AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Claire Saint-Germain (Traducteur)
EAN : 9782494289093
272 pages
Les Argonautes (03/02/2023)
4.17/5   24 notes
Résumé :
Kosovo, 1995 : Quand Arsim rencontre Milos, tout semble les opposer : l'un est albanais, l'autre serbe, et leurs deux ethnies s'enfoncent dans un conflit meurtrier. Pourtant, face à une société où l'homosexualité est un crime, ils s'aiment.
La femme d'Arsim attend leur deuxième enfant quand la famille se voit contrainte de fuir à l'étranger pour échapper aux massacres. Quant à Miloš, il s'engage en tant que médecin au front. Ce n'est qu'après la guerre, à son... >Voir plus
Que lire après BollaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Bolla est une réalisation splendide, et Statovci un talent majeur »
New York Times

Vertigineux, sombre, terriblement humain, « Bolla » est d'une puissance inouïe. Pajtim Statovci est le maître en littérature.
Magnétique, solaire, viril, « Bolla » se lit en direct, sans recul, il le mérite.
« La première fois, je le vois traverser la route. Je suis assis à l'ombre en terrasse d'un café et il avance dans ma direction, le soleil dans la nuque, homme adulte dans un corps d'adolescent ».
L'écriture est dans cette orée où rien n'échappe au lecteur. La plongée dans une trame au réalisme fou. Tant le Kosovo coopère au tremblement, à l'émotion d'une contemporanéité hors norme.
Ils sont ici, en plein soleil. Arsim, albanais, le souffleur de cette histoire qui fait monter l'enchère. Miloš, serbe, étudiant en médecine à l'université de Pristina. L'attirance fébrile, envoûtante, la sensualité complice. L'immense trou noir qui les happe, l'aura sublimée. Voluptueux, pudiques, dans ce pays où le moindre écart est sens interdit. L'homosexualité bannie, le courroux des diktats, hommes incendiés, ils se savent.
« Cela semble naturel ; en anglais nous ne sommes pas albanais et serbe mais détachés d'ici, des pages arrachées à un roman ».
Arsim est marié. Ce dernier, quasiment arrangé, triste comme un lac gelé en pleine nuit noire. Il ne l'aime pas, même s'il sait sa beauté lumineuse et ses capacités de mimétisme sans faille.
« Alors je m'enfonce dans le chagrin et je comprends qu'elle est trop bien pour moi, pour vivre cette vie-là avec moi. le pire est de savoir qu'Ajshe n'osera jamais me dire qu'elle voudrait vivre à l'encontre des décisions que je prends ».
Elle, soumise et effacée, intègre et ignorée du monde dans le plein jour où gravitent les opportunités et les hasards chanceux. Elle fait comme si. Nettoie sa maison comme si elle purifiait son propre corps. Ajshe, enceinte et abandonnée nuit et jour par Arsim dévoré d'amour pour Miloš, lui, qui croque des pommes à longueur de temps. Un rituel frugal, Bolla qui s'agite en lui. Se nourrir d'Arsim, lui offrit l'aérienne posture, la rectitude des rencontres où pas une minute n'est ignorée, où la cartographie des corps est réinventée à cris et à émois, à souffrances et à l'éclat de lumière. Ils vivent l'urgence de l'instant. L'architecture d'une relation qui se cogne comme un moustique sur une lampe brûlante. Ils pressentent que demain ne sera pas. Pas dans ce pays où le cosmopolite est du papier déchiré et de la poussière dans les yeux. le kosovo, frères un jour, ennemis le lendemain. le pain retiré aux enfants, les persiennes baissées, les méfiances et délations prêtes à mordre. « Bolla » le mythe, la légende albanaise, la parabole de l'étouffement. Les rêves peinture qui dégorge sous les pluies des impossibilités. L'averse des interdits. Ils sont le symbole des terres qui savent les lucidités dévorantes. Plus aucune vision, ni mirage, mais l'arme pointé sur l'amour. La guerre fraticide, le linceul noir sur les coeurs. Arsim s'enfuit avec Ajshe et leur enfant. Elle est de nouveau enceinte et il fait acte de devoir. Les ténèbres se révoltent. L'exil est un gouffre. Arsim et Miloš séparés, chemin de traverse. Bolla jubile, Bolla est machiavélique. le récit est l'épreuve des peuples et des hommes. Des litanies noyées dans les boues intestines. Les désirs, les libertés, les choix sont des perles fracassées sur la terre. Rien ne résiste au champ de mine sur les consciences et l'appartenance à une ethnie à la vie à la mort. « Bolla » le choc d'un patriotisme qui pleure les siens sur les barbelés. « Bolla » l'homosexualité sublimée, charnelle dont on admire ses héros. Il y a le démoniaque d'un homme égaré dans ses limbes : Arsim. Miloš : fidèle à son pays, la Serbie, jusqu'au paroxysme. Ajshe : le délitement des résistances. « Bolla » est un grand livre, déchirant, fondamental. Un triptyque à plusieurs degrés. Dans un langage surdoué, hypnotique, il est un choc de lecture, une lecture résolument poignante et magistrale. Traduit du finnois par Claire Saint-Germain, publié par les majeures Éditions Les Argonautes.





