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EAN : 9782072876714
216 pages
Gallimard (09/01/2020)
3.44/5   17 notes
Résumé :
« Yaoundé, c’était sa part sauvage et libre, ses années heureuses, là où résidaient sa force et sa joie »
Constance et Ruben étaient inséparables. Ils habitaient l’un en face de l’autre, fréquentaient la même école primaire, jouaient ensemble dans les rues de Yaoundé. Mais en une nuit leur monde s’est effondré. Ils avaient neuf ans. Cette nuit-là, Catherine, la mère de Constance, a pris un taxi vers une destination inconnue. Personne ne l’a revue.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Présidé par Anthony Palou, le jury du prix Jean Freustié 2020 a récompensé, lundi 29 juin dernier, Anne-Sophie Stefanini pour Cette inconnue, publié en janvier chez Gallimard.
L'occasion de mettre en avant un roman assez formidable qu'on avait lu et beaucoup apprécié pendant le confinement
« Ils ne pouvaient pas vivre en essayant de retrouver les enfants qu'ils n'étaient plus, en ayant peur que l'autre disparaisse encore. Leurs nuits étaient mauvaises et, même le jour, ils voyaient des fantômes partout : Constance regardait Ruben et c'était son père qui était là face à elle. Ruben regardait Constance et c'était sa mère qu'il retrouvait et il pensait : Tu n'es pas revenue à Yaoundé pour y vivre comme ta mère ? Tu ne vas pas te faire tuer toi aussi ? C'était impossible d'être leurs héritiers. »

Ruben, chauffeur de taxi à Yaoundé roule toute la nuit dans les rues de la capitale. Ruben un homme de bientôt quarante ans à qui l'on a arrachée Constance, sa petite voisine, sa presque soeur alors qu'ils n'étaient que des enfants. Une blessure inguérissable.

Constance est reparti vivre à Paris chez sa grand-mère quand Catherine sa mère n'a plus donné signe de vie en mai 1991.

Leur histoire est à jamais liée, même si un continent les sépare. Jean-Martial, le père de Ruben est mort en prison la même année. Il travaillait pour un journal d'opposition au régime de Paul Biya.

Paul Biya règne sur le Cameroun depuis 1982 avec une main de fer et l'aide de la France, dans un régime de « dictature conviviale », doux euphémisme prêté à un homme politique camerounais.

Au rétroviseur de son taxi, la photo d'une jeune femme blonde. Chaque nuit depuis presque vingt ans, Ruben espère qu'un client reconnaitra Catherine et pourra peut-être donner un sens sa disparition. Constance, veilleuse de nuit près de la gare du Nord à Paris, ne cesse de penser à l'enfance qu'ils ont laissée à Yaoundé. La nuit, enveloppante, est leur domaine.

Lente ballade dans les rues de Yaoundé, et déambulation introspective et intime pour Constance et Ruben.

Anne-Sophie Stefanini, qui connait bien le Cameroun pour y avoir vécu des années, entraine le lecteur dans un doux et tendre voyage poétique, politique et mélancolique.

Laissons- la nous guider dans ses envôutantes et assez fascinantes nuits camerounaises.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Yaounde 1981, Catherine disparait. 8 jours plus tard Jean-Martial est arrêté, emprisonné , il décèdera peu après sa libération. Constance et Ruben leurs enfants n'avaient que 9 ans à l'époque mais depuis ils cherchent Catherine..
Anne-Sophie Stefanini nous emmène au Cameroun et déroule sous nos yeux les évènements depuis l'indépendance, l'impuissance des oppositions à se faire entendre et la main mise de Biya ..
A la lecture du résumé de l'éditeur j'étais loin de m'imaginer plonger dans un récit politique mais l'écriture d'Anne-Sophie Stefanini m'a amenée au bout de la quête de Ruben et de Constance .
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En librairie le 9 janvier 2020.
Roman lu dans le cadre du "Coup de coeur des lectrices" du magazine Version Femina
Gallimard

Anne-Sophie Stefanini possède une belle écriture. Elle donne à cette quête identitaire une atmosphère lourde, plombée, grise comme un ciel de saison des pluies.
Moi aussi, j'ai tourné en taxi avec Ruben dans les rues de Yahoundé. Moi aussi, j'ai eu envie de retrouver Catherine, ou au moins de comprendre.
On est loin d'une lecture légère, mais on se fait happer par la tristesse, le manque, cette pierre qui manque aux deux héros pour se construire.
À lire si vous aimez vous poser des questions sur vos racines.

