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Chronique familiale (Jón Kalman Ste... tome 1 sur 2
EAN : 9782070145959
448 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.8/5   585 notes
Résumé :
"Elle est plus belle que tout ce qu’il a pu voir et rêver jusque-là, à cet instant, il ne se souvient de rien qui puisse soutenir la comparaison, sans doute devrait-il couper court à tout ça, faire preuve d’un peu de courage et de virilité, pourtant il ne fait rien, comme s’il se débattait avec un ennemi plus grand que lui, plus fort aussi, c’est insupportable, il serre à nouveau les poings, récitant inconsciemment son poème d’amour. Elle s’en rend compte et lui dit... >Voir plus
Que lire après D'ailleurs, les poissons n'ont pas de piedsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (161) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 585 notes
Pourquoi ce titre ? Une question de mode ? Pour le moment, les titres à rallonge ont la cote mais il y a toujours un élément dans le livre qui l'explique, je l'ai trouvé dans le texte ci-après :
... cette idiote de gamine continue d'avancer, elle entre dans l'eau sans l'ombre d'une hésitation même si personne n'a réussi à marcher sur l'eau depuis que Jésus est grimpé sur un lac il y a deux mille ans, histoire d'impressionner quelques pêcheurs. Cette fille descend du rocher et plonge son pied droit dans la mer, le gauche suit une fraction de seconde plus tard. le problème est que personne n'est capable de marcher sur la mer, c'est d'ailleurs pourquoi les poissons n'ont pas de pieds.
Cette gamine qui a voulu se noyer en a été empêchée et la raison de ce suicide raté, nous la connaîtrons à la fin du roman. D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds, une histoire familiale qui s'étend sur trois générations, une famille venue du Norðfjörður qui s'établit à Keflavik, petite ville portuaire. Pendant cette saga, j'ai vécu avec Ari et le narrateur au temps présent mais aussi pendant leur adolescence et au temps jadis, comme le sont titrés ces chapitres, avec leurs ascendants.
Dès que j'ai appris, par une amie Babelio, qu'un nouveau roman de Jón Kalman Stefánsson allait être édité, je l'ai commandé et dès sa réception, j'en ai commencé la lecture, et quelle lecture !
Jón Kalman Stefánsson est un auteur que je qualifierais de "complet", une très belle écriture, un poète, un écrivain qui va au fond des choses ; à la lecture, je ressens sa profonde humanité, sa connaissance de la vie ... Un livre plus que coup de coeur !
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L'écriture de Jon Kalman Stefansson parle à mon âme. Je ne saurai mieux décrire le ressenti de ce livre sur tout mon être. Ce livre est empreint de nostalgie, de peine, de tristesse. Il y a des passages où j'ai pleuré. En tout cas, une très belle traduction de la part d'Eric BOURY.

Ne cherchez pas de repère de temps, celui-ci n'existe pas, en tout cas, il n'a pas d'importance.

Il y a deux personnages principaux dans ce livre : le narrateur, qui est également le meilleur ami de Ari et Ari.

Ari revient du Danemark après avoir quitté l'Islande suite à une rupture avec sa famille, rupture qu'il a voulue… Et qu'il regrette.

Tout cela, après un colis des souvenirs de la famille qu'il reçoit de son père, avec lequel il n'a aucune affinité et dont les rapports sont inexistants, et d'une lettre de sa belle-mère.

Nous n'en saurons pas plus, en tout cas, pas dans ce premier tome, car à mon avis, il y en aura un second.

Voilà pour la trame…

Le reste du roman est un aller-retour entre les événements d'aujourd'hui et ceux de l'époque de ses parents et également de ses grands-parents paternels.

Ari se remémore la vie de ses grands-parents et de ses parents, ainsi que celle de sa famille, son adolescence, il raconte l'Islande, les paysages grandioses et effrayants à la fois, la mer, la fin de la pêche, le chômage, les hommes et les femmes.

