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Maurice Edgar Coindreau (Traducteur)
EAN : 9782070360376
174 pages
Gallimard (16/02/1972)
4.21/5   16355 notes
Résumé :
En Californie, dans les années 1930, deux amis travaillent rudement de ranch en ranch pour gagner modestement leur vie en dépit de la crise économique qui sévit dans tout le pays. George est un homme petit à l'esprit vif qui s'est promis de veiller sur Lennie, un grand gaillard simple d'esprit ayant la fâcheuse manie de se fourrer dans le pétrin. Ces deux amis, que tout oppose en apparence, partagent le même rêve : économiser suffisamment pour posséder une petite fe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (891) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 16355 notes
Je vais volontairement tâcher de ne rien déflorer du délice de cet ouvrage époustouflant, atroce et tellement, TELLEMENT fort, afin que ceux qui désirent s'en repaître sans connaître l'histoire au préalable puisse tout de même avoir quelques indices.

Voici un pur bijou, du très grand Steinbeck. J'ai rarement lu un livre aussi petit qui me frappe aussi fort et aussi durablement (il n'y aurait peut-être que Montserrat d'Emmanuel Roblès ou On Achève Bien Les Chevaux d'Horace McCoy à concourir dans cette incroyable catégorie). Où donc John Steinbeck est-il allé chercher une pareille histoire (qu'il n'est pas usurpé d'appeler une histoire d'amour sous ses apparences tout autres) ? Probablement du côté d'Edith Wharton est de son étonnant Ethan Frome, mais ça c'est juste mon intuition.

Quoi qu'il en soit, l'auteur nous sert des dialogues impeccables, un scénario parfait, simple, efficace, un style lumineux, un fil qui se tend tout au long du récit jusqu'à vous éclater au visage. Si vous restez insensibles, allez d'urgence consulter un cardiologue car il y a vraisemblablement un problème de ce côté là !

Je voudrais seulement offrir deux comparaisons pour les deux protagonistes principaux, l'une pour George, l'autre pour Lennie.

George, l'ouvrier agricole modèle, pas naïf, les pieds sur terre, qu'il ne faut pas trop chercher mais qui est une bonne pâte dans le fond, me fait beaucoup penser à Jean dans La Terre d'Émile Zola. La Jacqueline de Zola a aussi son pendant dans ce livre.

D'autre part, ceux qui ont lu L'Homme Sans Qualités de Robert Musil trouveront peut-être une ressemblance frappante entre ce Lennie et le personnage de Moosbrugger au chapitre 18 de cet autre monument littéraire qui date lui aussi des années 1930.

C'est un caractère récurrent chez Steinbeck de choisir un protagoniste souffrant d'une difformité physique ou mentale comme une sorte de Quasimodo moderne (voir La Grande Vallée, Les Pâturages du Ciel pour les difformités physiques, À l'est d'Éden pour les mentales).

Bonne lecture et surtout, j'aimerais souffrir d'amnésie pour revivre le plaisir que j'ai eu à lire ce livre pour la première fois, néanmoins, ce n'est là que mon tout petit avis parmi une kyrielle d'autres, c'est-à-dire, bien peu de chose.

P. S. : On sait que John Steinbeck s'est inspiré du poème en dialecte écossais de Robert Burns de 1785 intitulé « To a mouse » pour choisir le titre de son oeuvre et que le passage suivant décrit à merveille ce qui s'y passe :
« The best-laid schemes of mice and men
Go oft awry,
And leave us nothing but grief and pain,
For promised joy ! »

La symbolique est partout très forte dans ce roman et j'aimerais simplement faire une toute petite remarque quant à l'utilisation de la souris. Ici, malheureusement, on perd beaucoup à la traduction. Dans le titre original " Of Mice and Men ", l'utilisation de deux substantifs proches à l'oreille et ayant un pluriel particulier (ce qui n'est pas si fréquent en anglais) rapproche inévitablement, comme dans le poème de Burns, l'Homme en général de la Souris. Dans le déroulement de l'action, le parallèle entre l'un des personnages, broyé par Lenny et la souris me semble assez transparent.

De même, la fuite continue de George et Lenny, au départ, n'est sans doute pas très différente de la fuite des rongeurs face à leurs bourreaux humains. Si bien que la question qu'il convient de se poser est : Qui sont les bourreaux de George et Lenny ? Mais voilà, c'est tout le roman, cette question, et c'est pour ça qu'il est vraiment grandiose.
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Ils rêvent d'un lopin de terre, d'une petite ferme à eux, d'être libres et rentiers. Mais avant, ce qui attend Lennie et George c'est un boulot mal payé d'ouvriers agricoles dans un ranch de Californie.

