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EAN : 9782381910567
80 pages
Anamosa (01/09/2022)
4.56/5   48 notes
Résumé :
« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » : qui n'a jamais entendu cette phrase au statut presque proverbial, énoncée toujours pour justifier le repli, la restriction, la fin de non-recevoir et la répression ? Dix mots qui tombent comme un couperet, et qui sont devenus l'horizon indépassable de tout débat « raisonnable » sur les migrations.
Comment y répondre ? C'est toute la question de cet essai incisif, qui propose une lecture critique, mot à ... >Voir plus
Que lire après 'On ne peut pas accueillir toute la misère du monde' - En finir avec une sentence de mort Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Mot à mot, Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens propose une lecture critique de la sentence quasi proverbiale, énoncée pour enterrer toute discussion et justifier des politiques migratoires xénophobes : On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Ils traquent sophismes et contre-vérités.
(...)
Analyse particulièrement percutante qui fournit des armes argumentatives redoutables. Lutter contre la banalisation de la xénophobie est un impératif quotidien.

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Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Bon zut, aujourd'hui, c'est rentrée litt et tu devrais causer romans, clamer ton enthousiasme de lecteur pour "Les marins ne savent pas nager" de Dominique Scali à la Peuplade, "Fantaisies guérillères" de Guillaume Lebrun chez Bourgois ou "supermarché" de José Falero chez Métailié... Mais non, tu as juste envie pourtant de parler de de ce tout petit opuscule publié chez Anamosa, un texte qui a le mérite d'interroger l'impensé d'un agaçant cliché, une phrase sans arrêt reprise depuis Michel Rocard pour nous empêcher de voir la réalité des migrations et l'indécence de notre rejet de l'autre, l'un de ces propos de fausses évidences brandis comme obstacle à notre regard et à notre réflexion, une sentence-bouclier pour juguler l'émotion et le désir d'hospitalité. Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens dissèquent, mot par mot, avec rigueur et en s'appuyant sur les faits et les chiffres de l'actualité du mouvement migratoire, cet aphorisme-piège, montrant comment derrière le "sens commun" dont cette phrase serait l'expression se cachent xénophobie et mépris, comment une telle "sentence de mort" prétend justifier la "stratégie du laisser-mourir en mer" et la multiplication des violences, humiliations et chicaneries administratives, subies par les migrants quand ils arrivent chez nous... Un petit texte à garder en mémoire pour contrer tous les pseudo-arguments, un livre à mettre entre toutes les mains de nos dirigeants et représentants... Ah, j'entends des ricanements... ah bon, vous vous demandez s'ils lisent encore ? Petits insolents!
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Un livre court mais très pertinent. Indispensable à lire.

Il est vrai que cette phrase ressort à chaque fois dans une discussion sur l'immigration. Même les personnes bienveillantes énoncent cette phrase à regret, avec un regard de gêne.

Ce court texte démonte cet « argument », un à un en découpant mot par mot cette phrase, cette sentence qui met fin à tout débat.
Car la réalité ce n'est pas qu'on ne peut pas accueillir tout la misère du monde, mais simplement qu'on ne veut pas.

Il est certain que cet ouvrage ne parlera qu'aux personnes qui sont sensibles à ce sujet, pour les autres ça restera un livre déconnecté de leur « réalité ».
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Très bon pamphlet de Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens à l'encontre de ceux qui se gargarisent de la fameuse formule « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Les deux auteurs dénoncent avec brio les présupposés, souvent sordides, d'un tel énoncé.

Tevanian est un philosophe, cofondateur du collectif Les Mots Sont Importants, présent sur le Web à travers le site https://lmsi.net/ et dont j'essaie de suivre les publications, toujours instructives.
Jean-Charles Stevens est un juriste, spécialiste du droit des étrangers.

