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EAN : 9782070143283
168 pages
Gallimard (31/10/2013)
4.16/5   16 notes
Résumé :
Les grands bois se déroule dans un monde familier à l'auteur, les monts de Bohême, les forêts profondes qui ont enchanté son existence, par ailleurs douloureuse et frustrée. L'art de Stifter (qui fut aussi un peintre de haute valeur) est à l'image de ces horizons où les détails s'harmonisent, se fondent dans la profonde unité du destin.

L'oeuvre de Stifter va bien au-delà de ses récits, au carrefour de ses hantises et de ses rêves, comme ces tables d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Comme d'habitude dans Stifter, il ne se passe pratiquement rien. Tout repose sur la beauté et la minutie des descriptions, les images et les métaphores. L'amour de la montagne et de la nature est dans chacun de ses mots. Chaque arbre et chaque buisson semble pour lui un ami. Comme il aurait souffert, s'il lui avait fallu vivre dans l'une de nos grandes cités modernes !

Un jeune homme rêve au pied d'un château en ruine. Une histoire s'attache à se lieu. Deux ou trois siècles auparavant, vivaient là un vieux gentilhomme et ses deux filles. Mais la guerre faisait rage…

Un jour, apprenant l'approche d'une armée ennemi, il décide de leurs aménager un refuge sûr. Au plus profond des montagnes, au bord d'un lac inconnu de tous les hommes ou presque, il leur fait construire une maison de troncs, y fait porter leurs meubles et instruments de musique favoris. Pour les protéger il sollicite l'un de ses anciens compagnons. Un vieillard étrange et solitaire, un chasseur plus à l'aise dans les forêts qu'au milieu des hommes. Les jeunes filles s'habituent à leur nouvelle vie, découvrent la beauté du monde qui les entoure. Mais un jour, un chant s'élève dans la nuit…

Comme dans tous ses livres, les lieux qu'il décrit n'existent pas. Il les a inventés, en se basant sur les Alpes autrichiennes qu'il connaissait bien. le château, les forêts, le ciel d'automne, tout est décrit avec soins et minutie. L'histoire avance tout doucement au milieu des paysages magnifiques.

Ramuz, Frisons-Roche, aimaient à brosser la montagne en quelques grands coups de pinceaux. Mais Stifter aimait en peindre chaque arbre et chaque rocher en tentant d'y imprimer son désir de beauté.
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Les grands bois, ces immensités de Bohême, ont été aimés, rêvés, parcourus par Adalbert Stifter. Peut-être souhaitait-il, à travers ce récit, les rendre à leur innocence, à leur impassibilité face au chaos propagé par les hommes.

La Guerre de Trente Ans épargnait jusque là les terres d'un vieux seigneur veuf, avec ses deux filles vierges, ainsi que ses gens. La guerre s'approche néanmoins. Ayant eu connaissance, de par une ancienne amitié, d'une retraite sûre au fond des bois, il pense trouver là de quoi mettre ses filles à l'abri. Lui restera au château, le temps de voir, espère-t-il, les colonnes passer seulement au loin de ses murs.

Stifter s'est attaché à peindre ce que sont les espoirs, les sentiments de ces jeunes filles raisonnables, tremblantes, dans l'attente de leur père, retranchées avec quelques hommes de confiance dans la maison des bois. Durant deux saisons, le récit se donnera l'occasion de célébrer les splendeurs de la nature, dont l'oeil guérit, trompe le temps, avant de l'ensevelir.

L'histoire se répartit en chapitres, aux noms évoquant autant de variations autour d'un même sujet de composition, qui est la forêt ; la pratique naturaliste de A. Stifter, visant aussi à la peinture des âmes, présente les faits avec une prudente fatalité, selon une tournure qui paraîtra très académique, même si non dénuée d'intérêt. le tout ressemble, dans une étrange absence même des protagonistes, au fragment d'une intention, à une figuration onirique, finement ciselée, aimable comme ce qui, au-delà de son lot commun, sait aussi se révéler particulier ; ainsi les merveilleuses scènes durant lesquelles Johanna et Clarissa observent du fond de leur retraite, à la jumelle, le lointain château de leur père, dont elles attendent le retour, avec une gaîté sans cesse ravivée. Stifter a-t-il cherché à peindre la forêt, le destin ? Tout est fondu d'un seul trait.



Il faut lire " les grands bois " pour ses visions apaisées de la Nature, dont la vitalité lente et assurée expose, autant qu'elle berce, les désarrois humains. La grande qualité de ce livre est enfin de nous plonger dans une vie dépouillée de ses artifices ; A. Stifter nous parle depuis ce refuge éloigné de la société qui, s'il n'est pas épargné par les vicissitudes du monde, espère préserver la clarté du sentiment, et une certaine noblesse d'esprit.

Ce à que nous pourrons nous aussi participer, en offrant à ce court volume la lenteur nécessaire à sa découverte, et à son "retentissement".