Il dresse le portrait des femmes qu'il a côtoyées, avec la plus grande sensibilité, la plus grande tendresse, le plus grand amour. On pourrait croire qu'il est lui-même une femme, vu la façon qu'il a de décrire leurs émois les plus profonds, leur mal-être, leur solitude, mais également les agressions dues aux hommes.

Hommes pour lesquels il a une certaine tendresse aussi, car ils ne sont pas tous des agresseurs, notamment son grand-père.

Voilà, je ne sais pas si j'ai réussi à vous parler de ce livre comme je l'aurai souhaité. Il y a tellement de choses à dire. Je sais qu'autour de moi, je suis une des seules à avoir aimé cet auteur. C'est vraiment dommage…. Ou pas…, parce que je pourrais penser qu'il l'a écrit uniquement pour moi.

Il faut le mériter, il faut le lire doucement, sans se presser, le déguster comme un bon vin, lire des pages et le reposer pour avoir le temps de penser à ce qu'on vient de lire et le rependre ensuite.

A vous de voir.
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Une fois n'est pas coutume, je commence par un extrait (que j'espère, vous apprécierez à sa juste valeur).

Extrait : « Question : Qu'est-ce qui voyage plus vite que la lumière ?
Réponse : le temps lui-même.
Il nous traverse comme une flèche. Sa pointe acérée fend la chair, les organes et les os, c'est la vie, l'instant d'après, cette pointe ressort en empruntant le même chemin, c'est la mort.
Plus vite que la lumière. Il suffit qu'il pleuve pour que passent dix années. Un battement de paupières et vous vieillissez, la nuit de la mort surplombe les montagnes. Le temps va si vite, mais parfois si lentement que, presque, nous suffoquons. Nous sommes à la fois la tortue et le lièvre, arrivons à la fois premier et bon dernier, c'est à n'y rien comprendre. Alors nous disons simplement : Elle a ôté sa robe. »

Comme vous pouvez le constater, c'est du charabia.

Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Tout est comme ça, la lecture de ce livre, qui n'a ni queue ni tête, a été pour moi un vrai calvaire.
Déjà, avec ce titre en queue de poisson, j'aurais dû me méfier...
Alors, comme ça, le temps voyage plus vite que la lumière ? Parce que le temps voyage ?
Et la flèche du temps, elle, vous traverse et fait demi-tour pour emprunter le même chemin après avoir mis le bordel dans vos organes internes, et peut-être aussi dans votre cerveau tant qu'à faire ? (Un peu comme la balle de Lee Harvey Oswald et son trajet tortueux dans le cerveau de JFK).
Alors il pleut et paf ! Dix années de passées ! La vache ! Mieux vaut ne pas passer ses prochaines vacances en Bretagne ! Mais c'est sans compter la nuit de la mort qui surplombe les montagnes (montagnes qui à d'autres moments, poussent des cris...) Quant aux poissons, eux, ils n'ont donc pas de pieds… Mais oui, mais oui… Existe-t-il une explication à tout cela ? Oui : elle a ôté sa robe ! Et ça provoque des hallucinations graves et des malaises vagaux, n'en doutons pas un seul instant. Nous suffoquons, dit le narrateur. Mais le lecteur, lui, est déjà noyé. Car c'est à n'y rien comprendre (sic).
Et sinon, l'hôpital psychiatrique de Reykjavik, c'est de quel côté ?

Tout cela a mal commencé. Un livre non reçu dans les temps (reçu le jour même de la rencontre avec l'auteur, donc impossible à lire avant les échanges qui devaient avoir lieu). Un rendez-vous prévu le lundi suivant les attentats du 13 novembre, dans le quartier même des fusillades, que j'ai dû décommander au dernier moment. Un rendez-vous manqué avec l'auteur… et avec le livre.

