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4,08

sur 1998 notes
Sa grandeur d'âme et son abnégation aussi conséquentes soient-elles, l'homme n'est jamais tout à fait maître de son destin. Une faiblesse passagère suffit parfois à ternir durablement un parcours de vie empreint jusque-là d'une droiture exemplaire.

Le Commonwealth d'Australie a participé activement aux côtés des Alliés à la Première Guerre mondiale, envoyant un important contingent de soldats se battre sur les champs de batailles européens.
Tom Sherbourne est l'un d'entre eux. Décoré pour ses actes de bravoure il est revenu physiquement intact au pays mais perturbé par les scènes d'horreur vécues à l'autre bout du monde où restèrent à jamais bon nombre de ses copains de régiment.

Le métier de gardien de phare n'est psychologiquement pas à la portée du premier venu et les anciens soldats, dont la fiabilité n'est plus à démontrer, ont la faveur des autorités au niveau du recrutement. Tom enchaîne les contrats de trois ans sur un minuscule îlot, Janus Rock, situé au point de confluence des océans Austral et Indien.
La vie de ce Robinson australien est quand même moins pénible depuis son récent mariage avec Isabel qui avec enthousiasme est venue vivre à ses côtés.

En ce jour d'avril 1926, Janus Rock, est le théâtre d'un petit miracle. Alors qu'Isabel se recueille devant la croix de bois sous laquelle repose depuis deux semaines leur enfant mort-né, Tom aperçoit dans ses jumelles un canot échoué sur le rivage. A son bord le corps sans vie d'un jeune homme et, emmitouflé dans un vêtement féminin, un bébé hurlant tant qu'il peut.
Profondément croyants, Isabel et Tom recueillent cette petite fille sauvée des eaux qu'ils considèrent comme un cadeau céleste. Par amour pour Isabel en manque cruel de maternité mais en dépit du bon sens, Tom omet de signaler leur incroyable découverte et enterre le cadavre de l'inconnu.
Commence pour les amoureux la période la plus merveilleuse de leur existence avec la petite Lucy s'éveillant à la vie au pied du phare si grand, si grand.
Mais en ce bas monde, où la roue tourne au moment où l'on s'y attend le moins, les moments d'égarement se paient un jour ou l'autre au prix fort !

Une vie entre deux océans”, le premier roman de l'australienne M.L. Stedman, fait couler depuis 2012 les larmes des lecteurs du monde entier.
Les personnages principaux sont entiers et attachants. Leurs comportements parfois discutables sont toujours étayés d'une approche psychologique finement introduite si bien que le lecteur jamais ne s'en désolidarise.
Le style narratif est tout simplement magnifique, coulant de source et sans longueur aucune. le dénouement, où se conjuguent tristesse infinie et humanité, est bouleversant.

Tout imprégné de cette multitude d'images passionnelles, je referme enfin apaisé ce chef-d'oeuvre débordant de l'atmosphère tempétueuse des mers du Sud.
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Tom n'en revient pas qu'une femme telle qu'Isabel puisse l'aimer. Lui ! le maladroit, l'empoté, le taiseux ; lui ! le cabossé qui revient tout droit de l'enfer des tranchées, vivant et entier certes ! mais assailli par tant de cauchemars, de hurlements et de fantômes. Comment Isabel, si belle, si sensuelle, si enjouée peut-elle l'aimer ? C'est un miracle. Un miracle qui bouleverse sa vie, l'ensoleille d'un coup. Pour soigner ses blessures, Tom choisit la vie fruste et solitaire de gardien de phare sur l'ile de Janus Rock, une « masse de terre qui semblait jaillir de l'eau comme un monstre marin ». Isabel va le rejoindre. Loin de tout, loin des autres, ils vivent leur amour sur cette ile perdue dans l'océan et battue par tous les vents.
Ce bonheur tout simple et si grand s'effiloche quand Isabel fait deux fausses couches, et doit admettre qu'elle ne pourra jamais avoir d'enfants. Et tandis qu'elle erre sur l'ile comme une âme en peine, l'enfant prodigue tant désiré finit par arriver, mais de bien étrange manière : un canot avec à son bord un cadavre et un petit bébé sain et sauf s'échoue sur le rivage de Janus Rock. Comment ne pas songer à la Providence amenant à Isabel et Tom ce qu'ils désirent le plus au monde ? Dès lors, cet enfant chéri devient le leur. Isabel et Tom rayonnent de joie. Les sourires, les facéties et les gambades de la petite Lucy ensoleillent de nouveau leur existence. Un bonheur au goût amer, car Isabel et Tom vont se perdre dans les brumes du remord, des mensonges et de la tromperie.
Comme j'ai aimé ce roman ! C'est une histoire forte qui m'a tenu en haleine, m'a fait vibrer jusqu'au dernier mot. Tom et Isabel sont des personnages entiers qui vont jusqu'au bout de leur passion, de leur amour, quitte à se brûler les ailes.

