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EAN : 9782246824954
140 pages
Grasset (15/04/2020)
3.95/5   507 notes
Résumé :
Alice a 48 ans, c'est une femme empêchée, prisonnière d'elle-même, de ses peurs, de ses souvenir douloureux (origines modestes, native de Cambrais, séduite et abandonnée, fille-mère, chassée de chez elle, cabossée par des hommes qui l'ont toujours forcée ou ne l'ont jamais aimée). Ancienne professeur de français, elle vit dans ses rêves et dans les livres auprès de sa fille, richement mariée et qui l'a installée près d'elle, à Paris. Tout change un beau jour lorsque... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (153) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 507 notes
Alice n'a jamais eu de chance avec les hommes. Elle a toujours accumulé les déceptions amoureuses et les misères sentimentales.
Fatiguée de ne rien faire à quarante-huit ans, elle se réfugie depuis toujours dans la littérature pour panser ses maux, pour s'attacher à qui bon lui semble dans les livres qu'elle ouvre.

Elle se rend dans un salon de massage où elle tombe sous le charme de l'homme japonais qui s'occupe de sa peau. Avec douceurs et gestes tendres, en effleurant sa peau, c'est son âme qui va s'ouvrir et se poser dans une longue lettre qu'Alice écrit à cet homme.
Cette rencontre tellement bienfaisante pour elle sans nulle arrière pensée venant de cet homme fait renaître en Alice les démons de son passé, de ces hommes qui n'ont jamais usé d'un geste pur envers elle.

Son amour pour ce guérisseur d'âme va l'amener au plus près des traditions japonaises, Alice suivra des cours, s'ouvrira à cet univers rempli de douceurs.

Une longue lettre d'amour sur les rivages d'une âme qui s'éveille à l'amour après avoir tant souffert.
Une écriture sensuelle, charnelle, à fleur de peau, aussi délicieuse que parfumée qui fait crier un être qui a toujours manqué d'amour. Et sans amour, nous ne sommes que des pantins désarticulés, des fantômes de passage.

#Lettredamoursansledire #NetGalleyFrance
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A quarante-huit ans, Alice n'a jamais reçu d'amour. D'origine très modeste, maltraitée et abusée par les hommes durant son adolescence, fille-mère, cette femme meurtrie et effacée s'est partagée entre sa fille et son métier de professeur de lettres, sans jamais s'autoriser à être plus qu'une ombre. Sa rencontre fortuite avec un homme japonais pratiquant le shiatsu va lui ouvrir un monde empreint d'une infinie délicatesse et la réconcilier peu à peu avec elle-même. Un an durant, elle entreprend l'apprentissage de la langue et de la littérature japonaises, s'apprêtant à révéler à cet homme des sentiments dont d'infimes signes l'ont persuadée de leur réciprocité. Mais l'homme disparaît sans préavis. Alice entreprend l'écriture d'une longue lettre dont on ne sait si elle sera lue un jour, et où elle exprime enfin ce qu'elle n'a jamais su dire.


Tout n'est que délicatesse et retenue dans ce texte, où se dévoile peu à peu le vécu et la personnalité d'une femme qui s'est laissé flétrir et effacer de sa propre vie, parce qu'une carence d'amour dès le plus jeune âge, suivie de relations abusives et destructrices, l'ont privée de toute estime d'elle-même. Sa rencontre avec un homme pour une fois respectueux et bienveillant, dont on ne saura jamais les vrais sentiments au-delà de l'interprétation amoureuse de sa délicatesse par Alice, est pour elle le déclencheur d'une lente renaissance et d'un début de réconciliation avec elle-même. Comme après la pluie sur un désert, la carapace qui protégeait cette femme s'entrouvre, laissant timidement s'épanouir la fragile fleur de sentiments longtemps contenus. Il aura fallu pour cela, telle une transplantation sous un nouveau climat et dans une autre terre, la révélation d'une culture étrangère, capable de lui parler d'âme à âme, au travers de sa poésie et de sa transcendance du non-dit.