Car il m'est arrivé un truc bizarre… Après avoir lu un peu plus d'une centaine de pages, par petits bouts, je me suis rendu compte à un moment donné que je n'avais aucun souvenir de ce que j'avais déjà lu... Quelle impression étrange... Esprit ailleurs ? Fatigue ? Manque d'attention après les attentats de Paris ? L'histoire en elle-même ne semblait pourtant pas si compliquée, puisqu'il ne s'y passait pas grand-chose, enfin, pas grand-chose pouvant retenir mon attention… Mais comment ai-je pu zapper autant de contenu ? N'y avait-il aucune anecdote, aucun personnage, aucun fait digne d'intérêt dans ce récit ? Plus aucun souvenir… Tout était donc oublié, parti en fumée, rien ne s'était imprimé dans ma mémoire, je me suis surpris à me demander qui étaient ces personnages, quels étaient leurs liens de parenté, qu'avaient-ils fait depuis le début du récit ? Au bout de plus de cent pages de lecture, je ne comprends toujours pas ce que veulent les protagonistes du roman, je n'arrive toujours pas à me représenter les paysages islandais malgré les nombreuses descriptions, je ne sais toujours pas qui est le narrateur ou si son identité a été révélée puis oubliée en route, je ne comprends toujours pas où l'auteur veut nous emmener...

Aux grands maux, les grands remèdes, n'écoutant que mon courage, j'ai alors entrepris de tout relire depuis le début, pour identifier les potentiels éléments qui m'auraient échappé lors de la première et laborieuse lecture... Il fallait bien pouvoir raconter deux-trois trucs dans ma future critique…

Première confirmation, le style de l'auteur est (pour moi) insupportable de prétention et de digressions inutiles, c'était donc bien pour cette raison que j'ai dû somnoler puis m'endormir en route, sans doute bercé par son baragouin amphigourique.

Au bout de cent-quatre-vingts pages (je suis parvenu à aller un peu plus loin à la deuxième lecture), je dois me résoudre à ce cruel constat : il va falloir encore s'accrocher davantage si je veux arriver au bout… Masse critique oblige, je m'accroche.

Au bout de deux-cents pages, je comprends qu'il s'agit d'un grand roman d'aventures sur la vie, la mort, tout ça, et je parviens - enfin - à mémoriser au moins deux choses importantes : 1) un type, le narrateur, dont on ne connaît toujours pas l'identité, ni les étranges motivations, parvient à tromper sa faim et son ennui en commandant un burger et une barquette de frites servis au cul d'un camion stationné sur un parking désert, il attend l'arrivée de Ari (son pote ? son frère ? son cousin ? mystère), a-t-il pris du ketchup ou de la mayonnaise ? Nous n'en saurons pas davantage ; 2) un autre gars, le dénommé Ari justement, débarque d'un avion, passe la douane et, contre toute attente, un méchant douanier l'oblige à se déshabiller entièrement et lui fait subir une fouille rectale bien profonde. Le douanier pervers s'avère être son cousin, ils se reconnaissent au cours de cette touchante scène intime et poursuivent leur conversation comme si de rien n'était, mais arrivé là, à ce stade, le lecteur s'en fout un peu. Quand Ari rencontre Salo, on bascule sur les 120 journées de Sodome and go more… On apprend que l'ex de Ari l'a dénoncé, par pure vengeance. Moralité : méfiez-vous de vos ex et de vos cousins douaniers.

J'en suis là… Pas plus convaincu que ça (je vous l'accorde) qu'il faille poursuivre cette laborieuse lecture jusqu'au bout. En tout cas, pressé de publier car l'heure du gong signalant la fin du délai de publication de cette Masse-Critique-Rencontre-Ratée approche, j'arrête ma critique ici, je pose le stylo et je rends ma copie.

Peut-être provisoirement, sait-on jamais, je reviendrai à l'antenne si besoin pour vous signaler tous faits nouveaux susceptibles de modifier mon présent avis et survenant dans les 240 pages qu'il me reste encore à lire.