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Un phare en première de couv', la promesse est là. Qu'il soit nature, aux pruneaux, aux raisins ou bien encore au chouchenn agrémenté d'une légère pointe de beurre - attention à la ligne tout d'même -, il est déjà le gage d'un excellent moment de boullotage intense. Ça commence pas mal.

Mais foin de considérations gastro, puisque de nourriture, il y est finalement peu question exceptées celles de la culpabilité et du ressentiment.

Lorsque Tom Sherbourne et sa femme Isabel s'approprient l'île de Janus, leur bonheur ne saurait être plus intense. Isolés du monde et de son chaos d'après-guerre, ce boulot de gardien de phare échu à Tom est certainement précurseur d'une trajectoire de vie commune idéale. Ils s'aiment comme des fous, comme des rois, comme des stars de...merci Lara !
Seule ombre au tableau, cette incapacité à mettre au monde un, un, un n'infint viable...merci Céline !
Qu'à cela ne tienne, le destin y pourvoira. Une barcasse échouée et la présence miraculeuse d'un cadavre et d'un bébé à son bord plus tard, la chose est entendue, les voilà désormais heureux parents, sonnez clairons, résonnez trompettes.
L'oeuvre de Dieu pour Isabel, la part du Diable pour Tom. Et un cas de conscience, pour ce dernier, quant à leur légitimité parentale susceptible de dessouder un couple qui avait enfin toutes les cartes en main...

Bouleversifiant et pis c'est tout !
Je n'en attendais absolument rien, au pire une énième historiette parfumée à l'eau de rose. Gravissime préjugé, sublimissime surprise.

Un roman à l'impact psychologique peu commun.
Si madame nage en plein bonheur, qu'il est bon d'assister à la descente aux enfers d'un Tom aux proies aux pires tourments. L'amour rend aveugle, soit, et excessivement stupide, c'est désormais chose acquise.

Il y a du Raskolnikov en ce brave gardien de phare épargné par la guerre et qui ne le sera paradoxalement pas sur cette île initialement considérée comme véritable havre de paix et d'amour.
Une descente aux enfers relatée avec une intelligence peu commune, un tiraillement incessant laissant augurer du pire quant à la santé mentale de sa chère et tendre.

Une vie entre deux océans me rappelle ces rares baignades estivales. On y entre timidement, après avoir bien pris soin de mater l'éventuelle ombre alarmante d'un vague aileron à l'horizon, merci Spielberg, pour ne jamais plus vouloir en sortir tant la béatitude du moment ne saurait être égalée, de retour sur la terre ferme.

D'une écriture magnétique, M.L. Stedman nous fait don d'un premier roman hallucinant de justesse, de maîtrise et d'émotion. Eblouissant - pour un gardien de phare, c'est un minimum - mais pas que, ce récit entremêle la folie, la flétrissure et le pardon avec un égal bonheur. Qu'elle en soit largement remerciée, je ne m'attendais pas à un tel festin de roi...
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant pleurer pour un livre.

De suite envoûtée par ce phare australien, le phare de Janus, se dressant au milieu de deux océans, je suis rentrée dans ce roman comme dans un rêve.
Une île, les falaises abruptes, les vagues qui se fracassent contre les rochers, la plage et le lagon.
Un escalier étroit qui monte, qui monte vers le ciel.
Quelques chèvres, les mouettes, le silence de la solitude.
Et puis l'Amour.
Cet Amour soudain qui vous étreint et et dans lequel vous vous réfugiez pour l'Eternité.
Mais ce n'était qu'un rêve. Les rêves sont comme l'océan. Ils ne gardent jamais leur plénitude bien longtemps.
Lorsque de façon inopinée, l'angoisse vrille vos entrailles, lorsqu'une fine sueur froide perle sur votre front, lorsque vos membres commencent à s'agiter confusément, c'est que le rêve déjà se transforme.
Le remords commence à tisser sa toile.

