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EAN : 9782382670569
128 pages
Mnémos (17/05/2023)
4.12/5   28 notes
Résumé :
Une infirmière convoquée par un rêve au chevet de sa patiente mourante, une veuve éplorée qui marche dans la mer en maudissant Papadlo, un jeune homme qui perd la mémoire chaque fois qu’il met les pieds dans la rivière, un couple de femmes surpris par l’œil du cyclone, un garçonnet qui voit se dessiner sa culpabilité sur sa peau…

Dix-huit histoires liées par des poèmes qui donnent à repenser notre rapport à la mort, à l’amour, à la différence, à l’env... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Que voilà un petit livre envoutant.
Il s'agit d'un recueil de 18 nouvelles ponctuées par des poèmes qui les relie les unes aux autres , un peu comme des incantations et comme par magie.
Et de la magie il y en a énormément dans toutes ses histoire.
De la magie, du surnaturel, du paranormal, des superstitions aussi…
Il faut dire que Kitty Steward nous embarque au coté d'une séancière. Une Chamane qui invoque les esprits pour guérir le mal. Une femme qui pratique la magie mais aussi l'écoute et la bienveillance. Même si, ses séances sont voisines du rite vaudou.
À la faveur d'une nuit étoilée, la Séancière t'ouvre les portes de son île. Tu devras emprunter une langue de sable interminable à travers l'océan et braver bien des dangers.
Tu entends déjà Manman Dlo t'appeler par ton prénom. Sa voix t'attrape le coeur et ne le lâche plus.
Papa Dlo marche à ta rencontre au-dessus des flots, te désignant du bout de sa canne la crique où tu trouveras tout ce que tu cherches et, peut-être aussi, ce que tu fuis.
Ici on va consulté la séancière lorsqu'il faut prendre une décision importante, lorsque l'avenir semble bouché, ou lorsqu'on se trouve à la « croisée des chemins »
Je ne vais pas m'étendre à vous raconter toutes ces histoires, il faut les découvrir.
Juste vous dire que nous sommes là dans un recueil de nouvelles fantastiques entre lesquelles s'intercalent des poèmes, adaptant les contes du folklore martiniquais.
J'ai adoré être confrontée à cette culture afro-antillaise que je ne connais pas.
L'autrice invoque tout un panthéon de créatures dont j'ignorais jusqu'aux noms
J'ai aimé cette écriture est fluide et dynamique qui nous transporte. Nous sommes là dans un fantastique réaliste. On va vivre littéralement une véritable expérience littéraire et sensorielle. Car Ketty Steward est une véritable conteuse
Mais ce que j'ai aimé par dessus tout c'est que notre auteure utile le conte pour nous parler de notre monde, pour interroger le monde et ses zones d'ombre…Ketty Steward a à coeur d'explorer les problématiques de notre temps et de nos existences.
Et je ne vous cache pas que derrière toutes ses histoires fantastiques se cachent une interprétation de notre société. Notre autrice nous interroge sur la place de la femme dans la société, sur nos relations aux autres, étrangers ou voisins, sur notre regard sur les différences, quelques soient ces différences, sociales, culturelles, religieuses, sexuelles … Elle nous questionne sur le handicap et sur notre acceptation de celui-ci. Et aussi sur notre rapport à la nature, sur notre conscience environnementale. Bref derrière toute cette sorcellerie et ses mystères, elle nous offre un monde sont doute utopiste. Un monde que nous aimerions féministe, écolo et inclusif. Et où bienveillance et altérité régnerait en maitresses !
Et du coup…Je ressors de cette lecture totalement ensorcelée.
Faites, vous aussi, l'expérience des Confessions d'une séancière. Je suis certaine que comme moi vous en ressortirez émue, grandie, et engagée et confiante (moi qui ne crois plus en l'humanité) …
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Moi aussi lecteur, je me confesse : ce livre m'a ensorcelé. Et j'en redemande.

Avant toute chose, c'est quoi une séancière ?
Chamane du rite quimbois, religion proche du vaudou.
source : wiktionary

Nous voilà donc en pays créole avec les confessions d'une séancière, une personne qui doit bien connaitre les us et coutumes des Antilles et avoir plein de témoignages de la vie dans les Antilles.

Ce que j'ai beaucoup apprécié ici, c'est la manière de traiter le sujet sans exotisme. Nous sommes aux Antilles, c'est tout. Nous ne sommes pas dans les pas d'un métropolitain découvrant un pays étranger. Nous sommes les Antilles. Donc si tu aimes voyager grâce au Club Med, tu risques de découvrir un pays, une culture autre.