A condition, bien sûr, de trouver des trucs suffisamment croustillants et dignes d'intérêt. Je lis comme du scepticisme dans vos regards et j'entends d'ici vos ricanements sous cape. On peut, en effet, douter de la chose. Mais si ça tombe, avec un auteur pareil, disposant d'autant d'imagination et de ressources poétiques imprévisibles, je vais peut-être apprendre d'autres trucs dingues sur les douaniers et sur l'Islande, à la faveur d'un renversement de situation remettant en cause les certitudes jusqu'ici chèrement acquises, comme par exemple, tenez, peut-être que le temps, finalement, voyage moins vite que la lumière et que les poissons, finalement, ont des pieds. Je trouve d'ailleurs l'auteur bien affirmatif et bien sûr de lui dans le choix de son titre…
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Ce roman réunit les ingrédients qui permettent, selon moi, la découverte d'une nouvelle littérature étrangère, d'un nouvel écrivain, ce qui fut mon cas ici :
Un territoire méconnu omniprésent, l'Islande, magnifiquement décrit dans sa singulière rudesse et sa beauté sauvage ;
Des personnages ancrés dans leur pays natal, aux caractères affirmés, réunis par le récit de leur chronique familiale sur trois générations ;
Et enfin et surtout, un ton personnel d'une grande humanité à forte connotation poétique que la traduction ne semble pas avoir écrasé, pour mon plaisir de lectrice avide de belles associations de mots et d'idées. Un régal !

Evidemment, cette lecture est un peu exigeante, mais qu'importe. le lecteur est promené en permanence entre les époques et leurs problématiques respectives, au fil des mutations que subit l'Islande et plus particulièrement Keflavik, le port de pêche perdu où « s'oppose la raison, le vent et la lave. » Ce village que le personnage principal, Ari a fui il y a deux ans, abandonnant subitement femme et enfants à l'aube de la cinquantaine pour se réfugier au Danemark, plus près de la civilisation, et qui sait peut-être de lui-même. Car il est indéniable que le roman s'articule autour d'une période de crise existentielle, fil rouge du roman. C'est particulièrement bien rendu par le rythme du récit, enchevêtrant les bribes de vie des personnages de la génération d'Ari et celles de ses ancêtres. Très franchement, une fois immergée dans le récit, je n'ai pas vu le temps passer et j'attends le deuxième tome qui vient tout juste de paraître en Islande.

« La vie naît par les mots et la mort habite le silence. C'est pourquoi il nous faut continuer d'écrire, de conter, de marmonner des vers de poésie et des jurons, ainsi nous maintiendrons la faucheuse à distance, quelques instants. »
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Masse critique spéciale.
Remerciements à BABELIO et à l'Editeur GALLIMARD

