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Critique de gouelan


« …il neige, la couleur blanche nous vient du ciel, la tristesse des anges, mais les anges, qu'est-ce donc qui les afflige ? »
Et nous, qu'est-ce qui nous afflige ?

Le gamin, qui vient d'entrer dans un univers chaleureux de lettres et de poésies, encore peu habitué à ce confort, va devoir partir en voyage. Il accompagne le postier Jens, un géant bourru et avare de mots. Un périple qui les emmène là où l'Islande prend fin pour laisser place à l'éternel hiver .

Dans ce désert glacé, les hommes s'accrochent à la vie depuis mille ans. Où mieux que dans cet endroit peut-on trouver les raisons que l'homme a de continuer à vivre, malgré les tempêtes de neige, de vent, le froid, la mer glaciale avaleuse d'hommes, un hiver sans fin, entrecoupé d'un bref été ?

Et pourtant, ce pays est si beau quand l'herbe verdit.

Le gamin et le postier semblent n'avoir rien en commun. le gamin a besoin de mots et de poésies pour le réconforter ; le postier trouve son refuge dans le silence ; il lui procure la paix.
Errant dans ce blanc immense, ballotés par les vents, seuls au monde, ils vont affronter leurs démons intérieurs, lutter pour leur survie, lutter pour trouver une raison de rester en vie.

Ils trouvent refuge dans des fermes isolées, chez de pauvres gens. La vie est pourtant là, tapie au fond de ces coeurs, malgré le froid, la faim et la solitude. Personne ou presque ne vient troubler leur tranquillité dans ce bout du monde. Ils sont libres et apprécient pleinement les instants de joie qui s'offrent à eux. Une idée simple de la vie.

Sur ce chemin, où la mort rôde, prête à engloutir toute vie qui s'égare, qui cède au réconfort du sommeil, pour ne plus souffrir, ne plus se tourmenter, les deux hommes avancent et cherchent des réponses. Est-on sur terre seulement pour mourir ? Ont-ils droit au bonheur ? Sont-ils capables d'être heureux et de rendre heureux ?

Pour le gamin, les réponses sont dans les livres, les poésies sont des trésors. Celui qui possède tant de livres, ne peut être qu'heureux. Il doute et il continue d'avancer : « celui qui doute va quelque part ». Pourtant certains hommes se perdent parmi tous ces mots et ces lectures ne comblent pas leurs solitudes, au contraire, elles rendent les mots inutiles, car personne n'est là pour les entendre, pour leur donner vie.

Le postier qui se tait, rend le silence dangereux, ses pensées le tourmentent. Les mots pourraient l'apaiser et rendre son monde meilleur.

Ils vont cheminer l'un vers l'autre, sur cette route glissante et glaciale, faite de peurs, de doutes, de tristesse, de regrets, d'espoirs. Mettre des mots sur les tourments, trouver un sens à la vie, s'autoriser à vivre, laisser une chance au bonheur, ouvrir son coeur, ne plus avoir peur, se faire confiance et faire confiance à l'autre, voici aussi ce que représente leur voyage dans ce désert glacé. Il ne s'agit pas seulement de faire parvenir le courrier au bout du monde, mais aussi de trouver une issue par laquelle la vie pourra se faufiler, les atteindre, les sortir de leurs ténèbres. Comme s'il fallait pénétrer les ténèbres pour trouver enfin la lumière.

Quand on referme ce livre, on a qu'une idée en tête, poursuivre la lecture en se jetant sur le 3è tome : « le coeur de l'homme ». Jon Kalman Stefansson est un magicien des mots, il sait les faire vibrer, au son de la musique de la vie. Ils résonnent en nous, font écho à nos propres tourments, nos émotions, nous entrainent vers des contrées belles et sinistres à la fois, vers cette terre de glace, ces fjords, empreints de magie, où la nature dicte sa loi.
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