Une infinie tristesse imprègne ce très beau roman épistolaire qui, avec une tendresse toute de délicatesse et de pudeur, fait s'épanouir une fragile fleur d'espoir dans une âme brisée par une terrible carence d'amour. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Attention, danger ! N'ouvrez pas ce roman au risque de vous y perdre. Ces quelques pages m'ont littéralement envoûté, un récit porté par une langue subtile, des mots délicats, et une sensualité à vous damner.

Alice a 48 ans, elle vit à Paris, mais ne s'y sent pas à sa place. Un jour elle entre dans un salon de thé japonais et se laisse tenter par la salle de massage attenante. Avec le masseur japonais, elle n'échange que quelques mots, mais ses mains vont parler à son corps.

« La sensualité qui émanait de moi jadis se délie, se délivre sous vos doigts. Certaines choses se passent de mots. Ce que je ressens c'est une langue qui flotte, que nous pouvons comprendre, sans même nous regarder. »

Alors pour tenter d'approcher l'univers de cet homme qui lui fait redécouvrir sa féminité et ses désirs, elle va apprendre le Japonais. À travers la littérature de ce pays, elle va en apprécier toute la délicatesse, son esprit va s'ouvrir à une autre façon de voir la vie, la découverte d'une culture mélange d'archaïsme et d'ouverture d'esprit ; la méditation, les origamis qui demandent du temps et de la patience, les parfums, les couleurs, les silences, les haïkus, où tout est exprimé en trois phrases suspendues.

Ce roman se présente sous la forme d'une longue lettre qu'Alice va écrire à cet homme qui fait battre son coeur comme celui d'une adolescente. Elle va y mettre toute sa vie à l'intérieur.

« Je tente de chercher des moments joyeux, je ne veux pas que vous me voyiez comme une pelote de peine. »

Une enfance qui ne lui a laissé que le souvenir de l'ennui et de la violence d'un père souvent alcoolisé :
« Mon père ne s'était pas réjoui que j'obtienne mon bac, que je fasse des études, que je sois une intellectuelle, comme disaient ses amis ; à ses yeux c'était la pire des choses pour une femme. Plus je devenais lettrée, plus les hommes me verraient moche. Avec le temps, je pense qu'il n'avait pas complètement tort ; plus une femme prend le pouvoir et d'ampleur, moins elle est désirable. »

L'adolescence et sa rencontre avec un homme lâche comme la plupart des hommes. Son ventre qui grossit, avant l'âge d'être femme, elle a été souillée, elle se sent moche et sale.
Alice se raconte, se confie avec pudeur. Les hommes ont disposé d'elle. Jamais elle n'a connu de gestes bienveillants.
Une histoire d'amour qui transpire par tous les pores de la peau, où rien n'est dit, juste ressenti à travers des mains qui se posent sur un corps. Un récit poignant, traité avec grâce, un roman qui se rapproche des plus beaux écrits de la littérature japonaise, tout simplement magnifique.



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Alice, qui était professeur de français, a quitté Cambrai, pour emménager à Paris, à la demande de sa fille qui a fait un « riche mariage ». Ce n'est pas pour autant qu'elle s'y sent à l'aise, tant dans la belle-famille que dans la ville. Elle s'ennuie et se réfugie dans ses chers livres.

Un jour, en se rendant dans un salon de thé, il y a méprise, on lui propose un massage Shiatsu, car en fait la personne qui avait rendez-vous ne s'est pas présentée. Elle se retrouve, en pyjama traditionnel entre les mains de Akifumi, et parvient à se détendre suffisamment pour laisser parler son corps, sa peau…

Les vannes vont s'ouvrir, et les souvenirs, les émotions enfouies vont remonter, et elle accepte de les laisser remonter. Cela va devenir un rendez-vous quotidien, car ce contact physique entre les mains de cet homme et sa peau lui ouvre d'autres horizons. On se rend compte alors qu'elle a subi la violence, physique et verbale dès la prime enfance, s'est retrouvée enceinte très jeune, et mis à la porte par son père. Elle ne s'est jamais sentie aimée, pas plus par le père de sa fille, que par ses parents, ses collègues…

Très vite, elle fait des rêves érotiques et décide d'apprendre le japonais, pour pouvoir écrire une lettre à Akifumi, car il y a la barrière de la langue, lettre qu'elle lui enverra ou pas…

Dois-je poster cette lettre ? Je ne sais si vous devez la lire, mais je n'ai d'autre choix que de l'écrire. Sinon, je vais m'étouffer de tous ces mots retenus.

