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4,16

sur 545 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je croyais avoir fait connaissance avec la rudesse sauvage et énigmatique de l'Islande, à travers les enquêtes d'Erlendur.

Je me trompais. Ce fut le choc .

Je suis entrée dans un avril de glace, avec Jens, le postier, littéralement collé à son cheval par le gel. Et j'ai découvert un univers hors du temps, au coeur d'une nature souvent hostile. J'ai avancé en sa compagnie jusqu'à la maison-réconfort d'Helga, une buvette-hôtel ou les voyageurs fourbus font une halte.

J'y ai découvert des personnages rendus mutiques par l'environnement , repliés sur eux-mêmes, sur leur cécité terrible quand on est passionné de livres, comme Kolbeinn.

Et puis le" gamin" s'est présenté à moi, en mal d'affection, éloigné qu'il est d'Andrea, sa mère, dont il attend les lettres avec impatience. Un gamin attachant, habité par les rêves, le désir qui s'éveille dans son corps adolescent, les espoirs juvéniles et les révoltes aussi.

Et surtout j'ai pénétré à pas feutrés, floconneux, dans l'univers de l'auteur, plus encore poète que romancier ( je n'ai pas suivi l'ordre de cette trilogie, c'est le premier que je lis) . Presque chaque phrase est un bijou. A travers la beauté envoûtante de ses descriptions, j'ai senti sur mon visage les épées de la neige, faussement enveloppante et veloutée, en fait mortuaire et coupante.

J'ai alors parcouru des kilomètres et des kilomètres vers les Fjords du Nord, pour une tournée à haut risque. J'ai trouvé le parcours un peu long mais je me suis accrochée, hypnotisée par le vertige des phrases, le vent et les tourbillons de neige.

L'arrivée a été terrible, angoissante, mais ô combien sublime dans sa désolation.
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Lors de la lecture d'« Entre ciel et terre », le premier volume de cette trilogie, j'ai éprouvé une telle quiétude, au coeur de la terre hostile d'Islande, habillée d'un manteau de neige et de glace une grande partie de l'année, que j'ai eu envie d'y retourner.
Dans le premier opus, nous quittions le gamin en quête d'une raison de vivre après la mort de son seul ami, Barbour.
« La tristesse des anges » nous plonge à nouveau dans un univers glacé.
On retrouve « le gamin », héros sans nom, échoué dans un hôtel sur la côte nord-ouest de l'île. Il continue à lire éperdument, amoureux des mots lorsqu'ils deviennent poèmes, comme son ami Barbour qui le paya de sa vie.

La relative sérénité que le gamin est parvenu tant bien que mal à atteindre va être rompue par l'arrivée de Jens, le postier.
A demi mort de froid, collé à son cheval par une couche de glace, le pauvre homme après avoir repris vie, doit poursuivre sa tournée, dont une partie se fait par voie maritime. C'est au gamin, marin aguerri que reviendra le privilège (ou le malheur) de l'accompagner.
Pour l'amateur de poésie qu'il est, le taciturne Jens n'est pas franchement le compagnon de route idéal.
Pendant de longues pages, La Tristesse des anges suit deux hommes qui marchent en tentant de résister à une nature déchaînée. Faire quelques mètres demande des heures. le vent transit, la neige aveugle, le froid assassine, mais ils doivent continuer coûte que coûte, résister à la fatigue, à l'envie de dormir qui pourrait être fatale.

Il ne se passe pas grand-chose dans ce livre, l'action est lente, la parole se fait rare, les confidences ne sont pas dans les habitudes des deux compagnons.
Elles n'en ont que plus de valeur, lorsque quelque chose de personnel échappe malgré tout à l'un d'eux.

Avec Jon Kalman Stefansson, le mot contemplatif prend tout son sens.
Que serait ce texte, pour nous français, sans le talent du traducteur que l'on a trop souvent tendance à oublier.
Ici, tout le mérite en revient à Eric Boury.


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Depuis le temps que j'attendais d'attaquer ce nouveau volume de Jon Kalman Stefansson, auteur de Entre Ciel et Terre, un véritable coup de coeur l'année dernière. Ce roman se terminait d'une façon où l'on n'attendait pas forcément une suite, il se suffisait à lui seul. J'ai donc été surprise quand La Tristesse des anges a été publiée et que je me suis aperçue que c'était la suite ! Et pour le coup, celui-ci se termine d'une manière qui ne laisse aucun doute : l'Islandais nous écrit une trilogie.

