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Aurélien Digeon (Traducteur)Serge Soupel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080703729
230 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.64/5   53 notes
Résumé :
Sous le pseudonyme shakespearien de Yorik, Sterne raconte des souvenirs et des impressions de voyage : après avoir énuméré les différentes catégories de voyageurs, il déclare appartenir à celle des sentimentaux, c'est-à-dire ceux qui aiment observer tranquillement et s'abandonner aux sentiments divers que les choses peuvent leur inspirer. Un chef d'œuvre méconnu de la littérature anglaise.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
"Le cri du sentiment est toujours absurde ; mais il est sublime, parce qu'il est absurde."
(C. Baudelaire)

J'ai choisi exprès "Le voyage sentimental en France et en Italie" pour m'accompagner lors de mon propre voyage (eh, sentimental...) en France, en vague direction de l'Italie, sous les derniers rayons chauds d'un soleil aux tonalités déjà automnales caressant les vignobles de leur lumière dorée, tandis que le chant joyeux des robustes paysans s'élevait dans la transparence cristalline... etc., etc.... pardon !
Il sera difficile de trouver un meilleur compagnon de route que Sterne - compagnon plus complaisant, plus modeste, plus vertueux, plus généreux - tout ceci évidemment à quelque vertigineux degré d'ironie qui caractérise si bien cet enfant terrible des lettres anglaises du 18ème siècle.

Même si l'époque des diligences est révolue depuis longtemps et nos itinéraires respectifs se sont vite séparés, on avait au moins une chose en commun : ni lui ni moi n'avons réussi à atteindre l'Italie... ce qui n'a fait qu'augmenter mes sentiments affectueux envers l'auteur de l'immortel "Tristram Shandy".
Malheureusement, les raisons de Sterne pour ne pas descendre davantage vers le sud étaient bien plus impérieuses que les miennes, et j'ai rarement ressenti une plus grande tristesse à cause de la mort prématurée d'un auteur qu'en contemplant la dernière phrase du récit, coupée en plein milieu. Et juste pendant cet épisode cocasse où le pasteur Yorick (notre sentimental voyageur et accessoirement l'alter-ego de Sterne) est forcé de partager sa chambre avec une belle Piémontaise dans une auberge près de Lyon. Puis, au plus profond de la nuit... ah, quel gâchis !
Pour être tout à fait franche, je garde une nette préférence pour la flamboyance digressive de "Tristram Shandy", mais n'oublions pas qu'il s'agit ici d'un récit de voyage, et si ce bon Yorick avait calé son pas sur celui de Tristram, il serait probablement encore à Calais, en train de déguster sa première fricassée de poulet.
On trouve cependant quelques réminiscences, tant dans le style irrévérencieux au fort potentiel comique que dans les personnages, que Sterne fait parfois sentimentalement voyager d'un roman à l'autre, y compris le protagoniste principal. L'auteur est un rusé renard, et les liens tentaculaires plus ou moins subtils transforment son oeuvre en un seul Grand Jeu littéraire pré-postmoderne.

Etrangement, à chaque fois que je parle de Sterne, je me laisse surprendre par une sorte de verve digressive - allez savoir pourquoi -- mais certains comprendront -- du moins je l'espère... ceci dit, "Le voyage" en soi est par essence progressif, je reviens donc vite au sujet.
Le trublion Sterne a décidé de commencer son récit de la même façon dont il se termine - "in medias res", par l'énigmatique phrase : "Cette affaire, dis-je, est mieux réglée en France"... et je présume que cette fois c'était voulu. Mais quelle est donc "cette affaire" ? La recette de la fricassée, ou la nature spontanée des Français, si différents des pâles fils de la perfide Albion ?
Difficile de décider, car les "affaires" ne manquent pas, de préférence les affaires de coeur. Sterne réagit aux récits de voyage sèchement descriptifs de l'époque, notamment "Voyages à travers la France et l'Italie" de Tobias Smollett, qu'on trouve dans le livre sous les traits du "savant Smelfungus" (sic !).
Yorick voyage davantage d'homme en homme (sinon de femme en femme) en profitant des "suaves petites gracieusetés de la vie".
A commencer par un touchant moine franciscain à Calais à qui, débordant de sentiments, il refuse l'aumône ( "[il avait] l'air si naturel, si gracieux, si humble, qu'il falloit que j'eusse été ensorcelé pour n'en être pas touché…") en passant par nobles dames, aubergistes, libraires, grisettes parisiennes, comtes roturiers ou simples paysans, son itinéraire touristique est avant tout un itinéraire d'âme, tendre et malléable comme le nougat de Montélimar.

