AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 1068 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pas une mince affaire ce livre de 600 pages, mais attention, écrites en tout petit ! et qui ne se lisent pas très vite …. Un vrai cauchemar même ces 300 premières pages, après plus de 2 semaines, j'ai jeté l'éponge, le bébé et l'eau du bain … Finalement, prise de remords, j'ai quand même gardé le bébé et l'ai mis bien au chaud pendant une dizaine de jours. Bah oui, j'avais d'autres lectures sur le feu moi, et je n'avais pas envie de payer des amendes de retard à la médiathèque... tout ça pour un obscur (enfin ténébreux) écrivain islandais. Bref, quand j'ai repris le bébé, il avait finalement bien grandi tout seul, et on a repris notre conversation là où on l'avait laissée…
Cette pause a été bénéfique car les 300 pages suivantes sont passées assez facilement, le recul m'a permis de me mieux cerner ce livre déroutant par sa structure narrative. Comme une voix-off, un narrateur retrace une saga familiale sur plus d'un siècle mais d'une façon complétement désordonnée ; on réalise des allers-retours incessants entre les époques, les personnages, et ce fameux narrateur est également une énigme en lui-même puisqu'il nous avoue dès le début avoir perdu la mémoire et ne plus savoir qui il est. L'auteur n'est pas là pour nous faciliter la tâche, vous voilà prévenus …
Si je m'étais arrêtée aux 300 premières pages et écrit mon ressenti à chaud, j'aurais été en colère avec l'impression très nette de m'être fait duper par l'auteur avec des histoires sans queue ni tête qui se superposent, avec des personnages qui portent de surcroît des noms à coucher dehors (en tout cas, je n'en donnerai pas à un seul au bébé) et à moins de prendre des notes, il est difficile au début de s'y retrouver (et je n'aime pas prendre des notes quand je lis).
Au niveau du style, je n'ai pas été vraiment séduite par les nombreux passages dans lesquels l'auteur malaxe une même idée dans tous les sens et nous la ressert sur plusieurs paragraphes (ça m'a donné l'impression qu'il prenait ses lecteurs pour des idiots), parfois sans même de faire l'effort d'une périphrase, en faisant juste un copier/coller ! (la périphrase semble fatiguer legrandécrivain). de même, l'utilisation du mot ténèbres à toutes les sauces dans les 300 premières pages m'a insupporté. C'est même devenu une sorte de jeu dans lequel je guettais la nouvelle occurrence du mot dès une nouvelle page tournée.
Si le début a été plus que douloureux, et a frisé l'abandon, la deuxième partie finit par prendre sens. L'histoire de Gudridur m'a aidée à tenir le coup, c'est celle dont j'ai le plus aimé l'atmosphère, les descriptions de l'époque et des relation hommes-femmes. J'aurais eu un vrai coup de coeur pour ce livre si la seule histoire contée avait été celle de Gudridur.
L'ouvrage a par ailleurs de nombreuses qualités ; Jón Kalman Stefánsson nous livre la vie très dure de fermiers islandais, perdus dans leur fjord sur un bout de lande, luttant sans cesse pour leur pauvre survie. Leurs amours, leurs conditions de vie sont magnifiquement décrites. La mise en abyme avec ce narrateur en surplomb qui écrit l'histoire s'avère finalement assez intéressante, alors qu'elle m'avait déroutée et agacée au début.
Un livre original, étrange, complexe, qui ne m'a pas complètement convaincue et aurait gagné en force à être plus simple. Sans être forcément chronologique, il aurait été plus lisible en se centrant sur quelques personnages. Des passages sont bouleversants, profonds, et je me suis régalée dans la pêche aux citations, mais la puissance du récit se dilue dans les redites, les digressions et les innombrables personnages secondaires sans grand intérêt surtout dans les 300 premières pages.
Je dirais qu'il faut prendre son temps pour apprécier cette lecture, la laisser infuser, la reprendre, et, là, peut-être, le charme opérera, vous transportera en terre islandaise avec l'envie de l'apprivoiser …
Commenter  J’apprécie          11830
Sur les recommandations d'amies chères et fiables, cette lecture, découverte de l'auteur a été une plongée dans un abîme de questionnement.