Sans le savoir à l'avance, je me suis plongée innocemment dans ce nouveau volume, un peu inquiète qu'il n'atteigne pas la puissance du premier. Dès la deuxième page, j'ai été rassurée : l'ambiance était là, le froid aussi, dont le printemps tardif n'arrive pas à débarrasser cette terre gelée qu'est l'Islande. Autant vous dire que j'ai eu froid à cette lecture. Dans le premier tome, c'était le froid de la mer et du blizzard, ici les personnages évoluent pratiquement tout le temps en plein coeur d'une tempête de neige.

La tristesse des anges, dans les légendes populaires, désigne la neige. Et ce symbole inonde le roman, accompagnant le travail de deuil du héros.

En effet, on retrouve le “gamin”, qui après la mort de son ami Barour, s'est réfugié dans un bar où il rend de menu services tout en s'instruisant. “La distance entre Barour et la vie augmente impitoyablement avec chaque journée qui s'écoule, chaque nuit, car le temps est parfois cet infâme salaud qui ne nous donne toute chose qu'afin de mieux venir nous la reprendre. “

La poésie et la littérature sont encore très présentes ici, à mon plus grand plaisir. “La lutte pour la vie fait mauvais ménage avec la rêverie, la poésie et la morue salée sont irréconciliables et nul ne saurait se nourrir de ses rêves.”

Et sa dangerosité est encore soulignée, comme si l'exemple de la mort de Barour, à cause d'un poème, ne suffisait pas comme leçon. “Il n'est pas toujours aisé de supporter la poésie, elle peut entraîner l'être humain dans des directions inattendues.”

J'ai aimé cet hommage à la littérature, j'ai aimé la manière dont l'auteur souligne sa force, y revenant sans cesse, comme dans cette citation magnifique : “Les mots semblent être la seule chose que le temps n'ait pas le pouvoir de piétiner. Il traverse la vie et la change en mort, il traverse les maisons et les réduit en poussière, même les montagnes, ces majestueux amas rocheux finissent pas céder face à lui. Pourtant, il semble que certains mots parviennent à affronter son pouvoir destructeur, la chose est très étrange, certes, ils s'usent un peu, leur surface se patine mais ils résistent et conservent en eux des vies englouties, ils conservent le battement des coeurs disparus, l'écho de la voix d'un enfant, ils sont les gardiens des antiques baisers.”

Dans ce roman du froid, roman des mots, la traversée que vont faire le gamin et le postier, est extraordinaire. Car le courrier doit bien être distribué, même dans les coins les plus reculés. L'occasion d'un voyage qui permettra au gamin de compléter son deuil, et de chercher le sens de sa vie – ce qu'il fait souvent quelques minutes avant de mourir de froid et d'être sauvé in extremis par son compagnon …

Pas trace d'humour ici, mais juste la puissance d'une grande littérature, de mots qui nous balaie et qui, parce que l'auteur vit dans ce pays, disent avec justesse ce qu'était le quotidien (j'imagine qu'il prend place au début du XXe siècle) de ces hommes de l'extrême, au coeur de l'hiver. Un pays de pêcheurs où ces derniers ne savent pas nager et meurent parfois ridiculement; un pays où l'hiver interdit les enterrements et force à vivre avec le cadavre de l'être aimé pendant des mois; un pays où les communications sont coupées durant des semaines et où les nouvelles ne parviennent pas ; un pays où l'alcool est parfois le seul moyen de surmonter ou d'oublier un instant le froid ; un pays qui semble hors du temps.

C'est ce qu'a su traduire Jon Kalman Stefansson en quelques 400 pages. Et c'est ce qui me fait désirer plus que jamais de lire rapidement le dernier volet, publié en 2011 en Islande.

*

“Je ne peux pas travailler aujourd'hui pour cause de tristesse.” On n'ose jamais écrire ce genre de chose, on ne décrit pas les décharges électriques qui se produisent entre deux personnes, au lieu de cela on parle des prix, on s'attache à l'apparence, et non au souffle du sang, on ne se lance pas en quête de la vérité, des vers de poésie qui surprennent, des rouges baisers.”