Si l'histoire démarre doucement, à partir du moment où le pasteur engage le serviteur français La Fleur - un garçon plein de bonne volonté, mais qui sait tout au plus battre le tambour - elle est pour ainsi dire menée tambour battant, et elle n'est pas sans rappeler l'assez génial "Jacques le Fataliste" de Diderot (qui doit beaucoup à Sterne).
Les nombreuses phrases "in french in italics" permettent de s'arrêter sur quelques subtilités de la langue de Molière, et donnent beaucoup de vie au récit, y compris quelques mémorables quiproquos... c'est d'ailleurs à cause d'un imbroglio tout shakespearien que l'émotionnel pasteur va continuer son voyage avec un passeport établi au nom de "M. Yorick, le bouffon du roi".
Mais les deux pays sont en guerre, et la bouffonnerie est toujours préférable à la Bastille, même pour le voyageur le plus intrépide. Ou à n'importe quelle autre forme d'entrave : ni Sterne, ni Cervantès, Rabelais, Hašek - et par extension, tant d'autres auteurs qui ont osé briser les chaînes du roman traditionnel - ne vont pas me contredire.
"Le Voyage Sentimental" est un panaché littéraire aussi pétillant que "Shandy" et pourrait presque y figurer en tant que chapitre supplémentaire. Je garde donc par sentimentalisme la même note, 4,5/5.
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Il faut savoir, de temps en temps, se plonger dans un livre d'un autre temps. D'un temps où il suffisait de peu d'action dans un récit pour que les lecteurs en tirent leur plaisir, comme ils n'avaient pas été nourris de films hollywoodiens et de romans policiers sanguinolents. Tout comme, quand les yeux nous brûlent, on les détache de l'écran de l'ordinateur pour regarder un instant par la fenêtre ; qu'on essayer de ralentir un instant le cours des choses, quand il nous semble qu'autours de nous la vie tourne trop vite.

Quel intérêt y a t-il à ne savoir lire que des oeuvres modernes ? Je veux moi pouvoir goûter celles de tous les lieux et de toutes les époques.

Laurence Sterne, doux écrivain du XVIIIème siècle, popularisa en son temps le « voyage sentimental » c'est à dire réalisé dans le but de donner libre court à ses sentiments, romantiques ou non. le genre eut un grand succès ; Goethe lui-même s'y prêta en Italie. On s'en doute, il s'y passe peu de choses. Il voyage, embauche un domestique français, flirt en tout bien tout honneur, rencontre et discute avec des gens de toute condition. Mais sa plume est alerte, drôle, sème les petites touches d'humour et d'autodérision. Tout ce que Houellebecq est incapable de faire quand il raconte ses vacances à Lanzarote. Une petite pointe de second degré vaut mieux qu'une grosse scène de sexe.

On est surpris également par son caractère très ouvert. Un jour il rend visite à un pair de France ayant ses entrées auprès du roi, le lendemain il soupe de pain noir et de lentilles avec une famille de paysans. Il rend visite à une marquise, et quelques jours plus tard fait un détour de plusieurs lieux pour voir une gardienne de chèvres de sa connaissance. Il flirt avec les dames de tous milieux mais, en vrai gentleman, ne pousse jamais trop loin son avantage.