Un travail indispensable qui se révèle un péril permanent pour Lennie, un géant naïf et impulsif. Un danger que rien ne peut éloigner, pas même les mises en garde de son ami George, dont la bienveillance envers lui, même si elle s'exprime brutalement, est touchante. L'auteur en empathie avec ses héros terriblement humains nous prépare à un drame. La tension est palpable, on se surprend à souhaiter vraiment que Lennie écoute son ami et ne se mette pas dans de sales draps.

A travers un univers qu'il connait pour y avoir travaillé, celui des travailleurs agricoles, John Steinbeck dénonce la politique et le système économique qui ont conduit à la Grande Dépression. Cette oeuvre naturaliste exceptionnelle — véritable plaidoyer contre le racisme, la ségrégation, le rejet du handicap —, digne d'un drame antique, est un regard critique essentiel sur une Amérique qui, engendrant un monde d'exclus, a déçu.
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Les très grands livres ne sont pas forcément les plus alambiqués, labyrinthiques ou interminables.
Les très grands livres, tel Des souris et des hommes, offrent la beauté et la simplicité d'un simple chemin de campagne ou d'une photo en noir et blanc aux bords dentelés (et de bien d'autres belles choses aussi).
Les deux protagonistes principaux, ce sont Lenny et Georges qui vont par les fermes louer leurs bras et dépenser leur sueur. Eux, sont deux hommes simples et ils ont un rêve commun qui est déjà un projet.
La tragédie, sublime sous le ciel des immenses espaces d' Amérique du nord, est en marche...
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Dans les années trente, en Californie comme ailleurs, le machinisme était encore balbutiant si bien que les exploitations agricoles avaient recours à une multitude de journaliers qui de l'aube au crépuscule s'échinaient à la tâche.

La Grande Dépression a jeté sur les routes quantité de pauvre hères qui, le baluchon sur l'épaule, sillonnent la campagne en quête de travail.
George et Lennie sont de ceux-là. Ils viennent d'être embauchés dans un ranch situé au sud de la petite ville de Soledad, entre San Francisco et Los Angeles.
Encore jeunes, ils forment un bien curieux tandem : George est futé mais paraît assez frêle alors que Lennie est simplet mais d'un gabarit impressionnant. Une amitié indéfectible unit ces deux êtres d'allure et de tempérament si dissemblables. Chaque jour ils entretiennent le rêve de posséder en commun un petit lopin de terre, d'élever des animaux, de fréquenter qui bon leur semble, de vivre comme des rentiers…

Ce court roman est d'une saisissante dramaturgie. Assez vite le lecteur pressent le danger qui guette George et Lennie et aimerait voir les deux amis quitter au plus vite ce nouvel employeur au fils bagarreur et à la bru trop aguichante.

Lorsqu'il publie “Des souris et des hommes” en 1937, à seulement 35 ans, John Steinbeck est sans doute loin d'imaginer marquer de son empreinte l'histoire de la littérature. Quatre vingts ans plus tard les lecteurs continuent de plébisciter ce roman de l'amitié et de l'altérité dont la concision tutoie la perfection.
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La littérature de John Steinbeck fut qualifiée de « literature of social commitment », à juste titre. En plus du réalisme, il y a le grotesque aussi, mais pas ironique. C'est impressionnant à quel point le romancier maîtrise le langage de tous les jours.
L'une des questions soulevées par le livre concerne la société précisément : est-elle dominée par la peur ? Quoi qu'il en soit, elle est hostile à Lennie et le message semble assez clair et très pessimiste : les rêves ne se réalisent jamais. Il n'en demeure pas moins qu'une certaine forme de fraternité peut exister, comme celle entre George et Lennie, et avec Slim, sorte de leader incontesté de la communauté des fermiers.
Enfin, un dernier mot sur le thème de l'innocence : Lennie a l'innocence et la naïveté d'un enfant, qui le conduisent au meurtre. Une autre question se pose donc : l'innocence existe-elle ?

