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Citations sur Au Dieu inconnu (9)

Il jeta par-dessus son épaule un coup d'œil à la lune d'une blancheur osseuse qui voguait et se balançait dans les rafales de poussière.
"Dans peu de temps, grommela-t-il, elle descendra ici et dévorera l'univers."
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Joseph méditait lentement sur ce sujet : "La vie ne peut pas être coupée d'un seul coup. Une personne n'est morte que lorsque les choses qu'elle a modifiées sont mortes à leur tour. L'unique preuve de la vie est dans ses répercussions. Tant qu'il demeure d'elle ne fût-ce qu'un souvenir plaintif, une personne ne peut être retranchée de la vie, ne peut être morte." Et il pensa : "C'est un long et lent processus pour un être humain que de mourir. Nous tuons une vache et dès que sa chair est mangée, elle n'existe plus, mais la vie d'un homme s'éteint comme un remous à la surface calme d'un étang, par petites vagues qui s'étendent et meurent dans la quiétude"
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Ma mère disait que la terre est notre mère, que tout ce qui vit tire son origine de la mère et retourne à la mère.
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Il entra dans sa maison obscure, alluma les lampes et fit du feu dans le poêle. La pendule, remontée par Élisabeth, faisait entendre son tic-tac, emmagasinant dans son ressort la pression de sa main et les chaussettes de laine qu'elle avait mise à sécher sur la grille d'entourage étaient encore humides. C'étaient des parcelles de vie d'Élisabeth qui subsistaient encore. Joseph méditait lentement sur ce sujet: "La vie ne peut pas être coupée d'un seul coup. Une personne n'est morte que lorsque les choses qu'elle a modifiées sont mortes à leur tour. L'unique preuve de la vie est dans ses répercussions. Tant qu'il demeure d'elle ne ce fût-ce qu'un souvenir plaintif, une personne ne peut être retranchée de la vie, ne peut être morte." Et il pensa: "C'est un long et lent processus pour un être humain que de mourir. Nous tuons une vache et dès que sa chair est mangée, elle n'existe plus, mais la vie d'un homme s'éteint comme un remous à la surface calme d'un étang, par de petites vagues qui s'étendent et qui meurent dans la quiétude."
Il se renversa sur sa chaise et baissa la lampe jusqu'à ce qu'elle ne donne plus qu'une petite flamme bleue. Il resta assis, détendu, essayant de rassembler ses pensées, mais elles s'étaient dispersées sur mille objets différents et sa faculté de concentration l'avait quitté. Il pensa en sons, en courants de mouvement, en couleur, en rythme lent et laborieux. Il regarda son corps affalé, la courbe de ses bras et ses mains sur ses genoux.
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« Il surveillait sa terre et il lui semblait qu’elle était en train de mourir. » (p. 213)
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La stérilité était un péché sans rémission, -péché intolérable, impardonnable. Avec cette doctrine nouvelle, les yeux bleus de Joseph devenaient farouches. Il supprimait sans pitié les bêtes stériles, mais quand une chienne se traînait, le ventre gonflé par sa portée, quand une vache était pleine, ces animaux étaient sacrés pour lui. Joseph ne raisonnait pas ces choses : il les tenait de sa poitrine et des muscles cordés de ses jambes. C'était l'héritage d'une race qui depuis de nombreux millésimes s'était nourrie au sein de la glèbe et avait aimé la terre.
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« Quand il se remit en selle, il avait la certitude que l’amour de la terre était ancré en lui à jamais. » (p. 18)
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Le taillis du bois était mort à présent, mais les troncs droits montaient encore la garde auprès du roc. La sécheresse s'était infiltrée d'abord à la surface du sol et avait tué toutes les plantes grimpantes et tous les arbustes, mais les racines profondes des arbres plongeaient jusqu'à l'assise du rocher où elles trouvaient encore un peu d'eau et les aiguilles gardaient leur couleur vert foncé. Dès qu'il eut pénétré dans la clairière, Joseph alla toucher le rocher, pour s'assurer qu'il était encore humide et regarda attentivement le petit ruisseau. Cette fois il planta des repères de chaque côté, au bord de l'eau, pour déterminer à quelle vitesse le débit diminuait.
