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sur 361 notes
Jacques Madelin, le narrateur, est un Français installé à Naples depuis un amour de jeunesse malheureux. Agé aujourd'hui de soixante-douze ans, il est caricaturiste et habite un appartement au-dessus du café Nube, où il passe ses journées à noircir son carnet de notes et de croquis pris sur le vif. Quarante ans d'observation de la vie du quartier et de ses habitants lui ont enseigné l'âme humaine. Marqué par ce joli symbole de partage et de solidarité qu'est la coutume napolitaine du café suspendu, cette tasse que l'on règle en même temps que la sienne pour l'offrir à qui viendra sans avoir les moyens de payer, il s'en sert de fil conducteur pour se remémorer sept histoires dont il a été témoin.


C'est un véritable voyage à Naples que nous propose ce délicieux pêle-mêle d'anecdotes et d'impressions, qui peu à peu laisse entrevoir, en quelques portraits touchants, la vie intime des habitants d'un quartier, comme si l'on y vivait soi-même. Une épouse trompée, un médecin chinois déraciné, un jeune mafieux en fuite, une jeune fille aspirant au bonheur, un écrivain sans visage qui pourrait être Elena Ferrante, une femme légère, un homme insomniaque : autant d'être cabossés par la vie que le simple geste d'un café suspendu va relier, tissant insensiblement la cohésion d'une petite communauté, telle un village au sein de la grande ville.


Avec l'élégance et la délicatesse qui la caractérisent, la plume d'Amanda Sthers cisèle chacun de ces sept contes en petits concentrés d'émotion et de poésie. Si tous n'ont pas le même impact, y flottent toujours un parfum de mélancolie, l'impression d'existences aux rêves demeurés tristement hors d'atteinte. Ce sont les parcours d'êtres anonymes et invisibles, ceux à côté desquels on passe habituellement sans les connaître, et dont chaque partition n'en compose pas moins l'orchestre de la vie.


Une jolie tranche d'humanité, photographiée avec bienveillance dans un moment suspendu à observer le tourbillon de la vie des autres, et une amusante invitation au partage d'un roman... suspendu !

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Quelle belle invention napolitaine que celle du café suspendu qui permet à un consommateur de régler d'avance la tasse d'un client insolvable !

Jacques MADELIN , caricaturiste français exilé, ou plutôt réfugié, à Naples observe depuis 1982 la clientèle du Nube, et raconte sept histoires en un récit qui se situe entre contes et roman. Chapitres inégaux, indépendants mais traversés par quelques personnes retrouvées au fil des pages et des années.

L'atmosphère italienne, l'ambiance napolitaine, le regard vers les quarante dernières années sont savoureuses et le style d'Amanda Sthers agréable. Mais la trame décousue, les apparitions en pointillé des personnages m'ont déconcerté et certains ont un comportement pour le moins éloigné de l'invention généreuse du café suspendu. D'où un certain sentiment d'inachevé au terme de cette lecture.
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A Naples, la coutume est bien établie : au bar, on commande deux cafés, dont un est destiné à quiconque en aura envie sans en avoir les moyens. le café suspendu est un geste de générosité au delà de la simple charité. Avec le café, c'est aussi la possibilité de se mêler à l'assemblée cosmopolite d'un lieu convivial.

« On a beau faire une mauvaise réputation à Naples et recommander de prêter attention à son sac quand on s'y promène, il y a des tasses fumantes de générosité partout dans la ville »

Pour Jacques, un français qui est venu rejoindre sa dulcinée sur un malentendu, c'est la déception amoureuse qui l'a conduit à poser ses valises dans le quartier, et à passer de longues heures au café Nube. Quoi de plus inspirant que le défilé disparate des clients au comptoir. Une manne pour un caricaturiste ! Lorsqu'il ne croque pas ls touristes, il écrit.

C'est ainsi que ce roman nous offre des tranches de vie, glanées au hasard des confidences et des commérages. Silvia, Fernanda, docteur Chen et tant d'autres alimenteront la légende, sur une période d'une vingtaine d'années. On y croisera même Elena Ferrante !

Le récit est une déclaration d'amour pour la ville animée et frénétique :

« Il y a dans Naples une injonction organique, une boucle d l'Histoire à laquelle on doit se soumettre, une sensation aiguë du destin. On ne peut échapper à ce que cette ville a inscrit dans le livre de notre vie, on doit s'y résoudre comme on s'abandonne malgré la peur dans les bras de l'être aimé »


Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas, mais se répondent au gré des liens tissés entre les personnages. le style est vivant, l'humour n'est pas absent, et c'est une belle excursion que nous propose ici Amanda Sthers. le roman se termine sur une proposition généreuse, celle de faire de ce roman un roman suspendu…

234 pages Grasset 4 mai 2022
#Lecafésuspendu #NetGalleyFrance

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L'histoire commence doucement, insidieusement. le narrateur vit au-dessus du café qu'il fréquente dont le propriétaire est son meilleur ami, Mauricio. Il y passe la majeure partie de son temps, s'éloignant pour gagner sa vie modestement en croquant des caricatures des touristes.