Magistral, à lire sans plus attendre !
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critiques presse (3)
LeFigaro
07 décembre 2020
Elle publie une magistrale adaptation du chef-d'oeuvre de John Steinbeck, Des souris et des hommes, qui résonne avec la situation actuelle aux États-Unis.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
19 octobre 2020
L'adaptation de Des Souris et des hommes par l'illustratrice Rébecca Dautremer est une merveille d'intelligence et de graphisme.
Lire la critique sur le site : Lexpress
BDGest
29 septembre 2020
Un dialogue intense entre le texte intégral de Steinbeck et l'univers artistique de la plus célèbre des illustratrices françaises.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (288) Voir plus Ajouter une citation
George continua :
— Pour nous, cest pas comme ça. Nous, on a un futur. On a quelqu'un à qui parler, qui s'intéresse à nous. On a pas besoin de s'asseoir dans un bar pour dépenser son pèze, parce qu'on n'a pas d'autre endroit où aller. Si les autres types vont prison, ils peuvent bien y crever, tout le monde s'en fout. Mais pas nous.
Lennie intervint.
— Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que... Parce que moi, j'ai toi pour t'occuper de moi, et toi, t'as moi pour m'occuper de toi, et c'est pour ça.
Il éclata d'un rire heureux.
— Continue maintenant, George!
— Tu l'sais par cœur. Tu peux le faire toi-même.
— Non, toi. Y a toujours des choses que j'oublie. Dis-moi comment que ça sera.
— Ben voilà. Un jour, on réunira tout not' pèze, et on aura une petite maison et un ou deux hectares et une vache et des cochons et..
— On vivra comme des rentiers, hurla Lennie. Et on aura des lapins. Continue, George. Dis-moi ce quon aura dans le jardin, et les lapins dans les cages, et la pluie en hiver, et le poêle, et la crème sur le lait qui sera si épaisse quon pourra à peine la couper. Raconte-moi tout ça, George.
— Pourquoi que tu le fais pas toi-même, tu le sais tout.
— Non... raconte, toi. Cest pas la même chose si c'est moi qui le fais. Continue... George. Comment je soignerai les lapins ?
— Eh bien, dit George, on aura un grand potager, et un clapier à lapins, et des poulets. Et quand il pleuvra, l'hiver, on dira : l'travail, on s'en fout: et on allumera du feu dans le poêle, et on s'assoira autour, et on écoutera la pluie tomber sur le toit... Merde !
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— Maintenant, tu comprendras peut-être. Toi t'as George. Tu sais qu'il va revenir. Suppose que t'aies personne. Suppose que tu n'puisses pas aller dans une chambre jouer aux cartes parce que t'es un nègre? Suppose que tu sois obligé de rester assis ici, à lire des livres. Bien sûr, tu pourrais jouer avec des fers à cheval jusqu'à la nuit, mais après, faudrait que tu rentres lire tes livres. Les livres, c'est bon à rien. Ce qu'il faut à un homme, c'est quelqu'un... quelqu'un près de lui.
— George va revenir, dit Lennie d'une voix effrayée, pour se rassurer. Peut-être bien que George est déjà revenu. Je ferais peut-être mieux d'aller voir.
Crooks dit :
— J'voulais pas te faire peur. Il reviendra. C'est de moi que je parlais. Inmagine un type ici, tout seul, la nuit, à lire des livres peut-être bien, ou à penser, ou quelque chose comme ça. Des fois, ils se met à penser et il n'a personne pour lui dire si Cest comme ça ou si c'est pas comme ça. Peut-être que s'il voit quelque chose, il n'sait pas si c'est vrai ou non. Il ne peut pas se tourner vers un autre pour lui demander s'il le voit aussi. Il n'peut pas savoir. Il a rien pour mesurer. J'ai vu des choses ici. J'étais pas soûl. J'sais pas si je dormais. Si j'avais eu quelqu'un avec moi, il aurait pu me dire si je dormais, et alors je n'y penserais plus. Mais j'sais pas.
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— George a dit qu'on aurait de la luzerne pour les lapins.
— Quels lapins ?
— On aura des lapins et un carré de fraisiers.
— T'es dingo.
— Pas du tout, cest vrai. Tu demanderas à George.
— T'es dingo, dit Crooks, méprisant. J'ai vu des centaines d'hommes passer sur les routes et dans les ranches, avec leur balluchon sur le dos et les mêmes bobards dans la tête. J'en ai vu des centaines. Ils viennent, et, le travail fini, ils s'en vont ; et chacun d'eux a son petit lopin de terre dans la tête. Mais y en a pas un qu'est foutu de le trouver. C'est comme le paradis. Tout le monde veut un petit bout de terrain. Je lis des tas de livres ici. Personne n'va jamais au ciel, et personne n'arrive jamais à avoir de la terre. C'est tout dans leur tête. Ils passent leur temps à en parler, mais c'est tout dans leur tête.
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— George... tu dors ?
— Non. Ou'est-ce que tu veux?
— Faudra avoir des lapins de couleur différente, George.
— Oui, bien sûr, dit George somnolent. On en aura des rouges, des verts et puis des bleus, Len- nie. On en aura des millions.
— Avec des longs poils aussi, George, comme j'ai vu à la foire de Sacramento.
— Oui, avec des longs poils.
— Parce que je pourrais aussi bien m'en aller, George, et aller vivre dans une caverne.
— Tu pourais aussi bien aller te faire foutre, dit George. Ta gueule, maintenant.
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Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez-soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d'argent, et puis ils vont en ville et ils le dépensent tout... et pas plus tôt fini, les v'là à s'échiner dans un autre ranch. Ils ont pas de futur devant eux.
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A l'heure où beaucoup redoutent une crise économique après la crise sanitaire, voici un grand roman dans lequel chacun puisera des conseils utiles. Il raconte la vie quotidienne des travailleurs pendant la Grande Dépression aux Etats-Unis et n'a hélas rien perdu de son actualité.
« Les raisins de la colère » de John Steinbeck, à lire en poche chez Folio.
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