Le vent se lève, souffle bientôt sa furie, emporte tout avec lui...l'Amour, les rires d'une enfant, l'Espoir...
Et vous avez beau tourner les pages. L'étau se resserre plus que jamais.
Les lames violentes de l'Océan tempétueux vous submergent, vous entraînent encore plus loin, vous empêchent de rejoindre le rivage.
T'as le visage noyé. T'as le visage en larmes.
Et tu trembles pour lui, Tom, le gardien de phare.
Et tu hurles avec elle, Isabel, cette mère meurtrie.
Et tu pleures pour elle, Lucy, la petite.



Oucchh ! Quelle histoire bouleversante !
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Quand il revient en Australie, Tom Sherbourne veut oublier la boue et le sang des tranchées de la première guerre mondiale. le calme auquel il aspire, il le trouve dans le métier de gardien de phare qu'il va exercer sur l'île de Janus, petit bout de terre, ballotté par deux océans. Avant de se retrouver seul et isolé pour les six prochains mois, il arrive à Pointe Partageuse où il fait la connaissance de la jeune et fougueuse Isabel. Ils s'écrivent, s'aiment et finissent par se marier. C'est pleine d'allégresse et d'optimisme qu'Isabel suit son mari sur la petite île si loin de tout. Si leurs sentiments ne connaissent aucune ombre, leur bonheur est cependant terni par l'absence d'enfant. Après deux fausses couches et un enfant mort-né, Isabel est au bord du gouffre. Alors quand un petit bateau échoue sur leur rivage avec à son bord un homme mort et un bébé en pleine santé, elle n'a aucun doute : c'est Dieu qui lui envoie ce cadeau pour lui faire oublier les épreuves passées. Tom voudrait signaler l'évènement aux autorités mais le sourire retrouvé de son épouse adorée le dissuade, et tous les deux élèvent la petite Lucy comme si elle était issue de leurs sangs. Mais toute cette joie, tout ce bonheur sont compromis quand, lors de leur congé à Pointe Partageuse, il découvre une terrible réalité : Lucy a une mère qui espère son retour depuis quatre ans, une mère qui se désespère et meurt lentement de cette absence. Isabel fait fi de ses scrupules et décide de se taire quand Tom, rongé par la culpabilité, ne supporte pas de garder le secret.


Janus, deux cents hectares de terre aride et balayée par les vents, battue par deux océans, à 150 kilomètres du continent, deux arbres, un phare, une petite maison de bois, pas exactement l'idée que l'on se fait du paradis et pourtant c'est bien là qu'Isabel et Tom vont connaitre leurs plus grands bonheurs, grâce à la lumière, non pas celle du phare mais celle de Lucy, le miracle, le trésor, apporté par la mer. En même temps qu'ils vont apprendre à devenir parents, à s'attacher à un enfant et l'aimer au-delà de tout, ils vont découvrir les liens du coeur, les liens du sang, le bien, le mal, le mensonge, la vérité. Dans une nature hostile et tourmentée, ils vont connaitre eux aussi les pires tumultes de la nature humaine : l'amour, la trahison, la culpabilité, le pardon. une vie entre deux océans, entre deux mers, entre de mères pour la petite Lucy née Grâce, enfant chérie par deux familles, victimes des choix, des décisions d'adultes aux jugements obscurcis par les sentiments.
Des hommes, des femmes, bousculés, trahis par la vie, des peines, des chagrins, mais aussi des moments de joie pure, sur une terre perdue tout au bout de l'Australie...Un roman qui emporte, qui dévaste, qui ballotte son lecteur entre empathie, condamnation, compréhension, un très très grand moment de lecture qui laisse un goût de sel...celui de l'océan ou des larmes. Un énorme coup de coeur !
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Cela faisait un moment que je n'avais pas eu dans les mains un roman à l'écriture dite "fluide" et, il faut l'avouer, cela repose bien les neurones entre deux lectures plus "académiques".

