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Joseph Duhamel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782874230240
183 pages
Mijade (15/05/2008)
3.95/5   55 notes
Résumé :
Les corps se transforment, les êtres disparaissent, les lieux mènent vers nulle part, les objets ont d'étranges réactions, les miroirs reflètent des ombres, les squelettes s'animent, les trains ne s'arrêtent plus... 99 contes qui sèment le doute, frôlent l'absurde et sont remplis de mystère. 99 contes à servir glacés, pour provoquer frissons et sueurs froides.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Dans "Les Contes glacés" de Jacques Sternberg, la première chose qui choque, c'est le titre. Il s'agit presque ici d'un oxymore. Je m'explique : le mot "conte" représente souvent à nos yeux un monde féerique où le gentil prince viendra toujours à bout du dragon pour épouser sa belle (oui, j'ai été élevée aux contes de Grimm). Et pourtant... En y réfléchissant bien, les contes reflètent très souvent un aspect négatif afin d'en tirer une morale. Il n'y a qu'à lire ou relire "Le Petit chaperon rouge" ou "Barbe Bleue" pour s'en persuader.

Dans ce recueil, Jacques Sternberg essaie d'étudier l'angoisse, la peur de l'homme face à l'étrange, face au surnaturel. Cette sourde panique qui nous étreint lorsque nous ne sommes plus devant nos certitudes, notre logique... Cette déstabilisation sur laquelle, d'ailleurs, avait joué Rod Serling, le créateur de "La Quatrième dimension" ("The Twilight Zone") dans les années 60. Pour ce faire, l'auteur va utiliser la concision afin de surprendre les lecteurs et, surtout, il va terminer ses contes par des chutes, à la manière des nouvelles. L'adhésion est d'autant plus importante que les contes utilisent non pas du féerique mais un univers quotidien dans lequel l'irrationnel vient s'immiscer.

Il s'agit là d'une véritable prouesse technique et d'un auteur, décédé malheureusement en 2006, à découvrir ou à redécouvrir.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Dans le format court, difficile de faire mieux que Jacques Sternberg, cet auteur belge avait le sens du raccourci.
Ses contes, tenaient souvent en quelques lignes, rarement plus de deux pages…

Ce recueil, illustré par Topor (dans l'édition Marabout de 1974, j'ignore si les rééditions reprennent ses dessins), rassemble des textes, mêlant, fantastique, absurde, science-fiction, le tout généralement abordé avec une dose d'humour noir.

Ce format de textes, était la marque de Stenberg, co-fondateur du groupe "Panique".

Si la plupart de ces micro-contes font mouche, d'autres pourraient être le début d'un récit plus long, et cela laisse un petit goût d'inachevé.

Mais peut-être était-ce le propos de l'auteur, que de donner une amorce d'histoire et de laisser le choix à l'imagination du lecteur de la continuer ou non ?
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Jacques Sternberg né à Anvers le 17 avril 1923 , décédé à Paris le 11 octobre 2006.

Auteur Belge - Romancier, nouvelliste.

Est-il né en Absurbie !!?
Où les miroirs reflètent des ombres !
Où le fantastique nous donne frissons et sueurs glacées !
Où le mystère vous frôle, sème le doute !
Où l'étrange s'invite !

"Les corps se transforment, les êtres disparaissent, les lieux mènent vers nulle part, les objets sont d'étranges réactions, les miroirs reflètent les ombres, les squelettes s'animent, les trains ne s'arrêtent plus ..."

99 Contes
Prenez en un, comme vous prendriez un glaçon en bouche il en résultera des sensations frissonnantes qui vous parcouront le corps tout entier !!!
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J'ai gardé en tête pendant des années cette nouvelle des Contes Glacés intitulée le Tapis sans savoir qui l'avait écrite et dans quel ouvrage. Je la tenais pour le chef-d'oeuvre de la littérature fantastique, ce basculement subit et inéluctable entre le réel et l'imaginaire.

