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4,16

sur 545 notes
Pour ajouter une pierre à l'édifice des nombreuses critiques de "La Tristesse des anges" de Jón Kalman Stefánsson, j'évoquerais la formidable épopée nordique de ce roman, où le jeune héros, tel un nouveau Télémaque parcourant les fjords désolés de l'Islande, va de rencontres en rencontres, entre des vivants presque morts et des morts encore vivants. Stefánsson, d'une manière toute balzacienne, donne une dimension universelle au périple islandais par ses formules lapidaires et sa capacité à peindre, à travers de saisissants portraits, une originale comédie humaine.
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Les 100 premières pages de la tristesse des anges sont dans la continuité d'Entre ciel et terre. le style de Stefannsson, pure poésie pour les uns, emphase ridicule pour les autres, s'y déploie dans les menus événements qui se déroulent dans un petit village islandais au coeur de l'hiver. Tombe la neige sur des pages presque blanches. L'ennui guette. Et puis, c'est le départ, une traversée à pied, dans un blizzard constant, vers les inhospitalières contrées du nord, quelque chose comme la fin du monde, et de la vie des créatures qui ont l'outrecuidance de défier ces immensités sans visibilité. Ce voyage est entrepris par Jens, un postier fruste, et le "gamin", le même que celui du roman précédent de Stefansson, qui s'éveille au désir des femmes et se rassasie toujours de poèmes et de sagas. Cet attelage est étonnant et donne lieu à des prises de bec, des réconciliations, à un drôle de trouble aussi, causée par la promiscuité, en pleine tempête. Plus resserrée, moins ampoulée, l'écriture du romancier se fond avec la nature et l'instabilité des conditions météorologiques : puissante, douce, lyrique. Dans ce périple dantesque, nos deux héros croisent des familles de fermiers au bord de la famine et des revenants qui les guident vers le salut ou la mort, qui sait ? Les scènes finales sont haletantes, une course vertigineuse vers l'abîme. le livre, qui était imprégné par la lenteur, s'emballe soudain. Plus rien ne pourra l'arrêter. Les ultimes mots de Stefansson laissent planer un doute, un mystère qui augure peut-être d'une suite. En attendant, même ceux qui ont souffert à la lecture d'Entre ciel et terre peuvent tenter l'expérience de ce nouveau livre : ils auront du mal, certainement, mais seront récompensés, in fine.
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A la fin d'Entre ciel et terre, nous avions laissé le gamin éreinté aux mains de cette trinité profane des terres reculées de l'Islande : La mystérieuse et indépendante Geirprudur, la franche Helga et le capitaine aveugle, féru de livres et de café noir.
Nous le retrouvons quelques semaines plus tard, dans un printemps qui ressemble en tous points au terrible hiver. Toujours avec la présence vivace de la poésie à son côté, parmi ces compagnons d'infortune, ces sauveurs malgré eux, il continue à vivre chaque jour. Il est là.
Et puis, on lui attribue une mission : accompagner le facteur Jens pour livrer le courrier dans des territoires encore plus hostiles que l'on ne peut atteindre que par la mer ; le rassurer car cette étendue le terrifie. Les voilà donc partis pour un périple d'une implacable dureté, où seules la fatigue et quelques apparitions fantomatiques ponctuent la dangereuse uniformité de la neige, cette tristesse que les anges pleurent les longs mois d'hiver.

Passionnée par la langue et le propos de Stefansson dans son premier roman, lire le deuxième était une évidence. Et de fait, les premières pages m'ont hâppée immédiatement, j'ai retrouvé cet indicible plaisir, ce mélange de parfaitement ancré et de divin dans ses mots au plus près de la vie.
Et puis, les pages se sont tournées et ma joie s'est muée progressivement en attente, en interrogation jusqu'à devenir ennui. Dans le périple périlleux des deux personnages, rien ne se passe, tout est sensé être dans l'écriture - jusque là, rien pour me rebuter, après tout, je suis grande fan d'auteurs ayant eu le même objectif en d'autres temps et d'autres lieux. Mais cela tient dès lors que l'écriture est impeccable et ce n'est, à mon sens, pas le cas ici. Jon Kalman Stefansson s'est perdu dans des phrases à virgule bancales qui s'étirent parfois jusqu'à la confusion. Certaines pages sont indigestes et ennuyeuses, tandis que d'autres sont toujours aussi exceptionnelles. Malgré ces dernières qui m'ont fait poursuivre l'ouvrage aussi longtemps que possible, l'inégalité du style et l'absence de propos - ou plutôt sa redondance par rapport au premier roman - ont fini par avoir raison de mon assiduité de lecture. Quel dommage car quel merveilleux potentiel a cet auteur !
Quoiqu'il en soit, cette lecture a beau être en demi-teinte (punaise, quand est-ce-que je vais ravoir un coup de coeur littéraire, moi ?! Ca commence à me manquer!), j'attendrai avec plaisir son prochain roman!
Lien : http://lapetitemarchandedepr..
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C'est en lisant des livres très bien écrits que l'on prend conscience de la banalité de bien d'autres romans.

