Dans le cadre de Masse Critique, je tiens tout naturellement à remercier Babelio et les éditions 'La Découvrance' pour la réception rapide et en parfait état (plus un sympathique marque-page) de l'exemplaire de la nouvelle "
Les Gais Lurons" de
Robert Louis Stevenson.
Couverture sobre, agréable et douce au toucher, une jolie police de taille moyenne, bref un vrai bonheur.
"La mer, il est vrai, était lisse comme le verre ; le Roost même faisait un simple sillon sur ce vaste miroir, et
les Gais Lurons écumaient avec peine ; cependant, mon oeil et mon oreille, depuis si longtemps familiarisés avec ces lieux, discernaient dans le calme de la mer comme une sorte de menace : il s' en élevait jusqu'à moi un bruit pareil à un soupir prolongé ; et, malgré sa tranquillité, le Roost semblait ruminer un mauvais coup."
L'histoire :
Fraîchement débarqué sur l'île d'Aros, dans le but officiel de rendre visite à sa famille et dans celui plus officieux de retrouver "l'Espiritu Santo", l'épave d'un navire ayant fait naufrage et contenant dans sa cargaison de quoi mettre ses proches à l'abri du besoin, le narrateur va ici mettre en scène ce qui s'avére finalement une bien terrible infortune.
Tragique, émouvant, pathétique.
Formidablement conté, le récit emporte le lecteur à la dérive complète, dans une plongée obscure et réaliste aux airs de fable d'antan.
Les embruns, l'iode, les vents puissants au large des côtes, je les ai ressenti en frissonnant, non de peur, mais plutôt d'ampathie. Des personnages marquants aux parcours de vie sévère et sincère, des images frappantes, des sentiments que l'on devine déchirants de véracité, un décor brute et magnifique à la fois, tout participe à une immersion totale.
On imagine sans peine une enfance bercée de contes "maritimes" et d'extraordinaires histoires relatives à l'homme et la mer, pour cet auteur d'origine écossaise né d'une famille d'ingénieurs (bâtisseurs de phares) et de marins.
Robert Louis Stevenson (1850, Édimbourg - 1894, Samoa) voyageur et écrivain, signe une nouvelle humaine époustouflante avec
Les Gais Lurons (titre original : The Merry Men). Publiée initialement en deux parties dans le 'Cornhill Magazine' en juin et juillet 1882, le récit est ensuite repris dans le recueil "The Merry Men and Other Tales and
Fables" (
Les Gais Lurons et autres contes).
Le point fort de cette version est sans conteste le fait que les éditions La Découvrance nous la livre dans sa forme littéraire d'origine.
Je suis tombée lors de recherches sur l'auteur, sur des adaptations et j'avoue ne pas en avoir compris tout l'intérêt. Je pense foncièrement que la plupart des lecteurs qui s' attaquent à un tel classique le fait justement en tout état de cause ; les mots obsolètes, les expressions passées et tombées depuis longtemps en désuétude, l'emploi du passé simple, confèrent tout le charme à ce genre de lecture et sont la seule manière correcte de s'immerger dans des récits datant des siècles précédents.
De plus, ces adaptations n'ont plus rien à voir avec le récit de base, lorque l'on affirme d'un côté ce qui est un doute de l'autre ou bien encore quand une sirène se voit transformer en triton... Je veux bien admettre que l'on veuille rendre le texte accessible à un plus large et sans doute plus jeune public, mais j'y vois là un réel irrespect, tant envers l'auteur que le lecteur et c'est bien dommage.
Le point faible en ce qui me concerne, raison de mes 4 étoiles ; une fin subite, abrupte, bien que prévisible et qui pourtant n'enlève rien au tragique de l'événement mais qui survient de façon trop fulgurante et me laisse dans l'abîme. J'aurais voulu en savoir plus, mais en ce cas, ce ne serait peut-être plus une nouvelle...
J'ai néanmoins passé un excellent moment de lecture que je conseille à tous de lire, ou de relire, dans sa version originale évidemment.
Pour découvrir les éditions La Découvrance :
http://www.ladecouvrance.net
Pour en savoir plus sur l'auteur :
http://www.roman-daventures.com/auteurs/angleterre/stevenson/stevenson.htm