Une belle surprise donc avec ce roman fleuve - ou roman océan, devrais-je dire - dont l'action située en Australie Occidentale dépayse autant par son contexte que par son sujet : Tom, le personnage principal, est en effet gardien de phare, une profession peu (re)présentée en littérature. Ainsi, c'est avec une certaine appréhension que nous nous installons avec lui et sa femme Isabel sur l'étroite plateforme offshore que constitue l'île de Janus.

Cîme d'une montagne sous-marine, l'île de Janus n'offre pas grand chose d'autre à contempler que ses rochers et, du haut de son phare, la courbe douce de l'horizon. Levers et couchers de soleil imprenables garantis mais aussi isolement, vent, tempêtes, vagues hautes comme des immeubles et humeurs noires lorsque le mal d'enfant s'installe dans le quotidien du couple...

Avis de grand frais et de grand froid tout à la fois pour ce premier roman de M. L. Stedman dont la narration bien structurée et séquencée en brefs chapitres est très agréable à suivre. Personnages bien travaillés, photographie cinématographique, rebondissements et empathie bien dosés, "Une vie entre deux océans" est un page-turner efficace dont les rouages bien huilés fonctionnent à merveille.

J'ignore si c'est parce que le thème de la maternité me touche particulièrement que j'ai tant apprécié ma lecture mais j'y suis allée de ma petite larme. Si cette lecture n'est pas un coup de coeur, elle reste très plaisante et m'a rappelé les romans de Jojo Moyes, auteure que j'affectionne pour sa capacité à m'offrir quelques heures d'évasion et d'émotion sans nunucheries.


Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge PLUMES FÉMININES 2018
Challenge 50 OBJETS 2018 - 2019
Challenge PAVES 2018
Challenge ATOUT PRIX 2018
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Ouawh, quelle claque ! Bien sûr, en lisant la quatrième de couverture lors de mes nombreuses sélections dans la librairie dans laquelle mon mari m'avait emmenée pour mon anniversaire, je ne pouvais pas m'attendre à quelque chose de bien joyeux et pourtant, j'ai espéré jusqu'au bout. Espéré que la vie laisserait une chance à Isabel mais cette chance, elle ne l'a eu que quatre courtes (trop courtes pour toute une vie) années. Mais pour cela, il faut d'abord que je remonte quelque peu dans le temps pour vous expliquer un peu le pourquoi du comment. Et pour ce faire, je vais d'abord vous parler d'une autre personne, et non pas la moindre puisqu'il s'agit du protagoniste de ce prodigieux roman.
Thomas Sherbourne (appelé Tom pour les intimes) fait parti de ces privilégiés qui sont revenus indemnes de ces quatre années de guerre que fut la Première Guerre mondiale, celle que tous ont baptisé la der des der et qui pourtant ne la fut pas (pas besoin de vous en dire plus sur le sujet puisque vous connaissez tous L Histoire). Lorsque je dis indemne, je parle seulement sur le plan physique puisque tous ceux qui en sont revenus vivants ont gardé de profondes cicatrices (moins visibles certes mais qui sont tout autant importantes puisqu'il s'agit de cicatrices psychologiques et celles-ci sont les plus lentes à cicatriser...pour un peu qu'elles guérissent complètement un jour). Alors qu'il avait perdu tout espoir en la vie, il fit la connaissance d'une jeune femme, Isabel qui devint par la suite son épouse et comme l'on dit dans ces moments-là, pour le meilleur comme pour le pire et ces deux-là, bien qu'ayant eu leur part de bonheur, ont surtout connu le pire. Ayant accepté un poste de gardien de phare à Jamus Rock en Australie, Isabel accepte sans hésitation de le suivre, tout en sachant qu'elle vivrait désormais coupée du monde. L'amour étant plus fort que tout, elle s'accoutume rapidement au fait de ne rencontrer qu'une fois l'an ses proches ou encore de n'avoir des nouvelles du continent que tous les trois mois lorsque le bateau de ravitaillement.
Après trois fausses couches, Isabel désespérait de ne jamais avoir un enfant lorsque le Destin ou la Fortune appelez cela comme vous voulez mais sachez que le mot importe peu puisque cela fut aussi leur plus grand malheur - leur amena un soir une petite fille qui était dans les bras d'un homme, mort, et dont le radeau venait de s'échouer sur la rive. le bon sens aurait voulu que Tom déclare immédiatement aux autorités de la ville de Partageuse cet effroyable accident mais Isabel, que Tom surnommait Izzy, l'en dissuadât. Grave erreur, certes, mais cela leur a permis (surtout à Izzy) de retrouver foi en la vie et d'en apprécier toute la saveur. Alors que Tom ne pouvait s'empêcher d'avoir des remords, il ne pouvait non plus ne pas s'attacher à celle qu'ils ont prénommée Lucy. Cependant, quatre ans plus tard, ils apprirent l'existence de celle qui n'existait que dans leurs pires cauchemars : la véritable mère de Lucy, une certaine Hannah Roennfelgt...