En commençant La Tristesse des Anges, j'ai tout d'abord été décontenancé. le style est magnifique mais l'histoire avance doucement. Pendant le premier tiers du livre on ne sait pas très bien qui est le héros et où l'auteur compte nous emmener. Pourtant je n'ai pu m'empêcher de continuer, hypnotisé par cette écriture sublime. A chaque page j'avais envie de noter une phrase, ce qui est inhabituel chez moi.

Le livre nous raconte la tournée de Jens, un facteur, dans un coin reculé de l'Islande à la fin du siècle dernier. Un notable du village lui demande de remplacer un facteur malade sur une tournée qu'il ne connaît pas très bien au nord de l'île. Par fierté et pour défier cet homme qu'il déteste, Jens accepte cette mission, alors même que les conditions météo lui sont très défavorables. Nous sommes au coeur de l'hiver dans ce pays du bout du monde et il lui faudra traverser la lande et les fjords alors qu'il a peur de l'eau. Une amie aubergiste le convainc d'emmener avec lui un "gamin" qui l'aidera à traverser la mer et à porter les lourds sacs postaux. Les deux hommes partent au coeur du blizzard.

Ils vont très vite s'apercevoir qu'ils sont très différents l'un de l'autre. le gamin, féru de lecture et de poésie, bavarde bien trop au goût de Jens le taciturne. Mais la tempête va finir par tisser des liens entre eux car aucun homme ne peut survivre seul dans cette nature inhospitalière.

L'auteur excelle à nous faire partager leur lutte contre la tempête, le froid et la neige. On tremble avec eux et l'on se rend compte qu'il faut une détermination d'acier pour survivre et continuer d'avancer.
La rencontre de l'autre est à chaque fois un miracle pour ces hommes qui vivent enfermés dans leur maison, ensevelie sous plusieurs mètres de neige pendant les mois d'hiver.
Il nous fait prendre conscience de la fragilité de l'homme et de la vie dans cet environnement hostile.
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La tristesse des anges - Jon Kalman Stefansson

Le gamin ne se remet pas de la mort de son ami Barour. Il part rendre un livre à celui qui lui avait prêté et dans cette démarche, il est recueilli par deux femmes ainsi que par le directeur d'une école féru de lettres et de poésie. Il prend peu à peu conscience de sa destinée. Dans l'intervalle, il rencontre Jens, le postier qui a besoin d'un homme qui a survécu à la mer pour mener à bien sa prochaine tournée dans les dangereux fjords du Nord.

Ce roman fait suite au premier livre de Jon Kalman Stefansson Entre ciel et terre. On y retrouve ce gamin qui va souffrir dans les neiges que les Indiens du nord du Canada appellent les larmes des anges.

