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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un petit village minier paisible dont les histoires ressemblent à celles des autres petits villages miniers paisibles.

Sauf que, à un moment, se révèle un traître qui permet à l'envahisseur allemand d'occuper le petit village paisible. le maire revêt ses attributs de cérémonie pour recevoir l'officier allemand avec courtoise. Avec courtoisie mais sans obséquiosité. Sans concession aux exigences du conquérant non plus.

Le petit village paisible, qui connaît son maire comme son maire connaît chacun de ses habitants, va organiser sa résistance à l'ennemi. Pas comme celle d'un petit village gaulois célèbre. Ici, pas de potion magique, pas d'armes et pas de force brutale.

Ici, c'est la haine froide, silencieuse, les yeux baissés, le confinement dans les maisons. Bien sûr, le charbon est toujours extrait de la mine mais les wagonnets tombent en panne, les rails d'acheminement sont régulièrement bombardés par l'aviation anglaise, les intrus qui relâchent leur attention se transforment en cadavres et, peu à peu, les conquérants ne sont plus les mêmes qu'au début de l'histoire.

Curieux livre de John Steinbeck écrit en 1942, édité en français en 1994. Il tient de la pièce de théâtre et se rapproche fort de "Diplomatie" de Cyril Gély brillamment interprétée par Niels Arestrup et André Dussolier, tant sur scène qu'à l'écran.

Les dialogues sont brefs, tantôt cinglants, tantôt cyniques, tantôt absurdes et aussi peu convenus que possible. L'officier allemand, qui n'en est pas à sa première guerre, est désabusé et comprend à bien des égards l'attitude du village. Il a des souvenirs d'échec mais, par-dessus tout, il doit obéir aux ordres sans atermoiements.

Le maire, lui, sait qu'il finira fusillé mais il connaît ses ouailles. "Ils pensent que parce qu'ils n'ont qu'un seul dirigeant, un seul chef , nous sommes tous comme ça. Ils croient que dix têtes coupées vont nous abattre, mais nous sommes un peuple libre ; nous avons autant de chefs que d'individus, et en période de nécessité, les dirigeants surgissent parmi nous comme des champignons".

La résistance, la responsabilité personnelle et collective, l'atmosphère glaciale sont renforcées par la neige, dure, tenace, actrice à part entière du conflit.

175 pages de réflexion sur la guerre, son absurdité et sa violence mais surtout sur la dignité et l'union silencieuse et agissante d'un peuple soumis au malheur et à l'accablement.
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Encore un petit bijou du grand Steinbeck qui brille comme un cristal de neige dans la noirceur de la guerre. Qui sait combien d'espoir ce roman militant à la portée universelle a pu insuffler chez ceux qui l'ont fait circuler sous le manteau à sa parution en 1942?

Caractère universel souligné par sa mise en scène : nous sommes quasiment au théâtre, la scène représentant l'office du maire de ce petit village du nord de l'Europe brutalement envahi par un escadron allemand. L'occupant a besoin des ressources minières de la commune et cherche la collaboration de l'occupé dans la durée, persuadé d'amener avec lui un ordre du monde meilleur. Mais l'occupé, faisant corps avec son premier édile, résiste, d'abord par un silence obstiné, puis par l'action coordonnée, retournant peu à peu la pression psychologique à son avantage, tenant bon face aux représailles.

Tenir. Quel meilleur moyen que cette fiction d'abord presque désinvolte puis de plus en plus centrée sur le meilleur de l'humain à mesure que la violence augmente pour passer le message de la résistance à l'oppression? Sous la lune noire, la neige qui recouvre le village camoufle les actes de résistants et relie leurs solidarités.
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Passées la stupeur et la découverte de la trahison, l'accueil de l'envahisseur nazi dans ce petit village de Scandinavie est aussi froid que la neige qui le recouvre. Puis une résistance silencieuse s'organise, chacun y va de ses propres moyens et le village reste uni comme un seul homme pour recouvrer la liberté face à des nazis épuisés, au bord de la rupture pour certains. Un texte court mais intéressant, qui présente deux conceptions radicalement différentes du monde.
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J'ai beaucoup aimé ce court roman de Steinbeck écrit peu après l'entrée en guerre des Etats-Unis.

L'auteur y met en lumière le courage de la population face à l'occupant, leurs actes de bravoure et leurs multiples tentatives pour chasser les Nazis.

J'ai trouvé qu'il émanait de ce récit une force tranquille, notamment due aux personnages, tant à leur comportement qu'à leurs dialogues. J'avais parfois l'impresion d'être dans une pièce de théâtre, tant il y avait un côté presque burlesque dans certaines situation.

Steinbeck a mis en avant avec beaucoup de finesse la rapidité de la conquête mais la difficulté extrême à maintenir le pouvoir et l'ordre dans un territoire occupé.
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En France, ce roman fut publié sous l'occupation en catimini par les éditions de minuit. Longtemps méconnu du public, ce roman de Steinbeck relate l'occupation d'un village minier par des envahisseurs qui s'apparentent beaucoup à ceux du troisième Reich. Les nouveaux venus parviennent à prendre d'assaut le village, et tentent d'exploiter la loi pour leur profit. Cependant, les habitants ne se considèrent pas vaincus: commence alors une guerre froide dans le village, sous les yeux médusés du colonel Lanser et de ses troupes qui se heurtent à la froide indifférence des habitants locaux qui refusent de capituler. Puis le conflit prend des proportions inquiétantes pour les envahisseurs: meurtres, sabotages et fuite se multiplient. Déconcertés, les soldats n'osent plus rien entreprendre.