Au départ, je ne la trouvais pas très sympathique, elle ne fait rien pour être « aimable », dans le sens, se faire aimer, mais au fur et à mesure que j'avançais dans la lecture, j'ai eu de la tendresse pour ses failles, ses émotions, sa manière d'être le moins possible visible, fondue dans la masse.

J'ai aimé la manière dont elle parle de la littérature japonaise : Mishima, Tanizaki, Kenzaburô Ôé, Shikibu en faisant un clin d'oeil en passant à Murakami, et la manière dont elle parle des « belles endormies » de Kawabata, qui m'a marquée lorsque je l'ai découvert, il y a longtemps :

Et « Les belles endormies » de Kawabata, j'ai pensé que ces jeunes geishas endormies dans un bordel pour que les vieillards les admirent comme on regarde sa jeunesse perdue, me parlaient de ma vie, du temps que j'ai laissé filer, en le sachant, oui, mais ne pouvant m'offrir mieux de peur de souffrir…

Sa manière de parler du Japon, de sa culture, de sa langue m'a plu car ce pays exerce une fascination sur moi, depuis longtemps, de Kawabata à Murikami, en passant par les maîtres Zen, comme Maître Deshimaru, par exemple, des Haïkus à l'Origami en passant par l'Ikebana…

Je suis juste un peu intriguée par le fait qu'elle ait pu faire autant de progrès en japonais en à peine un an et de pouvoir lire et apprécier les haïkus en japonais…

L'idée du roman épistolaire me plaît toujours, et m'a fait penser, au passage, à « lettre d'une inconnue » de mon cher Stefan Zweig. Ce texte est plein de poésie de sensualité et de tendresse. C'et la première fois que j'ouvre un livre d'Amanda Sthers que je snobais jusqu'à présent, et cela a été une très belle découverte. Je ne sais pas si précédents livres sont de la même mouture, mais, en tout cas, j'ai envie de renouveler l'expérience.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvre ce roman épistolaire et son auteure.