Que faire alors ? Parler ? Se taire ? Tel est le cruel dilemme qui s'impose à eux. Alors que l'opinion d'Izzy soit claire sur ce point (elle refuse de ses séparer de sa fille chérie et adorée bien que cette dernière ne soit pas la chair de sa chair), Tom, lui, est complètement désemparé.

Bon, j'en ai assez dit (peu être trop, je ne l'espère pas) sur l'intrigue et je conclurai simplement en vous disant que ce livre est d'une qualité rare. Autant au point de vue de l'écriture que du dénouement, le lecteur ne peut pas s'empêcher de vouloir continuer sa lecture à tout prix tant celle-ci l'envoûte. Une pure merveille (eh oui, même les merveilles peuvent être tristes ou alors c'est moi qui suis maso, à vous de me le dire). Inutile de vous dire (mais je vous le dis quand même) que je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage que j'ai vraiment trouvé fabuleux !
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Un roman écrit avec une écriture très agréable à lire. On se laisse emporter par cette lecture au fil du vent, au gré des marées…
Une histoire d'amours, de mensonges, de secrets, d'actes qu'il faut assumer, de culpabilités, de pardons, de renonciations. Une histoire de questionnements où chaque lecteur peut se demander quelle aurait été sa propre réaction.
Un 1er roman très très prometteur.
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La guerre de 1914-1918 terminée, Tom, décoré et indemne, est de retour dans son pays, l'Australie. Comme beaucoup de soldats, Tom est marqué par les affres de la guerre, il aspire au calme et décide de postuler pour un emploi de gardien de phare. Engagé pour le phare de l'île de Janus, avant d'embarquer il fait la connaissance d'Isabel, une jeune fille de Partageuse. Quelques mois plus tard, Isabel et Tom se marient et vivent sur l'île de Janus. Après deux fausse couches et un bébé mort-né, le jour où un canot échoue sur la plage avec à son bord un homme mort et un bébé bien vivant, Isabel convainc Tom de garder cela sous silence, de déclarer la petite fille comme la leur, les habitants de Partageuse ignorant son récent accouchement à l'issue dramatique. Après quatre années d'une vie familiale paisible, la véritable identité de Lucy est découverte ...
Un coup de coeur pour ce premier roman de M.L. Stedman.

Challenge Pavés 2016-2017 - 521 pages
Challenge Atout prix 2016-2017 - Prix des lecteurs 2015
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Comme je le fais souvent, j'ai engagé la lecture d'Une vie entre deux océans sans m'être préalablement renseigné. Je savais que le livre bénéficiait d'une critique très élogieuse. Par un coup d'oeil rapide à une quatrième de couverture, j'avais vu qu'il était question, au lendemain de la première guerre mondiale, d'un gardien de phare et de sa femme vivant sur une île déserte au large de l'Australie, où un canot venait s'échouer mystérieusement avec un bébé à bord. C'est tout. J'ignorais même que le roman avait été porté à l'écran.

À un moment, j'ai pris conscience que ce roman était exceptionnel, qu'en tout cas, il produisait un effet exceptionnel sur moi. Une sorte d'empathie pour chaque personnage me procurait une émotion et une angoisse que je ne parvenais pas à dominer, totalement ensorcelé que j'étais par l'enchaînement des péripéties. Des scènes me bouleversaient aux larmes – préparez vos mouchoirs, même vous, les mecs !

Les dernières pages s'infléchissant dans un climat d'apaisement, j'ai pu refermer le livre dans un état de sérénité retrouvée. Comme on met tranquillement le pied sur la terre ferme après une navigation agitée et un retour progressif au calme en vue de la côte.

