Marre des incitations au bougisme, du culte de la performance, de la tyrannie de l'hyperactivité, voire de l'activité tout court?
Alors délectez-vous de ce sémillant pamphlet, ode aux chemins de traverse, aux après-midi languissants à regarder pousser les fleurs, aux non actifs, aux non intégrés, à tous ceux que fatigue la servitude volontaire au travail qu'organise nos sociétés modernes.
Même si les grands lecteurs s'y font écorner, même si les moyens de subsistance sans travail ne tombent du ciel que sur la tête des rentiers, ce cri du coeur de l'ami Robert est roboratif à souhait!
Commenter  J’apprécie         270
"Une apologie des oisifs" qui annonce "l'éloge de l'oisiveté" de Russell. Ce qui est étonnant, c'est de lire dans Causerie et Causeurs qui suit cette première partie que "[...] les vertus résident toutes dans l'action, la vie est mouvement, et c'est par l'oisiveté que les hommes se préparent au mal." Alors quoi, Bob ?! Il faut se décider : l'oisiveté est la seule source de vraie connaissance ou c'est la porte ouverte vers l'enfer ?
Commenter  J’apprécie         00
Par les temps qui courent, ce petit texte révolutionnaire qui prend le saint travail à contre-pied est délicieux
Commenter  J’apprécie         30
Le livre de Stevenson, aussi puissant que bref, nous dit que l'avenir est aux oisifs.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Qui plus est, l’oisif possède une autre qualité, plus importante que toutes celles dont je viens de parler, à savoir la sagesse. Celui qui a contemplé à loisir la satisfaction puérile avec laquelle les autres vaquent à leurs menues activités aura pour les siennes propres une indulgence nettement ironique. Il ne rejoindra pas le chœur des dogmatiques. Il fera preuve de la plus grande tolérance envers toutes sortes de gens et d’opinions. S’il ne découvre pas de vérités exceptionnelles, il ne s’associera à aucun mensonge grossier. Sa voie le mène le long d’un chemin de traverse, peu fréquenté, mais régulier et agréable, qui s’appelle Sentier du Lieu Commun et mène au Belvédère du bon Sens. Il découvrira de là un point de vue qui, pour manquer de noblesse, n’en sera pas moins appréciable. Et pendant que d’autres contemplent l’Orient et l’Occident, le Diable et le Lever du Soleil, il regardera avec satisfaction une sorte d’aube se lever sur le monde sublunaire, avec une armée d’ombres courant en tous sens jusqu’au grand soleil de l’éternité. Les ombres et les générations, les docteurs criards et les guerres assourdissantes se perdent dans le vide et le silence éternels. Mais sous cette surface on distingue, depuis les fenêtres du belvédère, une vaste étendue verte et paisible ; bien des salons où brûle une joyeuse flambée, bien des gens qui rient, boivent et courtisent les dames comme ils le faisaient avant le Déluge ou la Révolution française, et le vieux berger contant son histoire sous l’aubépine.
Il existe une catégorie de morts-vivants dépourvus d’originalité qui ont à peine conscience de vivre s’ils n’exercent pas quelque activité conventionnelle. Emmenez ces gens à la campagne, ou en bateau, et vous verrez comme ils se languissent de leur cabinet de travail. Ils ne sont curieux de rien ; ils ne se laissent jamais frapper par ce que le hasard met sur leur chemin ; ils ne prennent aucun plaisir à exercer leurs facultés gratuitement ; et à moins que la Nécessité ne les pousse à coups de trique, ils ne bougeront pas d’un pouce.
Il existe une catégorie de morts vivants dépourvus d'originalité qui ont à peine conscience de vivre s'ils n'exercent pas quelque activité conventionnelle (...) Rien ne sert de parler à des gens de cette espèce : ils ne savent pas rester oisifs, leur nature n'est pas assez généreuse.
Il ne fait aucun doute que l’on devrait être le plus oisif possible pendant sa jeunesse. Car, pour un Lord Macaulay, qui moissonne tous les honneurs scolaires sans rien perdre de son intelligence, on compte une foule de garçons qui paient si cher leurs pris d’excellence, on compte une foule de garçons qui paient si cher leurs pris d’excellence qu’ils n’ont plus un sou vaillant et qui, à leur entrée dans la vie active, sont déjà faillis.
Une activité intense, que ce soit à l'école ou à l'université, à l'église ou au marché, est le symptôme d'un manque d'énergie alors que la faculté d'être oisif est la marque d'un large appétit et d'une conscience aiguë de sa propre identité.
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quel petit conte fait l'éloge de la contemplation, de la sérénité et du respect du for intérieur. Par le maître du roman d'aventure…
« Will ou l'homme du moulin » de Robert Louis Stevenson, c'est à lire en poche chez Rivages.