Si 'Tristam Shandy' reste l'oeuvre majeure de Stern, ce petit livre-ci connut également un énorme succès, et donna même lieu à toute une iconographie ; beaucoup de peintres et illustrateurs des XVIIIème et XIXème siècles y puisèrent leur inspiration. On peut comprendre pourquoi.
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Si quelqu'un venait à me dire que Paul Léautaud avait comme ancêtre Laurence Sterne je serais prêt à le croire sur le champ.
J'ai retrouvé cette jubilation d'écriture dans un style flamboyant d'ironie.
Tout est en subtilité et chaque mot est choisi à dessein. Le lecteur face à de tels écrivains se réjouit, à chaque phrase, d'entrer dans leur intimité et de partager leurs codes.
A ce titre la préface d'Aurélien Digeon (louons aussi son travail de traducteur) est indispensable pour comprendre qu'il faut lire Laurence Sterne bien souvent au second degré, et apprécier tout son cynisme. (les nuances de la langue française font ici merveille).
N'est ce pas un peu vieux ? allez vous me dire. Ancien sans aucun doute ! XVIIIe siècle, forcement ...mais je n'hésiterais pas, demain, à franchir un siècle de plus pour contempler La Joconde...
Pas vous ?
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Février 1768, à Paris.
M. Yorick entreprend un voyage depuis l'Angleterre à destination de la France et de l'Italie. A travers son récit, il raconte ses aventures et les rencontres faites au cours de son trajet. En passant par Calais et Paris, il fait d'abord la connaissance d'un moine puis d'un jeune homme (La Fleur) qui fera le voyage avec lui sur la Désobligeante, une chaise de transport utilisée à l'époque. A Paris, il croise également le chemin de divers autres personnages qu'il observe, interpelle et interroge. Au fil de son séjour, il s'adapte à la vie et aux coutumes des français. Durant cette période, la France est en pleine guerre de Cent ans. M. Yorick a omis de demander un passeport avant de partir en voyage. Pour ne pas être emprisonné à la Bastille, il se rend à Versailles demander au Comte son aide pour obtenir le document qu'il obtient avant de continuer son périple.
Un livre qui parle d'émotions, de sentiments et de liberté.
"Un voyage sentimental" publié aux éditions Tristram est une toute nouvelle traduction de Guy Jouvet qui, d'après le prologue, fut un travail long et minutieux en raison du langage, des coutumes de l'époque et des expressions françaises utilisées et assez mal orthographiées. Cette littérature n'est vraiment pas dans mes habitudes. Je n'ai pas lu de romans du 18ème siècle depuis de nombreuses années, celles des années lycées. Cependant, aujourd'hui j'ai apprécié de me replonger dans ce type de d'ouvrage. J'ai trouvé le découpage du récit bien structuré et le texte compréhensible. Ce fut un livre détente que j'ai lu facilement.
Laurence Sterne est un des plus grands auteurs britanniques. Ses livres constituent les prémices du romantisme : une littérature de voyage, de passion dans laquelle on parle de sentiments, de passion, de séduction, de vie et de liberté. Lors de sa publication d'origine, ce livre a eu un très grand succès en Angleterre. L'auteur s'est inspiré de son propre voyage en France et en Italie effectué quelques années plus tôt.
Le texte est ironique, il est découpé en plusieurs séquences d'une ou deux pages chacune. Les dialogues sont humoristiques, on y trouve des jeux de mots et des sous-entendus dans de nombreuses répliques. Alors que l'on lisait beaucoup de pièces de théâtres et de poésie à l'approche des années 1800, les récits de voyages sont une nouveauté, ce mouvement littéraire arrivera en France beaucoup plus tard.