Il est arrivé à Naples pour une histoire d'amour qui n'existait pas vraiment, a vécu un tremblement de terre et a décidé d'y rester.

Il aime observer les clients du café, ceux qui offrent un café suspendu, ceux qui viennent boire un café suspendu. La vie du quartier est agréable malgré la mauvaise réputation de Naples. Il va nous raconter, nous offrir des portraits de personnes rencontrées, observées, mine de rien, donnant de temps en temps un coup de pouce au destin. Ces portraits sont des simulacres pour poser des questions plus existentielles sur l'amour, l'argent, la place dans la société, le déracinement, l'exil, l'amitié. Les récits commencent en 1982 et s'arrêtent en 2020. Au milieu de ces années, une rencontre avec une écrivaine qui se cache sous différentes personnalités pour rester anonyme, va le transformer et changer sa façon de penser, ses sentiments mais il ne s'en rendra compte que bien plus tard, quand Mauricio prend une décision radicale suite au décès de son épouse au début de la pandémie qui l'obligera à changer de vie.

Ce roman pourrait et paraît, du moins au début, très simple. Une petite histoire sympa de quartier et de café suspendu. Pourtant en le refermant, les questions existentielles des personnages trottent dans ma tête, me font comprendre la profondeur des écrits de l'auteure. On s'enfonce littéralement dans l'histoire, comparant la vie des personnages à un moment de questionnement dans notre vie.

C'est la première fois que je ressens le besoin d'enquêter sur un auteur, de connaître son parcours. Et même si j'ai un début de réponse, cela n'explique pas tout. La plume fluide et légère est en fin de compte le couteau qui remue dans la plaie. C'est brillant.
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L'ami prodigieux

Amanda Sthers nous offre un voyage à Naples avec ce nouveau roman. Dans les pas de Jacques Madelin, un amoureux transi qui décide malgré ses déboires de s'installer au-dessus du café de son ami Mauricio, elle réussit une formidable chronique qui court sur quatre décennies. Brillantissime!

Pour commencer cette chronique, il me semble opportun de commencer par expliciter le titre choisi par Amanda Sthers, car il explique tout à la fois le lien entre les récits qui composent ce livre et sa construction. Nous sommes à Naples, une ville dans laquelle une sympathique coutume a été instaurée. Lorsqu'on commande un café, on peut en régler un second indiqué sur l'ardoise du bar comme un café sospeso : un café suspendu, c'est-à-dire un café qui sera offert à une personne qui n'a pas les moyens de le payer. Si l'origine de cette tradition est vague, elle n'en offre pas moins au narrateur qui vit dans un petit appartement au-dessus du bar de Mauricio Licelle, son meilleur ami, l'occasion de découvrir tout à la fois les donateurs et les bénéficiaires de leur générosité.
Le café Nube est un poste d'observation idéal pour Jacques Madelin, arrivé dans la capitale de la Campanie a 30 ans pour y retrouver un amour de vacances et y vivant toujours 42 ans plus tard. "J'ai perdu l'amour mais je suis resté dans la ville."
Voici venu pour lui l'heure de nous restituer la chronique des décennies passées dans l'estaminet, sept histoires qui "toutes sont liées par ce fil invisible qu'est le café suspendu".
La première met en scène deux femmes amoureuses du même homme, deux rivales qui vont finalement essayer de trouver un terrain d'entente, quitte à en faire payer le prix au mari et amant. Ce dernier, comme souvent en pareil cas, étant le dernier à apprendre ce qui se trame dans son dos.
Arrive ensuite Chen, un docteur pratiquant une médecine Chinoise Ancestrale qui ne va pas tarder à trouver des patients conquis par son savoir. Mais ce n'est qu'après avoir rencontré Jacques et découvert le café suspendu qu'il pourra à son tour arrêter de déprimer et d'avoir le mal du pays en y voyant une similitude avec son art: "Vous comprenez alors la médecine chinoise ! Nous anticipons comme vous le faites. le mal est invisible mais vous savez qu'il existe et vous rétablissez l'harmonie."
Suivra la rencontre dans des conditions assez rocambolesques de Lucie et Ferdi, une rencontre placée sous la figure tutélaire de Diego Maradona, l'idole des tifosis et qui nous donnera aussi l'occasion de côtoyer "des choses qui ne sont pas élégantes… pas honnêtes… Des choses en lien avec la… Des choses pas belles.» le terme qu'il ne faut pas prononcer ici est Camorra.
Nous ferons aussi connaissance avec Agrippina, dont la mythomanie deviendra légendaire, à tel point qu'après sa mort elle continuera à vivre en chacun des habitués grâce à ses anecdotes et de légendes, mais aussi à travers sa petite fille Chiara, à la recherche d'un bonheur qu'elle pense impossible.
C'est avec une autre femme, Livia, que va se refermer ce roman qui vous réservera bien des émerveillements. Livia donnera par exemple à Jacques l'occasion d'intégrer le choeur dans lequel elle chante mais aussi de découvrir un tableau du Caravage, Les Sept Oeuvres de miséricorde.
Ajoutons à ce résumé deux Intermezzo qui nous livreront des éclaircissements sur la biographie du narrateur et je n'aurais encore rien dit sur l'élégance de la plume de la romancière, sur sa formidable érudition qui font de ce livre un précieux guide touristique et sur cette habile construction qui permet de lier les histoires entre elles en faisant se croiser des personnages, en les faisant réapparaître après des décennies. Des années 1980 à aujourd'hui, c'est aussi un pan d'histoire contemporaine qui se dévoile, du tremblement de terre de Monteforte Irpino jusqu'au confinement en raison de la pandémie. Bref, n'hésitez pas à arpenter les rues de Naples avec ce précieux guide, ses attachants personnages et sa précieuse philosophie. Il se pourrait même que vous croisiez Elena Ferrante!
Après la confession épistolaire d'Alice à son masseur japonais, reparti au pays du soleil levant dans Lettre d'amour sans le dire, Amanda Sthers apporte avec ce seizième roman toute l'étendue de son talent.