Parfois les mots sont vains …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Islande, XIXe siècle, après « Entre ciel et terre » dans lequel un gamin affrontait la mer et la perte cruelle de son mentor, Jon Kalman Stefansson invite son lecteur à le suivre dans les landes désolées du Nord de l'Islande, figées dans un hiver glacial. le gamin (le même) s'est réchauffé le corps et le coeur dans un foyer accueillant mais il va repartir pour épauler Jens le postier, qui ne peut affronter seul les fjords dangereux dans sa tournée du Nord.
Arc-boutés contre le vent qui souffle en tempête, la neige qui s'abat sans discontinuer, le froid glacial qui les étreint, le gamin et Jens font face aux éléments, déterminés à livrer le courrier au péril de leur vie.
Dans la même veine que « Entre ciel et terre », l'auteur poursuit sa quête sur le sens de la vie, la stérilité d'une existence exempte d'amour et offre au lecteur ébloui des pages sublimes et glacées, pleines de poésie et de questionnement philosophique. C'est très beau.
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Brrr.... c'est froid. Et triste. Mais la poésie emporte ces âmes perdues dans la tempête et c'est beau.
Le courage de ces hommes au coeur de la tempête pour apporter ces lettres dans cette nature rude et hivernale sort de l'ordinaire. Mais où vont ils puiser cette force pour affronter les éléments qui se déchainent contre eux ? Dans les mots qui malgré le froid arrivent à sortir de leur bouche ? Dans l'amour qu'ils ont effleuré quelque fois, des épaules, comme tissées dans le clair de lune, d'une fille pour l'un, dans les nuits dans le noir de la salle commune avec une femme meurtrière pour l'autre ? Ou tout simplement dans la vie qui leur est chevillée au corps ?
De la poésie polaire.
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C'est incroyable, le nombre de fois où au cours de ma lecture j'ai du m'arrêter, souffler, respirer, le style, le texte, ces mots à la fois, si justes, si touchants, si lourds parfois et si légers qui restent à virevolter autour de nous, ces angoisses qui nous serrent le coeur, ces rêves ou ces cauchemars qui nous envahissent.
Nous découvrons la neige, cette tristesse des anges.
Nous traversons le fjord vers la rive de l'hiver, nous sommes sur ce canot, nous tremblons avec eux.
Nous assistons impuissant à l'adieu à ceux qui vivent où personne ne pourrait survivre.
Nous luttons contre les éléments déchaînés, nous voudrions les aider à survivre en accomplissant l'exploit d'emmener un cadavre dans sa dernière demeure.
Nous grelottons, nos lèvres sont gercées, nos larmes gèlent sur nos joues.
Ce livre révèle l'amour d'un pays , l'amour de ce que les hommes peuvent accomplir ensemble, l'amour de la vie. Il nous montre le chemin à parcourir pour s'accepter et accepter de donner aux autres l'amour ou l'amitié.
Un beau voyage à poursuive avec le troisième volet de cette trilogie.
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C'est sur une tempête de neige que s'ouvre le roman de Stefansson. Au coeur de cette tempête, un homme, Jens le postier, lutte contre les éléments déchaînés afin de remplir sa mission. Il trouve refuge dans une auberge, accueilli par Helga et Geirprùdur, deux tenancières au caractère bien trempé. Mais à peine sa livraison accomplie qu'une nouvelle tâche attend Jens qui se voit contraint de quitter le village de pêcheurs dans lequel il vient d'arriver pour une contrée encore plus hostile, au fin fond de l'Islande. Accompagné cette fois du gamin (qui ne sera jamais nommé autrement au cours du roman), le voilà reparti à bord d'une embarcation vétuste en direction de la Rive d'hiver.
Commence alors un étonnant périple pour ses deux hommes, prêts à affronter une nature extrêmement hostile à leur présence. Que ce soit la mer déchaînée, les landes venteuses ou les montagnes enneigées, tous les éléments naturels se dressent contre eux en obstacles infranchissables et meurtriers. D'un côté il y a Jens, véritable colosse, force de la nature solitaire et laconique, et de l'autre, le gamin, gringalet orphelin, rêveur et sensible à la poésie, mais qui fera preuve de beaucoup de courage au cours de son périple.
« La tristesse des anges » est donc le récit d'un combat, un combat inégal et vain de l'homme contre la nature. Mais c'est également un portrait brut et brutal de l'Islande comme terre hostile à la vie et de sa population, renfrognée par le manque de soleil, rendue alcoolique par le froid mais endurcie par des conditions de vie particulièrement rudes. Les hommes y sont robustes, entêtés et s'acharnent à lutter envers et contre tout, et ce, malgré un désespoir absolu et une solitude permanente. On y découvre avec intérêt les habitudes de vie et les habitudes alimentaires des Islandais ainsi que l'importance du rôle de postier. En effet, Jens apparaît au fil du récit comme un collecteur d'informations, un homme qui relie la population au reste du monde pendant les interminables hivers. Mais on y découvre surtout un métier difficile et bien souvent mortel…
Il est frappant de constater à quel point la mort est courante dans le texte et de fait, à quel point elle est facilement acceptée par les personnages. On ressort de ce voyage anéanti, épuisé par tant de rudesse et par l'absence d'espoir qui le conclut, comme si parfois, l'homme devait juste se contenter d'accepter son impuissance et renoncer à lutter. le texte n'en reste pas moins beau, très poétique et s'avère, pour ma part, être une excellente découverte.

