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Etonnante découverte que ce roman méconnu de Steinbeck, que l'on découvre ici sous un nouveau jour !
A travers l'histoire de la famille Wayne, guidée par l'aîné des frères Joseph, homme puissant vouant un véritable culte à la terre, « Au dieu inconnu » est une ode aux accents bibliques envoutante, brute et presque dérangeante à la nature féconde et cruelle, aux éléments et aux astres, aux ancestraux rites païens des hommes pour la célébrer et prier sa mansuétude.

Baigné de la bénédiction de son père, Joseph devient à son tour à la fois patriarche rassembleur et sorte de passeur de vie entre les hommes et l'univers, avec lequel il communique à travers le vieux chêne présent sur la terre de Californie sur laquelle il vient s'établir. Nourri d'une foi tellurique, il croit en sa fertilité, et ne veut entendre ni les paroles des anciens sur la malédiction des épisodes de sécheresse qui ont marqué la région, ni celles des croyants effarés par ses pratiques sacrificielles. Aussi, quand la pluie viendra à manquer, Joseph ne pourra-t-il plus reculer devant le sacrifice ultime…

On savait Steinbeck amoureux de sa terre et de sa fameuse vallée de la Salinas ; mais dans ce roman cet amour prend sous sa plume enfiévrée et animale une dimension quasi mystique, qui permet de découvrir une nouvelle profondeur à l'un des plus attachants des grands auteurs américains du 20ème siècle.
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Joseph Wayne est obsédé par la terre et sa fertilité. Dans sa concession de Californie, à la tête de la communauté qu'il a constituée avec ses frères et leur famille, il rêve d'une propriété féconde où la procréation est le maître-mot. « Quand il se remit en selle, il avait la certitude que l'amour de la terre était ancré en lui à jamais. » (p. 18) Son lien avec son terrain vire au paganisme, avec des offrandes bien peu chrétiennes, et d'autant plus à l'approche de la sécheresse qui frappe régulièrement la région. Jeune marié et futur père, Joseph ne peut pas croire que le sol si riche la saison précédente devienne si sec et si ingrat. « Il surveillait sa terre et il lui semblait qu'elle était en train de mourir. » (p. 213) Refusant de quitter sa propriété et tout ce qu'il a construit et perdu, Joseph devient ce patriarche un peu fou que l'on craint et que l'on moque dans la vallée.

Steinbeck se livre à une réécriture moderne de l'épisode biblique de Joseph et des sept années de famine qui dévastent le royaume de Pharaon. En l'inscrivant dans l'Amérique des colons, il déplace le cadre, mais pas le message. Il est toujours question de foi dans un monde tourmenté. le paradis est pourtant à portée de main à qui sait le voir, sous la forme d'une clairière étrangement verdoyante et d'un rocher moussu. La sécheresse inexorable met à l'épreuve le croyant et conforte l'impie, mais tous attendent désespérément les nuages et la pluie salvatrice.

Il y a dans ce texte foudroyant de beauté un mélange de deux autres romans de John Steinbeck, À l'Est d'Éden et Les raisins de la colère. D'une part, on retrouve l'attachement à la terre et à la propriété familiale, avec l'obsession de la multiplication et de la transmission. D'autre part, il y a la poussière morbide qui recouvre tout et envahit la moindre faille, pour dessécher jusqu'au plus petit atome d'espoir du cultivateur. Quant à moi, je suis encore et toujours plus subjuguée par l'oeuvre de John Steinbeck. Je le veux en Pléiade. Je le veux !
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J'ai déjà lu - et aimé - plusieurs livres de Steinbeck et j'ai été un peu étonnée par celui-ci.

Bien qu'il s'agisse d'un homme qui fait tellement corps avec la terre qu'il recréé au fond de son coeur une foi paganiste, j'ai trouvé quelque chose de biblique dans ce roman. La bénédiction paternelle, le départ pour un pays de lait et de miel de Joseph, rejoint par ses frères.

Un homme qui exploite une ferme avec ses frères sous le regard bienveillant du père déclare vouloir partir en Californie pour obtenir de nouvelles terres car la ferme ne pourra plus nourrir tout le monde.
Joseph ne veut pas croire ce que disent les gens du pays, qu'il y a déjà eu des sécheresses et qu'il y en aura d'autres. Comment y croire devant cette herbe haute et si verte, ce troupeau qui se multiplie. A la mort du père il est rejoint par ses frères et le domaine s'agrandit. Mais bientôt arrivent les premiers signes d'une sécheresse tandis que Joseph rend un culte à son père à travers le chêne qui pousse près de sa maison. Il sera de plus en plus persuadé que c'est par son corps que la vallée peut vivre.

