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Critique de andman


En cette fin des années trente où les terribles effets de la Grande Dépression tardent à s'estomper, le sort du petit fermier de l'Oklahoma n'est guère enviable.

Plus encore que les périodes de sécheresse qui n'en finissent pas d'épuiser une terre déjà appauvrie par le manque de rotation des cultures, l'apparition des premiers tracteurs à chenille va porter le coup de grâce aux petits propriétaires terriens. Les récoltes insuffisantes ne leur permettent pas d'investir dans les nouvelles technologies et voilà bon nombre d'entre eux, déjà lourdement endettés, contraints de céder au grand capital leur lopin de terre poussiéreux.
Ils s'en vont, par familles entières, rejoindre les cohortes d'anciens métayers et de journaliers attirées par la riche Californie à l'arboriculture fruitière gourmande en main-d'oeuvre.

Les Joad, douze miséreux sur trois générations entassés dans un vieux camion brinquebalant, ont dû se résoudre eux aussi à tout quitter du jour au lendemain.
La fameuse route 66 de la migration vers l'ouest doit les conduire sur plusieurs milliers de milles jusqu'à la terre californienne bénie des Dieux. L'espoir de bientôt travailler, de pouvoir enfin manger à leur faim, de recouvrer un semblant de dignité, les fait avancer coûte que coûte vers cet Eldorado de la dernière chance.
Leur courage inébranlable suffira-t-il à triompher de la poisse qui trop souvent colle aux basques des plus démunis ?

Les raisins de la colère”, paru en 1939, relate une des pages les plus douloureuses de l'histoire des États-Unis.
John Steinbeck ne s'est pas contenté de décrire de façon romanesque les dérives et les conséquences du productivisme à outrance. Il a pris soin d'intercaler tout au long de l'intrigue de courts chapitres explicatifs à seule fin d'orienter la réflexion du lecteur. Pas le moins du monde rébarbatifs, ils sont écrits avec inspiration même si de tant à autre on sent poindre l'exaspération de l'auteur face aux aberrations et aux injustices les plus criantes de son époque.

Les nombreux dialogues, traduits de l'américain avec une incroyable justesse, rendent la famille Joad attachante et donnent du rythme au roman.
Le personnage de Man, qui protège tant qu'elle peut ses six enfants, est bouleversant d'abnégation et de pragmatisme. Citadelle familiale et refuge inexpugnable pour les siens, Man du tréfonds de son être sent gonfler et mûrir peu à peu “Les raisins de la colère”...

La prose de cette fresque historico-romanesque est absolument délicieuse, elle a la saveur particulière des oeuvres qui à l'évidence passent à la postérité.
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