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SAVOIR ECHANGER ET PARTAGER

Tout d'abord, je n'avais jamais lu cet auteur qui a reçu sur BABELIO, notamment, de nombreuses critiques élogieuses.
Aussi, j'ai été ravie de découvrir son livre qui, à mon humble avis, doit être lu au calme et de façon quasi continue ce qui n'a pas été mon cas (lecture dans le métro) afin de ne pas se perdre dans cette histoire de famille sur trois générations.
L'auteur est un poète et est agréable à lire mais beaucoup de digressions empêchent une parfaite compréhension de l'histoire ainsi que le suivi des personnages.
Une seconde lecture me serait-elle nécessaire ? Probablement.
Une suite est absolument souhaitable tant la fin m'a laissé sur ma « faim ».
En définitive, belle découverte.
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critiques presse (3)
Elle
05 août 2021
Une chronique familiale sur trois générations qui sent l’air marin, le souffle du vent, les terres sauvages et l’éternité.
Lire la critique sur le site : Elle
LaLibreBelgique
03 décembre 2015
Où Jón Kalman Stefánsson confirme qu’il est avant tout un poète hors pair.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
14 septembre 2015
Stefansson restitue somptueusement l'âpreté de l'Islande.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (328) Voir plus Ajouter une citation
Peut-être, déclare Ari alors que nous venons d'écouter Best of Bach, le premier disque de musique classique qu'il a acheté chez le disquaire Hljomalind, le propriétaire a autrefois été le chanteur de Hljomar, le groupe de Runni Jull et de Gunni Pordar, et il tient la boutique avec une femme qui semble tellement absente qu'on dirait qu'elle vit hors du monde toujours habillée comme si elle était en route vers un bal des années soixante. Tous les samedis matins, Ari et moi allons faire un tour à Hljomalind avec le salaire que nous avons perçu la veille, nous sommes impatients toute la semaine et le patron ne tarde pas à nous saluer comme de vieilles connaissances, cet homme qui faisait pleurer les filles dans les années soixante, quand il était sur scène, elles lui envoyaient leurs foulards, leurs déclarations d'amour sur papier, leurs numéros de téléphone, leurs soutiens-gorge et même leurs petites culottes, or cet homme nous sert comme si nous étions ses égaux, tellement heureux de voir des jeunes de Keflavik s'intéresser à la musique et pas à celle qui trône au top 50, laquelle n’est pour sa majeure partie qu'une soupe insipide et stupide, dit-il alors qu’il nous vend parmi d'autres choses le disque de Fleetwood Mac avec Oscar Peterson, un autre vieil album de blues du même groupe datant de l'époque où Peter Green jouait avec eux en faisant pleurer sa guitare, et enfin celui-là, intitulé Best of Bach, qu’il est allé pêcher dans une rangée serrée de pochettes blanches, best of Bach, Beethoven, Chopin, Grieg, Mozart, quelques fragments d'éternité enveloppés de blancheur, écoutez celui-là, nous a-t-il dit en nous tendant le disque avec un sourire étrange, comme s'il tenait dans la main l'aile repliée d’un ange. Nous avons également souri, sincèrement, sans pouvoir toutefois faire abstraction des histoires qu'Asmundur nous avait racontées sur Hljomar et les bals, cette époque où le groupe se produisait sur la péninsule de Sudurnes et où les petites culottes, les numéros de téléphone et les déclarations enflammées pleuvaient sur le chanteur qui, une dizaine d'années plus tard, nous tend l’aile repliée d'un ange et nous semble avoir au moins quarante ans. Il est gros et la graisse se concentre sur ce cou, ses épaules et ses hanches qui tremblotent quand il se déplace, lui donnant un air presque féminin. Où sont donc ces femmes qui lui lançaient leurs culottes, qu'est-il advenu de ces aveux brûlant, de ses numéros de téléphone ; les a t-il appelées, auraient-elles toujours envie de le voir aujourd'hui ? Le temps transforme tout, il échange des paroles ardentes de désir en simple liste pour les courses et les petites culottes en sacs d'aspirateur ; mais Ari et moi accueillons ce Best of Bach, nous accueillons cette aile d’ange repliée, rentrons à la maison, mettons le disque sur la platine en toute hâte, avant que son père et sa belle-mère ne rentrent du travail, nous mettons Bach sur la platine, l’aile de l’ange se déplie, s'ouvre au dessus de nos têtes et nous comprenons pourquoi l'ancien chanteur de Hljomar a souri d'un air si étrange. Nous écoutons et entrons dans le bleu du ciel, au plus profond de la couleur, nous entrevoyons une chose qui ne peut être que l'éternité, constatons à quel point elle est belle et comprenons que le monde et l'être humain sont capables d'une beauté et d’une harmonie beaucoup plus parfaite que nous ne l'imaginions. Bach nous donne surtout envie de pleurer.
