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Citations sur Voyage avec un âne dans les Cévennes (163)

Par quel appel indéfinissable, par quel mouvement imperceptible de la nature, tous ces dormeurs sont-ils en même temps appelés à la vie ? Est-ce une mystérieuse influence des astres, ou bien sentons-nous sous nos corps allongés le frémissement de la terre maternelle ? Même les bergers et les vieux paysans qui comprennent pourtant les plus profonds secrets des choses, ne peuvent deviner comment s'opère cette résurrection en pleine nuit et à quoi elle tend.
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A l'endroit où cessent les bois, qu'on ne trouve plus après une certaine altitude dans ces régions particulièrement froides, je pris à gauche un sentier parmi les sapins. J'arrivai dans un vallon verdoyant où un ruisseau formait une petite cascade sur les pierres comme pour me servir de fontaine. "Jamais nymphes ou faunes ne hantèrent un bocage plus sacré ni plus retiré. " Les arbres n'étaient pas vieux, mais ils poussaient pressés autour de la clairière, ne laissant apercevoir que des cimes lointaines au nord et le ciel au-dessus de ma tête. Je pouvais camper là en toute sécurité ; j'y serais comme dans une chambre. Pendant que je prenais mes dispositions et que je donnais à manger à Modestine, le jour, déjà, commençait à décliner. Les jambes bien enveloppées dans mon sac jusqu'au genoux, je dînai de bon appétit, et dès que le soleil eut disparu, j'enfonçai mon bonnet sur mes oreilles et m'endormis.
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A présent, pour se goûter convenablement, une randonnée à pied doit être faite seul. Si vous l'entreprenez en groupe, ou même à deux, elle n'a plus de la randonnée pédestre que le nom ; c'est quelque chose qui se rapprocherait davantage du pique-nique. Une randonnée à pied doit se faire seul, car la liberté est essentielle ; parce que vous devez être libre de vous arrêter et de continuer, et de suivre ce chemin-ci ou cet autre, au gré de votre fantaisie ; et parce que vous devez marcher à votre allure, sans trotter comme un champion de la marche, ni musarder avec une fille. Et alors vous devez être accesible à toutes les impressions et laisser vos pensées prendre la couleur de ce que vous voyez.
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Ce qui ressemble à une mort momentanée aux gens qu'étouffent murs et rideaux n'est qu'un sommeil sans pesanteur et vivant pour qui dort en plein champ.
(Éloge de la nuit à la belle étoile)
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La route descendait en lacets rapides à travers les massifs de châtaigniers. Une poussière chaude montait de nos pieds et s'envolait au loin. Nos deux ombres, la mienne déformée par le havresac, la sienne ridiculement chevauchée par le paquetage, tantôt s'étendaient devant nous, nettement dessinées sur la route, tantôt, après un tournant, allaient se perdre dans un lointain fantomatique, et voguaient parmi les montagnes comme des nuages. De temps en temps, un vent tiède bruissait dans la vallée et les châtaigniers mis en branle agitaient leurs bouquets de feuilles et de fruits : l'oreille s'emplissait de ce murmure musical et les ombres dansaient en cadence. L'instant d'après la brise avait fui et plus rien ne bougeait que nos pieds vagabonds.
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A vrai dire, je ne vois aucune malhonnêteté à ne pas avouer une différence d'opinion, surtout dans ces sujets élevés, où tous nous savons assez que, même si les autres ont tort, nous n'avons pas nous-mêmes complètement raison.
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[…] pourtant avec la joie du voyageur qui secoue la poussière d’une étape avant de s’élancer vers une autre.
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Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants.
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Car certaines pensées - et assurément les plus belles - s'effacent avant qu'il nous soit possible d'en déterminer les traits exacts, comme si un dieu, cheminant par nos grands routes vertes, ne faisait qu'entrouvrir la porte de la maison, lancer un coup d'œil souriant à l'intérieur et s'éloigner pour toujours.
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Je voudrais pouvoir décrire la noblesse de ces arbres : déployant leurs branches à l'image des chênes et laissant retomber leurs feuillages à la manière des saules; se tenant droits comme les piliers d'une église et, comme les oliviers, des plus décatis des troncs renaissant en jeunes pousses, une nouvelle vie se nourrissant d'une ancienne. Ils tiennent de nombreux autres arbres et même leurs faîtes hérissés, dessinés sur le ciel, leur conféraient un air de palmier qui frappait l'imagination. Mais leur personnalité, bien que relevant d'origines aussi diverses, n'en est que plus riche et plus originale. Découvrir, tel un troupeau d'éléphants, un clan d'irréductibles vieux châtaigniers accrochés au flanc de la montagne, ou contempler une terrasse couverte de leurs feuillages, c'est s'élever aux plus hautes méditations relatives aux pouvoirs de la Nature.
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