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EAN : 9782370490346
624 pages
La Volte (23/02/2017)
3.96/5   61 notes
Résumé :
Le travail qui vient : thème majeur de nos sociétés occidentales, enjeu canonique des élections présidentielles, première cause de mouvements sociaux lors de la Loi El Khomri et de dossiers dans la presse. Et si la fiction s’en mêlait à son tour ?
Entre disparition et retour au plein-emploi, les écrivains de science-fiction prennent parti. Lorsque les éditions La Volte lancent, le 1er mai 2016, en pleine ébullition de « Nuit Debout », l’appel à textes qui con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ah, le futur imaginé par nos chers auteurs de SF : des lendemains qui chantent, des voitures volantes, les villes sur la Lune ou Mars, le travail libéré... Un avenir espéré et attendu par nombre de lecteurs.

Mais nous ne sommes plus dans les années 50, fini la vie en rose, l'espoir a été douché, ratiboisé et passé au sanibroyeur. Reste des lendemains qui déchantent, des voitures uberisées, des villes gentrifiées et du travail oppressant et oppresseur.

Si vous avez encore espoir à des lendemains meilleurs, La Volte a demandé à douze auteurs francophones d'écrire sur le futur du travail de doucher toutes vos hypothétiques espérances.

Du bon, du moins bon, du très bon dont le Damasio qui vient de rafler le GPI pour sa nouvelle. Certains textes se répondent, le travail de coordination se fait sentir.
Certaines nouvelles sont agréables, même si elles restent assez classiques dans leur forme : on découvre peu à peu le monde, le hiatus advient par un des personnages qui s'interroge sur le monde et la dystopie survient... D'autres arrivent à dépasser leurs illustres précurseurs., comme Ketty Steward, Norbert Merjagnan ou Li Cam
Suit Serf-Made-Man ? ou la créativité discutable de Nolan Peskine d'Alain Damasio qui a reçu récemment le Grand Prix de l'Imaginaire pour cette nouvelle. Trois creative consultant insolent et cynique doivent unir leur force pour avoir la seile place disponible dans une entreprise. La sranxe pour les hôtels est du pur génie créatif, on s'y croirait et on a envie d'avoir un aussi bel accueil.
Relation homme robot, art et artisanat, idée et copie. Damasio souffle le chaud et le froid, nous fait aimer ses persos cyniques pour nous les montrer dans tout leur monstruosité la page d'après.
Des fulgurances, des petites notes d'humour noir et ce texte m'a même fait penser par moment aux plus beaux textes de Léo Ferré. Au vue de l'univers, j'ai l'impression qu'il se déroule dans le même que son futur roman Les furtifs. Seul ombre au tableau, un final décevant.

On finit par les nouvelles de Léo Henry et de Sabrina Calvo qui préfèrent s'attarder sur le travail de l'écrivain. Léo Henry nous fait partager son travail sur la correction de son texte, de la première ébauche au final. Une nouvelle qui intéressera les écrivains en herbe, ce qui n'est pas mon cas.
Sabrina Calvo prend le relais pour fournir ce texte à l'éditeur, une situation kafkaïenne au possible. Très drôle, mais pas assez pour me faire oublier le lien ténu avec la thématique du recueil.
Le tout se termine par une préface de Sophie Hiet.
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Demain le travail est un recueil comprenant 12 nouvelles d'anticipation dont la thématique principale est le travail. Une façon pour nous de découvrir ce que les auteur.rices imaginent pour notre futur. Entre l'accumulation de petits boulots, sans savoir si demain on gagnera suffisamment, ou au contraire le travail étant réservé à une élite, autant vous le dire tout de suite : ce n'est ni glorieux, ni optimiste ! Mais voilà, chacun de ces récits nous fait réfléchir, nous touche différemment. Si je me souviens de mon appréciation de chacune des nouvelles, il y en a qui m'ont toutefois moins marquée et je ne me souviens de l'histoire que grâce à mes notes. En parcourant le net, j'ai vu que pour d'autres personnes, ce ne sont pas les mêmes nouvelles qui nous ont impactés. Pour ma part, ce sont les premières et les dernières que j'ai le plus apprécié et dont je me souviens également le plus. J'ai d'ailleurs eu une très bonne surprise avec le Parapluie de Goncourt qui traite du « labeur de l'écriture » (p.466) : on y découvre un premier texte, des échanges avec des correcteurs, l'éditeur, etc. C'est vraiment très intéressant ! Pâles mâles et Canal 235 m'ont également beaucoup touchée ; la précarité des héros ne peut laisser indifférent.e.
Je ne vais pas vous parler de toutes les nouvelles individuellement (quoique si vous voulez un retour sur une nouvelle en particulier, je peux le faire en commentaire) ; j'ai trouvé qu'elles étaient bien écrites, chaque auteur.rice ayant son propre style, une narration et un angle d'attaque du sujet différents. le recueil est dense et certaines histoires sont assez dures à digérer ; il faut alors un temps pour laisser la réflexion faire son bonhomme de chemin.
J'imagine qu'il y a eu des échanges entre les écrivain.es car certains textes font écho les uns aux autres. Alors oui, Vertigeo ne ressemble en rien à Parfum d'une mouffette, mais les textes sont présentés de façon logique ; rien ne semble avoir été laissé au hasard. de plus, oui, ce sont des nouvelles, c'est donc moins développé que pour un roman, et pourtant chaque histoire se déroule de façon cohérente, est suffisamment étoffée pour qu'on puisse d'y plonger pleinement. Quant aux fins, qu'elles soient ouvertes ou non, elles sont bien amenées et les histoires ne s'arrêtent ni trop tôt ni trop tard.

