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Critique de ManouB


Dans les années 90, Bujar et Agim vivent à Tirana, en Albanie, leur pays natal. Ils sont amis et deviennent inséparables. Mais la vie qui les attend ne leur fera pas de cadeau : Bujar comprend que son père est gravement malade et va bientôt mourir ; Agim qui aime s'habiller en fille est rejeté par sa famille.
A la mort de son père, alors qu'Ana sa soeur disparaît mystérieusement et ne revient pas à la maison, que sa mère tombe dans la dépression et que rien ne va plus dans le pays, Bujar accepte de tout quitter pour s'enfuir avec Agim. Les deux jeunes adolescents, âgés seulement de 15 et 16 ans, s'installent ensemble en ville, puis, devant les difficultés qui s'accumulent, ils décident de partir à Durrës pour pouvoir enfin, quitter définitivement le pays, pour l'Italie.
C'est le début d'une véritable galère et de drames successifs.
Est-on libre de choisir sa vie ?
Suffit-il de changer de lieu pour changer de vie ?
Comment faire table rase du passé sans renier totalement ses racines ?
Comment se sentir chez soi quand on est déraciné, et dans son propre corps, quand on a du mal à trouver sa propre identité ?

Le roman débute à Rome mais, en plus de l'Italie, il nous fera voyager, de l'Albanie, pays natal des deux adolescents, à l'Espagne, aux États-Unis puis à la Finlande.
L'histoire nous est révélée par bribes par Bujar, le narrateur. C'est le lecteur qui devra la reconstituer dans sa chronologie, une fois arrivé aux toutes dernières pages. Mais des dates sont mises en début de chapitres afin de nous permettre de mieux nous repérer dans les nombreux retours en arrière.
Bujar et Agim sont confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence, à la mesquinerie des autres et doivent sans cesse expliquer d'où ils viennent, qui ils sont. Ils finissent donc par s'inventer une autre vie, ou par la vivre par personne interposée, et ils mentent donc continuellement aux autres, même à ceux qui vont leur faire confiance.

J'ai aimé en apprendre davantage sur l'Histoire de l'Albanie dans les années 90. Je savais peu de chose de cette période. le pays a été un des derniers pays communistes à être sorti de son isolement. Suite à la mort de son dirigeant Hoxha, en 1985, l'Albanie est alors considéré comme le pays le plus pauvre et le plus sous-développé de tous les pays d'Europe.
J'ai aimé le fait que l'auteur s'appuie sur le folklore albanais et sur de nombreuses références littéraires, comme des récits de voyage ou d'aventure, pour étayer son roman et faire réfléchir le lecteur.
J'ai aimé le dynamisme du roman qui se lit très vite et est découpé en quatre parties, puis en chapitres courts.
J'ai aimé aussi le ton juste et sans pathos, avec lequel l'auteur aborde le sujet de l'immigration et de ses conséquences, mais aussi celui non moins important dans ce roman, du genre, de la sexualité et de l'acceptation de soi.

Je n'ai pas aimé le fait de ne m'attacher à aucun des deux personnages, pourtant leur histoire est poignante.
Je le reconnais, dans la seconde partie du roman, qui se déroule en Italie, j'ai été perturbée pendant quelques pages de ne pas savoir lequel des deux garçons parlait...Puis j'ai accepté que l'un finalement puisse se substituer à l'autre pour raconter leur histoire, qu'ils puissent être tous deux, les deux faces d'une seule et même personne.
C'est donc un roman assez déroutant par sa construction, mais intéressant par son sujet et la façon tout à fait cinématographique dont la narration est menée.

Je remercie l'éditeur et la dernière Masse critique de Babelio, de m'avoir permis de découvrir ce jeune auteur, dont je n'avais encore jamais rien lu.

Lien : https://www.bulledemanou.com..
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