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Critique de Renod


« Après une bonne femme, un bon livre et une bonne pipe, rien n'est plus agréable sur terre qu'une rivière. » Au cours de l'été 1876, Stevenson entreprend avec un ami une traversée de la Belgique et du Nord de la France en canot. le canotage est le mode idéal pour la contemplation, la rêverie et la découverte de contrées intérieures encore fermées au monde. Les compères quittent Anvers pour une croisière qui va vite perdre tout agrément. Ils doivent affronter les intempéries d'une Nature splendide mais qui sait se rendre terrible, les caprices des eaux et l'hostilité des indigènes. Si les canotiers nourrissent leur goût du voyage par la découverte de paysages, de monuments et de rencontres insolites, ils suscitent aussi une vive curiosité chez les autochtones peu habitués à ce type d'éclectismes. Deux messieurs anglais qui ne voyagent non pas pour le commerce mais pour leur plaisir sont des intrus « étranges et picaresques » dans ces campagnes. L'accueil est parfois cordial, parfois plein de méfiance et les portes se ferment. Si les canotiers croisent le peuple des eux : pêcheurs, lavandières et bateliers, sur terre, ils partagent le sort des tribus de la route : vagabonds, colporteurs, baladins et gitans. L'auteur est d'ailleurs victime du délit de sale gueule, ce qui va lui poser des déconvenues auprès des aubergistes, douaniers et autres gendarmes. Stevenson fait une chronique pleine de charme de ce périple. Son récit comprend de nombreuses ellipses, il s'arrête parfois sur une anecdote ou un détail et éclipse la description d'une sous-préfecture. Il décrit un pays qui prépare sa revanche au lendemain de la défaite face à la Prusse : troupes et réservistes sont en manoeuvre, les civils entonnent des chants patriotiques. Ce protestant admire les cathédrales mais regarde avec ironie le culte catholique, ses miserere, ex-voto et autres indulgences. Ode à la Nature, descriptions de paysages, rencontres insolites, anecdotes humoristiques, petits bonheurs et grandes déconvenues, divagations philosophiques, chaque page de cette chronique pittoresque et pleine d'intelligence se déguste avec plaisir. Tant et si bien que je suis parti descendre une rivière en kayak pour partager – le cul mouillé et à grands coups de pagaie maladroits – une part de cette joyeuse oisiveté et de ce doux onirisme.
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