Au bal des actifs. Demain le travail est un ouvrage réflexif riche, proposant des visions différentes quant au monde du travail de demain. Ce n'est pas le genre de livre qui se dévore en quelques jours, non, c'est le genre de livre que l'on prend le temps de découvrir, qui nous fait réfléchir.
Une bonne découverte que je recommande vivement, mais pas à n'importe qui. Demain le travail ne vous fera pas rire, ne vous fera pas passer un moment plaisant. Ce qui ressort le plus, d'après moi, est vraiment la réflexion autour du travail.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Cette anthologie de 12 nouvelles est une tuerie. En même temps, avec les noms au sommaire, on ne pouvait pas s'attendre à moins. D'autant plus, chez l'éditeur La Volte qui nous a habitués à beaucoup de belles et percutantes lectures.

On se situe évidemment dans de la science-fiction, de la SF qui fait cogiter, de la SF qui fait vibrer notre système limbique, de la SF sociale et humaniste… de la bonne science-fiction tout simplement.
Dès les premières pages, ça envoie du lourd et ça ne s'arrête pas avant la 600ième et quelque.
S'il y a de l'humour par ci par là, il y aussi beaucoup de noirceur dans ce laborieux avenir. La plupart des récits décrivent un paysage professionnel bien sombre, avec un final souvent sordide pour les héros travailleurs. Certaines histoires laissent cependant passer davantage de lumière, d'espoir, tandis que l'une d'entre elles montre un monde du travail conçu pour le bien-être des humains dans une organisation sociale toutefois sous-tendu par le mensonge.
Le secret et la manipulation sont d'ailleurs des thèmes récurrents. La problématique du sens du travail qui revêt un rôle de paix sociale en est un autre. Et cette question du travail est envisagée autant sous l'angle de la question de société que sous celui de l'identité individuelle.
On pourrait parler des heures des thématiques abordées dans cette anthologie et creuser bien des aspects à la lumière des sciences économiques et sociales, ainsi que des sciences humaines.
Mais je vais m'arrêter là et juste préciser qu'il s'agit d'une lecture plutôt complexe, même pour quelqu'un qui travaille dans le domaine de l'orientation scolaire et professionnelle et détenant une certaine maîtrise du jargon des ressources humaines, de l'évolution du travail, de ses formes émergentes, etc. Autant dire que les auteurs sont vraiment bien documentés et savent de quoi ils parlent. Je me demande même si un glossaire n'aurait pas été utile…

N'ayez toutefois pas peur d'aborder cet ouvrage car, à n'en pas douter, chacun pourra tirer parti de cette réflexion, parfois ardue, mais nécessaire voire salutaire, qui sous-tend ces fictions sur le futur du travail.

La créativité est largement au rendez-vous, aussi bien sur le fond que sur la forme. Les nouvelles présentent des structures variées. On y trouve par exemple des codes, des tableaux, des pages de blog, des échanges de courriers, et même différentes versions d'une nouvelle avec les corrections proposées par des auteurs, éditeurs ou encore membres de la famille. Attendez-vous donc à être surpris de pages en pages !