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Critique comique : deux soeurs écervelées se lancent dans la traversée des bois sous la conduite de leur vieux fou de père, un Suédois tombe amoureux de l'aînée mais à la fin on découvre qu'il est Britannique. de toute façon château et maison brûlent, et ils meurent tous plus ou moins dans des ruines.
Critique sérieuse : il faut bien se distancier un peu du romantisme grave de Stifter, qui consacre ses plus belles pages à la couronne des montagnes et des forêts de Bohême, et y enchâsse, sous le vague auspice de la Guerre de Trente Ans, une forme de conte féerique d'où l'action est pratiquement absente, mais dont l'enchantement continue celui de la nature et de sa description visionnaire. Symphonie alpestre, ou peinture de paysage - Adalbert Stifter était aussi un peintre de talent - ce curieux chef d'oeuvre se présente ainsi qu'une miniature où le lecteur rejoindrait des personnages éthérés, après avoir traversé un cadre austère aux larges "Marie Louise" vertes et bleues, passe-partout biseautés dont les plans donnent une profondeur inégalable à la gravure des Grands Bois.
Comme le disait à peu près Maurice Blanchot (Après Coup, Les Editions de Minuit, 2011), le Romantique est un démiurge qui dédaigne de faire oeuvre, voudrait être adoré pour soi-même sans cet intermédiaire de la création et se complaît à se cacher, à la fois orgueilleux et pudique - la pudeur joue un rôle central dans Les Grands Bois. Pudeur des soeurs, pudeur du père, du chevalier, des bêtes de la forêt ; pudeur de la prière et de l'amour. Aussi les vaporeuses figures que sont les personnages des Grands Bois évoluent selon les vents et les saisons mieux que selon une intrigue d'une trame plus fine qu'un fil de la vierge.
Littérature germanique par excellence, qui évoque tantôt Les falaises de marbre, et tantôt Un balcon en forêt, avec la mystique de la nature, sa beauté naïve et son charme onirique plairont aux wagnériens. Aux autres, ce court roman semblera fade. Pour ma part, j'ai infiniment goûté les premières pages, où le décor s'installe, pour un envoûtement peut-être un peu trop léger par la suite, vu le manque d'humour (d'où ma critique comique du début :-)).
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"Les Grands Bois" de Stifter est un livre très étrange. A priori, pas du tout le genre de lectures auxquelles je suis habitué, et j'avoue avoir été assez décontenancé en entamant le roman qui est excellemment traduit par Henri Thomas. Car même en français on ressent la mélodie de la prose de Stifter.
En fait, c'est presque un conte de fée, un récit légendaire et c'est également très sentimental. Mais là, où chez un autre auteur, la sentimentalité serait une facilité, pour Stifter, on voit qu'il s'agit d'un idéal très profond. Au point qu'il arrive à émouvoir avec des descriptions d'oiseaux, et qu'on ressent cette infinie tendresse qu'il avait pour la nature.
Par instant, on pourrait presque penser être chez Disney, tant il souligne les éléments féeriques et la beauté de chaque aspect du monde observé. Heureusement, tout cela est fait avec une volonté de rendre meilleur et d'adoucir le lecteur. D'ailleurs cette oeuvre a une sorte d'effet sur moi, de me rendre bon, naïf, sage comme un enfant.

Et c'est assez étrange aussi, car il ne se passe presque rien que cette pure contemplation, ce panthéisme idéal de légendes.

Pourtant, il semble que toute la construction de Stifter qui est faite de beauté est menacée, mise en danger. On sent une forme d’inquiétude, de solitude, de poésie bohème et tragique, recouverte sous une harmonie angélique.
Et quand on sait que l'auteur s'est suicidé en se tranchant la gorge, ce qui paraît tellement surprenant chez cet homme qui paraît si paisible, on en vient à se sentir égaré, à hésiter sur le sens exact de cette douceur de miel et de lait qui fait contraste avec ce qu'on suppose être sa lutte vers l'idéal d'une écriture allant contre le concret matériel des choses.
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LES GRANDS BOIS d' ADALBERT STIFTER
Seconde lecture de cet auteur autrichien que j'avais présenté récemment. On retrouve cette même écriture raffinée, descriptive, naturaliste et romantique tout à la fois. L'histoire nous ramène au temps de la guerre de trente ans, des chevaliers, des princes et des jolies princesses.
Il ne se passe pas grand chose dans ce roman mais l'environnement d'une guerre toute proche, des incertitudes qui en découlent sont l'occasion pour Stifter de nous offrir des peintures de forêts somptueuses et l'exploration des sentiments des jeunes filles. Stifter était également peintre, cela se récent particulièrement dans ce livre.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si loin que le regard allât, il ne voyait rien que cette même couleur indistincte des forêts, couvrant collines et vallées, répandue sur les confins de l'horizon le plus perdu - cette ligne bleuissante et brillante, pareil aux nuages ses frères.
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Vidéo de Adalbert Stifter
Adalbert Stifter - der Film "Adalbert Stifter" ist ein Unterrichtsfilm im Auftrag des BildungsMedienZentrums (Bimez) des Landes OÖ für den Einsatz in österreichischen Pflichtschulen. Darsteller: Karl Glaser (Adalbert Stifter), Daniela Wagner (Journalistin), Matthias Märzendorfer (Adalbert mit zwölf) u.v.a.
Comenius Edu-Media-Preis 2005 der GPI (Gesellschaft für Pädagogik und Information e.V.)
"Adalbert Stifter - der Film" is an educational filmon behalf of the BildungsMedienZentrum of Upper Austria. Cast: Karl Glaser (Adalbert Stifter), Daniela Wagner (journalist), Matthias Märzendorfer (Adalbert at the age of 12).
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