L'ambiance est d'emblée étrange, déstabilisante. Un narrateur amnésique, près d'un personnage énigmatique, dans une église islandaise. Puis l'histoire se met en place, à partir des épitaphes sur les tombes du petit cimetière. Se met en place, mais lentement, bizarrement, comme si l'on assistait à l'écriture en direct, l'écrivain se réveillant de temps à autre pour reprendre contact avec la réalité, la préparation d'une fête, ou pour se perdre plus encore en compagnie de son étrange interlocuteur. Les 608 pages permettront de s'y retrouver, dans cette saga familiale complexe, faite de pertes et de retrouvailles, de rendez-vous manqués et de passions délétères. Mais sur le chemin, au fil des pages, le voyage est souvent chaotique.

L'écriture elle-même a de quoi surprendre : beaucoup de redites, de phrases répétées, donnant au récit des allures de chants antiques. C'est très bavard. L'histoire de ces personnages tiendrait certainement sur la moitié du volume. Mais en serait sans doute plus insipide.

On ne peut pas passer à côté de la bande-son, omniprésente, comme en témoignent les nombreuses pages de référence en fin d'ouvrage. Les références littéraires sont aussi remarquables bien qu'un peu moins appuyées que la play-list.

Je retenterai surement l'expérience, pour l'ambiance islandaise, pour les pas de côté aux confins du fantastique (Stefánsson serai-il le Murakami islandais ? ), et pour les personnages (j'ai particulièrement aimé Gudridur, la transfuge de classe), mais c'est quand même un peu long.

Impossible pour moi de savoir si ce roman est fidèle au style habituel de l'auteur. Ou s'il représente une rupture par rapport aux précédents romans. Hâte de le découvrir en lisant les avis des aficionados qui me l'ont recommandé.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          794
Mon avis :

Alors que dire sur cette lecture... Je vais sans doute me perdre dans un labyrinthe des sentiments. Il aura des " j'ai aimé" et des " je n'ai pas aimé". Les histoires d'amours finissent-elles mal en général ?

Quand NetGalley a proposé cette lecture, j'ai foncé tête baissée, il me le fallait ! Oui oui, oh oui Jón Kalman Stefánsson c'est de la bonne came !

D'ailleurs, j'ai déjà lu trois de ces romans et j'ai adoré les trois. Bon oki, il y en a un que je n'ai pas chroniqué encore ici et d'ailleurs je n'en parlerais peut être pas car trop bon pour le déflorer. Il fait partie d'un coffret de 3 livres de poches dont deux titres me restent à lire.

Je me suis plongée dans cette lecture qui comme une histoire d'amour, ou l'histoire de la vie est passée par des hauts et des bas cette fois ci. Ce n'est pas ma première histoire d'amour avec cet auteur, ceci expliquant cela

Les hauts, c'est la philosophie de vie qui transpire dans ses lignes. J'ai noté tant de pages que si j'avais eu le livre en version papier il aurait ressemblé à un porc épic ! Beaucoup de phrases sont comme des citations puissantes sur la vie, l'amour, la mort.

Et Jón Kalman Stefánsson à même réussi à me faire pleurer et rire tout à la fois et c'est sacrément bien.

Des histoires d'amour il y en a plein dans ce livre. Elles constituent ce lien dans la vie des divers personnages de ces familles au cours des siècles.

Il y a aussi les paysages de cet univers des fjords et cette campagne reculée, si belle, que les habitants s'en servent d'exutoire, de refuge, ou de lieu de perdition.

Il y a aussi tout un côté où l'auteur pose une réflexion sur la création littéraire. En effet, l'homme que l'on trouve au début ressemble sacrément à un écrivain (Jon lui même ?) et il se trouve comme le créateur de toutes ces histoires, toutes ses vies.

