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4,21

sur 16405 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette histoire courte au format "nouvelle" est la porte d'entrée idéale pour découvrir John Steinbeck.
Le contexte de l'Amérique rurale, des métayers journaliers allant de ranchs en exploitations pour gagner juste de quoi survivre jusqu'au prochain boulot et entretenir l'espoir de peut-être économiser assez pour avoir son lopin de terre à soi.
Des sentiments basiques, une sensibilité à fleur de peau, une rancoeur et une violence sous jacente dans un monde où le temps semble s'être arrêté, où l'espoir d'un avenir meilleur semble s'être figé.
Un récit âpre et intense, un presque huis-clos qui prend forme en l'espace de 48 heures à peine, un drame pressenti dès les premières lignes, une spirale qui apparaît et qui va inexorablement aspirer les deux amis de toujours, Georges le petit gars débrouillard et Lennie le gentil colosse à la force phénoménale qui n'a pas fini de grandir.
Une histoire qui, je le crois n'aurait pu se dérouler qu'aux Etats-Unis et seulement dans cette période de récession qui a vu tant d'hommes se vendre à la journée pour seulement survivre et continuer d'y croire.
Une lecture au goût d'instantané, un fait divers tragique, un pied de nez du destin, dans tous les cas une histoire qui parlera à chacun selon sa sensibilité car il n'y a pas ici de morale à rechercher ni de justification à trouver.
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Ce n'est pas mon genre de roman, néanmoins je l'ai beaucoup aimé . Au début, j'ai eu l'impression de lire un Zola par le choix des personnages du bas peuple; de simples fermiers et qui ont des ambitions assez simples; vivre paisiblement et avoir leur propriété privée et ne plus travailler chez personne. Un rêve que caresse doucement George tout comme Lennie caresse ses souris mortes (la mort ici est un point commun). La femme de Curley (fils du patron chez qui travaillent les deux premiers) est une véritable Hélène qui bouleverse tout.
Nous sommes ni devant des personnages tiraillés par un mal du siècle, ni devant des penseurs préoccupés de questions métaphysiques, ou des amoureux languissant et pleurnichant. Un réalisme atroce, des personnages bien menés par l'auteur, avec des dialogues parfaits; j'avais l'impression de regarder un film américain plutôt que de lire un roman (j'imaginais déjà quel acteur pourrait jouer le rôle du George le "petit et vif"ou celui de Lennie "doux colosse innocent aux mains dangereuses" et qui plus est un débile, sinon ce Curley détestable qui est trop préoccupé de montrer sa virilité à sa femme en créant des rixes à toute occasion.
"Des souris et des hommes" est un roman sur la déception et la mort d'un rêve; la vie fragile et la malchance des pauvres gens. du grand Steinbeck.
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Comme le note Joseph Kessel dans sa préface, Steinbeck n'a pas du tout besoin d'expliquer les pensées des personnages, leurs démarches intérieures.
« Or, et c'est le mystère, ils vivent tous avec une intensité et une intégrité merveilleuses. »
L'entrée en scène ( cinématographique) , dans une campagne tranquille où coule la Salinas, avec le sommet des monts Galiban flamboyant de rose, où un serpent ondule dans l'eau la tête dressée comme un petit périscope : deux hommes se suivent , l'un, George, petit et vif, inquiet et presque angoissé.
L'autre, Lennie, derrière lui, énorme ours qui traine les pattes.
Ce couple, comme un vieux couple, fonctionne par reproches de l'un, culpabilité de l'autre, mots d'ordre de l'un : tu ne diras rien, hein, tu ne parleras pas ? et essai de l'autre , quand il s'en souvient, de faire de son mieux et de promettre.
La seule chose qu'il ne puisse pas promettre, c'est de ne pas aimer caresser les souris, les chiots, les lapins et les cheveux des femmes.
Lennie est un colosse tactile.
Steinbeck, après avoir écrit des livres drôles, comme Tortilla Flat, dramatise son discours.
Et le paupérise.
Le couple improbable parcourt la campagne en cherchant du travail temporaire dans les ranches.
« Des types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez-soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d'argent, et puis ils vont en ville et ils le dépensent tout…. Et pas plus tôt fini, les v'là à s'échiner dans un autre ranch. Ils ont pas de futur devant eux. »
Sauf que George entretient un rêve, lui aussi improbable, celui de s'installer, d'avoir de la terre, des légumes, des poules et …. des lapins, dont Lennie s'occuperait ( comprenez ; les caresserait. )