Commenter  J’apprécie          113
L'amour peut-il triompher de tout ? Si les romans nous conduisent, parfois, à penser que oui, la réalité est malheureusement beaucoup moins optimiste.

Pourtant, c'est un feu dévorant qui consume Arsim et Milos. Leur rencontre, un hasard, a la saveur d'une évidence.

Pourtant, rien ne peut-être simple entre eux. Ils sont homosexuels, ce qui doit rester un secret. L'un est marié, père de famille. L'autre est un étudiant en médecine. Arsim est albanais, et Milos, serbe, et le Kosovo s'embrase d'une guerre qui ne saurait les laisser indemnes.

Ce roman plonge le lecteur dans la vie, dans ses ratés, dans ces moments fugaces de bonheur, vite gâchés par l'homme, la société, la guerre.

C'est le récit des hommes qui, petit à petit, deviennent méchants, s'éloignant irrémédiablement de ce qui aurait pu être leur vie s'ils étaient nés ailleurs, à un autre moment, dans un autre pays.

L'auteur utilise le passé et le présent pour nous raconter cette mélancolie du temps qui passe, de ce qui ne peut être rattrapé. de cette lutte perdue d'avance.

Ce roman est très réussi. L'auteur nous dépeint avec brio la passion et l'égoïsme qu'elle comporte. Des souffrances causées à l'entourage, de la violence qu'ils doivent subir, victimes collatérales d'un bonheur gâché.

Une lecture exigeante et pesante mais qui m'a emporté, par sa noirceur.
Commenter  J’apprécie          100
COUP DE COEUR pour BOLLA le roman de Patjim Statovci Bolla traduit du finnois par Claire-Saint Germain aux éditions Les Argonautes.

J'ai découvert ce livre lors des rencontres VLEEL de janvier. Tout de suite je suis tombé sous le charme de la couverture. le résumé, dressé par l'éditrice, a titillé ma curiosité. Ma lecture à achever de me convaincre.

Ce récit bouleversant nous plonge au coeur du Kosovo, en 1995, durant les guerres de Yougoslavie. Dans ce contexte, Arsim, un jeune étudiant albanais, rencontre Milos, un étudiant serbe. Tous les deux tombent amoureux.

Malgré les tabous, ils vivent leur passion interdite et se retrouvent face à leurs désirs, leurs choix et leurs aspirations. Leur amour est mis à l'épreuve lorsqu' Arsim est obligé de fuir le Kosovo avec sa famille pour échapper à la guerre.

Un jour, Arsim est déterminé à retrouver son amour perdu, mais lorsqu'il le retrouve, il doit faire face à la réalité de ce que la guerre a fait à Milos.

La narration de l'auteur alterne entre le passé et le présent. le roman montre comment, même après la guerre, les traumatismes laissés par le conflit sont encore profondément ancrés dans la société. Statovci aborde des thèmes universels tels que la liberté, l'identité, l'acceptation de soi et de l'autre, ainsi que la résilience face à l'adversité. Bref, je recommande !
Commenter  J’apprécie          80
Nous sommes en 1995, à Pristina au Kosovo. Arsim est jeune albanais qui vit avec sa femme et leur premier enfant, il fait la rencontre de Milos, jeune serbe alors étudiant en médecine, et toute sa vie est chamboulée par la relation clandestine qu'il vont débuter ensemble. Aussi secrète qu'incandescente, leur passion amoureuse est mise à mal par une guerre fratricide qui oppose serbes et albanais et qui va bientôt pousser Arsim à l'exil avec sa femme de nouveau enceinte. Des années plus tard, Arsim tentera de retrouver celui qu'il aime, mais les ravages de la guerre et de la haine des hommes le mettront face à une douloureuse réalité. Un roman tendrement douloureux sur l'impossibilité d'une vie heureuse, merci Les Argonautes d'avoir fait traduire ce texte.