Confessions d'une séancière est un recueil de courtes nouvelles, entrecoupées de poèmes. Nous sommes face à des tranches de vie, de culture et surtout de sorcellerie. Pas celle des films d'horreur ou fantastique, celle que l'on ne sait pas si cela vient de nous, de la malchance ou d'un sort. du fantastique réaliste avec ce qu'il faut de mystères, Tout n'est pas dit, les histoires peuvent avoir plusieurs significations, ce sont des contes ou des récits pour prendre garde.
Ketty Steward nous offre aussi des confessions actuelles, la place de la femme dans la société, la place de l'autre, de l'étranger, des croyances... Pas de Il était une fois.

J'ai commencé ce livre, je suis parti à quelques milliers de kilomètres, j'ai réellement voyagé, une escapade littéraire et poétique, cruelle parfois, avec quelques pointes de légèreté.
Cinq euros, c'est donné !
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Tout d'abord, je remercie la maison édition Mü éditions et l'opération Masse critique de m'avoir permis de lire ce livre.
Je vous avouerai que Confession d'une séancière ne faisait pas partie de mes premiers choix lors de l'événement mais je suis, cependant, contente d'avoir été tirée au sort sur ce roman. Cela m'a permis de découvrir un livre que je n'aurai pas acheté d'instinct en librairie.
Ce roman n'intriguait beaucoup. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. le résumé, l'histoire et les personnages sont très énigmatiques, on ne sait pas où l'auteur veut nous emmener. Ce sont pour ces attraits que j'ai décidé de le sélectionner.
Personnellement, j'ai un avis mitigé. D'un côté, j'ai bien aimé car on ressent toutes les recherches, le travail et l'investissement effectués par l'auteure derrière chaque histoire. de l'autre, je n'ai pas apprécié car l'univers ne me correspond pas.
Malgré tout, selon moi, ce livre ne mérite pas une note en dessous de ⅘.

Parlons un petit peu de la couverture.
Au premier abord, nous pourrions penser à avoir affaire à un livre faisant référence à l'univers de la mer, aux marins, avec les coquillages sur la première de couverture, mais pas du tout. Cependant, je pense que la couverture rappelle un des personnages présents, Papa Dlo, une sorte d'esprit de la mer, contrôlant les océans. Au niveau du titre, ne sachant pas ce qu'est une séancière j'ai décidé d'effectuer une petite recherche.
Provenant des Antilles, une séanicière ou un séancier est un chaman pratiquant des rites vaudou pour invoquer les esprits dans le but de guérir le mal.

Au niveau de la narration, le livre est composé de plusieurs histoires entrecoupées de petits poèmes.
A chaque histoire, les protagonistes ne se connaissent pas, ne viennent pas forcément du même endroit et sont différents, au niveau de leur âge et de leur origine. Petite exception, Papa Dlo et Manman Dlo sont aperçus dans deux, trois histoires. Néanmoins, je ne sais pas si toutes les histoires se passent à notre époque. Je ne pense pas, mais je peux me tromper.
Vous trouverez des points de vues interne et omniscient.
A la fin, vous découvrirez un petit lexique expliquant certains termes.
Le thème ressortant dans ce roman est le fantastique. Chaque histoire se passe dans notre monde. Les personnages vivent comme nous mais des événements surnaturels plus ou moins sombres viennent ponctuer leur vie.
L'autre thème apparaissant est la paranormal. Vous rencontrerez des esprits frappeurs, des esprits errants, des créatures maléfiques, des humains horribles ou se transformant en viles créatures la nuit.

Chaque histoire étant différente, je ne peux pas écrire un résumé comme j'ai l'habitude de le faire mais je peux cependant créer un lien.
Chacune se termine bien et propose du fantastique paranormal plus ou moins sombre, mettant en scène comme je l'ai dit plus haut des viles créatures humaines ou pas et des esprits soit maléfiques, soit simplement errantes.