Il y a dans les contes glacés cette précision et cette concision qui rend notre réel tellement "questionnable". Notre univers est-il bien réel ou une autre oeuvre littéraire.
Prenez La Disparition ou encore L'Erreur ou n'importe lequel des contes et vous vous sentirez hésiter, tituber, vos mains s'agripperont à n'importe quel objet à l'allure bien objective mais vous hésiterez : existe-t-elle cette rampe, et moi-même, ne va-t-on pas m'effacer d'un trait ?
Voilà pourquoi je voue une très grande admiration à Jacques Sternberg, si jamais il a existé :-)
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J'ai pris grand plaisir à retrouver l'écriture concise et sans concession de Jacques Sternberg. Ses courts récits, contes, paraboles, presque aphorismes parfois ; auscultent avec précision l'absurdité de nos sociétés contemporaines. L'ouvrage ne date pas d'aujourd'hui, plutôt d'hier, mais cause fort bien de ce futur hanté-rieur qui nous ronge de l'intérieur. On s'approche du non-sens, toujours sur les terres de l'humour noir, il arrive que le glissement opère vers une forme d'onirisme presque "hippie". le classement par thème fonctionne, même si du coup les structures et modes de fonctionnement des récits peuvent paraître de temps en temps redondant, ainsi concentrés, plutôt qu'éparpillés dans le livre. C'est un choix qui n'a pas gâché mon plaisir. J'ai particulièrement apprécié le texte sur Noël, revisité par des hommes venus d'une autre planète. Cette fête les fait bien rire. le rien faisant référence au théâtre contemporain est sans appel ! La publicité à outrance avec le type qui reçoit une liasse de billets d'une banque en espérant qu'il devienne client va très loin et en dit long. Bref, c'est très agréable à lire et dans le lot, je suis sûr que chacun trouvera sa pépite.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le Communiqué
Il était sur le point de s'endormir quand, soudain, il vit briller dans la nuit la petite lucarne de sa radio qu'il avait oublié de fermer. Il se redressa et, machinalement, il fit passer d'un poste à l'autre l'aiguille de métal qui boucla le tour du cadran sans se heurter au moindre son, pas même un parasite. Il allait fermer le poste quand soudain l'aiguille se buta à une voix. L'homme s'étonna: il n'avait jamais obtenu le moindre programme sur cette longueur d'ondes.
- Cher auditeur... dit la voix.
De cela, l'homme était certain : la voix n'avait pas fait mention des chers auditeurs. Cher auditeur, avait-elle dit. Et cette voix ne semblait pas appartenir au monde des spectacles et diffusions. Elle n'en avait pas la sonorité classique, il lui manquait une certaine onctuosité, un certain pouvoir rassurant. Elle sonnait sèche, personnelle. Le ton était distant, neutre, légèrement froid.
- Cher auditeur, dit la voix sans aucun effet oratoire, il est maintenant zéro heure, zéro minute, zéro seconde. Votre programme est terminé. Nous vous donnons rendez-vous demain matin dans un autre monde.
L'homme, en effet, ne passa pas la nuit.
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Les chats
On s’était si souvent demandé, et depuis longtemps, à quoi les chats pouvaient bien penser. Tapis au plus profond de leur solitude, enroulés autour de leur chaleur, comme rejetés dans une autre dimension, distants, méprisants, ils avaient l’air de penser, certes. Mais à quoi ? Les hommes ne l’apprirent qu’assez tard. Au XXIe siècle seulement.
Au début de ce siècle, en effet, on constata avec quelque étonnement que plus aucun chat ne miaulait. Les chats s’étaient tus. On n’en fit pas un drame. En fin de compte, les chats n’avaient jamais été tellement bavards : sans doute n’avaient-ils vraiment plus rien à dire à présent. Puis, plus tard, on releva un autre fait. Plus singulier celui-là : les chats ne mouraient plus. Quelques-uns mouraient évidemment par accident, écrasés par un véhicule, le plus souvent; ou emportés en bas âge par quelque maladie particulièrement pernicieuse. Mais les autres évitaient la mort, lui échappaient, comme si cette fatale échéance n’avait plus existé pour eux.