Enfin, que dire de la prose, sinon que chaque plume est singulière, admirable, puissante.

La chronique complète en vidéo avec des lectures en cliquant sur le lien ci-dessous :

Lien : https://youtu.be/Gag7AHV0B_Q
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Les auteurs des nouvelles de science-fiction présentes dans ce recueil n'ont pas une vision joyeuse du monde du travail dans le futur, c'est le moins qu'on puisse dire : travailler jusqu'à la mort, multiplier les jobs pour réussir à s'en sortir avec l'ubérisation poussée à son paroxysme, vente de son corps, nouvelles technologies au service de l'exploitation des hommes et des femmes où l'intimité même disparaît, la quête de l'argent remplace l'art, tout le monde est lui-même évalué. Certaines nouvelles m'ont fait penser à des thèmes d'épisodes de la série d'anticipation Black Mirror.
Comme dans toute anthologie, la qualité des oeuvres est variable, ou en tout cas certains thèmes m'ont moins plu. le principe même de la nouvelle empêche de s'attacher à certains personnages avec la rapidité et l'effet de chute.
Et puis... il y a la nouvelle d'Alain Damasio, à la fois cruelle et poétique, virtuose et touchante, avec une belle femme créatrice et vivante. L'important, ce n'est pas le travail au sens du trepalium romain, l'instrument de torture, mais l'art et l'amour.
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En soi, un livre peut comporter plusieurs forces, tout comme celui-ci qui possède en premier lieu la capacité à nous envoyer dans de multiples univers au gré des différentes nouvelles proposées. Il nous transporte dans des futurs proches ou lointains auxquels on aime s'attacher, se retrouvant souvent à la fin avec l'idée que "c'est déjà fini!" (ma faiblesse pour les nouvelles développées, la fin qui arrive trop vite par rapport à un roman ou une saga).

En second lieu, chacune de ces lectures, après nous avoir fait nous évader vers ces mondes potentiels, nous ramène de façon très terre à terre sur notre bonne vieille planète, nous amenant à réfléchir à nos pratiques et le futur conditionné par celles-ci.

Travailler est-il un droit, un devoir, une obligation, difficile à dire mais vous trouverez ici les pistes qui vous y feront réfléchir profondément.