A travers des pentes abruptes et vertigineuses ou le vent est un souffre-douleur, l'auteur continue de nous faire voyager dans cet amas de neige ou chaque homme et femme pense à la vie en côtoyant la mort. Une description d'un univers islandais toujours magnifique à lire.
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Début in medias res, arrivée de Jens le facteur, qui semble sorti de nulle part si ce n'est d'une étendue de neige infinie et compacte, chez Helga, Kolbeinn et Geirþrúður, qui accueille déjà le gamin depuis quelques semaines. Peu à peu reviennent les bribes de son histoire et les souvenirs de Bardur, mort en mer, dont je ne me souvenais que mal.
J'ai adoré les passages qui vont d'un narrateur interne à un autre sans prévenir, et les dialogues, tantôt théâtralisés avec des répliques clairement attribuées, tantôt échappant à toutes les règles. La fluidité néanmoins de ces échanges de paroles et de ces pensées, même au coeur de la tempête dont de longues phrases décrivent parfois le déchaînement. J'ai été impressionné par la grande variété de ces passages, de ces moments où pourtant, perdus dans la neige, entre deux abris de fortune, la mort, venue de la mer, des gouffres, des congères, des corps engourdis et de la fatigue, les guette systématiquement. le caractère trépidant de toutes ces descriptions de neige qui ne sont jamais les mêmes. Complète immersion dans cette lecture haletante.
L'attitude des personnages ! Les conversations, les silences, les chants, les souvenirs. La construction du récit en quatre parties inégales. L'attachement croissant pour les personnages et la curiosité pour l'étrange lien qu'ils tissent et pour leur passé mystérieux. L'immersion dans la culture et les légendes locales, sur la Rive de l'Hiver, à la fin du XIXème siècle. L'importance de certains détails : les livres dont on comprend la préciosité aux yeux du gamin par son attrait toujours présent pour la poésie, les odeurs, les sons, les effets du froid, les épaules de Ragnheiður. le mystère qui plane continuellement et les miracles qui se produisent dans les montagnes. Et partout, des phrases, longues ou lapidaires, qui mériteraient que l'on s'arrête pour les noter. La dimension de l'inscription et du sacré qui traverse de part en part ce roman. Une lecture que j'ai adoré dans tous ses aspects, et qui laisse un arrière goût très fort et plein d'images en tête.
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Ce deuxième ouvrage est une pépite qui traite d'un jolie façon du désir charnel, de cette étincelle humaine et de cette chaleur qui tranchent avec le paysage islandais hivernal, et impitoyable. On retrouve ici la véritable odyssée du gamin avec le géant Jens, un compagnon d'infortune sombre et renfermé diamétralement opposé avec le gamin, trop bavard au goût de Jens. Ce duo atypique marche, même si leur histoire connait de multiples hauts et bas, comme toutes relations humaines d'ailleurs. le point fort de cet ouvrage, c'est cette odyssée qui nous amène à la rencontre de diverses personnes dans l'Islande des terres, par un temps de tempête, où la mort guette celui qui s'aventure dans la neige à chaque pas. Chaque personnage, chaque famille dépeint à merveille les conditions de vie des islandais de la fin du 19ème siècle, et ce qui fait leur culture, leur force et leur courage. Si par moment cette odyssée et la narration de ce voyage qui n'en finit jamais peut lasser le lecteur, je vous assure que cela vaut le coup de s'accrocher, comme Jens à ses sacoches remplies de lettres chaleureuses, seules lumières pour les personnes isolées dans les villages durant cette mauvaise saison. Attention, pour parer à la fin abrupte et pleine de suspens de ce deuxième ouvrage, je vous recommande de vous munir du troisième pour l'attaquer aussitôt…
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A la fin de « Entre ciel et terre » le lecteur avait laissé le gamin au village où il se remettrait de son périple. Il est installé chez le capitaine aveugle et Helga.
Dans ce village où la vie est rude et les hommes encore plus, il est accepté diversement, il découvre la vie en société avec toutes ses facettes, lui le gamin maladroit. Au début il vit comme en sursis, comme s'il était le tombeau de son ami Baróur…
Sa contribution est d'aider Helga dans diverses tâches, mais aussi de lire pour le capitaine aveugle, là il redevient un albatros empêtré au sol.
Pourtant Helga veut lui ouvrir les portes de l'instruction et cela a un écho avec son histoire familiale.
Il prend conscience qu'il possède un trésor : les lettres de sa mère. En les relisant il s'aperçoit qu'elle a anticipé et s'adresse davantage à l'homme qu'il deviendra qu'au gamin qu'il est.
L'arrivée de Jens le facteur, congelé sur son cheval, sera un déclencheur vers un ailleurs.
En effet ce dernier devra reprendre la route et rattraper son retard, pour cela tous s'accordent à dire qu'il devra traverser en barque. Mais Jens n'a pas le pied marin et c'est le gamin qui va l'accompagner.
Drôle de tandem entre un homme d'âge mûr qui ne croit que ce qu'il voit et un jeune la tête emplie d'étoiles.
« Certains mots sont des balles de fusil, mais ils peuvent également être des cohortes de sauveteurs. Les mots sont plus grands que lui. »
Finalement, le lecteur se demande si ce n'est pas une chance de vivre à une époque, en un lieu, rudes certes mais où on apprend que chaque geste est essentiel. Où la cohésion du groupe est le moyen le plus sûr de survivre.
Presque tout le livre est fait de la traversée du pays dans le blizzard et de quelques rencontres qui racontent plus la misère que les lendemains qui chantent. le danger est là, à chaque pas, tout peut basculer. La tête de mule et l'albatros vont devoir s'apprivoiser, se respecter. le respect le gamin connaît, ses lectures lui ont apporté un regard qui le met à l'abri des jugements.
D'une écriture toujours renouvelée, toujours plus fine et poétique, le lecteur partage un destin et cet hymne à la littérature et aux mots, ces pierres oh combien précieuses.
Le gamin a un univers à l'intérieur de lui, son périple sera un envol.
Ce deuxième tome nous interroge, peut-on après avoir fait cette traversée, qui pousse à se surpasser, revenir à la vie d'avant ?
L'écriture est ample, la réflexion profonde et l'exaltation d'une vie palpite dans chaque phrase. le nombre de phrases que le lecteur voudrait retenir, il y a une véritable interaction du lecteur. Il suit les traces du gamin comme celles d'une aventure merveilleuse et à deux niveaux : le réel et l'imaginaire.
Une réussite.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 6 avril 2020.


