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EAN : 9782355360732
656 pages
Carnets Nord (30/11/-1)
3.47/5   19 notes
Résumé :
« C'est triste à dire mais en Autriche, il faut toujours que les nazis se montrent pour qu'il se passe un peu quelque chose. »

Anna Gemini est une blonde discrète, mère célibataire, devenue tueuse à gages pour assurer une vie confortable à son fils Carl, adolescent handicapé dont elle ne se sépare jamais. Mère poule et tueuse freelance : Anna allie les deux sans états d'âme inutiles. Deux principes cependant lui tiennent à coeur : elle part toujours e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le poil de la bête.
En premier lieu je recommande aux lecteurs sujets à l'arthrite, ou à une quelconque déficience musculaire des membres supérieurs ou abdominale d'attendre la version poche de ce live qui pèse un âne mort. le temps de lecture étant particulièrement long, il est conseillé d'avoir recours au marque page dès l'apparition des premiers fourmillements dans les doigts.

Cela dit ce roman policier possède tous les ingrédients d'un roman policier, à savoir des victimes des assassins, des inspecteurs de police, un détective privé, des gens qui restent vivants aussi. Notons également une très belle couverture avec des citrons, un vaporisateur de parfum et des taches.

L'intrigue est cohérente, malgré les artifices (changements de narrateur, découpage en chapitres improbables, citations de Wittgenstein sans lien (ou si ténu) avec l'histoire. Bien ficelée les faits se passent essentiellement à Vienne que l'auteur n'apprécie pas beaucoup. Si ce dernier est autrichien, il est né en Australie et chacun sait que l'Australie est très loin en toutes choses de l'Autriche, avec son architecture et ses gâteaux. Aussi se plaint-il par le truchement de ses personnages d'un état de pesanteur et de balourdise prédominant dans cette capitale dont même l'aéroport semble rescapé sans dommage du dernier conflit mondial.

Là où le roman s'échappe du classicisme c'est que les personnages n'agissent pas conformément à leur rôle. Peut-être un peu au début un assassin tue-t-il une victime mais c'est jugé accessoire et pardonnable et donc chacun agit selon sa morale propre pour mieux assurer sa continuité vitale. Personne n'est coupable, personne n'ira en prison, personne ne contrôle personne, seuls les morts sont morts, encore que… L'auteur s'amuse, et les échanges verbaux tournent souvent à la dérision. Un mélange du théâtre de Prévert ( de mémoire : Piquemouvoche , pas Michevoupoque , on n'a qu'un nom et on y tient…) et de Beckett dégraissé par Ionesco. Un peu vieillot tout de même ces références (j'oubliais Anouilh…) qui provoque des ricanements édentés.

Chaque page est donc pesante de mots et c'est inutile d'en tenter la lecture accélérée vous êtes acculés au repli. Comme c'est effrayant de se satisfaire d'avoir passé les cent premières ou de jeter un oeil sur le numéro de la dernière (642) pour se rassurer (plus que 130) alors que votre poignet émet un craquement inquiétant.

On finit ce livre comme on remonte de la mine, épuisé, avec un dernier trait
« pour ceux qui veulent absolument tout savoir ».

Ne vous découragez pas car on retombe (lourdement) sur ses pieds, fatigués mais satisfaits deux fois (d'avoir compris et d'avoir fini).
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À son sommet, le rire bizarrement méditatif d'une oeuvre policière dadaïste hors sentiers battus.

Publié en 2006, disponible en français à partir d'octobre 2013 chez Carnets Nord dans une traduction de Corinna Gepner, "Ein dickes Fell" est le troisième roman de la série consacrée par Steinfest au détective autrichien manchot d'origine chinoise, Markus Cheng (le deuxième de la série, "Sale cabot", étant aussi disponible en français, chez Phébus).