#AnneSophieStefanini #VersionFemina #Gallimard #lecture #livres #chroniques

Le quatrième de couverture :
«Yaoundé, c'était sa part sauvage et libre, ses années heureuses, là où résidaient sa force et sa joie.»
Constance et Ruben étaient inséparables. Ils habitaient l'un en face de l'autre, fréquentaient la même école primaire, jouaient ensemble dans les rues de Yaoundé. Mais en une nuit leur monde s'est effondré. Ils avaient neuf ans. Cette nuit-là, Catherine, la mère de Constance, a pris un taxi vers une destination inconnue. Personne ne l'a revue.
Le temps a passé. Constance et Ruben vivent loin l'un de l'autre mais ils sont liés à jamais par le souvenir de leur enfance et les mêmes questions : Quel est le secret de cette disparition? Qui était Catherine?
Cette inconnue raconte un combat et un amour cachés, des vies bouleversées entre la France et le Cameroun, des hommes et des femmes qui cherchent la vérité.
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Cette inconnue est un beau roman, original, qui a pour cadre le Cameroun, sous le régime de Paul Biya, et la France. C'est le récit de deux disparitions : celle de Jean Martial, un intellectuel camerounais, militant de l'UPC, opposé à la dictature de Paul Biya, père d'un fils unique, Ruben ; celle de Catherine, une Française qui quitte seule Paris alors qu'elle est enceinte pour partir enseigner à Yaoundé où naît sa fille Constance. L'auteure s'interroge sur le militantisme et sa transmission dans un roman bien documenté.
Ruben et Constance, comme frère et soeur depuis leur naissance, ont 9 ans au moment de la disparition de leur parent. Ruben continue à vivre chez sa mère tandis que Constance, orpheline, part à Paris chez sa grand-mère. le fait que Catherine n'ait jamais été retrouvée fait de la vie de Constance et de Ruben un cauchemar. Tous deux travaillent la nuit. Ruben fait le chauffeur de taxi , une photo de Catherine suspendue à son rétroviseur. Ses courses sont pour lui l'occasion de visiter les lieux où son père se rendait, d'enquêter sur Catherine. Constance est veilleuse de nuit dans un hôtel. Ruben et elle, tous deux en quête identitaire, sont très liés et Constance se rend régulièrement à Yaoundé. Un carton de documents et des rencontres l'éclairent sur sa mère d'avant le Cameroun. Elle veut savoir pourquoi Catherine a quitté la France. Elle reconstitue le parcours de Jean Martial à Paris. Dans ce récit à 4 voix, les pages écrites par Jean Martial et par Catherine révèlent que personne ne sait qui ils sont réellement.
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L'histoire se déroule au Cameroun
Anne-Sophie Stefanini rend hommage à Yaoundé, sa ville de coeur.
Cette histoire à quatre voix raconte la transmission du combat, le silence, l'absence et couvre la période de 1956 à aujourd'hui.
Elle célèbre tous ces sacrifiés de la cause, les oubliés, les disparus en dressant le portrait de trois générations combattantes:
celle de Jean Martial, journaliste dans un journal d'opposition, membre de l'UPC, contre le pouvoir de Paul Biya qui couvre par sa plume un élan démocratique. Son engagement le conduira dans la prison de Yaoundé où il sera torturé. Brisé, il mourra quelques mois plus tard.
Et de Catherine, universitaire qui part a Yaoundé en 1982 pour enseigner.
Ils se rencontrent à Paris puis se retrouvent dans le militantisme au Cameroun, réunis par un idéal communiste.
Catherine disparaît une nuit de mai.
Celle de leurs pères qui se sont battus pour l'indépendance.
Et enfin celle de Ruben et Constance, rattrapés par l'histoire de leurs parents qui symbolisent la génération qui n'oublie pas et qui cherche. Ils veillent tous les deux et sont impuissants.

Dans cette atmosphère très lente, trop lente, l'auteure pose cette question fondamentale : les enfants doivent-ils épouser les combats de leurs parents ?

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critiques presse (2)
LeFigaro
06 février 2020
Dans le sillage de son précédent roman, « Nos années rouges » , Anne-Sophie Stefanini met en scène avec subtilité des quêtes intimes ayant partie liée avec l’Histoire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
07 janvier 2020
Dans « Cette inconnue », la romancière française sonde l’âme du pays et révèle un peu du vrai visage du régime de Paul Biya.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ils ne pouvaient pas vivre en essayant de retrouver les enfants qu’ils n’étaient plus, en ayant peur que l’autre disparaisse encore. Leurs nuits étaient mauvaises et, même le jour, ils voyaient des fantômes partout : Constance regardait Ruben et c’était son père qui était là face à elle. Ruben regardait Constance et c’était sa mère qu’il retrouvait et il pensait : Tu n’es pas revenue à Yaoundé pour y vivre comme ta mère ? Tu ne vas pas te faire tuer toi aussi ? C’était impossible d’être leurs héritiers.
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Elle est tombée de ta poche quand tu dormais. Il sourit. Il n’a pas honte et elle ne lui reproche rien. Ils savent qu’il y aura encore d’autres soirs comme la veille où il sera malade, où cette ville lui semblera un trou, une prison, où il aura envie de brûler cette voiture, et de disparaître lui aussi.
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Anne-Sophie Stefanini : "Les pieds-rouges ont pris part à l'indépendance de l'Algérie"
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