Point positifs des histoires :

J'ai beaucoup aimé les recherches effectuées par l'auteure. On sent qu'elle n'a pas écrit ces histoires simplement par inspiration. Elle m'a permis de découvrir des superstitions, des créatures, des légendes que je ne connaissais pas du tout.
Bien que je n'affectionne pas particulièrement cet univers, les pages ont tourné très vite. Je voulais savoir ce qui allait se passer. L'auteure a su m'emmener dans ces histoires. le suspense est vraiment au rendez-vous.
A chaque nouveau chapitre, une inquiétude montait en moi, mais la curiosité l'emportait, me demandant quelles nouvelles vils créatures je rencontrerais.
Néanmoins, j'ai apprécié deux, trois histoires, comme La remplaçante ( personnellement, j'aurai aimé en découvrir plus ), Kolé séré ( une sorte histoire d'amour entre un mortel et un fantôme ), La po zombi ( pour le morale de l'histoire ) et Sainte-Marie de la mer ( pour le mystère ).
Selon moi, Confesssion d'une séancière me fait penser à un carnet où une séancière aurait rassemblé plusieurs histoires vécues par différentes personnes. Je ne sais pas si l'auteur l'a imaginé ainsi mais je le ressens de cette manière.
J'ai beaucoup aimé le fait que le livre soit composé de plusieurs dénouements. On ne se lasse pas, c'est une découverte à chaque fois. de plus, par la suite, on peut relire ou partager à l'oral telles ou telles histoires nous ayant séduit.

Points négatifs des histoires :

Bien que je n'ai pas apprécié, ce n'est pas pour moi un point négatif mais simplement un ressenti purement personnel. La plume de l'auteure est fluide, les histoires sont addictives et très bien écrites.
Le seul point négatif pour moi est l'histoire Tala ka vini. L'écrivain l'a écrit en créole et n'a mis aucune traduction. Selon moi, c'est dommage et très gênant car ne parlant pas cette langue, je n'ai, bien entendu, rien compris. Je comprends la volonté de rendre hommage à ses origines mais une traduction m'aurait semblé bien. De plus, ça peut être frustrant et décevant.

Points positifs de tous les personnages :

Aucun ne se ressemble, chacun a son propre vécu et caractère.
Nous n'avons pas cette impression de déjà vu.

Points négatifs de tous les personnages :

Je n'en ai aucun.

Conclusion :

Ce livre ne m'a pas permis de m'évader mais d'apprendre et de découvrir des superstitions, des légendes et des créatures maléfiques m'étant parfois inconnues, d'une manière ludique.
Je conseille de lire ce livre durant la période d'Halloween car il est parfait pour cet événement.
Je le conseille pour toutes les personnes aimant les romans mélangeant paranormal et fantastique sombre et celles aimant faire monter leur angoisse ou leur peur.
Cependant, je le déconseille pour les âmes sensibles et les enfants car certaines histoires ne leur sont pas destinées.

Bonne découverte et bonne lecture !📚
Lien : https://lemondeenchantedeses..
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Ma mère m'offrirait : Confessions d'une séancière de Ketty Steward

Dans la douceur d'un soir tranquille, le souvenir de mes jeunes années s'éveille au fil des pages de Confessions d'une séancière de Ketty Steward. Ces lectures nocturnes, lorsque ma mère, avec une tendresse infinie, m'offrait les portes d'un monde riche de contes et de légendes de nos régions, s'enchaînent à ce nouveau trésor que j'ai découvert, comme par hasard, en cherchant un autre livre perdu dans le temps « L'évangile selon Myriam ».

Ce petit livre, tel un coffre de secrets anciens et nouveaux, m'a emporté au-delà des mers, dans les Antilles, où le créole danse parmi les récits, où la vie palpite dans chaque ligne. Ketty Steward a tissé dix-huit histoires, miroirs d'un monde à la fois étrange et familier, où les légendes d'antan se mêlent à la réalité contemporaine.

C'est là, dans cette fresque vibrante, que je retrouve l'écho de ma propre enfance, réinventée et réanimée dans les mythes d'aujourd'hui. Ma mère, qui comme je cesserais de le répéter rêvé d'écrire, aurait trouvé dans ce livre un pont entre ses croyances pieuses et la richesse culturelle d'un monde qui lui était autrefois étranger.

Les récits de Steward sont un hommage à la diversité de la vie et à l'universalité de certaines vérités. L'histoire poignante de Papa Dlo, dont les larmes salées continuent de remplir notre mer, résonne comme une parabole moderne sur les conséquences de nos actions, sur la douleur et la rédemption.

À travers ces pages, j'ai été transporté, confronté à la complexité de notre humanité : la bonté et la cruauté, l'amour et la perte, le sacré et le profane. Ce livre n'est pas seulement une collection de contes ; il est un dialogue continu avec nos racines et nos rêves, une manière pour nous, lecteurs, de naviguer dans les eaux parfois tumultueuses de notre propre existence.

