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Critique de meeva


Qu'il est inconfortable de ne pouvoir sonder l'âme humaine pour y distinguer la franchise de la dissimulation, l'altruisme de l'égocentrisme, l'individualisme de l'esprit collectif…
Les motivations des autres sont toujours douteuses.


Car un combat peut être mené pour soi ou pour les autres, les autres étant alors une entité dont on fait éventuellement partie, puisqu'il s'agit ici plutôt de combat syndical.
Et quand bien même nous voulons servir une cause, nous dévouer corps et âme, n'est-ce pas pour notre bonne conscience, pour s'octroyer la satisfaction d'avoir fait le bien comme le suggère un certain philosophe (Kant ?)



Steinbeck prend pour sujet une grève des cueilleurs de pommes en Amérique. Une grève provoquée, appuyée par deux hommes du parti communiste.
Entre-t-on là dans des considérations politiques ? Non, plutôt sociologiques, psychologiques et philosophiques.
Qu'est-ce qui fait le succès d'une grève ou au contraire son échec ?


Ici, les cueilleurs de pommes ont un atout dans leur manche : les pommes doivent être cueillies avant qu'elles ne pourrissent.
Évidemment, la description de la violence, des deux côtés, permet de recadrer un peu les choses, à l'heure où, à la moindre grève des transports, à la moindre manifestation sur les routes, on entend dire que les gens sont « pris en otage ». Mais ceci est de l'ordre de l'inflation verbale que dénonçait déjà Romain Gary en 1969 dans « Chien blanc ».

A l'époque où Steinbeck situe l'action de son roman, on se battait à coups de fusil, on foutait le feu…
Mais le rapport de force est ailleurs.
Un patron, des ouvriers. Leur nombre devrait les donner gagnant.
Ce livre explore la notion d'intérêt collectif, subjective suivant les individus. Et il se penche sur l'apparition d'une entité dans un groupe d'individus : la foule.
La foule que l'on manipule, mais qui reste imprévisible.
La foule qui peut donc faire gagner ou perdre des combats, sans qu'il soit possible de tirer des leçons efficaces du combat puisque dans un prochain combat, la foule ne sera pas la même.
Alors une autre question doit être soulevée : jusqu'où peut-on aller pour servir une cause ?

Les questions et réflexions sont servies par de nombreux dialogues. Pourtant le style m'a semblé un peu lourd par moments. Justement à cause de ces dialogues, posés de manière très scolaire parfois (« a dit truc », « a répondu machin ») et donc pas très naturelle.





Si vous voulez vous laisser emporter…

« […]
Emporté par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Ecrasés l'un contre l'autre
Nous ne formons qu'un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre
Et nous laisse tous deux
Epanouis, enivrés et heureux
[…] »

Extrait de « La foule », Edith Piaf :
https://www.youtube.com/watch?v=Fgn8gZHJZzA

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