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☕️Ce que j'ai ressenti:

Si vous fermez les yeux, vous pourrez sentir l'odeur du café...
Ce n'est pas simplement une boisson. Non. C'est un partage. Quelque chose de l'ordre de la générosité. le rouge de l'amour, mélangé à l'amertume du grain noir, cela donne une saveur inimitable. Digne d'être célébrée. Je pense qu'un café suspendu a meilleur goût, a plus d'intérêt aussi. Je ne conçois pas la vie, sans générosité, alors connaître cette pratique, c'est être bouleversée de l'intérieur. Surtout quand c'est le sang qui murmure…Je suis addict au café, mais maintenant, il est fort probable que j'aurai tendance à offrir, à mon tour, un instant fumant, réconfortant, suspendu…Et vous parler, du délice de cette lecture, c'est encore se perdre dans l'énergie revigorante de ce breuvage magique…

Si vous fermez les yeux, vous pourrez voir le café Nube…
Ce n'est pas simplement un lieu. Non. C'est une harmonie. Au café Nube, on mêle les mots, les coeurs, les lignes, les histoires, les exclamations, l'amitié, la guérison, les adieux….En fait, cela s'appelle le bonheur, mais il ne faudrait pas l'ébruiter, sinon, on n'apprendra plus rien de lui…J'étais bien dans ce café, je regardais par-dessus l'épaule de Jaques, les mains actives de Mauricio, dans les yeux mélancolie du docteur Chen, les cheveux dénoués de Chiara…Tous, m'ont interpellé, chacun à leur manière, chacun avec leurs sensibilités…J'ai défait mon foulard violet, et j'ai du l'oublier sur la chaise…Mais qu'importe, le tissu se mélangera aux émotions de Naples, et, reviendra comme il est parti, inopinément…Il aura la vérité de leurs sentiments, de leurs déclarations, un peu de boue, un peu de sang, beaucoup de tendresse, et la déchirure de certains…Je le remettrai et dessinerai, je me sentirai euphorique et transvasée, et j'aurai sommeil et désiré, j'aurai pris un café suspendu, et en aurait déversé dans vos veines, toute l'émulsion, j'espère, après cette chronique…Et je vous aurais bien parlé, autour d'un café, avec amour, sans jamais abandonner, de l'effet irrésistible de cette lecture…

Parce que c'est du désordre de l'organique. Naples, le café, l'amour, l'état d'âme italien. Nous sommes un Tout, mais là, j'avais tout. Tout ce qui me fait vibrer, tout ce qui m'émeut, tout ce qui me relie…Ce palpitement insubordonné…C'était ici, dans ce moment, en ce lieu, avec le café suspendu. J'étais à ma place, dans ce café, dans ces éclats, dans ce paysage, dans la générosité. Je suis éprise de tout ce qui fait Naples, ses habitants, ses fluctuations, ses ferveurs, ses interdits, ses espoirs, ses déceptions…Et je me suis laissée surprendre, encore à l'être en lisant ce livre…Je l'ai sous la peau, Naples. Et je l'adore, au-delà des mots... Rendue encore plus belle, plus resplendissante encore, dans la plume délicate de Amanda Sthers, j'ai succombé, encore une fois, à l'âme prodigieuse de cette ville…Un coup de coeur pour ce moment, hors du temps…

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Souvent imité, jamais égalé.