Je rends grâce pour ce voyage, pour ce pont entre les mondes que Ketty Steward a si adelphiquement construit. C'est une oeuvre qui nous enseigne, nous confronte, mais surtout, qui nous unit en frères et soeurs, de nous et de tout ce qui vit et existe dans notre cosmos, dans la richesse infinie de nos divers héritages.

Haïku
Antilles lointaines,
Récits dansent, créole chante,
L'âme se réveille.

Tanka
Dans les pages, vie,
Contes des îles sous vent,
Créole murmure,
Héritage et douleurs,
Nouveau monde se dessine.

Sonnet ou presque
Au coeur des soirées bercées par des contes anciens,
Ketty Steward tisse avec art les mots du présent.
Dans son livre s'éclairent des légendes des Antilles,
Dessinant pour nous tous des chemins moins hostiles.

Ma mère, guide oublié de mes jeunes passions,
Trouverait dans ces pages des échos, des leçons.
Les récits, comme ponts entre elle et cette terre,
Relient son amour au grand souffle de l'univers.

La mer, par les larmes de Papa Dlo formée,
Chante dans chaque vague une triste vérité.
Les contes, porteurs d'histoires et de mémoires,

Nous parlons de chagrins, de joies, de déboires.
Dans l'encre de Steward, un chemin se révèle,
Pour ceux cherchant la lumière sous l'étoile éternelle.
Lien : https://tsuvadra.blog/2024/0..
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J'ai passé un très bon moment en compagnie de ce recueil de nouvelles signé Ketty Steward, qui puise dans sa culture afro-antillaise pour nous livrer ces contes fantastiques à la fois empreints de drôlerie et de poésie. Sous sa plume facétieuse, voilà que prend vie toute une galerie de personnages pleins d'humanité. Alors oui, l'autrice dénonce nos petits travers, elle observe nos coeurs sous la lentille parfois un peu cruelle de nos fuites et de nos évitements, et il y a quelque chose de la fable dans certaines de ces histoires. Mais jamais moralisatrice, ni cynique, toujours avec une forme d'affection et de bienveillance, même si le mauvais oeil n'est jamais loin !
Pour moi qui connais assez peu les Antilles, cette lecture a aussi été un joli voyage dans un univers nouveau. Les contes sont ponctués de poèmes au graphisme joueur, et la dernière nouvelle, Tala ka vini, est écrite en créole. L'ensemble se clôt sur un petit lexique à l'intention des ignorants, comme moi. Oui, car savez-vous ce qu'est un Gadézafé, un mako ou un Ababa ? Non ? Et savez-vous à quoi peut ressembler le déparlage d'une sorcière, ou quels crimes peut commettre un homme-bâton parrainé par un tchenbwazeur peu scrupuleux ? Hé bien, je ne peux que conseiller la lecture de cet ouvrage, aussi instructif qu'amusant, pour le découvrir. D'autant que l'écriture fluide, claire et dynamique nous emporte sans difficulté, et le livre avec sa jaquette soyeuse est un bel objet en soi. Bref, un vrai plaisir.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« Comment aurais-je pu me douter que la plaisanterie me mènerait si loin ?
– Mais ma petite demoiselle, tu le savais ! Au plus profond de toi. Les tabous n’ont jamais servi qu’à nous protéger de nous-mêmes.
– Oh ! Ça va. Oublions les sermons, sorcière ! On fait quoi, maintenant ? »
Marie-Odile arrivait au bout de ses réserves de patience. C’était la neuvième voyante de ce genre qu’elle consultait en quatre mois et pas une ne lui avait épargné les discours moralisateurs, cent variantes de celui-ci : « Tu as enfreint une règle, il y a un prix à payer ! »
Les honoraires de ces médiums, qu’elles lisent dans les cartes, les mains, les champs magnétiques, les entrailles d’oiseaux ou le marc de café, se conformaient à ce principe.
La règle bousculée devait vraiment compter dans l’échelle des transgressions puisque Marie-Odile avait dépensé, pour tenter de réparer l’offense, presque toutes ses économies, sans résultat.
Le front sombre et ridé d’Adolphine, ses cheveux et ses yeux gris n’impressionnaient pas la jeune fille qui accueillit les poings serrés une sentence de plus :
« Celui qui pèche par le pied périra par le pied ! »
Tous les oracles de l’île semblaient s’être donnés le mot pour la culpabiliser en lui rappelant son éducation religieuse. Marie-Odile ne montrait cependant aucun attrait pour les cultes. Une seule question l’obsédait et motivait sa démarche. Saurait-on la délivrer de la malédiction qu’elle s’était attirée par une plaisanterie qu’elle avait crue sans conséquence ?