Comme je l'avais expérimenté avec "Requins d'eau douce" autour de l'inspecteur Lukastik (que l'on retrouvera au passage avec plaisir dans la troisième partie de ce gros roman - 640 pages dans sa présentation provisoire en "épreuves non corrigées") et avec "Le onzième pion" (ressorti en Folio sous le titre "Le grand nez de Lili Steinbeck", plus fidèle en effet à l'intitulé allemand d'origine) autour de la commissaire Lili Steinbeck, un Steinfest ne se "raconte" pas, car chacune des innombrables péripéties, chacun des rebondissements joyeux teintés de loufoquerie qui s'égrènent au fil de l'intrigue, serait l'occasion de bien dommageables "spoilers". de toute façon, le charme très particulier de l'Autrichien - en dehors de la présence insistante, en exergue de chaque chapitre cette fois, de Ludwig Wittgenstein -, ce qui lui permet de construire ces tourbillons narratifs légèrement hallucinés, c'est avant tout sa capacité à nous faire partager l'intimité mentale de personnages hors norme et son maniement résolument à rebrousse-poil de la langue connue.

On croisera donc ici, avec une sorte de joie permanente du récit, une mère de famille dévouée à son fils handicapé, devenant tueuse à gages pour gagner sa vie, un archiviste municipal jouant volontiers les entremetteurs mortels, un détective manchot d'origine chinoise (Markus Cheng, donc) qu'une enquête incidente va arracher à son exil danois et ramener à la Vienne de ses origines, un compositeur célèbre - jouant à l'occasion avec Robert de Niro - oscillant froidement entre génie et folie, une femme d'ambassadeur égérie des milieux littéraires scandinaves, plusieurs fonctionnaires de la police criminelle autrichienne (parmi lesquels Lukastik, donc) dont les savantes idiosyncrasies provoquent le sourire incrédule du lecteur, des adolescents fans de skateboard dont le mutisme renvoie à la règle des moines chartreux ou encore diverses personnes âgées qui détiennent peut-être des secrets ancestraux aussi hallucinants que la formule secrète de l'eau de Cologne capable de rendre vivant le mythe du Golem...

On admirera aussi, tout au long du roman, en souriant et riant très régulièrement, cette capacité qu'a Steinfest de déstabiliser sa propre narration "sérieuse", sans arrêt, par un usage bien particulier et terriblement tonique de métaphores toujours pleinement surprenantes, à l'opposé des clichés et automatismes faciles, et qui contribuent au premier chef à créer, à chaque paragraphe et à chaque chapitre, cette atmosphère dadaïste si particulière que l'on ressentait déjà dans les trois romans déjà disponibles en français, et qui atteint ici sa plénitude.

Une lecture indispensable pour poursuivre une route de rire étonnamment méditatif dans cette oeuvre hors sentiers battus.
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Entamé avec plaisir, comme on mord dans un bon gâteau (une forêt-noire). Et terminé avec peine : trop de chantilly, trop de sucre, même s'il y a jusqu'au bout d'excellentes cerises...Les cerises, ce sont les aphorismes, dont Steinfest adore truffer ses pages. Au point que l'histoire finit par sembler n'être qu'un simple prétexte à "aphoriser".
Je reviens aux ingrédients de départ :
-une chômeuse (Anna Gemini) qui devient tueuse à gages pour subvenir aux besoins de son fils handicapé.
-un archiviste grisâtre et cynique (Smolek), pour lui mettre le pied à l'étrier dans sa nouvelle carrière.
-un détective manchot d'origine chinoise (Cheng) chargé d'élucider les méfaits des deux premiers.
-Vienne! C'est l'ingrédient qui donne du liant à l'ensemble. Même s'il n'y est pas né, Steinfest y a vécu à partir de l'âge de deux ans. Il nous guide dans sa ville, entre coups de coeur et coups de griffe.
Jusqu'à la page 300 environ, ce livre a été un pur régal. La prose est libre et joyeuse, on s'attache à Anna Gemini, cette quinquagénaire au style très "secrétaire de direction" qui fait ses premiers pas dans l'assassinat.
Le souci, c'est que le livre compte 644 pages, et que l'auteur ne se donne strictement aucune règle, si ce n'est celle de plaire à tout prix. Une situation semble insoluble? Abracadabra! Steinfest croit s'en tirer par l'ajout d'une péripétie supplémentaire qui tente d'éblouir par toujours plus de frénésie et d'absurdité. Sauf qu'à la longue, ça ne marche plus. Car l'absurde, surtout l'absurde, a ses propres lois et demande une grande rigueur sous peine de sombrer dans le n'importe quoi. Steinfest partage avec Donald Westlake ou Pierre Siniac l'art de créer des situations jubilatoires et loufoques. Mais il n'a ni la maîtrise de l'Américain, ni la force subversive du Français. Et du coup, l'ensemble s'avère un peu lourd et finalement plus très goûtu. Burps!









