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EAN : 9782267019049
363 pages
Christian Bourgois Editeur (08/03/2007)
4.03/5   17 notes
Résumé :
«J'aime ce bordel balkanique, hongrois, slovaque et polonais, cette merveilleuse pesanteur de la matière, ce sublime endormissement, ce je-m'en-foutisme face aux faits, cet esprit de suite dans la soulerie à midi pile.»

Sur la route de Bahadag est un voyage à travers l'«Autre Europe» : en Pologne, Slovaquie, Slovénie, Albanie, Moldavie, Hongrie et Roumanie. Stasiuk parcourt cet espace par tous les moyens ; en train, en stop, en bateau, il cherche à sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai découvert ce livre tout à fait par hasard. Je consultais les critiques de 5Arabella quand le titre m'a interpellée, car Babadag se situe en Roumanie. Admirant par ailleurs l'éditeur, je me suis littéralement « jetée » sur le livre. Je vous conseille de lire la très belle critique de 5Arabella. Je n'ai pas grand-chose à ajouter. Elle restitue fort bien l'ambiance de ce récit de voyage un peu particulier. le ton est à la fois tendre et désabusé, lucide et rêveur. Je me suis quant à moi beaucoup attardée sur les passages concernant la Roumanie. Ce texte en hommage à Cioran par amour duquel l'auteur va visiter son village natal Rășinari, et les nombreuses pages où sont évoqués la monnaie, l'histoire (grâce à la traduction en polonais d'un livre de Mircea Eliade, Les Roumains: Précis historique qui se trouve en principe dans ma bibliothèque babelio, mais pas seulement), les villages, la pauvreté et l'hospitalité roumains. Les pages consacrées au delta du Danube, ne sont pas sans rappeler Europolis de Jean Bart. Quelques petites erreurs d'orthographe pour certains toponymes ou mots roumains non traduits, vite oubliées grâce à la magie du style de Stasiuk.
Encore merci à 5Arabella pour cette découverte.
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Le livre est composé de 14 textes, dont le dernier et le plus long donne son nom au volume. Des textes qui parlent de voyages. En regardant son passeport l'auteur estime qu'il a du franchir environ 200 fois une frontière pendant les 7 dernières années. Mais il ne voyage pas n'importe où : Moldavie, Transylvanie, Roumanie, Slovaquie , Albanie…Sur la carte, en Europe. Mais les cartes ne disent pas tout. Un autre monde, qui est à la porte. Cerné de plus en plus, en train de disparaître. Comme hors du temps et de l'espace. Rien de touristique dans ces voyages, ces déplacements plutôt. L'auteur ne visite pas de musées, n'admire pas de monuments, ou alors par inadvertance. Pas d'hôtel réservé, d'ailleurs la plupart d'endroits où il va, n'en ont pas d'hôtels. Parfois une destination, parfois pas, et de toute façon la route peut toujours bifurquer, au gré d'une envie ou tout simplement parce qu'un bus ou un train passe là à ce moment. Pas de villes, ou des toutes petites, ou vraiment parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de passer plus loin. Des bourgs, des villages, des hameaux, des maisons, des magasins, des bars, des gares. Et des gens qui les habitent. Qui y survivent on ne sait comment, en tuant le temps. Et l'oeil et la mémoire de l'auteur qui enregistrent tous les détails, la couleur d'un mur, un dépôt d'ordures, les hommes qui attendent devant un bar. Et aussi la parole des gens. Quelque soit la langue, même s'il ne la connaît pas l'impression de comprendre ce qu'ils disent. Il ne fait que passer, quelque jours, plutôt quelques heures voir, quelques minutes. Comme à Babadag, deux fois dix minutes en tout. Mais cela suffit. Il se pose la question de ces voyages.
Il y a cette phote d'André Kertesz de 1921 prise dans une petite ville de Hongrie
A la recherche d'un endroit qui n'existe pas, l'auteur nous amène dans des endroits où nous n'irons sans doute pas, qui d'une certaine façon n'existent pas vraiment pour nous. Un voyage unique.
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Un voyage improbable ,dans un monde improbable ou qui semble tel ,un rêve de voyage ! dans les Balkans ,région dont l'auteur est originaire et dont il essaie de fixer comme sur une pellicule, les images , les instants ,fugaces , éphémères. .Une Europe méconnue qui risque de disparaître .
Il la parcourt à un moment où les frontières existent encore et son plus grand plaisir est alors de collectionner les tampons sur son passeport!
