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Citations sur Voyage avec un âne dans les Cévennes (164)

Personne ne connaît les étoiles s'il n'a pas dormi, selon l'heureuse expression française, " à la belle étoile ". Il peut bien savoir tous leurs noms et distances et leurs grandeurs et demeurer pourtant dans l'ignorance de ce qui seul importe à l'humanité, leur bénéfique et sereine influence sur les âmes. Les étoiles sont la plus grande source de poésie.

LE PAYS DES CAMISARDS, V : Dans la vallée de la Mimente.
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Le monde extérieur de qui nous nous défendons dans nos demeures semblait somme toute un endroit délicieusement habitable. Chaque nuit, un lit y était préparé, eût-on dit, pour attendre l'homme dans les champs où Dieu tient maison ouverte. Je songeais que j'avais redécouvert une de ces vérités qui sont révélées aux sauvages et qui se dérobent aux économistes. Du moins, avais-je découvert pour moi une volupté nouvelle. Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne. Car il existe une camaraderie plus reposante même que la solitude et qui, bien comprise, est la solitude portée à son point de perfection. Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre.

p141
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Le commerçant s'intéressa beaucoup à mon voyage. Il pensait dangereux de dormir en rase campagne.
— Il y a des loups, dit-il. Et puis, on sait que vous êtes anglais. Les Anglais ont toujours bourse bien garnie. Il pourrait fort bien venir à l'idée de quelqu'un de vous faire un mauvais parti pendant la nuit.
Je lui répondis que je n'avais point peur de tels accidents et que, en tout cas, j'estimais peu sage de s'attarder à ces craintes et d'attacher de l'importance à de menus risques dans l'organisation de la vie. La vie en soi était au moins aussi dangereuse qu'un loup et qu'il n'y avait pas lieu de prêter attention à chaque circonstance additionnelle de l'existence. Il pourrait se produire, dis-je, une rupture dans votre organisme tous les jours de la semaine. Et c'en serait fini de vous, même si vous étiez enfermé dans votre chambre à triple tour de clef.

LE PAYS DES CAMISARDS, VI : Le cœur de la contrée.
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Dans ce monde imparfait, nous accueillons avec joie des sympathies même partielles.

LE PAYS DES CAMISARDS, IV : Florac.
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Lorsque le présent montre tant d'exigences, qui peut se soucier du futur ?

LE HAUT GÉVAUDAN, II : Cheylard et Luc.
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Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne. Car il existe une camaraderie plus reposante même que la solitude et qui, bien comprise, est la solitude portée à son point de perfection. Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre.
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Du romanesque gît autour de ce qui est loin durant les heures de ténèbres et nous essayons, dans une sorte de fièvre, d'en deviner la signification.

ENCORE LE HAUT GÉVAUDAN, II : Une nuit dans la pineraie.
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Une étroite bordure de frênes cerclait la cime des monts comme du lierre sur des ruines. Sur les versants inférieurs et au-delà de chaque gorge, des châtaigniers, par groupes de quatre, montaient jusqu'au ciel sous leur feuillage épandu. Certains étaient implantés chacun sur une terrasse individuelle pas plus large qu'un lit ; d'autres, confiants en leurs racines, trouvaient moyen de croître, de se développer, de rester debout et touffus sur les pentes ardues de la vallée. D'autres, sur les bords de la rivière, restaient rangés en bataille et puissants comme les cèdres du Liban. Pourtant là même où ils croissaient en masse serrée, ils ne faisaient point penser à un bois, mais à une troupe d'athlètes. Et le dôme de chacun de ces arbres s'étalait, isolé et vaste d'entre les dômes de ses compagnons, comme s'il avait été lui-même une petite éminence. Ils dégageaient un parfum d'une douceur légère qui errait dans l'air de l'après-midi. L'automne avait posé ses teintes d'or et de flétrissures sur leur verdure et le soleil, brillant au travers, atténuait leur rude feuillage, en sorte que chaque épaisseur prenait du relief contre son voisin, non dans l'ombre, mais dans la lumière. Un humble dessinateur d'esquisse lâchait, ici, désespéré, son crayon.
Je voudrais pouvoir donner une idée du développement de ces arbres majestueux, comme ils étalaient leur ramure ainsi que le chêne, traînaient leurs branchages jusqu'au sol ainsi que le saule ; comment ils dressaient des fûts de colonnes, pareils aux piliers d'une église ou comment, ainsi que de l'olivier, du tronc le plus délabré, sortaient de jeunes et tendres pousses qui infusaient une vie nouvelle aux débris de la vie ancienne. Ainsi participaient-ils de la nature de plusieurs essences différents. Et il n'était pas jusqu'à leur bouquet épineux du faîte dessiné de plus près sur le ciel qui ne leur conférât une certaine ressemblance avec le palmier, impressionnante pour l'imagination. Mais leur individualité, quoique formée d'éléments si divers, n'en était que plus riche et plus originale. Et baisser les yeux au niveau de ces masses abondantes de feuillages ou voir un clan de ces bouquets d'antiques châtaigniers indomptables, " pareils à des éléphants attroupés " sur l'éperon d'une montagne, c'est s'élever aux plus sublimes méditations sur les puissances cachées de la nature.

LE PAYS DES CAMISARDS, III : Dans la vallée du Tarn.
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Nous ne sommes troublés dans notre sommeil, comme le voluptueux Montaigne " qu'afin de le pouvoir mieux savourer et plus à fond ". Nous avons un instant pour lever les yeux vers les étoiles. Et c'est, pour certaines intelligences, une réelle jouissance de penser que nous partageons cette impulsion avec toutes les créatures qui sont dehors dans notre voisinage, que nous nous sommes évadés de l'embastillement de la civilisation et que nous sommes devenus de véritables et braves créatures et des ouailles du troupeau de la nature.

ENCORE LE HAUT GÉVAUDAN, II : Une nuit dans la pineraie.
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On comprendra sans peine que je ne pouvais porter cet énorme attirail sur mes propres épaules — simplement humaines. Restait à choisir une bête de somme. Or, un cheval est, d'entre les animaux, comme une jolie femme, capricieux, peureux, difficile sur la nourriture et de santé fragile. Il est de trop grande valeur et trop indocile pour être abandonné à lui-même, en sorte que vous voilà rivé à votre monture comme à un compagnon de chaîne sur une galère. Un chemin difficultueux affole le cheval, bref c'est un allié exigeant et incertain qui ajoute cent complications aux embarras du voyageur. Ce qu'il me fallait c'était un être peu coûteux, point encombrant, endurci, d'un tempérament calme et placide. Toutes ces conditions requises désignaient un baudet.

VELAY, I : Le bourriquet, la charge et le bât.
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