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Créée en 1709, l'eau de Cologne était à l'origine un médicament utilisé contre les attaques d'apoplexie, les migraines, les rages de dents et même les accouchements difficiles. C'était une eau miraculeuse, la formule de l'eau 4711, la plus fameuse, est depuis toujours gardée secrète. Mais heureusement il y aura toujours des personnes malveillantes pour tenter de s'approprier le secret d'une eau miraculeuse, comme il y aura toujours un détective privé et quelques femmes fatales dans tous romans noirs qui se respectent.

Oubliez toutes les conventions du polar, si il y a bien un détective, il est autrichien d'origine Chinoise, manchot, romantique et poète en diable ,précédé d' une solide réputation : « chaque fois qu'il est chargé d'une affaire, il y a une foule de gens passablement dingues qui meurent »disent de lui les flics Viennois complètement dépassés , et les femmes sont fatales, bien sur, mais aussi et en même temps terriblement maternelles et parfois létales .

Dans « le poil de la bête » nous rencontrerons également un archiviste Viennois agent double, un banquier gérontophile, un célèbre compositeur de musique à la recherche de trou spatio-temporels , un jeune écrivain arrogant espérant l'immortalité ou le Nobel, une mère célibataire et sa gamine à la langue bien pendue, un adolescent handicapé et son skate- board, une jeune punk dresseuse de merle , des vieillards indignes et des chats chartreux gardiens des clés du paradis .

Heinrich Steinfest nous entraine dans les rues de Vienne sans temps mort .Cinéphile il convoque Hitchcock, Godard, Tarantino et, sacrilège, ose imaginer que l'on puisse faire un remake de « Citizen Kane. Cultivé il oppose Wittgenstein à Descartes tout en visitant une expo de Dürer .L'écriture est brillante bourrée de métaphores poétiques et décalées . Sacré roman, érudit et drôle « le poil de la bête » à l'intelligence de ne se prendre jamais au sérieux. Un livre pétri d'humour qui met bien à mal la fameuse blague du siècle dernier sur le prétendu humour autricihien
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'auteur met en scène deux personnages. Annie est une maman célibataire d'un adolescent handicapé prénommé Carl. Afin de subvenir aux besoins de sa famille et voulant toujours garder un oeil sur son fils, dur dur de trouver une activité profesionnelle lui permettant de mener une vie de famillle normale. Alors elle choisit, guidé en cela par un "mentor", le métier de tueuse professionnelle.

Au cours de l'exécution d'un contrat, elle croise le chemin d'un détective manchot flanqué de son vieux chien. Au début, ils pensent que c'est le hasard qui les a fait se rencontrer. Mais au bout de quelques cadavres sur leur passage, le hasard a bon dos et ils unissent leur force pour savoir de quoi il retourne.

L'auteur aime créer des personnages atypiques et là il a fait fort avec ces deux là. Les dialogues entre eux sont par moment complètement surréalistes mais ils m'ont bien fait rigoler. Les personnages secondaires sont tout aussi déjantés. Pour preuve le personnage de Janota, je n'en dis pas plus, il faut le lire pour le croire.

Tout ce petit monde cherche à percer le secret de l'eau de Cologne 4711. Tous les morts et les rencontres y sont plus ou moins liés et ce sera à nos héros de découvrir comment. La solution va en désappointer plus d'un, moi la première.