Les grandes villes ,comme Budapest ou Varsovie , ne l'intéressent pas ,son regard est attiré par les petits villages, les gens simples ,paysans ,Tsiganes ,chauffeurs de taxis , il veut figer les images ,les odeurs ,les paysages .D'où l'impression parfois de regarder un vieux film en noir et blanc ou des vieilles photos de famille .
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Un anti voyage touristique, au coeur des Balkans.
En voiture, en autobus ou à pied, Andrzej Stasiuk entraîne son lecteur, aux confins de l' Europe, dans des villages aux noms improbables, des hameaux perdus ou des camps tziganes.
Il aime se perdre dans les zones frontalières, scrute , avec tendresse, les maisons abandonnées et s' émerveille devant l' ingéniosité des roms.
Dans des troquets infâmes, il trinque avec joie en compagnie de personnages épuisés, cabossés ou ivres.
Avec un sens aigu du détail, il dessine , avec délicatesse, des paysages insensés.
J' ai accompagné, avec plaisir, l' auteur, dans ses périples enchevêtrés, ses allers-retours continuels, ses souvenirs chaotiques.
J' ai beaucoup apprécié sa poésie, ses ciels changeants, ses deltas infinis, sa destruction et désintégration.
Ce livre insolite et brillant me rappelle l' oeuvre de Ryszard Kapuscinski, chère à mon coeur de lectrice.
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Plusieurs périples à travers l'Europe de l'Est : très bien décrit, nostalgique.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il a fini par revenir à Rășinari. Devant la maison où il est né, on a placé son buste. La maison est de couleur rose passé. Elle a deux fenêtres à volets sur sa façade à pignon. Le mur est orné de corniches et de pilastres blancs. Le buste lui-même est posé sur un socle pas très haut. Le visage de Cioran a été rendu de façon réaliste et maladroite. Il aurait pu être sculpté par un artiste populaire imitant l'art de salon. Sa ressemblance avec le modèle mis à part, l'œuvre est « petite, modeste et sans qualités particulières », elle s'accorde bien cependant avec cette petite place de campagne. Tous les jours, des troupeaux de vaches et de brebis passent à côté. Elles abandonnent derrière elles leur odeur et leur chaleur. Ni le vaste monde ni Paris n'ont laissé la moindre trace sur ce visage. Il est tout simplement triste et fatigué. Des hommes semblables viennent s'asseoir au bistrot près du coiffeur et à côté du magasin sous la vigne. Tout a l'air comme si quelqu'un avait réalisé ici son rêve ou sa dernière volonté.
« Acel blestemat, acel spendid Rășinari »*.

*Ce maudit, ce splendide Rășinari (in « Histoire et utopie » de Cioran)
(p. 51)
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La meilleure carte que je possède est la deux cents slovaque. Elle est si précise qu’une fois, grâce à elle, j’étais parvenu à m’extirper de l’immensité des champs de maïs au pied des monts Zemplén. Sur cette grande carte englobant le pays tout entier ont même été portés les sentiers de campagne. Elle est déchirée et effilochée. Par endroits, à travers l’image plane de la terre et des étendues d’eau, guère nombreuses par ici, transparaît le néant. Mais je l’emporte toujours avec moi bien qu’elle soit peu commode et prenne beaucoup de place. Cela fait un peu penser à de la magie car, après tout, je connais la route de Košice à Sátoraljaújhely pratiquement par cœur. Oui, mais je l’emporte parce que je suis attiré justement par sa désintégration, par sa destruction. Elle s’est d’abord élimée aux plis. Les coupures et les cassures ont formé un nouveau quadrillage, beaucoup plus net que celui, cartographique, délicatement apposé à l’aide de lignes bleu clair. Villes et villages cessent d’exister petit à petit, ils s’usent au fur et à mesure des pliages et des dépliages de la carte, au fur et à mesure des rangements dans un coin de la voiture ou dans le sac à dos. Michalovce disparaît, Stropkov disparaît, le néant troué atteint la banlieue de Uzhorod. Bientôt disparaîtra Humenné, s’élimera Vranov sur la Topla, se consumera Cigánd sur la Tisza.