Voilà un roman saisissant, simple, mais percutant: le lecteur sent les tensions presque tangibles entre les personnages. le roman se caractérise par la théâtralité de son texte: chaque chapitre se déroule dans un environnement bien précis (la maison du maire, celle de Molly, les ruelles du village) et peut se lire comme un acte avec ses scènes. le village en apparence si paisible se transforme en un véritable échiquier, et le combat devient de plus en plus impitoyable.
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156 pages de pure littérature. Les occupants vont être très "occupés"... Dans ce petit village qui ploie sous la neige, c'est le refus qui prévaut. Actif, mais aussi passif, c'est une position philosophique qui est développée ici, une position d'homme face à l'oppression, à la guerre. le colonel Allemand, militaire avant tout, pragmatique, n'en est pas pour autant un fieffé imbécile, même si ces convictions professionnelles resteront les plus fortes. C'est très fort, c'est beau. C'est humain, tragique. A découvrir.
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Livre paru clandestinement en 1942, symbole de l'Europe confrontée à l'Occupation nazie, à la barbarie totalitaire. Les lieux et dates ne sont jamais cités mais on peut penser qu'il s'agit d'un village scandinave. Les villageois menés par leur maire hésitent quant à l'attitude à adopter face aux occupants. Ils choisissent la résistance passive (un peu plus tout de même parfois)
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Roman peu connu de John Steinbeck, Lune noire est paru en 1942 (mais traduit par Lattès en 1994), à un moment où l'armée allemande n'avait pas encore subi les revers sur le front russe.

Le roman est à ce propos tout à fait visionnaire, car l'auteur y déroule la certitude que les peuples occupés ne peuvent l'être de manière durable. (N.B. il ne connaissait pas le Tibet)

Ce roman court est principalement composé de dialogues. Ceux-ci sont acérés, humains et travaillés à l'extrême. Entre Lanser, le colonel allemand, Winter, le médecin et Orden le maire, nous sommes entre hommes du monde. Les jeunes loups qui gravitent autour de ces hommes, qu'ils soient résistants ou officiers nazis ne possèdent pas le même souci des convenances, le même dévouement, le même fatalisme. Ce fatalisme est visible au départ chez Lanser et vers le 3è quart du livre chez Orden. La guerre n'est pas une affaire d'hommes soucieux des convenances, nous dit Steinbeck.

Le roman se déploie comme un huis clos. Vu qu'il est composé de dialogues en majeure partie, c'est presque une pièce de théâtre. On décrit ce qui se passe à l'extérieur de l'hôtel de ville où toute l'action du livre se déroule, sauf lors de l'évasion de deux jeunes gens et de la tentative de séduction de Molly par Tonder. On trouve la patte de certaines pièces de Camus ou Beckett, et même si l'absurde et le surréalisme ne sont pas aussi poussés, le fatalisme l'est.

Steinbeck montre que la résistance passive est source de puissance. Mais il admet également qu'elle ne peut rien sans l'action armée. Dans ce but, il fait monter l'ambiance et la pression, suscitant l'angoisse croissante chez le lecteur. Il travaille sur les dialogues mais aussi sur les ellipses, gommant des événements clés (comme la mort de Tonder) pour laisser le lecteur compléter les manques. Dans le roman, tout peut arriver, ce qui donne une grande force au récit, et même si la fin est fort convenue, aucune autre ne pourrait satisfaire le lecteur.
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Steinbeck nous rappelle que dans la guerre il n'y a qu'un seul perdant : tout le monde. On souffre, on exalte le pire, on croit se battre pour le meilleur, ou on est déjà désabusé. Que de misères.
Gouverner le monde, un monde unanime = impossible, jamais, toujours ré-sistants il y aura.
Le style de Steinbeck est assez sec, pas de superflu, tant mieux. Il y a quelques répétitions de termes imagés pour bien nous les faire rentrer dans le crâne, il y a aussi un côté imprécation ou provocateur plutôt. Steinbeck n'a pas écrit ce livre pour rien, donc il in-siste.
C'est tous les va-t-en-guerre, tout ceux qui veulent diriger, qui croient tellement en leurs idées et qui veulent les imposer qui devraient lire ce livre. Tous les politiciens, aussi.
Attention : Ce livre n'est pas une leçon de morale, ou alors bien subtile. Dommage qu'il manque l'humour de Des Souris et des Hommes, ou même de la Perle, le comique dans le tragique, sans quoi j'aurais peut-être mis five stars...
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Je croyais avoir quasiment tout lu de John Steinbeck, l'un de mes auteurs favoris, et voilà que je découvre ce court roman. Différent par certains aspects, notamment le fait que l'action ne se situe pas en Amérique, mais c'est probablement pour lui donner une dimension plus universelle, mais aussi parce que les Etats-Unis n'ont pas été envahis par un ennemi extérieur quelconque.
Les thèmes , en revanche, restent dans la lignée de ceux que l'auteur a toujours abordés: la liberté, la résistance (ici à l'oppression), la propagande, la peur, la survie...
The moon is Down (titre original) se situe pendant la seconde guerre mondiale et a été écrit dans le but de dénoncer le pouvoir de la propagande et de remonter le moral des troupes alliées. C'est un huis-clos que je verrais bien mis en scène au théâtre.
Je dois quand même avouer que mon préféré a toujours été et reste Les Raisins de la Colère, suivi de près par Des souris et des hommes. J'ai vu ce dernier sur une scène de théâtre et trouve que cette forme a décuplé sa force.
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