Le genre de livre que je voudrais faire lire en classe sur une année scolaire à coup de quarts d'heure, le tout suivi de réflexions / argumentations de groupe.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
« Incotable ! fit le palembarq.
– Ah, c’est que, s’enchanta Locq, Monsieur Ore est une figure locale, un excentrique ! Un ancien de la finance, je crois.
– Du négoce, précisa Ganz.
– Un peu… marginal. On peut dire ça, Ganz ?
– Mais incotable ? persista l’embarqué comme s’il était tombé sur un poilu de la Première Guerre. Vous êtes sociophobe ? Un datactiviste ? »
Cocktail d’un soupçon de mépris et d’un quart de menace, lot banal de l’invective. Les gens suivaient leurs changements. Ne pas évoluer leur semblait une sorte de crime.
Et de fait, rien n’avait plus été pareil depuis le Grand Reflux des années 30, la vague de désemploi qui avait recouvert les cartes les mieux éclairées du monde. Presque trois décennies de Ressource Universelle d’Existence (mais tout le monde disait la RUE) et quinze ans de cotation globale : les esprits avaient mué. Ils étaient devenus plus impénétrants encore que par le passé, aveugles aux brèches, réticents à la marge. Alors ! Qu’un ancien négociant en pétroles devienne un SDF trader, un vendeur d’actions à la petite semaine ! Et par-dessus le marché, non cotable. Impossible à évaluer. Ça n’entrait pas dans le cadre. Ganz Ore prenait un malin plaisir à l’étonnement des autres. En réalité, il n’était pas tout à fait certain de comprendre ses propres raisons. Peut-être simplement que le monde n’avait plus besoin de lui.
(Norbert Merjagnan, « coÊve 2051 »)
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– J’ai tout compris, soupira Evette en tapotant sur son écran. Je suis une déesse de la poisse. La poisse m’aime, tu vois ? Elle m’adore. Elle me trace, elle me comble, elle me couve.
– Hm, compatit Adzo. Allongé à côté d’Evette sur le futon fatigué, il tapotait aussi.
– Déjà, je décroche mon bac + 6 en intermédiation grand-européenne la veille du démembrement de la Grande Europe, c’est quand même une preuve solide, non ?
-… court en bouche mais solidement charpenté, marmonna Adzo.
– Depuis, comme 360 millions de couillons d’ex-grands-européens, je seekfind – je trime chaque jour comme une réfugiée climatique tout en cherchant un autre travail pour le lendemain. Et tu sais comment l’Académie française veut nous appeler ?
– Ça existe encore, ce truc-là ?
– Des postuvailleurs. Qui postuvaillent. Elle vient d’inventer le verbe postuvailler pour remplacer seekfinder, l’Académie française. Postuvailler ! [néol.] Mot-valise signifiant le fait de postuler en travaillant.
– … une belle robe framboisée et un nez très tanin…
– Tu fais quoi ?
– Je farcis le site wines.biz d’avis dithyrambiques sur le nouveau beaujolais nouveau, cette pisse d’âne. Dix euros les trente. Et toi ?
– Des captchas pour Europeana. Vingt euros les cinq cents signes parce que c’est du cyrillique d’avant 1917. Je savais que le russe me servirait un jour.
(Catherine Dufour, « Pâles mâles »)
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Quand Martha entre, les gémissements cessent. L’enfant est en bout de table. Une table sans angle, poncée. On ne blesse pas. C’est la première règle.
Les aliments sont tièdes. Martha les humecte avant de les fourrer dans la bouche aux dents si équarries qu’elle semble une bouche sans dents, seulement pavée de cailloux blancs.
Elle engrosse l’enfant docile, enregistre la composition nutritive du repas puis se retire, la faim au ventre.
Dehors, on a protégé les cerisiers des corneilles, geais et autres pies par des filets aux mailles noires. Ne rien perdre. C’est la deuxième règle. Martha chemine sous le linceul rapiécé. Le soleil est absent de l’allée. Martha salive par réflexe, mais n’envisage plus de grimper aux troncs malingres pour cueillir un fruit.
Ne rien partager.
Quelques cueilleuses cueillent, juchées sur des sièges aéroporteurs jaunis par les ans, rosis par le jus. Leurs doigts lestes comme s’ils racontaient la Bible à un sourd. Martha les regarde un moment.
Un long moment.
Enfin, on lui notifie un cinquième enfant.
Il est plus grand et maigre que les autres. Ses gémissements cessent lorsqu’elle entre. Martha vérifie sa notification. Est-ce un enfant ? N’y a-t-il pas d’erreur ?
(luvan, « Miroirs »)
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Un cauchemar réveille Alyn et reste présent un long moment après qu’elle a ouvert les yeux dans le noir : tous les servants de la ligne ont disparu. Les servants humains, bien sûr, parce que les machines continuent à pousser, vibrer et tirer, les élévateurs tournent et se rassemblent comme de grosses fourmis idiotes, le Main Display affiche un état absurde, effrayant et risible, 147 rouge, elle se surprend à penser que même au plus fort de la Grande Grippe on n’est pas arrivé à un tel niveau de déviance. Elle sait bien que ce n’est qu’un rêve angoissant, mais elle ne parvient pas à s’en dégager tout à fait malgré la présence de Ioulia tout contre elle, l’odeur de sa peau et de ses cheveux longs. Alyn perçoit tout en vue panoptique, comme au travers de la supervision générale, mais sans filtre, avec le sentiment de pouvoir tendre la main et toucher les dégâts qui s’accumulent. D’abord les longues boîtes vides, venant les unes contre les autres avec chacune son état, sa classification, son espérance, s’entassant dans le hall d’accueil, empilées par les élévateurs suivant les règles compliquées de la Priorité.
(L.L. Kloetzer, « La fabrique de cercueils »)
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Dans l’avenue Trump, le ballet des bus autonomes et des voitures sans chauffeur chorégraphiait une forme de silence. Le ciel était couleur de mood board gothique sous un filtre Rothko mal codé. S’y décalquaient mal la nuée triste des drones s’autoévitant, lesquels erraient dans le vide, aussi frénétiques et tracés, aussi paumés que moi dans ce brouillard brownien d’insectes en plastique qui volaient de boîtes en balcons comme je volais de boîtes en missions. Pour qui au juste, pour quoi ? L’atmosphère grésillait désagréablement. Où étaient les oiseaux ?
Serf-Made-Man ? Ou la créativité discutable de Nolan Peskine, de Alain Damasio
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