Oeuvre simple, en apparence, basée dans un des endroits les plus démunis qui soient, en 1937, parmi des journaliers dont l'un, noir, est mis à l'écart, parce qu'il est noir, racontant le vécu de ces hommes frustes, au milieu des récoltes d'orge, des chevaux et des chambrées sans lumière.
Oeuvre raffinée, quand on sait les jeux de cartes de George, et ses rêves qu'il entretient pour que Lennie le suive, et de l'autre côté la poupée maquillée vêtue de rouge, qui provoque tous les hommes, au cas où…. son jaloux de mari interviendrait, et la manie obsessionnelle de Lennie, de caresser.
Il ne veut pas faire du mal, mais il ne connaît pas sa force.
Ils jouent finalement un peu tous, ils sont pervers un peu tous, cherchant à extorquer les secrets, à faire peur, finalement unis dans leur rejet de cette provocatrice mariée qui cherche le conflit, souriant avec malice et ondulant des hanches.
Peut être, dit un travailleur, « que les gens ont peur les uns les autres, dans ce sacré monde. »
A quoi répond George, appuyé par Lennie : Oui, mais nous, c'est différent. Nous, on a un futur.
La campagne, à la fin du livre, est toujours aussi tranquille, les montagnes roses, un serpent sortant la tête comme un périscope.
Rien ne change, tout change.
LC thématique mai : nos amis les bêtes
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Quelle curieuse manie que celle de Lennie d'aimer caresser le duveteux d'un pelage. Celui de la souris morte dans sa poche par exemple ou encore de ce chiot qui vient de naître. Fût-ce au péril de ce dernier. Mais il ne s'en rend pas compte. Lennie est un grand balourd simplet.

Et qu'en serait-il du soyeux de la chevelure d'une femme, un peu aguichante par exemple…?

George le surveille de près. Il l'a pris en affection et lui dicte sa conduite, même s'il l'énerve un peu. Parce que Lennie est un gentil, qui l'écoute et lui obéit. Le problème avec Lennie est qu'il ne connaît pas sa force. George sait surtout que Lennie ne mériterait de toute façon pas la sanction d'une de ses bêtises.

Les souris sont à la fois malicieuses et agaçantes, mais si attendrissantes. Les hommes quant à eux … on ne connaît que trop leur vices. C'est pour cela qu'il faut protéger Lennie.

Magnifique roman, très court, de Steinbeck dont le titre est si bien choisi.

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Y a t-il duo d'amis plus dissemblable que George et Lennie ? George, mince et vif, Lennie, lourd mais d'une force peu commune et lent d'esprit.Pourtant, Steinbeck a fait d'eux un couple mythique.

Nous sommes dans les années trente.La Grande Dépression fait rage. Les deux amis sillonnent les routes californiennes, en quête de travail, d'un ranch à l'autre.Ils se déplacent souvent et ne restent pas longtemps au même endroit car les maladresses de Lennie, sa force qu'il ne contrôle pas les y obligent.Ils ont un rêve tout simple: avoir un lopin de terre à eux.Mais la crise de 1929 rend la vie bien pénible et les espoirs fragiles.

Un jour, la violence non maîtrisée de Lennie lui fera commettre l'irréparable et poussera George à trouver une solution définitive et terrible.

Joseph Kessel, dans sa préface au livre a trouvé une formule très juste pour en parler : " Ce livre est bref.Mais son pouvoir est long.Ce livre est écrit avec rudesse.Mais il est tout nourri de pudeur et d'amour".

C'est vraiment ce que l'on ressent: le dialogue, dominant dans le roman, est effectivement fait de paroles brutes, le vocabulaire est pauvre, et pourtant, avec ces mots si simples, l'auteur transmet une telle émotion au lecteur ! On est touché au plus profond de nous par cette histoire d'amitié hors du commun , par le sacrifice final, par le dénuement social de ces deux êtres que le destin a réunis.

Je garde à jamais l'image de George et Lennie, descendant vers la Salinas, profonde et verte, pour y camper au bord de l'eau, couple si improbable. Je garde en moi le regard innocent et confiant de Lennie à son ami...
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J'ai bien aimé la façon dont Steinbeck raconte cette histoire et le style rapide et percutant. Il va directement à l'essentiel, ne donne aucun détail superflu et pourtant tout y est : l'émotion est là mais sans tomber dans le pathos.

Steinbeck ne fait pas une étude psychologique des personnages, le plus souvent ce sont des dialogues mais on perçoit très bien le fonctionnement de Lennie, de George et des autres protagonistes. Cela pourrait être une pièce de théâtre.