A la fin du livre, on trouve un texte d'une centaine de pages intitulé "Journal à Elisa", rédigé sous la forme d'un journal intime. Il a été écrit entre avril et août 1767, soit quelques mois avant le décès de Laurence Sterne, mais a seulement été découvert soixante ans après sa mort. Sa première publication date de 1904. Ce dernier texte complète très bien la découverte de la plume de cet auteur que je n'avais jusqu'ici jamais lu.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Laurence Sterne qui nait en 1713 en Irlande et meurt à Londres en 1768 est un écrivain et membre du clergé britannique. Ses oeuvres les plus célèbres sont Vie et Opinions de Tristram Shandy gentilhomme (1760) et Voyage sentimental en France et en Italie (1768) qui vient d'être réédité en poche. Sterne a également publié des sermons, écrit des mémoires et pris part à la vie politique de son pays. Il meurt à Londres après avoir lutté contre la tuberculose qui mina les dernières années de sa vie.
Il est rare que je remonte aussi loin dans le temps pour alimenter mes lectures pour plusieurs raisons : les tournures de phrases désuètes obligent à en accentuer la concentration, le sens des mots diffère parfois entre ce siècle et le nôtre et les textes sont souvent matières à allusions, parodies, critiques sous-jacentes des moeurs de ce temps. Il y a certes toujours une préface ou diverses notes pour éclairer notre lecture, m'enfin ! ça complique le machin. J'avais lu Tristram Shandy, jadis, alors comment résister quand l'éditeur vous propose de compléter vos connaissances de l'écrivain ?
Sans vouloir réduire la portée du roman, sachez néanmoins qu'il est moins long que prévu puisque d'Italie il n'y a pas ! le voyage ne courra que de Calais à Moulins dans le Bourbonnais en passant par Amiens, Versailles et Paris. Yorick, pasteur de son état et héros de ce périple, est un alter-ego de l'écrivain ayant pris pour alias un personnage de Shakespeare (Yorick est bouffon à la cour royale du Danemark dans Hamlet). Et que le terme « voyage » ne vous fasse pas imaginer un de ces récits de voyageurs admirant les paysages et les monuments rencontrés en chemin. Ici que nenni, par contre on y croise beaucoup de monde !
Alors que se passe-t-il dans ce bouquin ? Beaucoup de choses et pas grand-chose oserais-je écrire. Les épisodes s'enchainent sur un bon rythme et après avoir embauché La Fleur, un valet à Boulogne, les rencontres se succèdent : un moine franciscain à Calais, un comte à Versailles qui lui procurera un passeport car Yorick voyage sans papiers alors que la France et l'Angleterre sont en guerre (celle dite de 7 ans), tandis qu'à Paris ce seront une mercière dont il tâtera le pouls, un nain, un marchand de gâteaux ambulant près de l'Opéra, ou une jeune domestique dans une librairie du quai Conti, etc.
C'est toujours très amusant (quand après Lyon, dans une auberge comme il ne reste qu'une seule chambre, il est obligé de la partager avec une femme et sa servante !), le britannique se moque (?) gentiment des Français ou s'étonne de leurs moeurs, la sensualité se faufile entre les lignes dans des termes qui aujourd'hui nous semblent un peu niais (on se tripote beaucoup les mains dans ce livre…), des digressions pas toujours compréhensibles pour la narration globale s'infiltrent de temps à autre.
Ce Yorick m'a semblé un bon gars, compassionnel, à l'écoute des autres et ce livre avait pour but « de nous enseigner à aimer le monde et nos semblables mieux que nous le faisons » disait Laurence Sterne. Louable, donc.
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critiques presse (1)
LeMonde
08 décembre 2017
Avec « Un voyage sentimental », et vingt ans après « Tristram Shandy », Guy Jouvet achève sa traduction de l’œuvre du clergyman de York – et le rend à lui-même.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mademoiselle Jeanneton étoit fille de l’hôte ; et l’hôte s’imaginant que je n’entendois pas bien le françois, se hasarda à m’en donner une leçon. Ce n’est pas pas "tant pis" que vous auriez dû dire, Monsieur, c’est "tant mieux". C’est toujours "tant mieux", quand il y a quelque chose à gagner ; "tant pis", quand il n’y a rien… Cela revient au même, lui dis-je. Pardonnez-moi, Monsieur, dit l’hôte, cela est bien différent.