#Lettredamoursansledire #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Alice, la cinquantaine approchante, lie connaissance avec Akifumi sur un malentendu. Cette rencontre va bouleverser sa vie. C'est un très beau cri d'amour que ce texte d'Amanda Sthers. le cri d'une femme qui n'a jamais connu la douceur d'une caresse ni la tendresse d'un mot doux. Qui ne sait pas ce que c'est qu'avoir un corps et va le découvrir avec le massage d'une main ferme, des doigts qui s'effleurent, une légère caresse dans le cou. le récit est sensuel, très charnel, et d'une grande délicatesse. Les mots se savourent. Dans cette missive, Alice se raconte, relate son passé, ses rapports aux autres qui l'ont conduit à être toujours dans le contrôle, à tout accepter (même l'indicible). Cette lettre est son lâcher prise, son âme dévoilée. Son cri d'amour à celui qui l'a fait se révéler. Une très belle découverte 😀
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critiques presse (1)
LeSoir
13 juillet 2020
Avec « Lettre d’amour sans le dire », Amanda Sthers offre un texte délicat, tout en retenue, et une très belle histoire de reconquête de soi.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (222) Voir plus Ajouter une citation
« Quand vous posez les mains sur moi, j’ai la sensation que vous me comprenez. Cet habit de peau et d’os cesse d’être un poids et devient un moyen de vous dire mes douleurs, mon passé, mes désirs. La sensualité qui émanait de moi jadis se délie, se délivre sous vos doigts. Certaines choses se passent de mots. Ce que je ressens c’est une langue qui flotte, que nous pouvons comprendre sans même nous regarder, car il y a dans la salle une atmosphère qui naît de nous et nous dépasse tout à la fois. p. 112-113
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Jamais je ne m’étais fait autant masser. Nous n’avions pas beaucoup de moyens et j’ai toujours donné la priorité à d’autres choses. Le corps n’avait pas de place dans nos vies. Nous l’habitions pour nous déplacer, manger, prendre du plaisir honteusement ou recevoir des coups, mais l’idée qu’il puisse exister en soi ne faisait pas partie de mon éducation.
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INCIPIT
Cher monsieur,
Je vous écris cette lettre car nous n’avons jamais pu nous dire les choses avec des mots. Je ne parlais pas votre langue et maintenant que j’en ai appris les rudiments, vous avez quitté la ville. J’ai commencé les leçons de japonais après notre septième rencontre. C’était en hiver, les feuilles prenaient la couleur que je prêtais à votre pays. Je voulais vous demander de le décrire afin de vous comprendre avec lui.
Lors de mon premier cours, mon professeur m’a fait la courtoisie de ne pas me questionner sur la raison qui me poussait à apprendre le japonais à mon âge. Il m’a simplement demandé s’il y avait une échéance, je lui ai répondu qu’elle était celle du destin.
« Unmei », a-t-il dit, et ce fut le premier mot que m’offrait votre culture.
C’est aussi le destin qui m’a mise sur votre route, pourtant je le croyais étranger à ma vie. Mon nom est Alice Cendres mais vous me connaissez sous le nom d’Alice Renoir. Je ne vous ai jamais expliqué cette confusion car cela ne me semblait pas nécessaire au début et le temps passant il eût été étrange de me débaptiser. Plus tard, j’ai pensé que j’avais été stupide, qu’il vous était impossible de me retrouver si jamais vous aussi vous aviez voulu apprendre mes mots comme je me saisis des vôtres et venir me dire ce que je m’apprête à essayer de vous écrire. Je vous supplie d’accorder de l’attention à ces quelques pages. Elles peuvent vous sembler légères par endroits, graves ou impudiques à d’autres, mais vous comprendrez peu à peu que ma vie en dépend.
Je suis entrée dans le salon de thé le 16 octobre de l’an dernier. Je consigne tout dans un carnet, comme une sorte d’almanach qui tient dans ma poche et dessine un rythme à ma vie et au peu d’événements qui la ponctuent. Je me serais souvenue de ce jour sans en avoir rien écrit. Mais je l’ai fait. Sous cette date, il est indiqué le nom du lieu : « Ukiyo » et j’ai glissé la carte de visite du salon de thé pour être certaine de le retrouver. Je sais maintenant que le mot Ukiyo n’existe pas dans mon langage, qu’il veut dire profiter de l’instant, hors du déroulement de la vie, comme une bulle de joie. Il ordonne de savourer le moment, détaché de nos préoccupations à venir et du poids de notre passé. Il était seize heures quand j’ai poussé la porte. Les enfants de l’école voisine jouaient sous la pluie et sautaient dans les flaques tandis que d’autres couraient avec leurs cartables sur le dos. Sur le mien je portais une vie qui endolorissait tout mon être mais je ne le savais pas. J’ai souri, une jeune femme que je sais maintenant se prénommer Kyoko m’a fait m’asseoir juste d’un mouvement des lèvres.
