l’école tout le monde savait suffisait à la faire rougir. On savait qu’elle vivait dans la même maison que ce monstre empoté et stupide. Qu’ils prenaient leurs repas à la même table. Et que seize ans plus tôt, ils étaient nés en même temps, d’une même mère, après avoir passé neuf mois, blottis l’un contre l’autre dans son ventre.
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Videos de Anna Starobinets (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anna Starobinets
Conférence Récits de terreur... Romans d?horreur enregistrée aux Imaginales 2018 Avec Anna Starobinets, Arnaud Huftier, Rod Marty et Patrick Senécal
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