📖 Bolla de Pajtim Statovci a paru le 3 février 2023 chez Les Argonautes Éditeurs dans une traduction de Claire Saint-Germain. 250 pages, 22€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
Commenter  J’apprécie          70
Bolla est le troisième roman de Pajtim Statovci à être traduit en français. Je les ai tous lus ; le premier ne m'avait pas tellement plu, le deuxième m'avait nettement plus intéressé, et celui-ci est un coup de coeur ! de deux choses l'une : soit je suis devenu sensible à son univers, soit l'auteur peaufine peu à peu son oeuvre. On retrouve évidemment des thèmes communs dans chacun de ses romans (le Kosovo, l'homosexualité), car ils sont les nerfs qui sous-tendent l'oeuvre en cours de construction, mais chaque roman, pour l'instant, part dans une direction différente. Ce roman n'est pas un roman sur l'homosexualité, c'est un roman sur le bonheur, sur les choix qu'il faut faire, ou ceux que l'on fait pour vous, sur la guerre, sur l'amour, sur l'impossible réconciliation entre Serbes et Albanais, et ah oui, c'est vrai, c'est une histoire d'amour entre deux hommes. Certes, cela complique sérieusement les choses mais à mon sens, ce n'est pas le coeur du roman. C'est le parcours d'Arsim, ses doutes, ses erreurs qui forment l'ossature du roman. Arsim qui ne parvient pas à se réaliser, à faire exister la personne qu'il est réellement, et qui de ce fait, détruit ce qu'il possède. Si ce jeune prodige de la littérature finlandaise continue sur cette voie, nul doute que ses prochains romans sauront me toucher.
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
LeMonde
27 février 2023
L’écrivain finlandais d’origine kosovare livre le roman d’un retour d’exil désillusionné.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je ne me souviens plus avec crainte de ces légendes mais comme d'expressions de bonheur: un jour dans l'année cela peut fuser libre et sans souci, un jour....cela peut voler sans chaînes au-dessus des eaux et des bois,émettre en paix sa mélodie fière ,étirer son corps le long des vastes champs ,des collines et flancs de montagnes,se cacher au - dessus des nuages ou dispenser de ses ailes de grands pans d'obscurité pareils aux nuits sans étoiles ,tremper la brillance aveuglante de son cuir dans les lacs et rivières, s'endormir sur les pierres et les rocs chauffés par le soleil ,dans la chaleur brûlante s'enrouler aux troncs des arbres et sous le harnais feuillu des vieux chênes ,à l'abri de la pluie ; et,la nuit venue,se faufiler dans sa caverne où cela va se coucher après son harassante journée--un jour heureux ,ça lui suffit ;
Car la terre où cela fait alors sa demeure ,vois-tu ,c'est la terre des rois.(Page 246/247).
Commenter  J’apprécie          20
Pristina ,Kosovo,1995

La première fois ,je le vois traverser la rue.Ce qui me frappe en premier,c'est sa tête baissée qui se tourne à peine alors qu'il traverse un carrefour encombré, puis ce corps mince comme un fil que de longues jambes telles deux cordelettes traînent à leur suite .Ses cheveux sont divisés par une raie au milieu comme deux ailes de corbeau ,et il serre un tas de livres contre sa poitrine; il oubliecl'autre bras tantôt en arrière ,tantôt sur le côté, Puis enfonce la main dans sa poche pour remonter son Jean légèrement moulant en velours rouge foncé .( Page 17).
Commenter  J’apprécie          20
2003,
Je suis entendu à plusieurs reprises.Les autorités me reposent les mêmes questions ,auxquelles je réponds de mon mieux toujours de la même façon. Oui,j'ai échangé des messages avec le garçon sur Internet et ensuite nous avons décidé de nous rencontrer,nous sommes d'abord allés manger dans un restaurant de hamburgers et apres nous avons quitte l'autoroute etcil m'a fait une fellation dans la voiture ,oui,je reconnais que cela s'est passé ainsibmais je ne l'ai forcé à rien,il ne peut s'agir d'un crime s'il l'a lui-même voulu,c'est lui-même qui me l'a proposé quand j'etais en train de le reconduire à la station -service où se trouvait sa bicyclette.( Page 129).
Commenter  J’apprécie          10
Notre fille est sage mais nos garçons se battent à l'école, presque chaque jour. Leurs enseignants nous disent à Ajshe et moi, que leurs problèmes viennent de ce qu'ils ont quitté le Kosovo. C'est une situation difficile pour un jeune, ils t'expliquent; vivre entre deux langues, deux cultures et deux religions conduit souvent à une crise d'identité,le jeune ne sait plus qui il est parce que tout son monde s'est formé à partir d'éléments, de coutumes et d'usages en contradiction trop forte; les enseignants te lâchent leur avis comme une déclaration préalable à travaux.
Commenter  J’apprécie          10
Je l’embrasse et je lui demande pardon, pardon de ne plus pouvoir rester, je resterais si je le pouvais, tu me crois, j’ai l’impression que c’est mieux comme ça, c’est mieux pour nous tous, j’ai une épouse et un enfant et un deuxième en route, j’ai une épouse, et je voudrais lui dire combien il compte pour moi, que notre été devrait durer toujours, mais je ne fais que pleurer, et il me prend dans ses bras, me regarde, cloué, et passe le gué avec ses mots : I know, I know, I’m sorry. 
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Pajtim Statovci (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pajtim Statovci
Payot - Marque Page - Pajtim Statovci - Bolla
autres livres classés : kosovoVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (72) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

Herbjørg Wassmo
Jens Christian Grondhal
Sofi Oksanen
Jostein Gaarder

15 questions
149 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

{* *}