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Il fait toujours aussi froid en Islande. On avait quitté le gamin d'"Entre ciel et terre" bien au chaud dans son foyer d'adoption, mais le voilà reparti pour une nouvelle épopée sous la neige avec la suite de l'histoire. Car après sa convalescence de l'âme et du corps, puis de premiers émois amoureux, le garçon est contraint de quitter Shakespeare et le coin du feu pour une longue et éprouvante expédition en binôme. Jens le postier est grand et fort, mais il a peur de l'eau, c'est pourquoi le gamin est chargé de l'accompagner et de le guider jusqu'à ce que le courrier soit distribué. Formant avec "Entre ciel et terre" un diptyque de la survie, "La tristesse des anges" convoque les mêmes thèmes : nature et culture à l'épreuve du froid dans la poursuite d'une quête initiatique.


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Dans la tristesse des anges, on va continuer de suivre le gamin. Mais s'il a pu rendre le recueil de poésie dans le premier tome, ici, il va devoir repartir en expédition, accompagné du postier Jens, d'abord pour livrer du courrier, mais assez vite on comprend que c'est d'un voyage initiatique qu'il s'agit. Voyage initiatique qui finira plutôt mal pour nos deux héros.

Ce second tome même s'il a les quelques défauts du premier, dans l'emphase de certaines images, les aphorismes un peu simplistes, commence pourtant à esquisser l'écriture de Stefansson. Dilatation du temps, déjà, où comment faire des va et vient, résumer une vie en quelques lignes puis décrire une courte scène sur plusieurs pages. L'érotisme, aussi, un érotisme singulier, poétique, mais aussi pudique.

Le récit a quelque chose de biblique dans ses répétitions, et même dans certaines formules « le vent les transperce constamment. Puis vient le soir ». On alterne entre aridité de la langue, et une extrême générosité, comme l'Islande en fait. D'ailleurs on note que cette expression Puis vient le soir, puis vient la nuit revient souvent dans ses autres romans, jusqu'à apparâitre dans le titre
Ces voyages qui peuvent paraitre absurdes par ce temps sont symboliques, et on le comprend à la fin, quand il est tiré vers le cercueil : ils symbolisent la poésie, la lutte vaine contre la mort, notre condition à tous, d'errer sur cette terre en sachant qu'on va mourir.

On peut voir en Jens, le postier sur qui se penche ce tome une figure homérique, celle d'Ulysse, qui ne rentre pas auprès de sa femme, qui traverse cet enfer glacé, accompagné d'une jument et du gamin. Je trouve que quand le livre se penche sur Salvör, sa femme, ou plutôt sa maîtresse, le livre devient captivant.

Je suis en train de préparer une vidéo sur Jon Kalman Stefansson " La naissance d'un poète", je vous partagerai le lien très prochainement. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=IKgRikgsnoU

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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