Ces deux expressions, "tant pis" et "tant mieux", étant les deux grands pivots de presque toutes les conversations françoises, il est bon d’avertir qu’un étranger qui va à Paris, feroit bien de s’instruire, avant d’arriver, de toute l’étendue de leur usage.

Un jeune marquis, plein de vivacité, demanda à monsieur Hume, à la table de notre ambassadeur, s’il étoit monsieur Hume le poète : Non, dit monsieur Hume tranquillement. Tant pis, répond le marquis.
C’est monsieur Hume l’historien, dit un autre. Ah ! tant mieux, dit le marquis. Et monsieur Hume, dont le cœur, comme on sait, est excellent, remercia le marquis pour son tant pis et pour son tant mieux.
(Traduction Joseph-Pierre Frenais, édition 1803)
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Smelfungus revenoit de ses voyages, et je le rencontrai encore à Turin… Il n’eut que de tristes aventures sur la terre et sur l’onde à me raconter. Il n’avoit vu que des gens qui s’entre-mangent, comme les anthropophages… Il avoit été écorché vif, et plus maltraité que Saint-Barthelemy, dans toutes les auberges où il étoit entré.

Oh ! je veux le publier dans tout l’univers, s’écria-t-il. Vous ferez mieux, lui dis-je, d’aller voir votre médecin.

Mundungus, homme dont les richesses étoient immenses, se dit un jour : allons, faisons le grand tour. Il va de Rome à Naples, de Naples à Venise, de Venise à Vienne, à Dresde, à Berlin… et Mundungus, à son retour, n’avoit pas retenu une seule anecdote agréable… ou qui portoit un caractère de générosité… Il avoit parcouru les grandes routes sans jeter les yeux ni d’un côté ni de l’autre, de crainte que l’amour ou la compassion ne le détournât de son chemin.

Que la paix soit avec eux, s’ils peuvent la trouver !
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-Tu as du moins une consolation, mon ami, lui dis-je, dans la perte de ta pauvre bête; je suis sûr que tu lui as été un maître indulgent.
- Hélas ! dit l'affligé, je l'ai cru tant qu'il a vécu, mais maintenant qu'il est mort, je pense différemment.
Je crains que mon poids, ajouté à celui de mes afflictions, ne lui ait été trop lourd, ensemble ils ont abrégé les jours de la pauvre bête, et je crains d'avoir à en répondre.
Honte au monde ! me dis-je
Si nous nous aimions seulement les uns les autres comme ce pauvre être aimait son âne, ce serait quelque chose.
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Madame de Rambouillet, au bout de six semaines environ de connaissance, m'avais fait l'honneur de m'emmener dans sa voiture à près de deux lieues de la ville. Madame de Rambouillet est la plus correcte de toutes les femmes; et je ne désire pas en voir une plus vertueuses et plus pure de cœur.
A notre retour, Madame de Rambouillet me pria de tirer le cordon. Je lui demandais si elle désirait quelque chose.
- Rien que pisser, dit Madame Rambouillet.
Ne soit pas chagrin , doux voyageur, de laisser pisser Madame Rambouillet. Et vous, belles nymphes mystérieuses ! allez cueillir chacune votre rose, et effeuillez-la sur vos pas. Car Madame Rambouillet n'en fit pas davantage.
Je donnais la main à Madame Rambouillet pour descendre de voiture; et si j'avais été le prêtre de la chaste Castalie, je n'aurais pu desservir sa fontaine avec un plus respectueux décorum.
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Se permettre de tout penser serait manquer de savoir vivre : les meilleures preuves de respect qu'on puisse donner à l'intelligence du lecteur, c'est de lui laisser quelque chose à penser.
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