Je n'ai qu'une seule à reprocher à ce livre : il est un peu long. Certains passages auraient mérité d'être plus courts.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La chambre de Cheng était quasiment vide. Sur un parquet immaculé était posé un matelas avec sa literie et dans un coin végétait un caoutchouc. En dehors de cela, il y avait juste un petit dispositif installé au sol, comprenant deux écuelles, plusieurs boîtes de nourriture pour chien, deux os empaquetés, une couverture repliée et un petit animal en plastique. L'animal en plastique, Oreillard n'en avait pas besoin. Le reste convenait très bien. Oreillard n'avait jamais joué, même dans sa jeunesse. Ce genre d'activité lui avait toujours paru une expression de désespoir. Or jamais il ne s'était senti assez désespéré pour se mettre à courir après des objets inertes.
Se nourrir, c'était autre chose. Se nourrir était une nécessité qui ne prêtait pas à discussion même si elle créait beaucoup de malheurs dans le monde. C'est avec la pitance que naît la folie qui consiste à tuer et à se faire tuer, la folie de l'inquiétude permanente, de l'obligation de regarder autour de soi, d'être vigilant, envieux, avide, rusé, nerveux, instable. On mange toujours trop ou trop peu et même une honnête quantité laisse une sensation de vide. Mais, comme on l'a dit, impossible d'y renoncer si l'on veut rester en vie. Et Oreillard voulait rester en vie. Renoncer à soi-même lui apparaissait comme la chose la plus désagréable qui fût. Comment pouvait-on à ce point se prendre au sérieux ?
Cela étant, Oreillard n'était pas un glouton. Lorsque Cheng eût rempli une écuelle de viande, il resta immobile devant sa platée, s'abstenant dans un premier temps de faire quoi que ce soit. Son museau ne se plissa pas, ses glandes salivaires ne s'activèrent pas plus que d'habitude. Il resta là, tout simplement, comme le premier chien venu, comme un véritable fossile. Et puis lorsque quelque chose comme une petite auréole menaça de s'allumer au-dessus de ses robustes oreilles, il baissa la tête, ouvrit la gueule à la façon d'un casse-noix et planta des crocs étonnamment bien conservés dans une viande d'une tendreté inconvenante.
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Satisfaite de son histoire, Madame Rubinstein conduisit Cheng dans la chambre à coucher, qui avait aussi été sa chambre. En lieu et place du futon bas de Cheng trônait à présent dans la pièce la surélévation trampolinienne d’un lit double encastré dans une armature de noyer polie comme un miroir. Cette couche élégante suggérait l’existence passée d’un M. Rubinstein, quel que fût l’endroit où il se trouvait désormais. Cheng exclut l’éventualité qu’il pût encore vivre là. C’était clairement l’appartement d’une femme et d’un enfant, il y avait longtemps qu’un époux et père n’y avait pas établi son ordre ou son désordre. La moitié du lit double était le dernier indice de sa présence. Un indice sans véritable trace. Un vestige bien lissé.

Il va de soi que Cheng s’abstint de s’enquérir de ce M. Rubinstein. Au lieu de cela, il jeta un coup d’œil dans le petit cabinet qui se trouvait derrière la chambre à coucher et qui donnait sur le couloir. Dans le temps, Cheng y avait entreposé toutes sortes de choses pour libérer le reste de l’appartement de ce bric-à-brac. L’ancien débarras était devenu une parfaite chambre d’enfant. Douillette, gaie, colorée et bien équipée, mais pas de cette gaieté colorée qui vous donne le vertige au bout de cinq minutes.

Cheng vit les habituels posters de chevaux et de chanteurs et se demanda pour quelle raison les filles de cet âge se nourrissaient en général d’une passion simultanée pour les chevaux et les chanteurs. Cela ne pouvait être un hasard. Quand deux choses se côtoient en ce monde, ce n’est jamais par hasard.

Pendant un court instant, Cheng se tritura la cervelle : chevaux ? Chanteurs ? Crinières ? Corps trempés de sueur ? Regards éteints ?
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Je ne connais rien aux serpents. Celui-là était vert, assez mince, et il devait mesurer dans les deux mètres cinquante, pour autant que l'on puisse évaluer la longueur de ces créatures qui ne se tiennent jamais droites. Comme la plupart des petits acteurs et des petits politiciens, qui préfèrent le mouvement continuel ou la courbure équivoque. Ces gens ne paraissent pas plus grands qu'ils ne sont, mais leur petitesse reste toujours dissimulée par le brouillard de leur vitalité et de leurs contorsions.
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Disons-le ainsi: le Nom de Dieu ne repose pas sur une erreur, il l'expose. Et ce fait est moins comique que tragique. C'est un signe. Un signe de mauvaise augure.
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La précision de Dürer n’a pas vraiment de sens. Les choses n’en deviennent pas plus claires. Au contraire. Elles disparaissent derrière la finesse du trait.
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