Est-ce cette sérénité que Tom ressent en débarquant sur Janus Rock après une dizaine d'heures de navigation sur le vieux rafiot qui, une fois tous les trois mois, ravitaille l'île depuis Partageuse, une petite ville portuaire du sud-ouest de l'Australie, ainsi nommée parce que s'y trouve l'isthme qui sépare les eaux des océans Indien et Arctique ? Quelle peut donc être la motivation d'un homme jeune qui choisit, en 1920, de prendre un tel poste de gardien de phare, à l'isolement, loin du monde ?

La grande guerre. Une hécatombe d'hommes jeunes. Dans les familles, on a perdu un mari, un père, un fils, parfois deux... quand l'un ou l'autre n'est pas revenu sans jambe, sans bras, la moitié du visage arrachée, ou idiot, muet et incapable de se tenir après avoir été gazé. Autour de Tom, des milliers sont morts, dans la boue des champs de batailles et des tranchées. Héroïquement ? Non, dans l'horreur et la terreur, contrairement à ce que Tom rapportait aux parents. Lui est sorti indemne et décoré. Comment ? Pourquoi lui ? Juste la chance miraculeuse d'avoir échappé aux baïonnettes, aux balles, aux éclats d'obus... Vivre à l'écart, voilà ce à quoi il aspire. Et rendre ce qu'il croit devoir à l'humanité. S'occuper d'un phare, c'était apporter une contribution active à la sécurité des transports maritimes... Préserver des vies.

Le livre commence lentement – quelques bâillements ! –. Il faut un peu de patience pendant que les éléments se mettent en place. Et Tom mérite bien que l'on s'adapte au rythme de sa vie de gardien de phare solitaire.

Solitaire à vie ? Juste avant de prendre son poste, Tom avait passé quelques jours à Partageuse. Il y avait rencontré Isabel, une toute jeune femme très exubérante. Progression des choses à un rythme trépidant : échange de lettres apportées par le rafiot ravitailleur, tous les trois mois ; possibilité de se voir et de se parler tous les six mois... Un an plus tard, pourtant, Tom et Isabel se marient et s'installent à Janus Rock. Ils sont très heureux. Isabel est guillerette, dynamique, pleine de fantaisie. Tom est béat et ferait n'importe quoi pour elle. Bientôt, elle attend un enfant, folle de joie... Fausse couche ! Premiers nuages sur le paradis.

La vie continue à Janus Rock. Quatre ans plus tard, (après une deuxième fausse couche entre-temps), Isabelle accouche dramatiquement d'un enfant mort-né. C'est alors qu'apparaît le dinghy échoué. A bord, un homme, mort, et un bébé, une petite fille de quelques semaines. Pas d'indice d'identification, un mystère absolu... Un cadeau de Dieu ?

Que pensez-vous qu'il germât comme idée dans l'esprit d'Isabel, une femme très croyante et pieuse, une femme détruite dans sa vocation maternelle ? Elle en est persuadée : ce n'est pas une imposture que de donner un infime coup de pouce aux faits quand cela ne fait de tort à personne. Mais il arrive que les cadeaux de Dieu soient empoisonnés...

Tom et Isabel auront tout loisir de faire la part entre leur bonne et leur mauvaise conscience ; entre l'angoisse abstraite, que l'on conceptualise en la ressassant tout seul, dans sa tête, et l'angoisse matérialisée, qui prend corps et forme humaine, préfigurant la catastrophe déjà inscrite. L'auteure, Margot L. Stedman, tresse les fils d'un imbroglio qui semble inextricable. On ne parvient pas à imaginer un dénouement qui ne tourne au drame pour les uns ou les autres... Un roman de confection classique, mais diablement efficace.

En parallèle de l'intrigue, le comportement des personnages d'Une vie entre deux océans interpelle le lecteur sur la faute, le sens moral, la rédemption, la rancune, le pardon... Quant à cette guerre mondiale qui date d'un siècle et dont les horreurs ont été masquées, pour celles et ceux de ma génération, par la mémoire des horreurs de la suivante, il n'est pas inutile de prendre conscience des plaies douloureuses qui subsistaient dix ans après, jusque dans une petite bourgade d'Australie...

Titre original du roman : The light beetween oceans, la lumière entre des océans. La lumière, c'est une petite fille, qui vit des moments tour à tour attendrissants et déchirants...

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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