Porté sur ma lancée du pavé « Evolution » (chronique ici) qui relate l'histoire du vivant en un gigantesque bestiaire des animaux désormais disparus, j'ai voulu enchaîner sur ce qui allait nous guetter à l'avenir.
Sébastien Steyer est paléontologue au CNRS.
Marc Boulay, sculpteur. Ensemble ils proposent une des multiples possibilités d'avenir du vivant sur Terre, une fois cette nouvelle extinction massive (dont nous sommes en grande partie les responsables) digérée.
N'en déplaise à tous les représentants du politiquement correct, la planète n'est pas en danger. Elle a connu pire et s'en est toujours remise. A défaut d'une collision vraiment massive, elle sera là jusqu'à l'extinction solaire, plus précisément une explosion qui fera enfler notre étoile jusqu'à pulvériser les trois ou quatre planètes les plus proches : nous sommes dans le lot. Puisque le vivant n'a d'autre objectif que lui-même, la Nature tentera à nouveau de nouvelles pistes.
A ce petit jeu de la prospective, les auteurs précisent d'emblée que leur vision n'est qu'une des multiples possibilités mais que « leur » futur ne se réalisera jamais. C'est une combinaison parmi des milliards d'autres, toutes aussi censées.
Ils se sont fixés une date aléatoire, dix millions d'années dans le futur, assez pour offrir le temps à la Nature de se retourner, pas trop pour laisser à notre entendement la possibilité de s'y reconnaître. Avancer de 500 millions d'années n'aurait aucun intérêt : il suffit de se souvenir du monde d'il y a un demi milliard d'années. Rien à voir.
Alors, forcément, on est un peu déçu.
Cette base scientifique, partant d'espèces connues qui auraient évoluées en 10 millions d'années limite le champ d'action du pur esprit imaginatif - l'imagination est plus importante que le savoir disait Einstein.
Tous les animaux sont des extrapolations de créatures bien connues et Steyer semble s'être simplement contenté de laisser les oiseaux à terre tandis que quelques mammifères volent.
Mais ne boudons pas notre plaisir. le travail de reconstruction (de construction plus exactement) de l'artiste Boulay, certainement épaulé par la puissance de calcul des ordinateurs, est bluffant. Loin des chimères, ce bestiaire est tout simplement sublime. le beau livre laisse bien entendu une large place (les 2/3) aux photos. Si ce n'est pas assez, laissez-vous tenter par la série produite par la BBC « the Future is Wild », disponible chez Youtube. Un régal.