Il met bien en évidence le rêve de ces hommes qui veulent amasser un peu d'argent pour avoir leur propre ferme et qui imaginent leur vie future pour pouvoir continuer à avancer.

La relation entre George et Lennie est très forte (malgré l'intelligence limitée de ce dernier, obsédé par son besoin de caresser, les souris, les chiots, sans se rendre compte qu'avec sa force hors du commun il peut leur faire mal). George le protège comme un grand frère.

Steinbeck évoque la dureté du travail, difficile de garder car chaque fois Lennie fait des siennes. Il décrit un patron caricatural, de même que son épouse, allumeuse écervelée (on ne peut pas dire que la femme soit mise à l'honneur), sans oublier le statut des Noirs (il parle de nègres) à l'époque.

Une nouvelle sympathique, agréable à lire et que j'aurais dû lire depuis longtemps.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Il y a une belle amitié entre Lennie et George. Lennie est un peu simple d'esprit mais George veille à ce que rien ne lui arrive. Jusqu'à ce que...

Ce livre est d'une simplicité douce et mélodieuse qui se rapporte presque à de la poésie. Il est aussi touchant. Sous les personnages brusques, grossiers, on devine une multitude d'émotions toutes si belles et si faciles à comprendre. Ce genre d'émotions qu'on a tous plus ou moins ressenti à un moment donné de notre vie: de la tendresse, de l'attachement, la peur de la solitude, la rancoeur, les regrets... Cette courte histoire est toute simple, ou tout simplement pleine d'humanité. Le dénouement le prouve largement. Ce fut d'ailleurs pour ma part une apothéose réussie.
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Inutile d'épiloguer longuement sur un ouvrage salué par tous, mon avis sera concis, aussi concis que l'est ce récit. Un récit fort et bouleversant qui te happe en l'espace de quelques heures. La concision du récit n'est pas un problème, bien au contraire. L'auteur choisit de mettre une focale de quelques jours sur un duo très curieusement assorti : le petit Georges, hargneux et à la parole dure, avec Lennie, un peu benêt mais tellement attendrissant ( personnellement j'avais l'impression de revoir le colosse de la Ligne verte dans une certaine mesure). En pleine Dépression, on suit ce duo avec leur rêve et leur amitié. On espère pour eux tout en sentant que l'idée d'un happy end n'est probablement pas au rendez-vous.
La découverte d'un classique qui mérite amplement sa renommée.
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Une histoire choc avec des personnages brut de décoffrage.
Je me suis tout de suite attachée à Lennie et à Candy aussi d'ailleurs, mais j'avoue que je suis restée loin de George. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être à cause de son coté bourru avec Lennie, même si c'est simplement pour cacher toute l'affection qu'il a pour lui.
Ici, on ne délaye pas, on n'analyse pas. Ce genre d'écriture se retrouve assez régulièrement chez les auteurs américains du début du XXe. Ils laissent le lecteur recevoir l'oeuvre comme il veut, sans l'influencer.
Bref, un beau petit livre qui m'a fait passer un très bon moment.

Pioche de septembre 2020 choisie par Laehb80
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Joseph Kessel a écrit une préface très juste dans laquelle il explique comment un petit roman d'une extrême sobriété, sans introspections, sans états d'âme, n'utilisant pratiquement que des dialogues exprimés dans un langage fait "de paroles banales et vulgaires… s'accomplit le miracle."
Autour de Lenny, géant "innocent" et George son ami et "protecteur", il y a la vie, ses réalités : le dur travail ingrat et si peu payé, d'autres pauvres diables miséreux… celui qui a perdu une main au travail et avec elle l'espoir de pouvoir continuer à survivre, le palefrenier noir… le nègre à la colonne vertébrale abimée par un accident de travail… isolé, ostracisé… "il pue"... le patron, un pauvre type complexé par sa taille… il compense avec ses poings l'ingratitude de la nature. Et puis il y a sa jeune et jolie femme, désoeuvrée, mal aimée, la tête pleine de rêves, qui cherche de la compagnie.
L'amitié folle, comme il y a l'amour fou, c'est entre Lenny et George, à la vie à la mort.
Devinez qui va l'emporter ?
Pour reprendre les mots de Kessel, cette amitié "a une beauté et une puissance de mythe… et le livre une fois fermé, ces personnages sont passés en nous… ce livre où tout baigne dans la mélancolie, le drame ample et triste… et la poésie".
Rien à rajouter sinon que ce livre est un petit chef d'oeuvre à lire et à relire.
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