Cette énigme, personne ne la perça jamais.
Leur secret était simple pourtant. Les chats, depuis qu’ils étaient sur terre, n’étaient jamais sortis de leur indolence native pour accomplir, comme les hommes, mille petits tours savants. Ils n’avaient jamais rien construit, pas même leur niche. Ils avaient toujours laissé les hommes s’occuper de leur sort, leur procurer la nourriture, le confort et la chaleur artificielle. Eux, libérés de tout, avaient toujours vécu dans une sorte d’hibernation idéale, bien dosée, parfaitement mise au point, ne songeant qu’à mieux se concentrer, douillettement lovés dans leur bien-être.
Les chats avaient eu beaucoup de temps pour y penser. Ils avaient beaucoup pensé. Mais alors que les hommes pensaient à tort et à travers, au superflu de préférence, les chats, eux, n’avaient pensé qu’à l’essentiel, sans cesse, sans se laisser distraire. Ils n’avaient médité inlassablement, au cours des siècles, qu’un seul problème.
Et, à force d’y penser, ils l’avaient résolu.
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Le rêve
Il écoutait, allongé sur le dos. Il écoutait la respiration de la femme qui dormait à ses côtés. Soudain, il vit un mot se dessiner devant lui. « Entrer » c'était cela le mot. Puis une idée se fondit dans ce mot, comme une goutte d'eau subitement aspirée par une autre goutte. Entrer dans un rêve... S'il avait pu entrer dans le rêve de sa femme...
C'est alors qu'il eut la sensation de tomber au ralenti, de tomber durant très longtemps, jusqu'au moment où il se retrouva dans une pièce cernée de dalles blafardes. Sa femme était là. Elle souriait. Elle avança vers lui...
Elle s'éveilla très tôt, ce matin-là. Quand elle regarda sa main couverte de sang, elle comprit que c'était une impression d'humidité qui l'avait jetée hors du sommeil. Elle hurla quand elle vit l'homme qui gisait à côté d'elle, la gorge ouverte. Ouverte, c'était cela. A la gorge, elle s'en souvenait. C'était exactement cela.
Et c'était avec un rasoir que, dans son rêve, elle tuait son mari.
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Au commencement, Dieu créa le chat à son image. Et bien entendu, il trouva que c'était bien. Et c'était bien, d'ailleurs. Mais le chat était paresseux. Il ne voulait rien faire. Alors, plus tard, après quelques millénaires, Dieu créa l'homme uniquement dans le but de servir le chat, de lui servir d'esclave jusqu'à la fin des temps. Au chat, il avait donné l'indolence et la lucidité ; à l'homme, il donna la névrose, le don du bricolage et la passion du travail. L'homme s'en donna à coeur joie. Au cours des siècles, il édifia toute une civilisation basée sur l'invention, la production et la consommation intensive. Civilisation qui n'avait en réalité qu'un seul but secret : offrir au chat, le confort, le gîte et le couvert.
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Le rien
La scène ne représente rien. L'action ne se passe nulle part. D'ailleurs il n'y a pas d'action. Il n'y a pas non plus de personnages. Bien entendu, ils ne disent rien.
Le rideau ne se lève pas encore, car il est chez le teinturier.
Il est difficile de dire si la salle est vide ou pleine : elle n'a pas encore été construite. Pour l'instant, il n'est pas encore question de la construire. Le sera-t-elle un jour ? Qui sait ?
Quant à l'auteur qui, ce matin, avait décidé d'écrire la pièce, il vient de mourir cet après-midi.
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Cinéma
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