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Critique de AmeliaChatterton


Fan des autres romans steampunk de Marianne Stern, j'ai essayé avec confiance cet énième opus plutôt young adult avec une héroïne qui casse les codes. Et je n'ai pas été déçue…

Mon avis :
Apocalypse, un personnage principal d'enfer
Le roman est centré sur Apolline alias Apocalypse, une ado de 17 ans, rebelle sur les bords qui adore écouter du métal, voue une passion sans limites pour l'Allemagne et s'habille comme une punk à chien. Vivant avec sa mère célibataire et top-model dans une propriété remplie plus par le personnel de maison que par une vraie famille, elle s'élève toute seule entre l'alcool, les joints et surtout sa phobie du gras qui la rend très maigre.

Malgré deux amis fidèles au lycée, elle subit le harcèlement scolaire de sa classe qui passe son temps à la traiter de sac d'os ou de nazie. Sa seule défense, c'est l'attaque et parfois ses provocations l'entraînent à réaliser de mauvais choix, surtout en matière de garçons. Son seul réconfort au lycée sont sa prof d'allemand à qui elle voue un culte et son prof de français qui joue dans un groupe de métal. Cependant, par paresse ou par ennui, elle sèche souvent les cours, malgré une grande intelligence.

Bref, vous l'aurez compris, notre héroïne casse un peu les codes habituels avec son mode de vie et son tempérament, mais malgré tout on s'y attache vite.

Ajoutez à cela une relation compliquée avec sa mère gothique similaire à une copine, qui ne montre pas le meilleur des exemples, et une grand-mère catholique intégriste et vous aurez une version trash de Gilmore Girls.

Au vu du résumé, on aurait pu croire qu'il s'agit d'un récit sur une pauvre petite fille riche, mais c'est plus complexe que cela.

Une critique du milieu de la mode en demi-teinte
La mode est un thème récurrent dans ce roman young adult, du fait du personnage d'Ornella, alias Mutti, la mère d'Apolline.

Alors qu'Apolline déteste ce milieu parce qu'il l'empêche principalement de profiter de la présence de sa mère, Ornella l'adore, et cela nous dessine les deux facettes du métier.

Marianne Stern nous propose une mannequin trash et capricieuse, aux airs de diva, plus obsédée par ses robes que par sa fille et surtout bien décidée à maintenir sa carrière tant qu'elle le peut avant d'être trop vieille pour les défilés.

Mais ce mannequin doit embaucher des agents de sécurité pour se protéger des paparazzis, ne rien avaler à part du céleri et du jus de citron, supporter un agent particulièrement casse-pieds, courir à chaque shooting, et réfléchir à un plan B (autrement dit, harponner un vieux riche) pour s'assurer une fin de carrière confortable.

Seules consolations : son dressing est rempli de robes fabuleuses, elle a été égérie pour Karl Lagarfeld et les podiums lui apportent gloire, argent et bonne estime d'elle-même, et souvent des jeunes trentenaires à mettre dans son lit.

Derrière les paillettes se cachent donc de grands sacrifices. La seule chose qui rapproche les deux personnages est leur amour pour les belles robes. Car malgré un look de punk à chien, Apolline est fan du style pin up et n'hésite pas à piquer des robes à sa mère et à se découvrir femme à travers ces vêtements.

Une analyse fine du problème de l'anorexie

Apolline nous raconte sa vie et ses déboires à la première personne dans ce roman young adult et se dessine peu à peu tous ses problèmes, dont le plus important : l'anorexie.

Plutôt que de jouer la carte moralisatrice, Marianne Stern a préféré nous montrer comment une adolescente vis son rapport au corps et à cette maladie, jusqu'au déclic où elle admet qu'elle a un problème et besoin d'aide. J'ai trouvé que c'était très bien amené, car le fait de se glisser dans la peau du personnage nous rendait plus lucide sur l'anorexie et plus empathique envers les gens qui en sont touchés.

Tous les éléments de la dégradation physique de l'adolescente apparaissent, comme des signes avant-coureur de sa chute lente : maigreur, mais aussi perte des cheveux, absence de sommeil, déchaussement des dents, vertiges, manque d'énergie, maux de ventre après absorption de nourriture, sentiment perpétuel d'être laide ou inexistante, mutilations, absence de règles… Rien ne nous est épargné mais en même temps, on apprend beaucoup sur comment l'adolescente vit cette maladie.

Elle ne veut pas se soigner par peur d'être catégorisée de folle, internée dans un hôpital et gavée de nourriture par des médecins et au lieu de chercher de l'aide, elle s'enfonce de plus en plus dans des comportements à risques.

Autour d'elle, on suit également comment son entourage réagit à son attitude, ce qui donne une palette complète des émotions humaines : la grand-mère lucide sur la maladie mais moralisatrice, la mère qui ignore le problème, les amis qui essaient d'aider mais sans brusquer les choses et dans la limite de leurs capacités, le personnel de maison qui reste indifférent ou s'implique trop, les profs qui ont conscience du problème sans trop savoir comment l'aborder…

Par dessus-tout, on comprend que cette maladie déclenchée chez la jeune fille est un condensé de plusieurs de ses problèmes et que ce n'est pas uniquement lié à son poids : absence du père, harcèlement scolaire, absence d'éducation de sa mère, solitude, peur de ne pas être aimée… de ce fait, Marianne Stern élargit le propos et nous montre qu'il ne s'agit pas uniquement d'une maladie liée à l'image que l'on a de soi.

Sans vouloir spoiler la fin, apprenez qu'elle apporte une solution plutôt fine et bien menée à Apolline, mais aussi aux jeunes lecteurs qui pourraient avoir le même problème.

En conclusion : Un roman young adult décoiffant, avec une héroïne au caractère bien trempé faisant face à de nombreux problèmes dont l'anorexie, mais dont la présentation est fine et empathique. Un vrai coup de coeur de lecture sur fond de musique Heavy metal !
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