Elle souffrait depuis plusieurs mois, mais s’était bien gardée de consulter un médecin, de crainte de se voir internée d’autorité dans un asile psychiatrique. On l’aurait certainement soupçonnée de s’automutiler en plus de fabuler.
La seule aide qu’elle acceptait de la science médicale consistait en ces comprimés analgésiques disponibles en pharmacie qu’elle ingurgitait à fortes doses pour atténuer sa douleur.
Tandis qu’Adolphine murmurait des incantations tout en promenant ses mains sur la table comme pour en réveiller le bois, Marie-Odile se souvenait.
(« Pié pou tet« )
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Quand il avait été question de former des petits groupes pour le stage d’observation, elles s’étaient réunies, naturellement, animées du même désir de s’éclater. Elles avaient d’abord postulé auprès d’entreprises ordinaires : Agences de tourisme, boîtes d’informatique ou boutiques de souvenirs. Sans grand succès. Sur l’île au taux de chômage record, les petites unités commerciales n’offraient que peu de postes et leurs salariés étaient trop occupés pour accueillir des stagiaires.
Puis Marie-Odile avait lancé une idée : « On devrait tenter une entreprise de pompes funèbres. Ils ont toujours du travail. Et puis, il y en a une pas très loin de chez moi. Au moins, ce sera différent !
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J’avais huit ans quand Bienaimé est arrivé dans mon école. Trois ans se sont passés depuis, mais je me souviens de tout. J’étais en CE2 dans la classe de Madame Valmy.
Bienaimé. Quel drôle de nom !
Il venait d’Haïti et, comme tous les Haïtiens qu’on voyait par chez nous, il était très pauvre. Ma mère dit que le pays paie son arrogance. « Ils ont voulu être indépendants et maintenant, ils crèvent de faim. » Pas tous. Il paraît qu’il y en a qui s’en sortent, mais Maman n’aime pas qu’on parle de tout ça. « Ils ont des sorciers puissants. Il vaut mieux éviter de parler de ces gens. »
Elle m’interdit évidemment d’approcher mon nouveau camarade.
Bienaimé n’avait pourtant pas l’air puissant du tout. Maigre comme un clou, il avait des yeux énormes qui sortaient presque de son visage. Ce qui frappait le plus, c’était sa couleur de peau. Alors que nous étions tous marron plus ou moins clair, lui était noir comme la nuit. Nous avions la couleur du bois des arbres, celle de la terre, lui était noir comme un pneu de voiture, comme le charbon, comme le sirop de batterie.
C’était tellement facile de lui trouver des surnoms !
(« La po zombi« )
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On raconte qu’un jour, Papa Dlo leva la main sur sa compagne qui, n’en pouvant plus de sa violence, décida de le quitter.
Manman Dlo embarqua avec elle les plus petits poissons et les écrevisses, et s’en alla vivre dans les terres, entre les creux des montagnes.
Papa Dlo regretta son geste, mais il était trop tard. Son chagrin le rendit amer et colérique. Papa Dlo attrapait les pêcheurs, leurs femmes et leurs enfants, pour les noyer. Sa demeure fut nommée l’amer, devenue ensuite la mer. Il pleura à chaudes larmes et c’est pour cela que, aujourd’hui encore, l’eau de mer est salée.
(« Sainte-Marie de la mer« )
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Sors de ta fournaise
Ô Lune incandescente
Sors de ta fournaise
Descends, panse brûlante
Sors! et ta lumière
Fébrile et frissonnante,
Saura , ta lumière,
Rendre vie aux gisantes .
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Videos de Ketty Steward (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ketty Steward
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Entre prise de conscience éthique et confrontation au réel du bouleversement climatique. Le changement de nos habitudes alimentaires, de nos coutumes vestimentaires, et les mille manières que nous avons d'exploiter ou menacer l'existence des êtres qui cohabitent avec nous sur cette planète sont devenus des questions fondamentales. L'exploitation animale peut-elle être un humanisme ? Qu'en dit l'Imaginaire ?
Moderateur : Ophélie Bruneau Les intervenants : Simon Liberman, Ketty Steward, Christiane Vadnais
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