En décembre, le gel s'abattit sur la montagne. Le ciel était rouge au lever et au coucher du soleil et le vent du nord s'engouffrait dans les vallées, soulevant la poussière et déchiquetant les feuilles mortes. Joseph descendit à la ferme et remonta une tente, pour dormir. Pendant qu'il se trouvait entre les maisons calmes il mit en marche le moulin à vent, l'écouta un moment aspirer l'air dans ses canalisations et actionna la manivelle qui arrêtait les pales. Il gravit la colline sans se retourner pour regarder le ranch. Il fit un large détour afin d'éviter les tombes au flanc du coteau.
Cet après-midi là, il vit le brouillard s'élever au-dessus de la chaine occidentale. Il pensa: "Je pourrais retourner voir le vieillard. Il sait peut-être d'autres choses qu'il pourrait me dire." Mais sa pensée n'était qu'un jeu. Il savait qu'il ne pouvait pas abandonner le rocher, de peur de voir la mousse se faner. Il revint à la clairière silencieuse et monta sa tente. Il prit le seau et alla pour jeter de l'eau sur le rocher. Il s'était produit quelque chose. Le ruisseau avait rétréci de quatre bons centimètres par rapport aux points de repère. Quelque part sous la terre, la sécheresse attaquait la source. joseph remplit son seau dans la mare, jeta de l'eau sur le rocher et vint l'emplir à nouveau. La mare fût bientôt vide _ il lui fallut attendre une demi-heure, avant que l'anémique filet d'eau ait fait monter l'eau jusqu'aux bords. Pour la première fois, la terreur le saisit. Il se glissa à plat ventre dans l'excavation et regarda la fissure par où l'eau s'infiltrait lentement: il en ressortit à reculons, couvert d'humidité. Il s'assit près du ruisseau et le regarda s'écouler dans la mare. Il eut, en l'observant, l'impression de la voir décroitre. Le vent agitait impatiemment les branches des sapins.
Elle vaincra, dit Joseph tout haut. La sécheresse finira par nous atteindre. » (p280-281
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Elle caressait doucement le genou d'Élisabeth en parlant, accordant le geste au rythme de ses paroles et ses yeux brillaient avec une intensité telle qu'ils lançaient des lueurs rouges.
- Je connais les hommes, poursuivit-elle. Je connais si bien Thomas que je sens sa pensée à l'instant même où elle naît. Et je connais ses impulsions avant seulement qu'elles soient assez fortes pour mettre ses membres en mouvement. Je connais Burton jusqu'au fond de son âme étriquée. Et Benjy... je connaissais la douceur et l'indolence de Benjy. Je savais combien il était malheureux d'être Benjy et je savais qu'il ne pouvait rien contre.
Elle sourit à ses souvenirs. [...]
- Je les connaissais tous, dit-elle d'une voix qui s'enrouait. Mon instinct ne m'a jamais trompée. Mais Joseph, je ne le connais pas. Pas plus que je n'ai connu son père.
Élisabeth approuvait de la tête, prise par le rythme.
Rama poursuivit:
- Je ne sais pas s'il y a des hommes qui naissent en dehors de l'humanité ou s'il y a des hommes à tel point humains que près d'eux les autres paraissent irréels. Peut-être un demi-dieu vit-il sur la terre de temps à autre. Joseph a une force dont on n'imagine pas qu'elle puisse être ébranlée. Il a le calme des montagnes et son émotion est aussi sauvage, aussi farouche, aussi pénétrante que l'éclair et tout aussi dénuée de fondement, à mes yeux. Quand il ne sera pas là, essayez de penser à lui et vous verrez ce que je veux dire. Sa silhouette prendra des proportions énormes, jusqu'à atteindre le sommet des montagnes et sa force aura la violence irrésistible du vent. Benjy est mort. Vous ne pouvez pas imaginer la mort de Joseph. Il est éternel. Son père est mort et sa mort n'en était pas une.» (p121-122)
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