Challenge USA un livre un état

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Bien caché à l'ombre de ses romans mastodontes, « Au dieu inconnu » n'est sans doute pas le titre de Steinbeck le plus connu alors qu'il mériterait amplement de prendre sa part de lumière.

L'histoire apparaît à première vue comme une fable steinbeckienne standard. Un père du Vermont donne sa bénédiction à l'un de ses quatre fils, Joseph, pour qu'il parte en Californie. Joseph s'installe dans une vallée, près d'un grand arbre, un endroit idéal pour construire une ferme. Il a de grands projets pour la terre qu'il a choisi et refuse d'écouter les anciens qui le mettent en garde contre les années sèches qui pourraient se reproduire. Et en effet, à force de travail et de passion, la ferme devient florissante, si florissante qu'il invite ses trois frères à le rejoindre. Sauf que la sécheresse va revenir…

C'est là que l'auteur nous surprend. Il n'est plus simplement question de la dure vie des fermiers, de la misère des petites gens. « Au dieu inconnu » est un conte païen et mystique. Steinbeck tisse le christianisme, les mythes indiens, grecs, les rituels profanes et la simple superstition. Un panthéisme inhabituel chez l'auteur vient recouvrir cette histoire qui semblait si simple.
Joseph Wayne se sent intimement lié à la terre, à la nature. Pour lui l'acte de cultiver est un acte d'adoration, il faut montrer du respect, de l'humilité pour pouvoir prospérer.
On assiste aux tentatives d'un homme pour entrer en communion avec les forces de la nature, pour en apaiser la fureur et le personnage de Joseph devient l'incarnation du sacrifice de tous les hommes qui ont cultivés la terre.

Un roman d'une richesse symbolique incroyable et d'une effroyable beauté, car une fois de plus, Maitre Steinbeck ponctue son histoire par un final bouleversant. J'ai tourné la dernière page quasiment dans le même état que Les raisins de la colère ou que Des souris et des hommes. Joseph Wayne rejoint mon mémorial personnel des plus beaux personnages croisés en littérature.

Traduit par par Jeanne Witta-Montrobert
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Pas le plus connu de Steinbeck. L'histoire d'une famille de pionniers au début du 20ème siècle,venue exploiter une ferme en Californie, tributaire des caprices d'une nature tour à tour généreuse et cruelle.... Cette nature qui devient au fil des pages le personnage principal du livre, une entité déifiée par la plume de Steinbeck. Et quelle plume!!! Lyrisme et poésie transcendent cette magnifique histoire d'une lutte toujours recommencée, dans un univers sauvage et grandiose. Poignant, bouleversant et terriblement inspiré....

Mon préféré de Steinbeck....
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Steinbeck aurait-il voulu réécrire la Bible ?
Tout y est.
Un fils, Joseph, qui bien qu'il ne soit pas l'aîné reçoit la bénédiction du père et s'en va fonder une nouvelle colonie.
Le plus jeune fils qui tel le fils prodigue s'éloigne des préceptes de vie de son père et de sa famille et se perd dans la débauche.
Et la terre, celle à qui l'on sacrifie le veau, celle à qui l'on sacrifie les vies humaines.

Une fois de plus Steinbeck célèbre sa terre de Californie et la vallée de la Salinas à travers cette ode à la vie, à la mort, et cette nature indomptable que les hommes croyaient bien portant avoir réussi à modeler mais qui leur fait bien douloureusement comprendre que c'est elle le « maître du jeu ».
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Un roman mettant en scène un homme habité qui progressivement, dans son amour pour son père et sa passion pour la terre, va en concevoir une forme de croyance païenne. Il ne s'agit ni l'histoire d'un nouveau messie, ni celle de l'élaboration d'une religion nouvelle ou la restauration d'une ancienne, mais plutôt de l'histoire d'un homme incarné, qui se sent lié directement au sort de la terre. Dans cette Californie des pionniers, tous ces personnages vibrants font face aux variations de la nature auxquelles ils sont soumis. le début du roman notamment m'a rappelé sous certains aspects Regain de Giono.
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Paru en 1933, ce premier véritable roman de John Steinbeck est assez méconnu. On y trouve pourtant en germe les grands thèmes de son oeuvre.