Il a le pouvoir de les faire avancer comme bon lui semble. Enfin, pas tout a fait non plus, car la mort, cette grande faucheuse est là toujours tapie dans les ténèbres de silence.

Les morts et les vivants tissant une grande toile sur terre et au-delà.

L'auteur parle aussi pas directement de la place de la religion dans la vie.

Comme toujours chez l'auteur, on fait fi des chronologies et on progresse dans l'histoire, dans les histoires à travers les âges.

Alors, que dire sur ce que je n'ai pas aimé.

C'est quand l'auteur se répète, se répète, se répète… Il n'est pas rare de voir sur la même page plusieurs fois les mêmes phrases. Encore une fois, sans doute, c'est une manière pour lui de parler de la création littéraire. de celle qui nécessite de déposer tant de fois son ouvrage sur la table, mais en tant que lectrice ça m'a agacé, ça n'avançait pas…

Et puis la dernière partie m'a presque énervée, tant on se perdait en conjectures, tant on laissait de côté certains personnages que j'avais adorés pour creuser un peu sur d'autres mais sans non plus trop en dire. On n'avait pas tous les tenants et aboutissants et les multiples personnages étaient parfois laisser pour compte par l'auteur. Soupir.

Ah oui j'oubliais de vous dire ! Je finirais ma chronique par cette note musicale et positive. Dans ce livre la musique est en haute place et accompagne les personnages dans leur vie.

Je vous ai concocté une liste musicale avec la liste donnée par l'auteur en fin de livre .

Merci à lui car c'est une très belle liste ♥ avec des découvertes pour moi (surtout sur des chanteurs islandais et aussi un peu de rap) et des chansons et des interprètes que j'aime beaucoup (Bowie, Dylan, Nina Simone, Springsteen et j'en passe ).

Bonne lecture à vous chers amis d'ici ! Je vous invite à découvrir cet auteur que j'aime et qui m'attend encore au détour de ses lignes.

Merci à Netgalley et aux éditions Grasset pour ce partenariat !
Commenter  J’apprécie          4511
Un souffle romanesque puissant traverse le nouveau roman de Jon Kalman Stefansson.
Dans ce nouvel opus, construit comme un puzzle, Jon Kalman Stefansson dépeint l'histoire d'une famille islandaise sur plusieurs générations, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. Avec une langue envoûtante, presque lancinante le narrateur, amnésique est en quête de son identité au gré des sursauts de sa mémoire et de son subconscient.
L'Islande est évidemment au coeur du récit : la rudesse de son climat, la pauvreté et l'isolement de ses habitants, la beauté fulgurante de ses paysages aussi, ce qui confère au roman une ambiance unique.
Même si ce roman n'est pas toujours facile à suivre, il s'en dégage une poésie et une atmosphère propre à l'auteur.
Merci à NetGalley et aux Editions Grasset.
Commenter  J’apprécie          392
De deux choses l'une : soit Jón Kalman Stefánsson est un génie, soit c'est un fou.
Qui d'autre pour produire une oeuvre pareille ? Qui pour imaginer cette histoire démente, à la fois prodigieuse et assommante, lyrique et confuse, impeccablement maîtrisée et terriblement chaotique ?

Comme à son habitude, le romancier-poète islandais nous offre un roman foisonnant, aussi original qu'exigeant, prenant pour cadre cette île enchanteresse qu'il décrit comme personne.
Dans un nouveau fjord grandiose, il imagine cette fois un curieux dialogue entre un narrateur amnésique - dont on ne saura rien - et Dieu le père en personne (à moins qu'il ne s'agisse du diable ?), vêtu d'un short hawaïen et occupé à faire des crêpes. Allez comprendre...
Que nous racontent-ils ? L'histoire de Runa et de Soley, celle du pasteur Pétur et de sa femme aux mains de lumière, de la belle Guðríður et de sa passion pour les lombrics, des deux frères Pall et Halldor, d'Eirikur, de sa guitare et de ses chiens morts, d'Emile Zola et d'un poète allemand disparu. Et de tant d'autres choses encore...
Bien malin qui parviendra à démêler l'écheveau et à garder les idées claires face à ce texte kaléidoscopique qui n'en finit plus de se déployer, entrelaçant les époques, les intrigues et les personnages.