Il y en a eu des tentatives d'exporter la tradition du café suspendu : en Italie, en France et jusqu'au café pas loin de chez moi (devenu depuis agence bancaire : O tempora o mores…). Mais délestées du sens qu'apporte la tradition, elles n'avaient que le goût du Canada Dry et ont souvent fait long feu.

Car la terre d'origine du café sospeso, c'est Naples, et nulle part ailleurs. Naples, ville de feu au pied d'un volcan qui ne fait que semblant de dormir. Naples, port cosmopolite à l'histoire glorieuse et à la baie somptueuse. Naples, ville éternelle où se mêlent à la fois les effluves de Parfum de femme et le souvenir d'El Pibe de Oro et de sa main de Dieu.

Et au milieu de tout ça, il y a les hommes et les femmes de Naples, natifs, immigrés, adoptés ou de passage. Ce sont eux que Jacques Madelin, le narrateur, observe au Café Nube, venus profiter sans honte d'un cafe sospeso ou au contraire, en pré-offrir quelques-uns, partageant au passage une tranche de vie.

Roman à nouvelles structuré comme un opéra, le Café suspendu d'Amanda Shters propose sept histoires, parfois reliées par leurs personnages qui s'y croisent, mais toujours par le Nube, lieu privilégié pour « sentir » la ville à travers celles et ceux qui la font.

Une femme attachée à l'amour et à un bout de peau de crocodile ; un médecin asiatique soucieux de s'assimiler en soignant les gens bien avant qu'ils ne soient malades ; un écrivain mutant qui vole au café la personnalité et une partie de l'âme de ceux qui les boivent ; un tailleur qui a tant à donner et une femme, tant à recevoir ; Et l'ombre de Diego qui plane sur l'amour d'une nuit…

Loin de l'anhédonie qui affecte l'un de ses personnages, Amanda Shters met tant de bienveillance et d'humanité dans ses textes et les actes de leurs protagonistes qu'il est difficile de ne pas céder aux charmes de ce livre hors du temps, même si toutes les nouvelles n'ont pas la même force.

Un livre suspendu : à lire donc, et même à offrir en le laissant en dépôt dans votre librairie préférée…
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Jacques Madelin a quitté la France, lorsqu'il était jeune pour tenter de retrouver la femme dont il était amoureux. Hélas, sa dulcinée ne l'avait pas attendu. le chagrin qui s'abat sur lui va très vite se trouver balayé, relativisé mais pas oublié, car survient le tremblement de terre. Il va alors porter secours aux victimes et fait la connaissance de Maurizio le propriétaire du café Nube qu'il va suivre et donc s'installer à Naples pour une nouvelle vie. Jacques constitue le fil rouge de cette série de sept nouvelles.

Autre fil rouge, bien sûr, le café suspendu : lorsqu'un client commande un café, il peut en offrir un sur l'ardoise pour une personne qui n'a pas l'argent pour s'en offrir un. le café sospeso autant que le café Nube devient ainsi un lieu où les gens peuvent se rencontrer, vraiment, pas simplement se croiser pour s'oublier aussi vite.

On fait ainsi la connaissance de personnages attachants, des femmes de caractère, telle cette femme mariée qui propose un étrange marché à la maîtresse de son mari, l'argent permet tout n'est-ce pas ? Cette histoire est loin d'être banale, car elle est sous-tendue par une histoire de sac confectionné à partir de la peau d'un crocodile.

Certaines nouvelles m'ont plus intéressée que d'autres, telle l'histoire du Docteur Chen, qui a fui son pays natal, la Chine, caché dans la cale d'un bateau. Il exerce la médecine comme dans son pays, en privilégiant la prévention, l'alimentation, les différents équilibres, les pouls… et conseille aux patients d'aller le voir « avant d'être malade », ce qui les surprend parfois.

J'ai beaucoup aimé « L'écrivain sans visage » hommage à Naples et aussi à Elena Ferrante dont on ne connaît pas l'identité et à son « Amie prodigieuse ». Au passage, Amanda Sthers nous propose l'interprétation de l'amitié toxique qu'elle prête à l'auteure.