Joseph Wayne, fils de John Wayne, fermier dans le Vermont, décide de quitter sa terre natale pour les pâturages de la Californie. Là-bas, il achète un vaste terrain malgré les avertissements des anciens sur les risques de sécheresse. Rejoint par ses frères, débute une vie de pionnier. le sol est fertile, les bêtes croissent paisiblement. Joseph marie Elizabeth qui lui donnera un fils, John.
Par opposition à son frère Burton, un puritain très croyant, il vénère seulement la terre, le ciel et un vieil arbre dans lequel il voit la résurrection de son père. Un cycle de mort va troubler cet équilibre.

Au Dieu inconnu est une ode à la Nature et à la vallée de la Salinas, si chère à l'auteur. C'est également une réflexion sur la croyance : Burton est chrétien, Joseph un payen. Leur frère Thomas ne vénère que les animaux. Benjy, le plus jeune, ne croit en rien. Les indiens ont leurs propres rites, célébrés en dansant sous la pluie. Un vieillard rencontré dans la vallée, sorte d'ermite explique tout le mysticisme du roman, lui qui ne rend hommage qu'au Dieu Soleil : "je le fais pour moi même, dit-il. Je ne peux pas dire que cela n'aide pas le soleil. Mais c'est pour moi. A ce moment, je suis le soleil".

Ce premier roman a donc des allures de A l'est d'Eden par son empreinte biblique (c'est une reprise du Mythe de Joseph, vendu en esclavage par ses frères et devenu roi d'Égypte) mais aussi par son amour de la terre et de la figure du patriarche. le thème de l'exode et de la rudesse de la vie paysanne peut également faire penser aux Raisins de la colère. Au Dieu inconnu est un roman émouvant, mystique, une oeuvre philosophique qui peut par moment paraître un peu ésotérique. Une lecture incontournable pour qui veut pleinement saisir Steinbeck.
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Magistral. Tous les thèmes steinbeckiens y sont présents : la Californie espagnole, les Amérindiens, la misère, le paganisme, le tragique, la conquête de l'ouest, la culture de la terre, la famille et bien sûr, les références bibliques.

La famille Wayne menée par le frère Joseph s'installe en Californie pour y exploiter une ferme. Les locaux le mettent en garde de l'inévitable sécheresse mais celui-ci, guidé par les voeux de son père, garde espoir. Pourtant les difficultés finissent bien par arriver, mais Joseph, doté d'une force naturelle, y voit un sens, au grand dam de son entourage.

L'histoire se déroule dans une Californie d'origine amérindienne, depuis christianisée. Steinbeck y saupoudre une touche d'ironie, notamment à travers le personnage du père Angelo : « Dieu merci, il ne désire point qu'on se souvienne de lui, ni qu'on croie en lui […] Sinon nous pourrions avoir un nouveau Christ, ici à l'Ouest ».

Tiraillé entre christianisme et animisme, Joseph ressent, au fond, un lien fusionnel à sa terre promise, une dette charnelle qu'il doit … au Dieu inconnu.
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Une découverte tardive pour ma part, une oeuvre précoce pour Steinbeck, et franchement je ne regrette pas d'avoir tourné la première page... jusqu'à la fin. C'est l'histoire de la famille Wayne, plus particulièrement de Joseph. Ce n'est pas l'aîné des 4 frères, ce n'est pas le plus talentueux, c'est juste celui qui "ressent" le mieux l'appel de la terre. Et à qui son père donne, un jour, sa bénédiction pour qu'il parte fondre une nouvelle souche, en Californie.
Joseph, qui sait écouter et se taire. Joseph, qui ne souffre pas des malheurs communs aux Hommes, mais qui mieux qu'un autre écoute le monde alentour.
J'aimais Steinbeck avant ce livre, je l'aimerai après, mais d'une façon différente. Parce que je n'avais pas, jusqu'alors, compris toute la grandeur qu'il met dans ses livres, tout le chant du monde qui s'y reflète, et c'est pour moi une révélation. Dans ce Steinbeck, il y a du Giono, du Ramuz, la lenteur d'un Gracq ou d'un Dhôtel, mais au service d'un monde viril et sauvage comme seul l'Ouest américain peut en proposer.
Bref, à recommander aux gens qui aiment les textes lents, savoureux, les phrases qu'on médite et qu'on remâche à l'envi. Mais ça vaut le détour.
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