J’ai retiré mon manteau et mon bonnet mouillés. Sans que je ne le demande, elle a posé devant moi un petit plateau sur lequel étaient disposées une théière noire et une tasse bleu ciel fragile qu’elle a remplie à moitié. Elle a précisé que ce thé provenait de Miyazaki, la ville où je vous adresserai ce courrier au matin. Je ne l’ai pas bu tout de suite, je me suis contentée d’observer le liquide qui m’a réchauffée ; un futsumushi sencha aux feuilles d’un vert intense qui donne un breuvage aux couleurs du soleil qu’on regarde à travers les herbes hautes quand on est adolescent et qu’on se couche dans les prés. J’ai pensé « il faudrait un nom à cette couleur », sans savoir qu’il existait dans votre pays un mot pour qualifier les rayons qui se dispersent dans les feuilles des arbres : komorebi. Cette teinte qui se diffuse dans le vent et à travers laquelle on voit les choses plus belles. Pourtant le goût n’est pas aussi limpide et transparent que la robe de ce thé, il a une densité qui ressemble à de la liqueur. Sa saveur ressemble à du miel adouci par un cacao amer. Pardonnez mon extase et mon souci du détail mais il est important que vous compreniez que ce jour-là a transformé ma vie. Pas comme un choc mais plutôt une vague qui s’en revient vers la plage, et s’apprête à repartir à l’assaut de l’océan tout entier.
Je viens d’un monde où nous ne goûtions pas aux choses exotiques, je n’ai jamais voyagé que dans des livres et c’est ainsi que je suis devenue professeur de français. Sans doute aurais-je mieux fait de choisir le métier d’hôtesse de l’air, de sentir de vrais bras autour de ma taille, d’embrasser des visages d’autres couleurs. Au lieu de ça, je n’ai pas quitté le Nord pendant mes quarante-huit premières années, j’ai imaginé l’amour, les gens et les odeurs. J’ai trouvé l’aventure dans le confort de mon salon, sous une couverture, accrochée aux pages que je ne cessais de tourner. Je vis à Paris depuis trois ans et je suis toujours effrayée de ne pas y être à ma place. J’ai emménagé ici à la demande de ma fille qui a épousé un homme riche et m’a « installée » dans un appartement confortable ; sans doute afin ne pas avoir à prendre le train pour me rendre visite et ne pas s’embarrasser d’une mère qui ne répond pas aux exigences de sa nouvelle position sociale. Elle a pensé que je déménageais avec plaisir tandis que je tentais de satisfaire le sien. J’ai pris une retraite très anticipée et elle m’a convaincue que j’allais enfin « pouvoir écrire mon roman » mais aucune d’entre nous n’y a cru. Cela a toujours été un fantasme. Elle pensait que sa démarche me consolait de son arrivée prématurée dans ma vie, des sacrifices qu’elle avait impliqués, qu’elle me rendait une part de la jeunesse qu’elle s’imagine m’avoir volée. Mais elle est ce que j’ai fait de mieux et de plus beau. Je suis triste qu’elle ne soit pas plus en feu, qu’elle ne soit pas de ces filles qui courent sous la pluie, qui rient, qui pleurent et qui brisent des cœurs. De ces filles qui dansent pieds nus. Je n’ai jamais souhaité qu’elle me rende mon insouciance mais qu’elle profite de la sienne.
Quand j’ai eu fini mon thé, Kyoko m’a fait monter quelques marches et amenée jusqu’à une pièce attenante en disant « Renoir », qu’elle prononçait avec un accent qui m’a d’abord rendu la chose impossible à comprendre, je pensais qu’elle me demandait de la suivre en japonais, je n’ai pas osé refuser. Elle insistait. Elle m’a menée dans une pièce plus sombre et nue, seules deux branches de cerisier fleuries tenaient dans un vase rectangulaire, un plancher de bois et au milieu un grand sol mou, comme ceux des salles d’arts martiaux. Sur le côté un petit banc laqué permettait de poser ses affaires. À son geste, j’ai compris qu’il fallait enlever mes chaussures et j’ai saisi le pyjama bleu marine qu’elle me tendait. J’allais protester mais elle a refermé la porte avec un sourire. Je me suis dit qu’elle allait me faire un massage et que c’était compris dans la formule avec le thé. Je n’ai pas osé refuser.
Je ne me rappelle plus ce que je portais. Sans doute mon pantalon noir un peu trop court et un col roulé gris. Rien qui vaille la peine de s’en souvenir.
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N’est-ce pas toujours de cela qu’est faite la vie ? De masques que l’on emprunte et qui finissent par devenir notre visage, plus vrai que le véritable.
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On m’a dit qu’au Japon, les gens qui s’aiment ne se le déclaraient pas. Qu’on évoquait l’amour tout autour, l’état amoureux comme une chose qui dépasse les êtres, les enveloppe, les révèle ou les broie. On ne dit pas « je t’aime » mais « il y a de l’amour », comme il y a du soleil.
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