Les deux auteurs examinent, presque un par un, les 10 mots de cette expression inique. Ils démontrent d'abord que l'un des gros problèmes de ce genre de sentence est d'être émise dans un but de clore toute discussion. Les premières lignes de l'ouvrage restituent bien cet aspect :
« Proférés pour clore toute discussion, ces dix mots semblent constituer l'horizon indépassable de tout débat sur les migrations. En France comme en Belgique, et sans doute ailleurs, ils tombent comme un couperet pour justifier toujours le « contrôle » et la « maîtrise » des « flux migratoires » – c'est-à-dire, en termes moins euphémiques : le refus, la restriction, la fin de non-recevoir et la répression » (p5).
En lançant ce genre d'affirmation péremptoire, comme s'il s'agissait d'un fait établi, d'un donné incontestable, le locuteur tend à déclarer inutile toute prise en compte de nos affects sur ces questions, comme stériles toutes discussions à ce sujet puisque, paraît-il, « les faits sont têtus ». C'est bien évidemment inexact, mais la formulation de la phrase est ainsi faite qu'on veut laisser penser qu'il n'y pas d'alternative. C'est ainsi et pas autrement.
Ce n'est pas là le seul méfait de ce coup de force rhétorique du « on ne peut pas », puisque, en sus de vouloir clore la discussion, on s'efforce par là de noyer toute responsabilité politique : « La responsabilité de la fermeture des frontières, du quasi-démantèlement de l'asile et des milliers de morts que ces politiques engendrent, n'est pas seulement diluée dans un « nous » indéfini, elle est purement et simplement niée, dans la mesure où le choix politique n'est pas assumé comme tel, mais présenté au contraire comme la simple reconnaissance et le simple accompagnement d'une stricte nécessité » (p17).
Puisque c'est là une donnée présentée comme incontestable, il n'y a pas lieu d'en faire le sujet d'un débat citoyen, d'en faire une question politique. Exit la réflexion et le débat politiques ! Ce laïus vise bien à clore toute discussion. Exit également la responsabilité politique ; nous n'y pouvons rien, mon pauvre monsieur, c'est comme ça !

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Lien : http://philo-analysis.over-b..
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Ce petit livre de 77 pages prend un parti simple. Celui de décortiquer et déconstruire mot à mot, terme à terme, chiffre après chiffre, la fameuse phrase extraite du discours de Michel Rocard.
Parce que On n'est pas Je
Parce que Pouvoir n'est pas Vouloir
Parce qu'accueillir a un sens
Parce que la misère n'est pas un être humain
Ce livre est nécessaire. Facile à lire. A glisser dans une poche, dans une main.
Faites passer !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il n'est donc pas faux, en ce sens strictement juridique, qu'on ne “peut“ pas accueillir ladite misère du monde : une législation xénophobe l’interdit.
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Cette appellation [la misère du monde] exerce donc une extrême violence en premier lieu à l’égard des arrivant·es, dont l’humanité est niée ou en tout cas silenciée et invisibilisée, et dont la route est barrée d’une implacable assignation au malheur et à la pauvreté. Ce malheur dont ils et elles veulent s’extraire leur est renvoyé comme une seconde nature, un destin, une identité, un sobriquet : misère tu fuis, misère tu es, misères tu resteras.
(p. 41, “La misère du monde”).
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« Une dernière question s’impose enfin, la plus impérieuse : celle du coût de ce débat lui-même, sur un plan plus fondamental : philosophique, éthique et politique. Car au-delà de la misère qu’ils ou elles cherchent à fuir, et de la puissance qu’ils ou elles injectent dans la vie économique, ces migrant·es pris pour objet de débat sont une infinité d’autres choses. Ils et elles sont des sujets sociaux à part entière, doté·es d’une culture au sens le plus large du terme, et d’une personnalité, d’une créativité, irréductible à toute appellation expéditive et englobante (aussi bien misère que richesse ou enrichissement, aussi bien charge que chance ou aubaine). Et s’il n’est pas inutile de rappeler tout le potentiel économique, et au-delà toute l’énergie et l’agentivité de ces arrivant·es, afin de souligner le caractère infondé, fantasmatique et dangereux de ce misérabilisme malveillant qui fait d’elles et d’eux des fardeaux qu’il faudrait mais qu’on ne peut plus supporter, il importe aussi – et surtout – de dénoncer l’égoïsme sordide, le cynisme même, de tous les questionnements focalisés sur les coûts et les avantages – et d’assumer plutôt un questionnement éthique »
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S’il faut nommer ces ressorts intimes et affectifs qui guident notre entreprise, motivent notre réflexion et nous imposent ka rigueur dans le raisonnement, disons qu’il s’agit d’une sympathie pour des frères et des sœurs humains, d’une colère contre une oppression, mais aussi d’un certain besoin d’estime de soi, lui-même corrélé à une certaine idée de la citoyenneté, de l’hospitalité, de la solidarité, de l’égalité et de la justice.
(p. 9, “Une sentence de mort”).
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« ce sont les politiques d’immigration menées qui génèrent la misère, en renvoyant des arrivant·es plein·es de ressources et de projets à l’« irrégularité » et donc à la clandestinité, l’invisibilité et la précarité. Notre fameuse sentence apparaît en somme, une fois de plus, comme un énoncé performatif, produisant les « réalités » dont il parle, dont il prétend simplement « prendre acte » et « tenir compte », et devant lesquelles il prétend simplement s’incliner »
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