Lorsque
Robert Louis Stevenson a pris la route au matin du 22 Septembre 1878, il était loin de se douter qu'il deviendrait un jour si célèbre que son itinéraire deviendrait un chemin de randonnée portant son nom (le GR70, « chemin de
Stevenson »).
Non, les préoccupations du jeune
Robert Louis étaient alors d'une nature beaucoup plus terre-à-terre : comment faire tenir tout son barda sur le dos de l'ânesse qu'il venait d'acheter exprès pour, et faire avancer celle-ci, fort peu coopérative. Tout en essayant de ne pas ressasser sa récente rupture avec sa future épouse, Fanny Osbourne, que son texte évoque parfois de façon à peine voilée.
Pour avoir lu et bien aimé les récits de voyage plus tardifs de l'auteur en Polynésie, celui-ci, datant de ses débuts, s'avère évidemment beaucoup moins abouti, bien que l'on y retrouve déjà son style. Si la première moitié du périple se lit avec plaisir, entre galères, aléas météo, jolis paysages et envolées poétiques, sitôt
Stevenson passé par un certain monastère, le voilà à parler de religion à toutes les pages ou presque, à travers ses rencontres, ses notes sur l'histoire de la région... tout y est prétexte, au détriment de ses impressions de voyage. le road-trip jusque-là si passionnant se fait précis de théologie et devient dès lors sacrément chiant à lire.
«
Voyage avec un âne dans les Cévennes » n'est pourtant pas un mauvais livre, et la plume de
Stevenson demeure parfaite, du moins dans la première moitié. On grincera tout de même sur sa façon de traiter Modestine, certes avec un peu plus de scrupules que ceux qui lui donnent conseil, mais si la maltraitance animale apparaissait normale à l'époque, le lecteur contemporain aura nettement plus de mal avec ça. Passé le début du voyage, il y est heureusement moins souvent fait mention... mais reste que l'ânesse a passé douze jours à se faire éperonner à longueur de temps, quitte à finir l'étape du jour le derrière en sang. Il n'y avait vraiment pas de quoi s'en vanter !
Pour diverses raisons, le bilan est donc plus mitigé que prévu. La lecture demeure intéressante, et ravira les inconditionnels de l'auteur, mais, pour les autres, n'a rien d'indispensable.