AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sharon


Mon avis :

Ce roman est un livre rare, parce qu'il nous parle d'un sujet rarement traité en littérature, celui d'une amitié de quarante ans. Nous commençons par la fin: nous savons qu'une des protagonistes de cette amitié est en train de s'éteindre. Fidèles jusqu'au bout, l'autre couple est venu l'accompagner, parce que pour eux, c'était le seul comportement possible.
Alors le narrateur, Larry, nous fait revivre le début de leur amitié. Lui et sa jeune épouse Sally ne roulaient pas sur l'or, il venait de décrocher son premier poste universitaire, elle attendait leur premier enfant, et ils ont rencontré Sid et Charity. Lui enseigne depuis quelques années déjà, elle est plutôt extravertie, surtout, elle adore prendre les choses en main, et le fera pour le jeune couple. Ce qui m'a frappé dans la première partie du roman est à quel point la vie pouvait être difficile dans cette Amérique des années trente, cette Amérique qui se relevait péniblement de la crise de 1929. Il suffit de lire les pages consacrés à l'accouchement de Sally, et aux soins qu'elle et sa fille devront subir, ou encore l'aide que devront leur apporter Sid et Charity quelques temps après. le narrateur ne garde pas que les moments heureux dans son récit, mais il montre comment les épreuves ont pu être surmontées, comment être soutenus est important et l'amitié, la vraie, n'est pas à sens unique et qu'après les épreuves peuvent survenir de vraies périodes d'apaisement, comme leur séjour en Italie.
Charity/Sally, ou le contraste entre deux amies, devenues amies peut-être parce qu'elles étaient très différentes. Sally représente la sérénité, en dépit des épreuves traversées. Elle vit avec, pas de place pour les lamentations ou les regrets. Charity planifie tout de manière obsessionnelle, y compris la carrière de son mari, qui n'a jamais pu devenir le poète qu'il aurait rêvé d'être. Cela donne lieu à des dialogues savoureux avec Charity :

– Enfin, Sid, le monde a besoin de gens qui fassent des choses, pas de gens qui fuient la réalité.
– Je ne suis pas d'accord. La poésie n'est pas une fuite. Mais qu'est-ce que vous me suggereriez à la place.
– D'enseigner.
– D'enseigner quoi ?
– Ce que vous étudiez. Ce que vous connaissez.
– La poésie.

Larry, lui, écrit, est devenu un écrivain reconnu, et s'interroge aussi sur l'écriture, pas en temps qu'universitaire (le milieu universitaire américain des années 30 semble parfois bien puéril), mais en temps qu'auteur qui se demande si ce qu'il écrit peut convenir ou plaire aux lecteurs. Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ce livre qui nous racontent des existences paisibles, sans drame passionnel ou tragique violence.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}