Au fil des pages se dessine un arbre généalogique touffu, reliant Guðríður à Eirikur. Un arbre que notre narrateur sans mémoire (et néanmoins doué d'un étrange don d'ubiquité spatio-temporelle, puisqu'il assiste simultanément à des scènes en des lieux et des temps différents) s'amuse à parcourir en tous sens à coup d'ellipses, de brusques retours en arrière et d'étonnantes circonvolutions narratives.
Tout ça est pour le moins déstabilisant, et je dois reconnaître que ma lecture fut par moment un peu laborieuse (en partie à cause de l'abondance de noms propres islandais) ... jusqu'à ce que j'accepte enfin d'abandonner la lutte et de me laisser emporter par l'écriture envoûtante et hypnotique de Jón Kalman Stefánsson.
Après tout, n'est-il pas vrai que "ce qui échappe à notre entendement rend le monde plus vaste" ?

Et quel plaisir alors que de voir évoluer, de génération en génération, ces personnages aux parcours singuliers, de partager leurs secrets et leurs doutes, de les accompagner dans leurs joies et leurs drames, pour finalement se laisser prendre avec eux dans un tourbillon géant, ce mouvement perpétuel qui "permet à la vie de ne pas se figer" !

Tout le monde n'y trouvera pas son compte.
Certains, c'est sûr, déploreront quelques longueurs et de nombreuses répétitions. Ils se perdront dans cette construction labyrinthique, mais même ceux-là finiront par l'admettre : "ton absence n'est que ténèbres" est un grand roman qui en contient mille, enchâssés les uns dans les autres.
Les autres apprécieront en prime le style si particulier de Stefánsson, son imagination sans limite et la multiplicité des réflexions qu'il nous propose sur la vie, la mort, le destin, le poids de l'hérédité et celui des souvenirs, l'influence capitale des poètes sur la marche du monde ("seuls les poèmes permettent de cerner ce qui constitue l'essence humaine").

Six cent pages durant, par la force d'un formidable effet papillon, les événements se télescopent, les strates de temps se superposent, au point de laisser le lecteur un peu sonné au terme de l'aventure.
En défiant toute logique et en s'affranchissant pleinement des contraintes chronologiques traditionnelles, Stefánsson livre une fois encore un texte surprenant, fantaisiste, unique en son genre, et dévoile en finesse la poésie cachée dans l'envers du monde.
N'est-ce pas à ça (entre autres choses) que se reconnaissent les grands écrivains ?
Commenter  J’apprécie          3414
Un homme amnésique à la recherche de son identité…et de son passé, rencontre une femme qui le connait mais dont il ignore tout. Et il va l'inciter à parler. D'histoire en histoire se dessine le destin d'une famille et de leurs proches, le visage de ces ancêtres dont ils portent les gênes et sont les fruits de leurs choix. Car tous ont été confrontés à l'amour, aux lois cruelles de son implacable diktat, déchirés entre le désir de rester et celui de partir ; habités parfois par l'envie d'un ailleurs loin de leur île isolée, où les journées d'été se font rares, les hivers terribles ; entrainés dans des rêves lointains guidés par la contemplation des étoiles et de la mer, la poésie mais aussi par l'oubli que procure l'alcool…Peuple de paysans et de poètes, menacés par Bacchus et la mélancolie, mais toujours nostalgiques de leurs fjords lorsque parfois ils partent au loin. Comme l'aïeule Gudridur exilée aux Etats Unis suite à un amour impossible ou son arrière-arrière-petit-fils, Eirikur qui fuit à Marseille cette malédiction familiale et le secret de sa naissance.