Un grand merci à Libfly/ Furet du Nord de m'avoir invitée à participer à leur opération de rentrée littéraire !
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Une vraie belle découverte que celle de cet auteur islandais !
La tristesse des anges, ce sont les flocons de neige qui tombent, sans discontinuer, dans ce paysage islandais.
C'est la fin de l'hiver, le printemps se fait attendre. Jens, le postier, fait sa tournée, accompagné du gamin. Les deux personnages subissent les assauts de cette nature inhospitalière où les hommes se sont installés. Leur longue route, dans la tempête, le froid, la neige est un prétexte à une réflexion sur la vie et la mort. Rien de mieux qu'un environnement extrême et hostile pour se poser les vraies questions sur le pourquoi et le comment de la vie.
Je m'attendais à trouver des longueurs mais cela n'a jamais été le cas et j'ai été vraiment séduite par l'écriture tout en douceur et pleine de poésie de Jòn Kalman Stefànsson.
Un livre à découvrir !
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La tristesse des anges... Quelle charmante métaphore pour décrire la neige qui tombe! Ce roman est le deuxième de la trilogie de Stefánsson, la suite du merveilleux Entre ciel et terre.

C'est avec joie que je me suis replongée dans l'univers unique et particulier de Stefánsson. Quel plaisir de retrouver le "gamin", son personnage principal, et de le suivre dans ses incessants questionnements sur l'amour, l'amitié, la vie et la mort. Sa candeur et son regard neuf sur la vie sont rafraîchissants. Même ses désillusions le sont. On a envie de le suivre dans cette quête universelle chez l'être humain: c'est quoi le bonheur.

On se retrouve donc en Islande, au début du siècle dernier, où le gamin doit partir en expédition pour aider Jens le postier à traverser les landes pour aller porter le courrier dans les contrées lointaines, et ce, souvent au péril de leur vie. Durant 400 pages, il fait tempête : il neige, il fait froid et les personnages luttent constamment pour leur survie. L'auteur arrive à maintenir une tension constante sur son lecteur qui traverse, malgré lui, l'adversité avec eux.

L'écriture de Stefánsson reste pour moi inclassable. C'est un savant et savoureux mélange d'amour pour les mots, de métaphores magnifiques, de réflexions sur la vie et la mort et de descriptions incroyables sur les paysages islandais. Toutefois, si c'était à refaire, je lirais cette trilogie au coeur de l'hiver, où se passe la majeure partie du récit, histoire d'être encore plus dans l'ambiance.
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Après Entre ciel et terre, j'ai retrouvé avec plaisir les tempêtes et le froid islandais avec le gamin de Jon Kalman Stefansson. Et la perspective de prolonger mon chemin de lecture dans le 3ème tome m'enchante. J'ai envie de savoir si Jens et le gamin ont réussi leur mission et les choix qu'ils vont faire s'ils rentrent chez eux.
J'aime beaucoup le style de ce roman qui alterne une forme de roman d'aventures dans le grand froid et des réflexions profondes sur la vie, la mort, l'amour, l'amitié et la condition humaine. La vie est rude dans ces contrées. Les personnes rencontrées par Jens et le gamin ont peu de biens matériels, peu de stock alimentaire, peu de soins, peu de contacts avec le reste du monde. le passage du postier est soumis aux aléas climatiques. Il est également question de l'importance de la lecture, du pouvoir des mots et de la poésie.
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