En réalité, c’est seulement depuis quelques années que j’ai commencé à scruter les cartes avec autant d’attention. Avant, je les considérais comme, disons, des décorations ou d’anachroniques images symboliques perdurant à l’époque du concret et du tout en direct et du A à Z au sujet des pays les plus lointains. Tout a commencé avec la guerre des Balkans. Par chez nous, tout commence avec une guerre et se termine par une guerre, il n’y a donc là aucune extravagance. Je voulais tout simplement savoir sur quoi tirait l’artillerie et ce que voyaient les pilotes d’avion. Sur les schématiques ersatz de cartes dans les journaux, tout avait l’air trop beau et trop propre : le nom de la localité avec, à côté, l’éclat stylisé d’une explosion. Il me fallait donc retrouver la Voïvodine, car c’est elle qui était la plus proche. La guerre excite toujours les petits gars, même lorsqu’elle les terrifie. Des brasiers rouges le long du Danube – Belgrade, Batajnica, Novi Sad, Vukovar, Sambor -, à vingt kilomètres de la frontière hongroise et à quatre cent cinquante environ de chez moi. Seule une vraie carte peut faire en sorte que nous commencions à écouter attentivement les bruits éloignés. Ni la télévision ni les journaux ne sont en mesure de reproduire quelque chose d’aussi concret que la distance.
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Babadag, de nouveau, comme il y a deux ans : le car fait un arrêt de dix minutes, le chauffeur s’éclipse, la marmaille fait la manche sans conviction dans la chaleur torride de midi, rien n’a changé. Seuls les billets de mille lei avec Eminescu ont disparu, remplacés désormais par de petits ronds en aluminium représentant Constantin Brâncoveanu.
(p. 308)
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Un voyage du pays du roi Ubu au pays du vampire Dracula ne peut pas renfermer de souvenirs auxquels on puisse croire plus tard, comment on croit, par exemple, à l'existence de Paris, de Stonehenge ou de la place Saint-Marc.
(p. 22)
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Soit. Je ne peux pas cacher que je suis attiré par la disparition, la désagrégation et tout ce qui n’est pas comme cela aurait dû ou aurait pu l’être. Par tout ce qui s’est arrêté au milieu du chemin et n’a plus ni force, ni envie, ni idée, par tout ce qui a abandonné la partie et a mis un bémol, par tout ce qui ne survivra pas, ne laissera pas de trace, par tout ce qui s’est accompli par soi-même et ne donnera lieu à aucun regret, deuil ou souvenir. Du présent perfectif. Histoires qui ne vivent que le temps de leur récit, objets qui n’existent que si on les regarde. En effet, cela me poursuit, tout ce reste, cette existence dont tous peuvent se passer, cette futilité, ce surplus qui n’est pas une richesse, ce dissimulé que personne ne souhaite connaître, et les secrets qui périront dans l’oubli, et la mémoire qui se dévorera elle-même. Le mois de mars touche à sa fin et j’entends la neige qui, dans l’obscurité, descend la montagne. C’est comme si le monde, à l’image d’un serpent, muait. Chaque année j’ai la même impression et qui va s’approfondissant d’année en année : ceci est le véritable visage de mon coin de terre, de mon continent, ce changement qui ne change rien, ce mouvement qui s’épuise de lui-même. Un jour, au début du printemps, la neige descendra et tout le reste aussi. L’eau trouble emportera villes et villages, animaux et êtres humains, et elle enlèvera tout, ne laissant que le squelette nu de la terre. La météorologie de concert avec la géologie arriveront à bout de la douteuse coalition de l’histoire et de la géographie. L’immémorial clouera le bec au périssable. Les éléments retourneront à leur place dans le tableau éternel de Mendeleïev et aucune intrigue, aucune narration, aucune histoire ne sera plus nécessaire pour expliquer l’existence.
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Video de Andrzej Stasiuk (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrzej Stasiuk
Le jeudi 25 octobre 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr) recevait Hélène Gaudy en qualité de libraire invité.
Elle nous présentait sept livres qui lui tiennent particulièrement à c?ur :
1. Georges-Arthur Goldschmidt, La traversée des fleuves (02:05) 2. Andrzej Stasiuk, Un vague sentiment de perte (12:15) 3. Jakuta Alikavazovic, L'avancée de la nuit (20:40) 4. Sylvain Prudhomme, Là, avait dit Bahi (32:26) 5. Jean-Christophe Bailly, Description d'Olonne (42:16) 6. Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance (48:10) 7. Gwenaëlle Aubry, Personne (54:40)
En fin de rencontre, Charybde 7 évoquait chaleureusement plusieurs ouvrages d'Hélène Gaudy (1:00:30)
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