Malédiction ou bien tragédie de la destinée humaine, Jón Kalman Stefánsson, à travers l'histoire de plusieurs générations, en saisit à la fois la continuité et l'évolution, les contradictions et les choix difficiles, évoquant la condition féminine, l'homosexualité, l'alcoolisme, mais aussi la force de l'amour, dans une prose toujours aussi poétique. Un peu difficile à suivre parfois car le texte est écrit en spirale, l'écrivain, l'homme sans mémoire, se mettant au service de la mémoire des autres pour nous conter la vie de ces morts et de ces vivants unis par ce lien mystérieux de l'hérédité, tous façonnés par la même terre et les mêmes horizons. Ils préparent une grande fête en l'honneur de la vie, de l'amour, de la mort, pour laquelle ils ont réuni une compilation de la Camarde, ensemble des musiques marquantes de ces destins mêlés.
Encore un très beau livre, malgré quelques longueurs, un hommage à l'existence humaine et à la terre qui la porte, quelque soient les chemins dans lesquels elle se perd et malgré la mélancolie qui l'assaille parfois.
Commenter  J’apprécie          310
Je viens de refermer le dernier Stefànsson. « Ton absence n'est que ténèbres. »

Ce livre est un OLNI (Objet Livresque Non Identifié). 680 pages quand même.

Il faut parfois s'accrocher car tout n'est pas simple dans ce roman. La remontée du temps, les liens familiaux peuvent être déconcertants. le style est aussi particulier avec des répétitions, des moments de philosophie sur la vie, la mort, l'amour. Des moments très poétiques comme toujours avec cet auteur. Mais ces noms islandais… ils ne sont pas toujours simples à retenir.

Ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains, ni qui plaira à tous… Mais ce sera un délice pour certains.

Pour finir, un abécédaire incomplet…

A comme Abandon, il y en a beaucoup dans ce roman.

B comme Beauté des mots, des descriptions.

C comme Chansons, plusieurs sont citées.

D comme Diable… Est-ce lui ou un autre…

E comme Ecriture : rédemption, remède contre l'oubli

F comme Fjord

G comme Gudridur, malheureusement mon clavier n'a pas les lettres islandaises.

H comme Honte, Homosexualité.

I comme Immigration

J comme Jument

K comme

L comme Lombric… Qui eut cru que de tels insectes puissent jouer un tel rôle.

M comme Mort

N comme Neige

O comme Oxyure

P comme Poétique

Q comme Quatrains

R comme Retours, il y en a plusieurs

S comme Suicide, ultime abandon

T comme Trahison

U comme Uppsalir

V comme Voyage

W comme

X comme

Y comme

Z comme


Commenter  J’apprécie          281
Je découvre cet auteur, et pour être honnête, j'ai bien failli abandonner : je ne voyais pas où ce roman me menait, mais certaines critiques m'ont encouragée à persister (j'ai suivi le conseil d'attendre 300 pages avant de statuer) et je n'ai pas regretté ma lecture.
C'est un récit très étrange, originalement imaginé. Au fil de la lecture, le récit d'une fresque familiale islandaise se construit sur plusieurs générations : pas de chronologie, les époques, les lieux et les intrigues s'entremêlent pour mieux vous perdre tout en tissant une belle toile qui ne se révèle qu'à la fin. Régulièrement, revient comme un refrain, cet étrange dialogue quasi philosophique entre le narrateur amnésique et l'inconnu nommé « pasteur-chauffeur » qui le guide dans ses réflexions.
A la fois dérangée et attirée par ce roman, nouveau et surprenant pour moi, j'en garde une impression mitigée mais j'y ai apprécié de belles phrases et quelques histoires de vie qui m'ont touchée : celle d'Eirikur qui n'arrive pas à communiquer avec son père Halldor par exemple ou celle d'Hafrun et Skuli dont la complicité m'a beaucoup plu -en particulier à l'heure de la mort-.
Les longues phrases répétées comme des refrains créent l'effet magnétique de la musique qui constitue un vrai centre d'intérêt dans le roman. J'ai aussi apprécié la qualité du texte, de la traduction je pense, qui à mon avis participe au mystère que représente l'Islande pour moi…
Commenter  J’apprécie          163
Tout commence avec un homme sans mémoire qui reprend conscience. Qui est-il ? Que fait-il dans ce fjord perdu dans l'Ouest islandais ? En quête de son identité et de son histoire, il écoute les personnes qu'il rencontre et qui semblent le connaître. Leurs récits parlent d'amours puissantes, souvent malheureuses, et de morts inexorables, et de tous ces détails qui peuvent changer une existence :
Un article scientifique sur les lombrics ; Un regard profondément bleu ; Un voyage en autocar avec deux livres ; Des sourires envoûtants ; Une jument douce ; L'arrestation d'Émile Zola ; Un départ au Canada ; Des chansons et des poèmes.