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Étreinte est sans doute le mot le plus beau de toute notre langue. Ouvrir ses bras pour toucher une autre personne, tracer un cercle autour d'elle, s'unir à elle l'espace d'un instant afin de constituer un seul être au sein des Maelströms de la vie, sous un ciel ouvert d'où dieu est peut être absent.
Nous avons tous, à un moment de notre vie, et parois terriblement, besoin que quelqu'un nous prenne dans ses bras, besoin d'un étreinte à même de nous consoler, de libérer nos larmes ou de nous procurer un refuge quand quelque chose s'est brisé. Nous désirons qu'on nous étreigne simplement car nous sommes des hommes et parce que le cœur est un muscle fragile
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Nous veillons donc à régler le volume suffisamment fort pour qu'on entende la musique loin dans la nuit, qu'elle monte jusqu'au ciel ou atteigne ce lieu que nous rejoindrons tous à notre heure dernière, cet instant où les arbres cesseront de pousser, les morts d'être entendus, la pluie de tomber, le soleil de briller et où la terre n'aura plus d'odeur. Ce moment où tout prend fin d'une manière qui échappe à notre entendement, et que nous n'osons pas, mais devons sans doute constamment nous efforcer de comprendre, sans relâche ni hésitation, parce que si nous renonçons à atteindre ce qui est justement hors d'atteinte de la vie, alors nous trahissons, et cette trahison est si radicale qu'aucune force ni puissance ne saurait l'effacer.
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Question : Qu'est-ce qui voyage plus vite que la lumière ?
Réponse : Le temps lui-même.
Il nous traverse comme une flèche. Sa pointe acérée fend la chair, les organes et les os, c'est la vie, l'instant d'après, cette pointe ressort en empruntant le même chemin, c'est la mort.
Plus vite que la lumière. Il suffit qu'il pleuve pour que passent dix années. Un battement de paupières et vous vieillissez, la nuit de la mort surplombe les montagnes. Le temps va si vite, mais parfois si lentement que, presque, nous suffoquons. Nous sommes à la fois la tortue et le lièvre, arrivons à la fois premier et bon dernier, c'est à n'y rien comprendre. Alors nous disons simplement : Elle a ôté sa robe.
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La vie de l’être humain est au mieux constituée de notes isolées qui ne forment aucune mélodie, des sons engendrés par le hasard, mais pas une musique - est-ce donc la raison pour laquelle nous vous apostrophons en vous racontant l’histoire de ces générations et en balayant cette centaine d’années, telle anecdote, telle planète, telle comète, telle chanson de variété, tout un palmarès musical du bout du monde, est-ce pour cette raison que nous tenons à ce que vous sachiez qu’un jour, Margrét était nue sous sa robe américaine, que ses seins étaient petits, mais fermes, sur ses jambes longues, fines et robustes ont ensuite étreint les hanches d’Oddur, afin que vous sachiez et que, de préférence, vous n’oubliiez jamais que tout le monde a un jour été jeune, afin que compreniez que tous autant que nous sommes, un jour viendra où nous brûlerons, consumés de passion, de bonheur, de joie, de justice, de désir, parce que c’est ce feu-là qui illumine la nuit, qui maintient à distance les loups de l’oubli, afin que vous n’oubliiez pas qu’il faut vivre et ressentir, que vous ne soyez pas transformés en un cadre sur un mur, un fauteuil dans un salon, un meuble devant une télévision, un objet qui regarde l’écran de l’ordinateur, inerte, afin que vous ne deveniez pas celui qui ne remarque rien ou presque, que vous ne somnoliez pas au point d’être la marionnette du pouvoir ou d’intérêts partisans, que vous ne deveniez pas une quantité négligeable, anesthésiée, au mieux une petite goutte d’huile dans un mystérieux rouage. Brûlez, afin que le feu ne faiblisse pas, ni ne périsse, ne refroidisse, afin que le monde ne devienne pas un lieu froid : la face cachée de la lune.
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