J'ai demandé à rester anonyme, et ça n'a pas l'air de poser de problème puisque tout le monde se fout de mes romans. J'écris quand même, je n'ai pas le choix. C'est en moi comme je respire. Mais c'est violent. Un livre qui n'est pas lu n'existe pas, il n'est même pas écrit. Il n'est pas un fantôme, il est le néant.

L'histoire d'Aldo, avec son insomnie rebelle, est intéressante aussi, car il attache tellement d'importance aux signes que lui envoie le destin, le numérologue qui meurt d'un infarctus lorsqu'il arrive à son rendez-vous, les rencontres ratées avec un mage, ou lorsqu'il quitte en courant le cabinet du Dr Chen (quelle idée de se faire soigner avant d'être malade ? Il est sûrement fou ce médecin !) tant et si bien qu'il passe à côté de tout, de la jolie brune qu'il côtoie sans la remarque alors qu'il cherche l'amour…

Se pourrait-il qu'il n'ait pas de destin ? Que rien ne soit inscrit pour lui ? Cela ferait-il de lui un homme libre ou, au contraire, abandonné par les dieux ?

Les récits s'étalent entre le début des années quatre-vingt-dix et l'époque actuelle, englobant les conflits sociaux, gilets jaunes en France, élections en Italie qui font cohabiter le mouvement cinq étoiles de Luigi di Maio et la Ligue du Nord de Matteo Salvini, sous fond d'immigration, de racisme, pour aboutir à la crise du Covid avec ses peurs, ses décès et ses confinements qui vont encore isoler, désocialiser davantage les gens.

Ceci nous donne un livre intéressant, sensible, très humain, où les personnages de fiction sont bien intégrés dans leur époque et donc une réflexion psycho-sociologique.

C'est le deuxième livre d'Amanda Sthers que je lis, après l'avoir longtemps snobée, et il m'a permis de passer un bon moment, car elle sait bien raconter des histoires et on se laisse bercer par son écriture autant que par son propos. Elle fait une déclaration d'amour à la ville de Naples, et donne envie d'aller s'y promener.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure.

#Lecafésuspendu #NetGalleyFrance !
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C'est le premier roman d'Amanda Sthers que je lis, et sans doute le dernier.
Les écrivains français sont souvent maladroits quand ils évoquent l'Italie. « le soleil des Scorta », par exemple, était un tutti frutti de clichés dont je n'ai pas compris le succès. Sthers ne fait pas exception, ajoutant les erreurs aux banalités. Pour les erreurs, commençons par les insultes ! On ne dit pas « porca ! » mais « porca puttana ! » ou « porca troia ! ». Compliments à l'éditeur. Quand on prétend maîtriser la culture d'un pays, on essaye d'abord d'en comprendre les insultes. C'est la base.
Quant aux banalités, ce petit dépliant touristique n'en manque pas. Tout y passe : la femme pulpeuse sortie de « Boccaccio 70 », l'ombre du Vésuve, les spaghetti alle vongole, Toto, les tailleurs, la coke, la camorra et la lingerie qui sèche aux fenêtres… Au tiers du bouquin, je me suis dit : elle ne va tout de même pas nous fourguer Maradona ? Et bah si !
Évidemment, sous sa plume, Naples est une ville pleine de contrastes et de contradictions : une formule à l'emporte-pièce avec laquelle on peut qualifier n'importe quelle ville. Amanda Sthers a échoué à s'imprégner de Naples comme elle l'explique pourtant si bien p131-132 (rare moment d'authenticité).
Du point de vue du style, l'auteur abuse des formules comme « il avait l'assurance des hommes qui plaisent » (voir aux pages 49, 100, 106, 154 et 173). Quant à son usage des zeugmas, il frise le ridicule : « (…) souillée d'un sperme inconnu et de sa propre folie »
Le seul intérêt réside dans le titre, « le café suspendu », coutume que je vous laisse découvrir si vous avez l'envie (et le courage) d'acheter le livre.
Pour Naples, je m'intéresserais plutôt à Elena Ferrante, Domenico Starnone, Roberto Saviano, Raffaele La Capria, ou Paolo Sorrentino côté cinéma.
Bilan : 🔪
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Direction Naples dans un café qui propose des cafés suspendus, lesdits cafés servant de prétextes à notre écrivaine pour nous conter sept nouvelles, d'inégal impact, liées en sus à l'histoire napolitaine du narrateur. Comme d'habitude, A. Sthers sait écrire et placer des phrases sur lesquelles on s'arrête... le temps d'un café !
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