À mesure que le roman progresse, c'est nous, lecteurs, qui comprenons qui est ce protagoniste perdu, cette page blanche qui noircit des feuillets pour se reconstituer. « La question de votre identité est tout à fait superflue. Ce qu'il est advenu de votre ancienne vie, de vos amours et de vos trahisons n'a ici aucune importance. Ce qui compte, c'est de continuer les histoires que vous avez commencées. Je suppose que vous avez compris que vous ralentissez la cause du temps lorsque vous écrivez. » (p. 209) Au fil des destins d'encre qui se déploient, l'auteur rappelle la force de la création par l'écriture et nous entraîne dans son univers en posant un mot sur tout. « Toute chose doit pouvoir être nommée, faute de quoi on ne peut la décrire, la cerner. Je ne saurais t'embrasser tant que tu ne m'as pas dit ton nom. » (p. 77)

Les personnages et les histoires sont multiples, se rencontrent par moment. C'est lent, c'est souvent étrangement poétique. La ligne chronologique a finalement peu d'importance. Ce qui compte, c'est d'être présent au moment où les événements adviennent afin de les vivre pleinement. « Une chanson qui raconte comment votre vie peut se transformer en une vallée de regret et de mélancolie si vous ne saisissez pas l'occasion quand elle se présente. » (p. 39) Comme un long conte déployé au cours d'innombrables veillées, le récit ne se gêne pas pour se répéter, pour revenir encore et encore sur certains points. le tout est immensément beau.

Du même auteur, j'avais beaucoup moins apprécié Entre ciel et terre.
Commenter  J’apprécie          150
Dans les Fjords de l'Ouest, un homme s'éveille dans une petite église au milieu de la campagne islandaise, totalement amnésique. Mais si sa mémoire lui fait défaut, toutes les personnes qu'ils croisent sur son chemin semblent bien le connaître. C'est lors de ces rencontres successives que la parole se libère, que les histoires éclosent et que le lecteur se retrouve embarqué dans une saga familiale des plus singulières.

Comme dans ses précédents romans, Jón Kalman Stefánsson façonne une intrigue foisonnante et décousue. Si les premières pages ont été déroutantes notamment à cause de l'abondance des personnages et des prénoms islandais, j'ai peu à peu accepté de lâcher prise, transportée par la magnifique plume du romancier islandais qui n'a pas son pareil pour vous conter de fascinantes histoires.

En plein coeur des superbes paysages âpres de l'Islande, on se retrouve embarqué dans ce récit aux multiples tiroirs, naviguant dans le temps avec pour point de départ un article sur les lombrics écrit par une femme des décennies plus tôt.

De là, l'auteur égrène ses personnages et les liens se tissent au fil des pages,  accompagnés d'une délicieuse bande-son musicale. L'amour, la mémoire ou encore l'absence et la trahison font partie des sujets évoqués ici. Des existences ordinaires, meurtries par les aléas de la vie. 

C'est un roman exigeant et bouleversant, dense et envoûtant, qu'il faut prendre le temps de savourer car la prose poétique de Jón Kalman Stefánsson est une fois de plus sublime. 

Un voyage en Islande intense et un texte de toute beauté.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (3512) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5255 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}